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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Francis Scott Fitzgerald débute son Gatsby par la formule : « Quand tu es sur le point de critiquer quelqu'un, souviens-toi simplement que sur cette terre tout le monde ne jouit pas des mêmes avantages que toi. »

Peut-être est-ce le message que semble avoir voulu délivrer Nicolaï Gogol à propos de son personnage principal Tchitchikov dans les Âmes mortes ? Mais c'est tellement bizarre, tellement contourné, tellement boiteux, tellement discordant, je trouve, que c'en devient presque inintelligible.

Pourtant, croyez-moi, j'apprécie beaucoup Gogol : j'avais adoré ses Nouvelles de Pétersbourg ; j'ai pris un énorme plaisir au Révizor, mais là, là, je dois confesser que je me suis pratiquement ennuyée de bout en bout dans Les Âmes mortes, dont j'attendais pourtant beaucoup.

Pourquoi ce ressenti ? Eh bien, si vous me permettez l'analogie, d'après moi, la littérature, c'est comme une voiture : le roman en est le moteur, et nous, lecteurs, les roues. Nous ne demandons qu'à rouler, qu'à être mus par le roman…

Malheureusement, s'il prend trop souvent à l'auteur l'idée d'appuyer sur l'embrayage, cela nous désolidarise à tout coup de son roman : nous continuons à tourner quelque temps, mais nous ne sommes plus entraînés, et il faut vite retourner en prise, sans quoi tout s'arrête.

Or, dans la première partie du roman, Nicolas Gogol ne cesse d'appuyer sur l'embrayage en interrompant constamment sa narration par des interpellations directes du lecteur, des formes de justification, des patatis, des patatas et finalement, patatras, on décroche, en tout cas, moi, je décroche. Mon attention s'étiole, l'histoire m'échappe et finalement mon plaisir de lecture s'envole loin, loin, au moins jusqu'au Kamchatka…

Le roman a une histoire : son sujet en fut soufflé à l'auteur par le grand Pouchkine, lui-même, et l'on sait comment ce dernier s'éteignit brusquement, et donc, combien Gogol avait à coeur d'honorer la mémoire de son maître dans cette oeuvre. Mais je la considère franchement mal née.

J'ai constamment le sentiment que Gogol ne savait plus, à mesure qu'il progressait dans l'écriture, ce qu'il voulait vraiment dire ou faire passer à travers ce roman. J'y perçois clairement un changement d'orientation entre la première et la deuxième partie (inachevée et non publiée du vivant de l'auteur). On sait encore que la troisième partie, quasiment terminée échut aux flammes d'une cheminée dans un moment de désarroi de Gogol face à ce qui lui semblait être une mauvaise fin.

Eh oui, dans la première partie, on croit assister à une sorte de remake du Révizor, en moins drôle, en moins bien senti. Un personnage un peu roublard (un peu beaucoup même), Pavel Ivanovitch Tchitchikov, plutôt désargenté mais appartenant à la toute petite aristocratie, arrive dans une région rurale et se met en quête, auprès des aristocrates locaux, de leurs paysans défunts. (Les moujiks appartenant à un domaine étaient désignés comme des « âmes », d'où ce titre, ô combien provocateur dans la Russie hautement croyante et pratiquante de l'époque.)

Apparemment, dans ces années-là (premier tiers du XIXème siècle) les propriétaires devaient s'acquitter d'un impôt auprès du Tzar, et qui dépendait du nombre d'âmes que comportait le domaine à une date fixe. Si bien que si des paysans mourraient, le propriétaire devait encore payer pour chacun jusqu'à la nouvelle date de fixation du nombre de moujiks par domaine.

C'est peut-être un peu compliqué, mais c'est indispensable pour flairer la supercherie de Tchitchikov qui se propose, magnanime, de « racheter » ces âmes mortes à leurs détenteurs. (Laquelle nature exacte de la supercherie ne sera dévoilée au lecteur que bien plus loin dans le roman.)

Beaucoup de ces propriétaires fonciers ouvrent de grands yeux ahuris quand Tchitchikov leur présente son marché ; certains acceptent d'effectuer la démarche gratuitement, en grands seigneurs ; d'autres subodorent l'arnaque sans en connaître la nature exacte et refusent tout net ; d'autres enfin, s'imaginant la combine de notre aigrefin, veulent le faire casquer un bon prix avant de se délester de leurs cadavres sur le registre.

Bref, Tchitchikov suscite bien des discours, bien des interrogations parmi les hautes sphères rurales : les opinions sont très partagées à son propos. Et durant toute cette partie, Gogol ne fait rien pour nous rendre ses personnages attachants, si bien qu'en ce qui me concerne, j'étais distante de tous, et ça, convenons que ce n'est pas très bon signe pour la bonne appréciation d'un roman. Dit plus concrètement, l'auteur ridiculise ses personnages, les caricature, parfois grossièrement, si bien qu'on n'entre spontanément dans le costume d'aucun.

Sitôt entamée la deuxième partie, changement de ton radical, l'auteur se veut moins drôle, moins caricatural mais, de ce fait, les deux parties ne collent pas trop ensemble. Pour moi, ce fut plus agréable à lire, mais à ce moment là, je me suis mise à ne plus trop comprendre où l'auteur m'emmenait.

Et puis, papillonnant de personnage en personnage, lesquels personnages on abandonne très vite en cours de route, on se dit que Gogol veut nous parler de la Russie en général, peut-être nous en dresser une sorte de portrait à la Dos Passos, mais tout cela est très bizarre, et puis peu à peu vient se greffer une autre dimension, une sorte de message moralisateur chrétien du type : « Hors des routes droites, point de salut ».

En somme, le genre de message qui termine de m'achever quand je ne suis déjà pas tellement enthousiaste face à ma lecture. Cette dernière tendance est véhiculée essentiellement par le personnage du vieil Athanase Vassiliévitch Mourazov qui fait figure de quasi prophète biblique. Très peu pour moi de cette farine…

Bon, ceci étant dit, il n'est pas nécessaire de m'appesantir plus longuement sur le fait que, dans l'ensemble ce roman m'a déplu, que je suis déçue et que je n'en garderai probablement pas un grand souvenir. Il est bon d'aller consulter d'autres avis, parfois très différents du mien, pour savoir si vous souhaitez ou non tenter l'expérience des Âmes mortes car, conservez toujours à l'esprit que ceci n'est que mon avis, qu'il pèse à peu près autant que le poids d'une âme morte, c'est-à-dire, pas grand-chose…
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Nabokov a présenté ce livre comme un prodigieux poème épique... Humour, quand tu me tiens !! J'avoue devoir être totalement hermétique à la poésie alors...

Tout d'abord les points forts : (..) voilà c'est fait...
Puis les points légèrement irritants : un ennui de lecture qui m'a fait parfois demander si je ne frôlais pas le coma éveillé (d'où les deux étoiles pour la prouesse médicale), des phrases interminableeeeeeeeeeeeeeeeees, une absence totale de rythme, un récit entrecoupé très régulièrement de mises au point auteur/lecteur dignes des plus grands dialogues du mime Marceau, bref, ma première expérience Gogolienne largement en-dessous de mes pauvres attentes !!!

Un problème d'insomnie, Les âmes mortes et bonjour m'sieur Morphée !!!
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première partie publiée avant la mort de gogol;
gogol avait pris cette histoire d'âmes mortes comme il pouvait mettre a nu d'autres agissements malsains , pour dépeindre la voracité et la démesure de l'âme humaine (russe au autre),mais la Russie était son sujet .
cette voracité représentée dans le personnage Tchitchikov l'arriviste , qui est présent dans nous tous .mais qu'il faut dénoncer et ,la intervient le rôle de la conscience du citoyen et la force de l'état .
gogol avait comparé la britchka qui transporte ( tchitchikov et ces valet ) attelée a trois chevaux a la Russie bureaucrate ,
ou va t-elle? . qui la guidera au salut et a la prospérité ?
n'es ce pas la bonne gouvernance ?
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Peinture acerbe de la nature humaine, dans un style hélas désuet.
L'auteur interpelle fréquemment le lecteur et se laisse visiblement aller en des descriptions parfois trop fournies.
Les notes sont d'époques et demanderaient a être actualisées : Nous ne sommes plus à l'époque des calèches !
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Enchanté par la lecture du Revizor, je souhaitais poursuivre ma découverte de ce grand écrivain Russe. Les âmes mortes étaient annonciatrices d'un très bon moment de lecture à venir.

Le parallèle qui existe en début d'histoire entre le Revizor et ce roman est assez frappant. Même homme mystérieux qui arrive dans une petite bourgade, mêmes hauts fonctionnaires qui surveillent l'arrivée de cet inconnu.

Pour autant, très rapidement Gogol s'affranchit du simple cadre du narrateur pour interpeller le lecteur, ce qui m'a renvoyé à un roman de Diderot (Jacques le Fataliste et son maître) , cette confusion des genres, plutôt agréable au début, laisse place par la suite en début de chapitres à certaines réflexions philosophiques assez plaintives et indigestes. le tout face à une histoire assez incompréhensible, qui n'en finit pas de piétiner.

Face à cet O.L.N.I (objet littéraire non identifié) j'ai décidé de me reporter à l'introduction pour essayer d'en savoir un peu plus sur cette oeuvre. J'y ai appris que les âme mortes étaient le chef-d'oeuvre inachevé de Gogol. Tourmenté à la fin de sa vie, il décida même de brûler la dernière partie de ce roman. le livre aujourd'hui édité est dû à un de ses neveux qui a rassemblé plusieurs de ses brouillons.

J'ai toujours un peu de mal à accepter qu'un livre soit édité sans avoir le consentement de cet auteur. Si l'écrivain a décidé que cela n'était pas assez bon. Je pense qu'il convient de respecter son choix et de ne pas l'outrepasser en allant contre sa volonté. Cette découverte m'a renvoyé à ma lecture du « procès » de Kafka, où la fin de ce roman m'avait profondément déçu. Aussi, j'ai préféré ne pas aller plus loin dans la lecture de cette oeuvre ...
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Dans la datcha de Gogol

Que l'on m'apporte mon ..........?............. Les soirées sont fraîches à Saint Petersbourg, et voyez- vous... d’ailleurs... selon moi... je le crois encore bon... sauf un peu de poussière... Eh ! sans doute il a l’air un peu vieux... mais il est encore tout neuf... seulement un peu de frottement... là dans le dos...

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