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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Quand Julie rencontre Abdou dans un garage du Cap, en Afrique du Sud, après avoir cassé sa voiture, c'est une attraction immédiate de sa part. Une relation naît entre les deux jeunes amoureux. Tout pourrait aller dans le meilleur des mondes sauf qu'Abdou n'a plus de papiers depuis l'expiration de son visa de travail, et que leurs sentiments se développent dans un pays encore fortement marqué par l'Apartheid. Nadine Gordimer raconte ainsi dans son roman la collision de deux mondes, celui de Julie la Blanche privilégiée mais qui prend ses distances avec ses origines, et Abdou l'immigré qui tente sa chance dans les rares pays qui acceptent sa venue, venant d'un pays arabe considéré le plus souvent comme indésirable.

Suite à une dénonciation, Abdou se voit signifier son expulsion du pays. Malgré l'aide qu'il obtient de Julie (après l'avoir quelque peu poussée à le faire, car pour lui, elle doit forcément y réussir, par son réseau et ses contacts), la sentence reste définitive. C'est donc le retour à la case départ après tous ses efforts. Dans un élan d'amour, Julie décide de tout quitter pour le suivre, ce qui implique leur mariage, Abdou ne pouvant amener avec lui une femme hors liens maritaux. C'est une deuxième épreuve pour leur relation. Comment celui-ci va-t-il prospérer dans cette société différente de tout ce qu'a connu Julie ? Abdou va-t-il accepter si facilement ce retour synonyme de défaite ?

« Un amant de fortune » dissèque assez subtilement les différences sociales qui se jouent de manière plus ou moins consciente dans une relation amoureuse, quand les partenaires ne semblent pas sur un pied d'égalité. Abdou en a fortement conscience, lui qui ne se sent accepté et à sa place nulle part, sans se rendre compte (ou vouloir se rendre compte) que Julie peut ressentir la même chose, elle, la fille à papa des « Beaux Quartiers », qui souhaite se couper de son monde privilégié. Cette volonté-là lui est même reprochée par tous, sa famille, ses amis et en premier lieu Abdou, qui voit en ce désir d'émancipation égalitaire un luxe de privilégiée (pourra-t-elle jamais sortir de ce statut ?). Y compris quand la situation s'inversera et que ce sera Julie, l'étrangère dans un pays diamétralement opposé dont elle ne parle pas la langue et ne saisit pas les coutumes dans un premier temps.

Nadine Gordimer nous offre ainsi un roman aux personnages particulièrement fouillés : Julie qui n'écoute que son coeur et souhaite s'offrir tout entière à son amant, qui lui offrira peut-être les racines et l'attachement dont elle a manqué ; inconsciente de ses privilèges en Afrique du Sud, mais aussi dans le pays d'Abdou puisqu'elle vient d'un « bon » pays, d'un point de vue migration, et qu'il ne lui sera pas difficile de rentrer chez elle ni d'aller ailleurs (même si le roman a tout juste vingt ans, je l'ai trouvé toujours pertinent à ce sujet). Abdou qui n'arrive pas à vivre sa relation avec Julie, étant trop imprégné d'une sensation d'« infériorité » car issu d'un pays mal considéré dont il a honte, et prisonnier d'une dureté développée à la suite des nombreux échecs rencontrés lors de ses migrations. Je lui ai trouvé en effet un côté utilitariste (il se sert pas mal de sa femme pour tenter de rester en Afrique du Sud ou obtenir un visa une fois retourné dans son pays) et d'une agressivité plus ou moins larvée à l'égard de Julie, qu'il s'empêcher d'aimer. Ces sentiments mélangés ne peuvent que se comprendre, lui qui ne rêve que de réussite dans un pays développé.

La description des inégalités est assez prenante et bien faite : inégalité raciale en Afrique du Sud, la conscience de qui est Blanc ou Noir, même vingt ans après la fin de l'Apartheid, inégalité de développement économique et de bien-être de la population dans le pays d'Abdou par rapport aux pays plus développés. Qu'est-ce donc qu'un bon ou un mauvais pays ? Une bonne ou une mauvaise situation sociale ? Peut-on échapper à sa condition de départ ?

Malgré tout, j'ai été désorientée par l'écriture froide de Nadine Gordimer avec laquelle je n'ai pas bien accroché : en effet, ses phrases sont souvent hachées, introduisant des ruptures, des ellipses et des déséquilibres dans la narration. Cela rend les réflexions introduites parfois dures à suivre, et une distance avec les personnages que je n'ai pas su rejoindre. Je suis donc restée à distance de l'histoire et des personnages. Dommage.
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CHALLENGE NOBEL 2013/2014 (4/15)

Avec ce livre, c'est un autre prix Nobel que je découvre en la personne de Nadine Gordimer. Depuis que je m'intéresse à travers ce challenge aux grands noms de la littérature, une fois de plus, me voilà totalement décontenancée par le style d'écriture, qui m'a rappelé celui de Toni Morrison dont je viens de terminer "Un don". Dès le départ, l'histoire est difficile à saisir suite aux changements fréquents de narrateurs. L'auteur passe allégrement d'un paragraphe conté à la troisième personne à un dialogue, sans passage à la ligne, sans guillemets, ni tirets, bref, sans les signes de ponctuation distinctifs. Les avis des différents protagonistes se suivent sans que l'on sache qui parle. J'en suis à me demander si c'est une caractéristique des auteurs reconnus ou si c'est moi qui manque de souplesse.
Par contre, ce récit sur l'immigration et l'intégration m'a paru intéressant car traité de deux points de vue différents. Abdou est venu travailler illégalement en Afrique du Sud comme garagiste. Il y rencontre Julie qui tente de s'émanciper des siens, trop riches et trop bourgeois, à son goût. Leur amour va être contrarié car, dénoncé, le jeune homme est obligé de rentrer au pays. Contre son avis, Julie décide de l'accompagner. Elle va donc découvrir un autre monde, une nouvelle famille dans ce pays de confession musulmane, construit aux portes du désert. A son tour, elle va être l'étrangère dans le pays de l'autre.
En résumé, belle réflexion sur la différence culturelle, sur la recherche de l'Eldorado qui n'est pas idéalisé par tous de la même façon. Donc tout à fait d'accord sur le fond, mais absolument pas sur la forme, beaucoup trop alambiquée à mon goût.
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Afrique du Sud: Julie est une jeune femme blanche issue d'une famille aisée, Abdou/Ibrahim un jeune homme noir , clandestin. Difficile de qualifier le roman d'histoire d'amour, tant l'écriture de Nadine Gordimer fuit toute émotion, dans une construction "cubiste" (chaque situation apparaissant sous les points de vue des différents protagonistes dans le même élan). L'accueil de Julie dans la famille d'Ibrahim fait pendant à l'accueil d'Ibrahim par les amis de Julie: fossé culturel, maladresses, condescendance...Difficulté de s'attacher aux personnages, intrigue froide: chacun suit ses rêves, juxtapose sa vie à celle de l'autre. L'un part, l'autre reste: chacun atteint son objectif, chacun s'attache à son ambition, mais les sentiments n'ont pas leur place.
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Il est parti, elle est restée. Choc des cultures, miroir aux alouettes des pays riches, l'auteur trace ici un portrait acide de notre monde des faux-semblants. C'est une oeuvre intéressante, à défaut d'être vraiment forte, portée par un style "coulant" comme le temps qui passe
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