Le souci de leur amour-propre, la crainte des railleries et surtout l'appréhension de ne pas brille suffisamment, tous ces sentiments joints
à la débilité morale qui ne permet point de réagir, amènent une nervosité que les timides connaissent bien et dont ils redoutent l'apparition, au point que cette crainte même finit par créer un état nerveux bien propice à provoquer l'apparition des inconvénients qui les mettent au supplice.
Le seul remède efficace contre cet état d'impressionnabilité est de rejeter le plus possible sa personnalité propre pour cultiver l'anonymat,
La vanité ! c'est la cause principale de bien des maladies de l'aplomb.
C'est, en effet, la conviction de leur importance qui pousse tant de timides à s'imaginer qu'ils captivent l'attention, au point de croire chacun préoccupé de leurs faits et gestes.
Ils se croient le point de mire de tout le monde et la peur de ne point briller comme ils le désireraient, leur fait perdre contenance.
L'amour de l'inactivité engendre encore la crainte des responsabilités et détourne de toute entreprise, pouvant amener des complications de nature à entraver la morne quiétude de laquelle le timide craint de sortir, quoiqu'il ressente lourdement le poids de son existence négative et qu'il soit le premier à souffrir d'un monotonie, que sa veulerie lui interdit pourtant de troubler.
Il est une maladie bien connue des timides, que les savants ont classée depuis longtemps sous un nom barbare : l'Eurathophobie, Elle consiste en l'apparition spontanée d'une rougeur qui, montant à leurs joues, les enveloppe d'une bouffée chaude et les couvre d'un vermillon qui les désigne à l'attention du public,
Le pessimisme chez les timides, s'accroît avec leur insociabilité et l'impossibilité où ils se trouvent d'épancher leur coeur et de communiquer
leurs sensations, excluant l'admission de tout avis différent, ils s'en tiennent à leur impression, qui est celle des impuissants