FEROCES de
Robert Goolrick "éditions
Anne Carrière 2012 - traduit de l'anglais US 2008" 245,- pages
Le narrateur qui n'est autre que l'auteur lui-même nous décrit son enfance. Benjamin de la fratrie, son plus grand frère et sa soeur complètent le couple.
Les parents boivent beaucoup, ils invitent et se font inviter. On se saoule gaiement, on rit, les femmes sont belles dans leurs robes colorées.
Mais dans la famille l'argent vient à manquer. On réduit donc les fêtes.
Maman boit beaucoup autant tous les jours, papa boit tout le temps ! du coma à la chaise... scénario qui se renouvelle plusieurs fois par jour.
Et puis un jour d'une petite fête, les rares invités doivent dormir sur place. On s'organise : le grand lit accueillera maman ivre morte, papa dans un état comateux et le petit dernier... moi... dira l'auteur.
J'avais quatre ans et c'est là que j'ai perdu mon enfance. Maman était ivre, mais elle savait. C'est cette nuit là que c'est passé innommable !
Il y eut un lendemain, puis d'autres lendemains.
Robert Goolrick écrira :
" Je pense que c'était seulement un accident. Je pense que c'était simplement de la malchance. Mais, à partir de ce jour, ma mère, mon père, ma grand-mère et moi fûmes enfermés pour toujours dans un secret, où chacun savait, et gardait le silence. Je ne sais pas ce qu'ils ressentaient, eux. Je ne sais pas comment ce qui était intact aurait pu ne pas être brisé, comment ce qui était adorable aurait jamais pu redevenir adorable
Quand j'ai eu dix-huit ans, tout juste dix-huit ans. Je voulais aimer mes parents. Je voulais qu'ils soient fiers de moi et on me dit qu'ils l'étaient, même s'ils ne l'ont jamais exprimé. Je voulais que nous nous regardions autrement que comme des vipères à travers une vitre. Mais rien ne s'est fait."
"la vie fait le ménage sans qui rien jamais ne soit dit. Elle remplace ce qui nous fut un jour vital, pour faire de la place pour d'autres choses, dans le coeur. Je pense à lui presque tous les jours. Je prononce son nom lorsque je prie pour ceux que j'aime. Non pas pour celui qu'il est aujourd'hui, je ne sais pas qui il est aujourd'hui, mais pour celui qu'il était alors. le temps n'a pas eu prise sur lui dans mes prières. Dans mes prières, le temps n'a pas eu prise sur moi non plus, et rien ne se fane."
"Soixante ans plus tard j'ai écrit ce que je n'avais jamais dit. Voilà... c'est fait."
Qu'en penser. Un roman difficile, parfois insoutenable. Les va et vient entre les époques rythment le texte et l'adoucissent un peu. Une oeuvre magistrale. Oui c'est vrai... ces choses se passent. Il est vrai que c'est plus rigolo quand on peut incriminer un prêtre.. c'est la mode !
Mais n'oublions jamais que le premier nid des dérives sexuelles est sans conteste la famille. proche,