Abattre la bête de
David Goudreault, Vues et Voix, 2020 (1ère édition : Stanké, 2017)
David Goudreault est romancier, poète et travailleur social. Je l'ai découvert, en piochant un peu au hasard, dans mon abonnement audible, au cours de ce que nous pourrions appeler ma période québécoise…
Abattre la bête, suite de
la bête à sa mère et
La Bête et sa cage est son troisième roman.
Dans le premier opus, j'avais trouvé que
David Goudreault avait l'immense talent de nous faire aimer un monstre, une bête. Sous sa plume, son héros, bien que violent, bas du front et manipulateur, devenait presque attachant. À partir du deuxième volume, ce personnage avait commencé à m'agacer un peu ; j'étais moins en phase avec le second degré… Même si j'avais bien compris l'intention de porter un regard critique sur le milieu carcéral, le style et l'ambiance me pesait un peu trop parfois…
Mon intérêt et mon enthousiasme déclinant, j'appréhendais un peu la fin de la série…
Après avoir passé plusieurs années en asile psychiatrique, notre héros parvient à s'évader. Ce troisième tome est le récit d'une incroyable cavale aux milieux des marginaux. Celui que toutes les forces de police recherchent trouve finalement refuge auprès d'un chihuahua et d'une prostituée en fin de course.
Le style est toujours aussi déjanté et truculent, parfois très imagé ; certains passages érotiques sont particulièrement évocateurs… Ayant choisi, comme pour le reste de la série, la version audio, très bien lu avec l'accent québécois par Émile Proulx-Cloutier, je dois reconnaître que certains passages valent leur pesant de cacahuètes mais passent mal au moment du petit déjeuner…
Mais les portraits sont particulièrement savoureux, appuyés.
David Goudreault force le trait mais c'est tellement bien vu, bien campé que le comique et la dérision arrivent à (presque) tout faire passer ; ça coince un peu, mais ça passe.
Cette fois, c'est le milieu psychiatrique qui est décortiqué et mis à mal par ce récit, toujours à la première personne, avec un univers référentiel très personnel car détourné.
David Goudreault repousse vraiment les limites de l'humour pour donner à voir la vie des oubliés du système, des irrécupérables. Il y a plusieurs niveaux de lecture dans cette trilogie ; il n'est pas toujours aisé de ne pas se laisser déborder mais je ne regrette pas ce voyage en absurdie.
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