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3,83

sur 404 notes
Peu de temps avant son soixantième anniversaire, en 2007, Robert Goolrick trouve le courage de publier “Féroces”.
Ce récit autobiographique s'apparente à un chemin de croix mais jamais l'auteur virginien n'a pu faire sienne la première des sept paroles prononcées par Jésus à l'agonie : “ Père, pardonne-leur car ils ne savent ce qu'ils font”.
Les parents du petit Robert eux savaient...

Vous refermez “Féroces” quelque peu ébranlés, l'esprit marqué par d'horribles réminiscences d'un parcours de vie irrémédiablement brisé dès l'enfance.
Vous n'êtes pas prêts d'oublier non plus cette american way of life des années cinquante, cette vie de faux-semblants noyée dans les plaisirs faciles et la recherche du bonheur à tout prix, ce désoeuvrement dans les vapeurs d'alcool qui pousse très loin les limites de la bêtise humaine...

Avec une sensibilité à fleur de peau Robert Goolrick met son âme à nue et extériorise une souffrance qui depuis si longtemps le ronge. Sans voyeurisme ni pathos, “Féroces” oscille dans sa seconde partie entre témoignage et catharsis.
Le rôle d'éponge qui échoit au lecteur est parfois difficile mais celui-ci s'honore à aborder, à comprendre, à finalement absorber les choses de la vie jusque dans leur laideur la plus immonde.
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"The End of the World as We Know It",tel est le titre anglais de Féroces, bien plus juste et fort que le titre français, assez racoleur.

Je viens de terminer ce livre atroce, ou plutôt c'est lui qui m'a achevée..

Effroi et douleur. Nausée et colère. Horreur et chagrin. Tout se mêle, il faut que j'écrive, vite : ne pas garder pour moi ce poison-là, si violemment infligé, si cruellement distillé,si authentiquement raconté. Voilà une autobiographie qui ne se laissera pas oublier.

Tout de suite la douleur est là, qui dévore chaque anecdote, même anodine: ces cow boys avec qui on ne veut pas jouer, cette robe diaprée comme une aile de libellule, qu'on ne veut plus mettre ni regarder,trouée qu'elle est par la cendre d'une cigarette, ce vélo qu'on ne donnera jamais, cette protection, cette tendresse toujours refusées, cette mascarade rejouée sans fin comme une mauvaise pièce à laquelle on ne croit plus, ces bouteilles de bourbon pour étourdir la honte des bourreaux , cette lame de rasoir pour raviver la plaie de la victime -pour appeler la mort ou se rappeler qu'on vit.. On sent planer une catastrophe, une malédiction, un traumatisme pire, cent fois, que celui de l'alcool destructeur et avilissant, pire que l'autodestruction à l'oeuvre sur les corps..

On traîne cet insupportable malaise jusqu'à la presque fin d'un récit écorché vif, désordonné, chaotique. Et tout à coup, c'est dit. On touche le fond de l'abomination. Plus rien à ajouter, juste à survivre. Et à écrire, enfin, après plusieurs romans, la vérité effrayante. Aux yeux du monde.

Mais ce qui arrache le coeur et les larmes, c'est ce fond de douceur, cet immense besoin de grâcier les coupables, cette impossibilité physique de quitter la maison du crime, parce que la maltraitance a ceci d'épouvantable c'est qu'elle demeure perversement liée à l'amour.

Je n'ai mis que 4 étoiles parce que je n'en pouvais plus de découvrir et de partager cette souffrance-là. Une telle sincérité ne devrait d'ailleurs pas être évaluée. On n'est plus dans l'oeuvre littéraire, on est dans le cri, dans la survie.

Un livre terrible.
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« Je donnerais tout, n'importe quoi, pour être l'homme à qui cela n'est pas arrivé. Je ne peux m'y résoudre. J'ai essayé toute ma vie, et je ne peux m'y faire. » Robert Goolrick écrit cela à la fin du récit de l'événement qui a brisé sa vie alors qu'il n'était qu'un jeune enfant. Un traumatisme provoqué par un adulte, celui qui aurait dû le protéger contre toutes les agressions, son père.

Une histoire d'une famille du sud des Etats-Unis, d'enfants brillants et de parents beaux et mondains qui noyaient dans l'alcool leur mal être. Des parents qui ont piétiné l'enfance de leur fils de quatre ans presque négligemment, un soir où, une fois de plus, ils avaient trop bu. Une souffrance insurmontable et un secret inavouable que nous confie Robert Goolrick et qui nous bouleversent.
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C'étaient les années 50, dans une petite ville de Virginie. Les femmes mettaient des bigoudis avant l'heure du cocktail et de belles robes en soie. Les hommes jouaient de la cuillère et du shaker pour la préparation de ces fameux cocktails. Les cocktails, la première religion des Goolrick, nettement plus assidus en cette heure de fin d'après-midi que pour la messe du dimanche. D'ailleurs, on ne dérange pas un Goolrick à l'heure du cocktail, à savoir de dix-sept heures à minuit passé. le jeune Goolrick l'apprendra à ses dépens.

Derrière les rideaux fermés de ces demeures virginiennes, à l'abri des regards indiscrets, l'atmosphère devient étouffante, oppressante même. Je suffoque de ces faux-semblants d'une famille noyée sous des cocktails aussi colorés que les tapisseries du salon cosy et où l'alcool est aussi envahissant que ces sumacs de Virginie. le drame est là, je le pressens, je le ressens, juste une question de jours ou d'années, mais il va survenir, inexorablement, dans les vapeurs de gin.

Les scènes d'une vie, dignes de la fin d'un monde, celui de l'innocence du jeune Robert, s'achèvent à ma lecture. Achevé, je le suis totalement devant l'horreur de cette vie, les malheurs de cette enfance. Certains chapitres remuent les tripes, donnent la nausée, et le flot d'alcool déversé entre les pages n'est qu'un moindre mal. Un chapitre en particulier donne envie de fermer les yeux, et de laisser couler la tristesse de ce gamin de ses paupières closes. Oui, il y a des scènes horribles dans ce roman autobiographique, un grand roman certes, mais une expérience innommable, plus atroce et féroce que ne laisse présager la vie d'un grand écrivain. Je ou lecteur lambda ne peuvent rester insensibles à ces mots, les maux d'une époque et des cocktails de Virginie.
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Un très grand roman, magnifique et déchirant, d'un des plus talentueux auteurs de la littérature américaine contemporaine.

J'avais déjà gouté au talent de Robert Goolrick, mais venir à « Féroces » après « Arrive un vagabond » et « la chute des princes », tous deux très bons, ne fait qu'en aviver la qualité car « Féroces » les surpasse à mes yeux.

J'espère ne pas me tromper en affirmant que cet avis n'est pas porté uniquement sous le coup de l'émotion, évidemment forte à la lecture de ce témoignage terrible, et qui m'a demandé, chose assez rare, un long moment de recueillement à l'air libre une fois refermé pour retrouver ma sérénité.

C'est qu'il y a beaucoup de choses admirables dans ce livre : sa construction, en une série de tableaux animés, épars mais qui amènent en cercles concentriques vers le noeud du drame, révélé tard car immensément difficile à dire; la puissance d'évocation de cette famille tant dans sa gloire factice que dans ses démons cachés aux regards; l'élégante manière de dévoiler l'intime, sans vulgarité même dans la crudité; la plume naturaliste, délicate mais incisive de Goolrick qui regarde en face le réel, et dont on a l'impression qu'il nous murmure son histoire à l'oreille.
Et surtout l'étrange sensation de paisible tristesse qui se dégage du propos malgré la violence exorcisée avec colère, avec douleur, mais sans fiel. Il ya cependant quelque chose de dangereux dans ce livre dont les âmes sensibles se doivent de se tenir éloignées.

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"Féroces" est un livre terrible sur les blessures qui ne guériront jamais. Les blessures d'un enfant de 4 ans qui cherchera en vain à vivre heureux, à être aimé et aimer.
Vivre avec le souvenir du passé , avec ce passé cruellement, sournoisement présent quoiqu'il arrive, c'est ce que nous raconte avec une force troublante Robert Goolrick.
Dans un décor où tout semble parfait, où "la bonne éducation" fait loi, que d'ambivalences, mais aussi que de souffrance pour cet enfant qui cherche et rêve de rendre heureux ses parents malgré la haine qui se dégage d'eux.
Tout au long de ce récit on sent la souffrance de ce "non amour", de cette quête d'affection.
Lle mal-être est d'une telle puissance que la lecture en devient parfois oppressante. "je ne voulais pas que les gens aient du chagrin, je ne voulais pas de leurs larmes. Mon rêve n'était pas de leur manquer mais de n'avoir jamais paru sur cette magnifique planète ronde, tourbillonnante est démesurément peuplée."
Les raisons qui poussent l'auteur à écrire ce livre sont égrainées à la fin, elles percutent, elles bouleversent, elles émeuvent. C'est un livre écrit avec beaucoup de pudeur, il n'y a pas de déballage, de règlement de compte. C'est un livre tout en nuances, écrit avec une certaine retenue ce qui renforce l'ambivalence. C'est un livre d'une grande qualité, les mots sont justes, bien choisis, percutants et d'une grande sensibilité. Ce n'est pas un livre qui réconcilie avec la race humaine, ce n'est pas un livre qui donne la pêche mais c'est un livre cruellement touchant.
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Chez les Goolrick, il y a « le paraître », il faut briller en société, être connu et respecté et surtout incarner la famille idéale. le quotidien n'est qu'une succession de mondanités, de cocktails, de soirées, de thés, de barbecues et de fêtes chez les uns et les autres... Une vie publique douce et heureuse, insouciante...
Et puis, il y a « l'être », l'envers du décor, nettement moins avenant. L'alcool, l'ennui, les déceptions professionnelles, les non-dits, le silence, l'absence d'amour et le mensonge emplissent le quotidien... Et surtout, un terrible secret, si lourd et douloureux qu'il a marqué à vie l'auteur.
«Je n'ai jamais raconté cette histoire aux gens que je connais et que j'essaie d'aimer. Je ne l'ai pas racontée à ma famille. J'ai peur de la raconter aujourd'hui.»
Robert Goolrick s'attaque à ses vieux démons. Il tente de panser des blessures jamais cicatrisées et nous livre une lecture éprouvante et poignante, dont il est impossible de sortir indemne.
« Féroces » est un livre magnifiquement terrible.
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Un livre d'une grande distinction, quelle dignité. Je suis profondément marquée par la sobriété, la classe qui émane de Robert Goolrick, une très belle âme. Vous avez su dire l'indicible. Et avec quel courage !

« Je la raconte parce que je me suis hissé tout seul à bout de bras depuis l'âge de quatre ans, et que cet effort me laisse malade, épuisé, et dans une colère que vous ne sauriez imaginer. »

Et malgré tout, cette colère, vous l'avez maîtrisée de bout en bout lors de la rédaction de cette autobiographie. C'est une écriture élégante, fine pour évoquer la désagrégation d'un enfant devenu grand. Un homme grand démuni de racine, flottant sur une nébuleuse de haines, toujours prêtes à le dévorer, l'absorber, un lac noir dans lequel il voit l'ombre de celui qu'il aurait voulu ne pas être et le serpent qui le ronge de l'intérieur. Il ne peut se regarder que dans le reflet d'une lame, il ne peut se sentir aimé et aimant que dans la douleur, il ne peut voir l'amour qu'en rouge, au travers d'une larme de courage.

Je suis très émue par ce récit et certaines des phrases sont difficiles à accepter. Par exemple lorsqu'il parle de sa mère et du collier : « Nous avons tendance à rester attachés aux objets qu'aimaient ceux qui nous ont aimés. » Ceux qui nous ont aimés… ! Mince zut et crotte de bique !!
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Féroces ou le récit autobiographique et tragique d'une enfance massacrée.
Dans la famille Goolrick, les parents, qui ont trois enfants, sont beaux, intelligents, sociables, pas misérables même si les fins de mois sont parfois un peu difficiles. Leur problème c'est l'alcoolisme dont il faut rechercher la cause dans les failles béantes de leur vie privée, leurs déceptions, le regret des rêves inaccomplis. Les conséquences sur les relations familiales sont profondément destructrices et l'auteur ne parviendra jamais à les surmonter.
Sa confession est brutale, sans concession, son mal-être insoutenable ; les souffrances qu'il s'inflige bouleversantes.
Tout au long de ma lecture, j'ai l'impression d'être installée dans le fauteuil du psychanalyste et de suivre une séance particulièrement choquante par ses révélations détaillées au plus pécis.
Un texte intense et douloureux sur la souffrance morale, à déconseiller aux plus fragiles, suggéré par ladybug pour compléter la liste sur les familles toxiques et certainement un des plus violents.
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Féroces porte terriblement bien son titre. Un livre choc et choquant. D'autant plus marquant qu'on imagine le courage qu'il a fallu à Robert Goolrick pour mener à terme ce récit autobiographique si perturbant. Il y raconte son enfance en Virginie dans les années cinquante. Ambiance American way of life avec cocktails et réceptions donnés par ses parents. Paraître et clinquant, une coupe à la main et les derniers potins à la bouche.
Derrière cette surface léchée se cache une enfance irrémédiablement brisée par la violence ultime d'un côté et le refus de voir de l'autre.

Féroces n'est pas un livre qu'on entame à la légère. Sa lecture est douloureuse, éprouvante et glaçante. Difficile d'en ressortir indemne tant Robert Goolrick grave chaque mot plus qu'il ne l'écrit. On ressent sa détresse, ses blessures si profondes qu'aucun baume ne peut les atteindre.

C'est un livre qui renvoie à tous ces gamins que des adultes ont cassé pour leur satisfaction personnelle. Quand on conçoit le rôle parentale comme source d'affection et de protection pour les enfants, la réalité de cette histoire - et de toutes ses trop nombreuses soeurs - bouleversé et fait mal. Durablement.
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