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Un amant de fortune est le deuxième livre de Nadine Gordimer que je lis, on reparle dans ce livre de l'avocat de ' L'arme domestique ' c'est ainsi que j'ai su que ce livre avait été écrit après .
Nadine Gordimer continue de m'enchanter , certes elle a un style particulier , assez froid , mais c'est justement ce qui me plaît , son sujet me paraît mis en valeur .
Ici , Julie , fille blanche de famille très aisée qui a n'a presque plus de contacts avec sa famille , car elle est gênée , oui gênée comme beaucoup de jeunes de sa génération le sont , de la réussite de ses parents , qui sont divorcés d'autre -part .
Alors quand elle rencontre Abdou , c'est le choc des civilisations .
Julie est en panne de voiture dans un quartier défavorisé où elle retrouve ses amis un peu paumés , un peu marginaux comme elle dans un café appelé EL-Ay , elle va devoir trouver un garage pour la dépanner, c'est comme ça que le hasard lui fait rencontrer Abdou , un travailleur immigré , à l'opposé de son monde à elle .
Mais l'amour est en marche et surtout la détermination de Julie , à vouloir vivre autre chose , c'est le lien que les réunit , l'amour physique bien sûr mais bien plus cette détermination commune à vouloir vivre autre chose que ce que leur milieu leur permet . Révolte chez Julie , la blanche trop gâtée , refus de la misère pour lui .
Une magnifique leçon d'humanité que nous offre l'auteur ; Julie ne va pas suivre une voie facile mais elle va réussir quelque chose d'impensable , rester elle -même .
La fin m'a presque semblé être une fable , tellement c'est celle qui semble si juste , je ne la dévoilerai pas pour garder le mystère .
Un livre d'une grande dame , c'est inimaginable de penser qu'elle va fêter ses 90 ans en 2013 , elle est d'une terrible modernité .
Un livre qui nous fait réfléchir sur les enjeux de l'immigration .
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Sorti en 2001, traduit en 2002 en France, c'est l'un des derniers romans de Nadine Gordimer, publié après la fin de l'apartheid en Afrique du Sud. le roman explore donc le nouveau type de relations qui s'est installé dans le pays suite aux bouleversements politiques.

Julie, le personnage principal du roman est une jeune femme blanche, issue d'un milieu très favorisé, qu'elle rejette. Suite à une panne de sa voiture, elle rencontre un homme noir, Abdou, en situation irrégulière, venu d'un pays pauvre où il se trouve sans avenir. Une histoire s'ébauche entre eux, un peu à l'initiative de Julie. Mais Abdou se voit ordonner de quitter le territoire. Malgré les démarches entreprises par Julie, il doit partir. Elle ne se résout pas à le perdre, et part avec lui. Elle découvre sa famille, le village dont il est issu, et tente d'y trouver sa place. Pendant ce temps, lui ne songe qu'à repartir, se servant aussi de son mariage avec elle, des relations qu'elle peut avoir dans des pays plus riches, pour obtenir un visa.

Un roman puissant, qui aborde des thématiques variées et très contemporaines. le rapport à l'autre, qui ne peut s'extraire d'un contexte social, historique. L'individu n'est pas une tabula rasa, il réagit en fonction de ce qui lui a très transmis, des stéréotypes, idées reçues. Même en s'opposant, prenant le contre-pied des valeurs de son milieu, il est forcément déterminé par ce qu'il reçu, son opposition s'exprime en fonction de ce qu'il connaît.

C'est aussi une histoire d'amour, ou plus exactement un récit qui questionne, tente de définir, le sentiment amoureux. Sans aucun sentimentalisme ni idéalisme. L'écriture au scalpel de Nadine Gordinmer traque les faux semblants, tente de cerner le plus authentique, le moins romancé. Il y a ce mouvement qui pousse vers l'autre, vers un autre, qui reste autre, différent de soi, incompréhensible et étranger. D'autant plus qu'il est issu d'une autre culture, qu'il est impossible de le voir, de le ressentir, en dehors des représentations, des à priori que l'on a vis-à-vis de cette culture.

Ce qui uni peut-être le plus fortement Julie et Abdou, c'est la volonté quasi viscérale de vouloir fuir, sa condition, le lieu, la position, assignés à la naissance à chacun d'entre eux. Abdou veut quitter son village, partir dans un pays étranger à n'importe quel prix, changer son destin. Julie refuse aussi fortement de s'identifier à ses parents, à leurs valeurs, à la vie à laquelle elle est destinée, aussi privilégiée soit-elle. Aucun ne se sent à sa place là d'où il vient. Sans forcément exprimer clairement ce qu'il souhaite d'autre. Leur rencontre va leur permettre de mieux saisir cette nécessité intérieure et tenter de la réaliser.

Malgré des analyses sociologiques, des descriptions précises, une approche qui semble objective, le récit n'est pas réaliste. C'est plutôt une fable, une métaphore, que le récit véritable d'une histoire entre deux individus. D' où des passages, des événements que l'on peut critiquer sous l'angle de la vraisemblance. Mais cela ne met pas en cause le propos du roman, qui est une sorte d'analyse, de réflexion sur des thématiques, plus qu'un récit romanesque.

J'ai eu un peu de mal à accrocher au début du roman, à cette écriture si froide, si minimaliste, et à ce récit où je ne sentais pas l'âme et la chair des individus. Mais la deuxième moitié du livre m'a réellement convaincue, le projet de l'auteure apparaît dans toute sa richesse et complexité. le personnage masculin a plus de poids qu'au début, les rapports s'équilibrent, et l'évolution des deux personnages devient passionnante.

Une belle découverte.
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Une panne de voiture et voilà comment Julie, la blanche se retrouve face à Abdou, un musulman, abordé pour réparer son engin. de ce service marchand découle une romance entre deux êtres que tout oppose, même dans cette Afrique du Sud post apartheid. Julie est issue d'une famille aisée quand Abdou lui, un immigré bientôt en situation irrégulière est dans la survie.

Il sera expulsé. Une expulsion qui ne met pas fin à cette histoire car Julie décide de le suivre dans son pays natal. Autre monde, autre réalité ! La jeune femme semble néanmoins s'y faire alors que son compagnon lui rêve d'un nouveau départ. Un départ vers l'Amérique cette fois. Tant pis pour le risque encouru car "émigrer" (ou immigrer) est en soi une réussite. Cela lui permet de surcroit d'essuyer l'affront de ce retour honteux. le retour involontaire de l'immigré.

Ainsi, au vu de ce surprenant épilogue, leur amour n'était-il pas basé sur un malentendu ? Que cherchait Julie en suivant son amant et après quoi court Abdou malgré ce qu'il ressent pour elle ?

Nadine Gordimer à travers une plume délicate dresse deux portraits d'une certaine idée de la liberté, de la trajectoire que l'on entend donner à sa vie. Tout l'enjeu de ce récit est de voir si celles-ci peuvent se rejoindre pour n'en faire qu'une.
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Quand Julie rencontre Abdou dans un garage du Cap, en Afrique du Sud, après avoir cassé sa voiture, c'est une attraction immédiate de sa part. Une relation naît entre les deux jeunes amoureux. Tout pourrait aller dans le meilleur des mondes sauf qu'Abdou n'a plus de papiers depuis l'expiration de son visa de travail, et que leurs sentiments se développent dans un pays encore fortement marqué par l'Apartheid. Nadine Gordimer raconte ainsi dans son roman la collision de deux mondes, celui de Julie la Blanche privilégiée mais qui prend ses distances avec ses origines, et Abdou l'immigré qui tente sa chance dans les rares pays qui acceptent sa venue, venant d'un pays arabe considéré le plus souvent comme indésirable.

Suite à une dénonciation, Abdou se voit signifier son expulsion du pays. Malgré l'aide qu'il obtient de Julie (après l'avoir quelque peu poussée à le faire, car pour lui, elle doit forcément y réussir, par son réseau et ses contacts), la sentence reste définitive. C'est donc le retour à la case départ après tous ses efforts. Dans un élan d'amour, Julie décide de tout quitter pour le suivre, ce qui implique leur mariage, Abdou ne pouvant amener avec lui une femme hors liens maritaux. C'est une deuxième épreuve pour leur relation. Comment celui-ci va-t-il prospérer dans cette société différente de tout ce qu'a connu Julie ? Abdou va-t-il accepter si facilement ce retour synonyme de défaite ?

« Un amant de fortune » dissèque assez subtilement les différences sociales qui se jouent de manière plus ou moins consciente dans une relation amoureuse, quand les partenaires ne semblent pas sur un pied d'égalité. Abdou en a fortement conscience, lui qui ne se sent accepté et à sa place nulle part, sans se rendre compte (ou vouloir se rendre compte) que Julie peut ressentir la même chose, elle, la fille à papa des « Beaux Quartiers », qui souhaite se couper de son monde privilégié. Cette volonté-là lui est même reprochée par tous, sa famille, ses amis et en premier lieu Abdou, qui voit en ce désir d'émancipation égalitaire un luxe de privilégiée (pourra-t-elle jamais sortir de ce statut ?). Y compris quand la situation s'inversera et que ce sera Julie, l'étrangère dans un pays diamétralement opposé dont elle ne parle pas la langue et ne saisit pas les coutumes dans un premier temps.

Nadine Gordimer nous offre ainsi un roman aux personnages particulièrement fouillés : Julie qui n'écoute que son coeur et souhaite s'offrir tout entière à son amant, qui lui offrira peut-être les racines et l'attachement dont elle a manqué ; inconsciente de ses privilèges en Afrique du Sud, mais aussi dans le pays d'Abdou puisqu'elle vient d'un « bon » pays, d'un point de vue migration, et qu'il ne lui sera pas difficile de rentrer chez elle ni d'aller ailleurs (même si le roman a tout juste vingt ans, je l'ai trouvé toujours pertinent à ce sujet). Abdou qui n'arrive pas à vivre sa relation avec Julie, étant trop imprégné d'une sensation d'« infériorité » car issu d'un pays mal considéré dont il a honte, et prisonnier d'une dureté développée à la suite des nombreux échecs rencontrés lors de ses migrations. Je lui ai trouvé en effet un côté utilitariste (il se sert pas mal de sa femme pour tenter de rester en Afrique du Sud ou obtenir un visa une fois retourné dans son pays) et d'une agressivité plus ou moins larvée à l'égard de Julie, qu'il s'empêcher d'aimer. Ces sentiments mélangés ne peuvent que se comprendre, lui qui ne rêve que de réussite dans un pays développé.

La description des inégalités est assez prenante et bien faite : inégalité raciale en Afrique du Sud, la conscience de qui est Blanc ou Noir, même vingt ans après la fin de l'Apartheid, inégalité de développement économique et de bien-être de la population dans le pays d'Abdou par rapport aux pays plus développés. Qu'est-ce donc qu'un bon ou un mauvais pays ? Une bonne ou une mauvaise situation sociale ? Peut-on échapper à sa condition de départ ?

Malgré tout, j'ai été désorientée par l'écriture froide de Nadine Gordimer avec laquelle je n'ai pas bien accroché : en effet, ses phrases sont souvent hachées, introduisant des ruptures, des ellipses et des déséquilibres dans la narration. Cela rend les réflexions introduites parfois dures à suivre, et une distance avec les personnages que je n'ai pas su rejoindre. Je suis donc restée à distance de l'histoire et des personnages. Dommage.
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Un extraordinaire portrait de femme, un récit du surgissement qui fait d'une jeune fille une femme.
Julie est une Sud-Africaine blanche, travaillant dans le domaine de la culture, fille d'un riche businessman avec qui elle a coupé les ponts par conviction idéologique. Abdou est un immigré clandestin, un mécanicien qui bosse au noir alors qu'il ne souhaite qu'études et réussite sociale.
Abdou et Julie se rencontrent et s'aiment.
Toute l'intrigue est résumée dans des lieux symboliques : "la Table" du café où Abdou rencontre les amis bohèmes de Julie, le garage où il vit et travaille, le cottage de Julie où il vient s'installer.
Au lit, tout va bien. Mais dès qu'ils en sortent, l'incompréhension est totale, d'autant plus que non formulée. "Elle a honte de ses parents ; il pense qu'elle a honte de lui." Lorsqu'Abdou est expulsé vers son pays d'origine, il ne saisit pas pourquoi Julie tient à partir avec lui. Et en partant avec lui, Julie ne devine pas pourquoi Abdou tient à se marier. C'est la seconde partie du roman qui éclaire leurs motivations : mais pour nous, pas pour eux.
J'avais trouvé remarquable, dans le conservateur, l'écriture du monologue intérieur du personnage principal. Ici les pensées, les aspirations et les désirs des deux protagonistes sont décrits de façon plus allusive. Et le noeud du roman me semble être, justement, l'incommunicabilité, source de malentendus et d'incompréhension, entre ces deux personnalités si différentes, symboles d'une société post-apartheid qui tâtonne à se construire.
C'est magistralement écrit, et parfaitement traduit par Georges Lory.
Challenge Nobel
Challenge ABC
LC thématique de novembre 2021 : ''Faites de la place pour Noël”
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CHALLENGE NOBEL 2013/2014 (4/15)

Avec ce livre, c'est un autre prix Nobel que je découvre en la personne de Nadine Gordimer. Depuis que je m'intéresse à travers ce challenge aux grands noms de la littérature, une fois de plus, me voilà totalement décontenancée par le style d'écriture, qui m'a rappelé celui de Toni Morrison dont je viens de terminer "Un don". Dès le départ, l'histoire est difficile à saisir suite aux changements fréquents de narrateurs. L'auteur passe allégrement d'un paragraphe conté à la troisième personne à un dialogue, sans passage à la ligne, sans guillemets, ni tirets, bref, sans les signes de ponctuation distinctifs. Les avis des différents protagonistes se suivent sans que l'on sache qui parle. J'en suis à me demander si c'est une caractéristique des auteurs reconnus ou si c'est moi qui manque de souplesse.
Par contre, ce récit sur l'immigration et l'intégration m'a paru intéressant car traité de deux points de vue différents. Abdou est venu travailler illégalement en Afrique du Sud comme garagiste. Il y rencontre Julie qui tente de s'émanciper des siens, trop riches et trop bourgeois, à son goût. Leur amour va être contrarié car, dénoncé, le jeune homme est obligé de rentrer au pays. Contre son avis, Julie décide de l'accompagner. Elle va donc découvrir un autre monde, une nouvelle famille dans ce pays de confession musulmane, construit aux portes du désert. A son tour, elle va être l'étrangère dans le pays de l'autre.
En résumé, belle réflexion sur la différence culturelle, sur la recherche de l'Eldorado qui n'est pas idéalisé par tous de la même façon. Donc tout à fait d'accord sur le fond, mais absolument pas sur la forme, beaucoup trop alambiquée à mon goût.
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Je découvre Nadine Gordimer, prix Nobel venue d'Afrique du sud, avec cette histoire de couple pris dans les filets des origines familiales : elle, africaine blanche, fille de riches divorcés, refusant d'être du côté des puissants dans ce pays qui tente de tirer un trait sur l'apartheid mais peut-elle être autrement ? Lui, immigré arabe (d'un pays de désert non nommé) éduqué, refoulé, cherchant coûte que coûte un pays dans lequel réussir.
L'écriture est singulière mais pas difficile, assez puissante mine de rien, décrivant comme en huis-clos autour de lieux presque symboliques les pensées des protagonistes, se mélangeant sans se rencontrer.
Un point de vue déconcertant qui donne envie d'aller plus loin dans l'oeuvre.
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Afrique du Sud: Julie est une jeune femme blanche issue d'une famille aisée, Abdou/Ibrahim un jeune homme noir , clandestin. Difficile de qualifier le roman d'histoire d'amour, tant l'écriture de Nadine Gordimer fuit toute émotion, dans une construction "cubiste" (chaque situation apparaissant sous les points de vue des différents protagonistes dans le même élan). L'accueil de Julie dans la famille d'Ibrahim fait pendant à l'accueil d'Ibrahim par les amis de Julie: fossé culturel, maladresses, condescendance...Difficulté de s'attacher aux personnages, intrigue froide: chacun suit ses rêves, juxtapose sa vie à celle de l'autre. L'un part, l'autre reste: chacun atteint son objectif, chacun s'attache à son ambition, mais les sentiments n'ont pas leur place.
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Un magnifique roman sobre et dépouillé qui projette son auteur dans une vision sereine au-delà des questions raciales de l'Afrique du Sud. Madame Gordimer a dépassé ces questionnements. Au travers d'une histoire d'amour qui va emmêler deux rêves, le rêve d'un ailleurs mythique de celui qui veut migrer toujours plus loin, le rêve de l'ancrage dans une famille, apparemment pas conciliables, elle nous peint avec une douceur infinie des personnages sincères et attachants.
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Un très bon roman de Nadine Gordimer, Sud-Africaine, prix Nobel de Littérature 1991.

C'est l'histoire d'une jeune femme sud-africaine, blanche, aisée mais en rupture de ban avec ses parents divorcés, qui tombe amoureuse d'un jeune émigré musulman d'origine étrangère, probablement d'un pays du sud-ouest de l'Afrique. Il est sans papier et sous menace d'expulsion. Elle décidera de l'épouser et de retourner au village avec lui, où elle rencontre toute sa famille. Petit à petit, elle va s'intégrer, alors que lui ne rêve que de quitter son pays et d'émigrer.

L'écriture est très plaisante et le roman est passionnant car la relation entre Juliet et Abdou (Ibrahim de son vrai nom) n'est pas évidente. Il y a beaucoup d'incompréhension. On suit avec grand intérêt l'évolution de leur relation et de leurs projets à tous les deux.

J'ai beaucoup aimé ce roman, intelligent, sensible, qui décrit bien la psychologie des personnages, en particulier de Juliet, et qui nous fait découvrir par ailleurs la vie des femmes dans un village Africain perdu au milieu de nulle part.


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