AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,67

sur 107 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le poids de la faute commise dans les bras de l'ennemi
le poids de l'infamie dans le regard d'autrui
la violente condamnation en place publique, crane rasé et marquage à jamais, croix gammée sur le sein tatouée
une petite fille, née de cet amour interdit, et le malheur doublement perpétué
différents chemins de vie proposés, envisagés, le champ des possible exploré
une histoire palpitante, tout en souffrance ....et espérance.
Commenter  J’apprécie          305
Encore un très beau roman de Valentine Goby, la talentueuse Valentine Goby.
Ici, elle aborde le sujet des enfants (et de leur mère française) nés de pères allemands sous l'Occupation. On connaît - malheureusement - l'épisode infect de la tonte et des humiliations abjectes subies par ces femmes à la Libération.
L'approche de Valentine Goby est originale, terriblement sensible, majestueusement humaine. En effet, si la première partie du roman se situe pendant l'occupation et rappelle les conditions de vie des paysannes bretonnes faites bonnes à tout faire et pose l'histoire d'amour, la deuxième partie se situe après la guerre et se place du point de vue de l'enfant qui, à l'inverse de tous les autres enfants qui cachaient leur origine, clame, revendique sa naissance et ainsi sa liberté.
Cette quête d'identité et de liberté est lumineuse, l'écriture est magnifique.
Bouleversant.
Commenter  J’apprécie          140
Le travail de recherche historique est là. Et la retranscription de la vie quotidienne à l'époque aussi. Un quotidien prévisible. Que Madeleine imagine sur son vélo en rentrant à Moermel le samedi, avant d'arriver à l'épicerie familiale, avant de revoir ses parents un peu âgés qui ne lui témoignent que trop peu d'affection, avant de retrouver son frère un peu simple qui ne semble intéressé que par les vaches... Jusqu'à ce jour de révélation pour Madeleine. Un quotidien rompu par le travail à Rennes, qui lui-même devient à quotidien, à nouveau rompu, par l'arrivée de Joseph dans la vie de Madeleine.
Des ruptures, voilà de quoi est faite finalement la vie de Madeleine. Des ruptures témoignées par le rythme des phrases, courtes, incisives. Tandis que le quotiden est traduit par des énumérations d'actes, de choses, immuables, toujours dans le même ordre.

"L'échappée", échappée belle, échappée d'amour, échappée de tendresse, pour échapper au passé et au malheur, pour trouver son histoire, construire ses racines, construire les racines d'Anne, à travers des mots, sur un nulle-part, entre ici et là-bas. Un livre bouleversant...
Lien : http://croqlivres.canalblog...
Commenter  J’apprécie          20
Après « Kinderzimmer », qui avait été une lecture choc pour moi, puis « Murène », lecture également très forte et prenante, j'ai sorti de ma bibliothèque « L'échappée ». le sujet du roman est également difficile dans le sens où Valentine Goby s'empare d'un fait historique peu glorieux de la Libération, celui des femmes tondues. Tout le monde connaît la photo poignante de la « tondue de Chartres », résumant à elle seule le calvaire subi par des milliers de femmes dont la seule erreur fut de tomber amoureuse d'un soldat ennemi.

Madeleine est une jeune paysanne bretonne partie gagner sa croûte dans un hôtel rennais réquisitionné par les occupants allemands. Elle s'ingénie à n'être qu'une ombre parmi les ombres, suivant ainsi les conseils de sa mère. Elle a une amie du village, Jeanne, qui travaille dans le même hôtel qu'elle, un amoureux, Antoine, qu'elle rencontre en catimini sur la route de Rennes quand elle retourne travailler. Madeleine à tout juste seize ans et la vie devant elle. Elle rêve de quitter les sillons bien rangés des champs du village, de quitter la grisaille d'une vie sous l'Occupation, de voir un jour le bleu de la mer. Un soir, elle rate le couvre-feu et se fait arrêter par une patrouille non loin de l'hôtel. Alors qu'elle pense que sa dernière heure est arrivée, un officier allemand la tire d'embarras, après avoir discrètement percé un pneu du vélo, en expliquant qu'elle se trouve dehors après le couvre-feu en raison d'une crevaison. Cette rencontre avec Joseph Schimmer changera à jamais le cours de sa vie. Elle deviendra la tourneuse de page de ce musicien ainsi que son amante, il lui fera découvrir la puissance esthétique de la musique. Madeleine et Joseph s'aiment clandestinement, leur amour est condamné d'avance, l'Occupation pipant les dés.

Le temps passe, un bébé grandit dans le ventre de la jeune fille au grand désarroi de sa famille. Ses parents l'enverront dans un couvent pour qu'elle mette au monde, loin du regard des hommes, le fruit de son péché. Elle avait seize ans et la vie devant elle. La marche de l'Histoire fera d'elle une paria que les résistants de la dernière heure tondront en l'insultant, en la molestant et en lui tatouant une croix gammée sous un sein. Madeleine fuit sa Bretagne natale pour oublier, si tant est qu'elle puisse oublier, et continuer à vivre, même sans rêve, avec sa fille Anne. Ce ne sera que l'errance. Anne sait que son père était un soldat allemand et revendique, avec provocation et fierté, son statut d'enfant de la honte. Leur fuite perpétuelle les mènera dans le sud de la France puis à Saint-Nazaire, départ des paquebots à destination des Etats-Unis. Elles embarqueront sur le « Liberté » …. une liberté qui s'offrira peu à peu à chacune d'elle.

« L'échappée » est un roman d'amour et d'amours, un roman sur la destinée tragique et la quête d'identité et de liberté. Parvient-on à oublier le poids du passé pour vivre son avenir ? La liberté dépend-t-elle du pas de côté de tout un chacun peut faire ? Est-ce un crime que d'avoir aimé un soldat ennemi, un pianiste qui n'avait pas demandé à conquérir l'Europe au nom d'Hitler ? Est-ce un crime d'avoir eu seize ans sous l'Occupation et d'avoir succombé au charme d'un homme que l'Histoire a placé du mauvais côté de la ligne ? Madeleine et Anne forgeront, à leur rythme et leur manière, les étapes de leur quête afin de trouver leur place dans un monde qui ne leur a pas fait de cadeau.

Valentine Goby met, aussi, en scène, des secrets de famille, des rencontres essentielles, des moments tragiques d'une force poignante. L'histoire de Madeleine est celle de ces femmes anonymes dont le poids de la faute et de l'infamie, que la cruauté des hommes a marqué à jamais. Dans la souffrance vécue dans sa chair, Madeleine verra poindre, inattendue, l'espérance. Ce qui rend plus beau le texte, c'est la plume nerveuse et parfois dure de l'autrice, c'est son regard presque clinique sur les événements, en balayant toute tendresse puis en renouant avec elle au fil du récit. La mièvrerie et la dramatisation à outrance sont évitées avec brio et maîtrise : j'ai accompagné Madeleine, d'abord en simple spectatrice détachée du personnage puis, peu à peu, j'ai senti que la tendresse enveloppait le récit et les cicatrices des personnages.
Lien : https://chatperlitpopette.wo..
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (258) Voir plus



Quiz Voir plus

Une preuve d'amour

Pourquoi les éleves croient-ils que Fantine est une mère horrible ?

Parce que elle se vend au homme
Parce que elle pas sa fille

8 questions
14 lecteurs ont répondu
Thème : Une preuve d'amour de Valentine GobyCréer un quiz sur ce livre

{* *}