Pour la perception des sens, il faut, dans l'organe corporel, une modification d'un ordre supérieur a l'ordre physico-chimique. Saint Thomas appelle cette modification spirituelle, non pas dans le sens strict du mot, mais en ce sens qu'elle exige une certaine indépendance de la matière. Le premier effet du contact de l'objet sur le sujet sentant sera donc de reproduire en celui-ci son empreinte figurée, sa similitude dans l'organe animé. Sous l'action de l'objet, la faculté reçoit une information,ou espèce impresse, et réagit sous cette information: cette nouvelle intention est l'espèce expresse ; ces deux termes désignent les deux aspects d'un même phénomène.
L'animal communie au monde extérieur par les sens externes, et le choc premier du vivant sensitif avec les objets qui l'entourent se traduit par une sensation, consommée dans l'organe, en tant que perception initiale et directe de l'objet. C'est la réponse de la psychologie ancienne, et l'étude moderne des adaptations organiques lui donne pleinement raison.
C'est donc en compagnie du physiologiste que le théologien devra explorer les régions encore si mystérieuses de la psycho-physiologie. Mais ne l'oublions pas, le rôle du physiologiste est en partie purement négatif.