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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Alexis de Tocqueville a jadis remarqué qu'« En politique, ce qu'il y a de plus difficile à apprécier et à comprendre c'est ce qui se passe sous nos yeux. » Et je suis cent fois d'accord avec lui. Et c'est en cela que David Graeber nous offre un trésor qu'il nous faut chérir : comprendre dans les détails de son fonctionnement le monde politico-socio-économique que nous avons sous les yeux.

Je tiens à tirer deux très, très grands coups de chapeau. Tout d'abord à l'auteur, David Graeber, que je considère comme l'un des plus grands et des plus stimulants essayistes actuels dans le domaine social. Ensuite, je tiens à saluer l'éditeur Les Liens qui libèrent pour la qualité générale de ses publications, qui, avec La Découverte, L'Herne et La Fabrique est l'un des (trop) rares remparts à la toute puissance de la pensée dominante (c'est-à-dire, la pensée des dominants, rien à voir, bien évidemment avec une quelconque supériorité de fond ou de vue de ladite pensée).

Question : que dites-vous juste après avoir donné votre nom lorsqu'au cours d'une soirée entre amis l'on vous présente quelqu'un que vous n'avez jamais vu au préalable ? À un très haut pourcentage, vous allez évoquer votre profession et même, pour certain(e)s, si vous êtes actuellement sans emploi, vous allez avouer, avec une once de dépit dans la voix, que vous êtes au chômage. D'ailleurs, très souvent, vous n'allez pas dire que vous êtes au chômage, mais que vous " cherchez du boulot ".

J'ai pris conscience de ce détail, il y a longtemps déjà, lorsque fringante étudiante en éthologie des primates, j'eus le privilège de côtoyer Hans Kummer, légende (à l'époque encore) vivante (et francophone de surcroît) de la discipline. Tandis que je lui serrais la main, pleine d'admiration, il m'avait courtoisement demandé qui j'étais. Je m'étais alors bêtement présentée à lui comme étant l'étudiante de " Machin " de l'Université de " Truc ". Il me répondit du tac au tac, avec son accent suisse et la sagacité qui brûlait dans son regard : « Ça, ce n'est pas vous, c'est votre fonction. » J'en fus bouleversée : je ne m'étais spontanément définie que par ma profession, qui en plus, n'en était pas vraiment une.

J'ai depuis noté cette tendance chez de très (trop) nombreuses personnes. « Bonjour, enchantée, " Machine ", je travaille chez " Bidule " et vous ? » Jamais on ne m'a dit : « Bonjour, enchantée, " Machine ", dans le privé, j'adore la danse africaine et la peinture chinoise et vous, qu'est-ce que vous aimez ? » Parallèlement, juste après avoir décliné leur nom et leur profession, ces mêmes personnes en viennent très vite, pour la plupart ou du moins très souvent, à reconnaître qu'elles détestent leur boulot, ou que leur patron est un con ou un incompétent notoire et qu'elles aimeraient bien trouver autre chose.

Suite de la question : comment peut-on à la fois autant se définir par notre travail et autant le détester ? Pourquoi cette dissonance ? Est-ce que ça a toujours été comme ça ? Est-ce que c'est une évolution vraiment actuelle qui en est cause ? Si oui, laquelle ?

Si l'on essaie de creuser un peu le douloureux problème du " pourquoi ? " ces personnes détestent leur boulot, viennent très souvent en premier l'ennui, dû aux tâches répétitives et à la paperasse abondante, abondante, toujours plus abondante. Viennent aussi les conditions de rémunération, le fait d'être littéralement phagocyté par son travail jusque dans sa sphère privée, etc.

Bref, ce constat, tout le monde a eu l'occasion de le faire. Vous avez peut-être aussi eu l'occasion de constater combien certains énoncés de profession vous apparaissent peu clairs. « Mais qu'est-ce que c'est au juste que ce boulot ? » Et, bien souvent, vous n'êtes pas beaucoup plus renseignée après qu'avant avoir eu des explications dudit professionnel.

Voilà, nous touchons au but. David Graeber essaie de comprendre pourquoi nous en sommes arrivés là. Pourquoi des gens dépriment parce qu'ils se rendent compte que leur travail n'a soit aucune utilité, soit il est globalement néfaste pour la communauté.

Il montre et démontre que les emplois les plus utiles socialement et les plus productifs sont également les moins bien payés. le personnel d'entretien, les manutentionnaires, les infirmières, etc. dont personne ne remet en cause l'intérêt de leur tâche pour les autres sont payés au lance-pierre tandis que les responsables de la communication interne d'une grosse entreprise (un exemple parmi des milliers d'autres) sont payés dix fois plus. Qu'est-ce qui justifie cela du point de vue de la productivité ? du point de vue du bien général apporté aux autres ?

Il y a longtemps déjà, le regretté Coluche avait trouvé une formule percutante pour s'adresser à un homme politique bien connu de l'époque : " ministre du temps perdu à un fric fou ". Voilà ce que David Graeber appelle les " bullshit jobs " c'est-à-dire non pas les " boulots de merde ", ceux qui sont utiles mais que personne ne veut faire car mal payés et déconsidérés, non il s'agit ici de " boulots à la con ", c'est-à-dire des boulots très bien payés, qui ne servent littéralement à rien.

Un bon indicateur du bullshit job est de se poser honnêtement la question : si mon travail était supprimé, est-ce que la communauté s'en porterait plus mal ? Très souvent, la réponse est non et même, plus inquiétant, la communauté s'en porterait plutôt mieux (démarcheurs téléphoniques de mon coeur, c'est à vous que je pense très fort en écrivant cela). En général, dans le privé, la succession hiérarchique des managers située entre le grand patron et ceux qui font effectivement un vrai boulot est jugée par ces derniers plutôt nuisible à la bonne exécution de leur tâche. (Dans le public, ça devient carrément kafkaïen et, hormis les échelons en rapport direct avec la mission à accomplir, c'est-à-dire, le tout premier échelon, c'est du bullshitland sur toute la ligne !)

C'est un peu comme si toute cette flopée de contrôleurs, formateurs, managers, chef d'équipe, responsable quelconque vous demandait : « Qu'est-ce qu'on peut faire pour vous aider dans votre tâche ? » Vous leur répondriez invariablement comme il fut répondu à Jean-Baptiste Colbert : « Rien ! surtout ne faites rien ! à chaque fois que vous faites quelque chose, c'est pire, et ça se traduit par une nouvelle paperasse ou un questionnaire à la con de plus à remplir. Laissez-nous faire, surtout, laissez-nous faire, ne faites surtout rien. »

Et voilà comment, malgré tout, une longue, chaque jour plus longue chaîne hiérarchique — qui se nourrit d'elle-même à chaque échelon, que ce soit dans le public ou dans le privé — vient sucer, en bonne sangsue qu'elle est, tout l'argent généré par l'authentique travail des salariés les plus mal payés et les plus productifs.

Est-ce cela l'efficacité tant vantée du capitalisme ? Pourquoi cette longue chaîne de sangsues si l'on souhaitait vraiment rendre la production efficace ? Il y a d'autres explications que le capitalisme, d'autres fonctionnements qui sont devenus légions et c'est à la compréhension de tout ceci que nous invite David Graeber, avec mille fois plus de talent et de brio que la maigre pitance que je viens de vous servir.

Franchement, chapeau David Graeber. J'ai le sentiment, à la lecture de cet essai, qui se situe à la frontière entre le social, l'économique et le politique, de mieux comprendre le monde dans lequel je vis, ce qui est le but, je crois, de tout essai digne de ce nom. Alors merci David Graeber de nous tenir éveillés et pardonnez-moi si, une fois encore, je n'ai produit qu'un bullshit avis, car je me rassure en me disant qu'il ne représente, tout bien pesé, pas grand-chose.
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Un nombre important (et croissant) de gens, lorsque sondés à savoir si leur travail a une utilité quelconque, répondent : "non". Ces bullshit jobs, se retrouvent tout autant (sinon plus) au privé que dans la fonction publique. Qu'on parle de middle management, de ressources humaines et tout cela.

Graeber, dans cet essai, tente d'analyser pourquoi une économie capitaliste, pourtant centrée sur l'efficience, en vient à dilapider tant de ressources pour des emplois inutiles. Ne soyez pas surpris : "it's not a bug, it's a feature".

Plusieurs explications sont soulevées. La plus intéressante vient du statut social : Plus un travailleur a de gens en dessous de lui, plus il se sentira important. Les PDG aiment bien comparer combien ils ont de secrétaires pour calculer à quel point ils travaillent fort, sont occupés, bref : cela leur permet de calculer leur prestige.

Mais ce n'est pas vrai que pour les PDG. Les cadres, contre-maitres et tout poste médian entre le PDG et le concierge compétitionnent de la même façon. Plus on a d'employés sous nos ordres, plus on se convainc que notre propre poste est important et nécessaire.

Une autre raison est aussi le refus du capitalisme actuel de prendre la direction d'une société du loisir. On vise le plein emploi, convaincu que sans cela, la civilisation s'effondra. Il faut donc inventer constamment des besoins et des jobs inutiles. Après tout, la plupart des rapports de Ressources Humaines concluent que l'entreprise a besoin de plus d'effectifs... aux Ressources Humaines.

La plume de Graeber ici est particulièrement amusante, sans sacrifier dans sa rigueur habituelle.
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En 1930, John Meynard Keynes prédisait que les technologies auraient suffisamment progressé d'ici la fin du siècle pour que les pays industrialisés puissent instaurer une semaine de travail de quinze heures. Pourtant, la technologie a été mobilisée pour nous faire travailler plus en créant des emplois inutiles. Dans les grandes entreprises, alors que les campagnes de réductions de coût, les licenciements et les accélérations de cadence touchent systématiquement les personnes qui fabriquent, transportent, réparent ou entretiennent, le nombre de « gratte-papier » semble sans cesse gonfler car la classe dirigeante a compris qu'une population heureuse, productive et jouissant de temps libre est un danger. C'est pourquoi, tandis que les « vrais travailleurs » sont constamment écrasés et exploités, les sans-emplois sont terrorisés et dénigrés et les gens « fondamentalement payés à ne rien faire » adhèrent aux vues et aux sensibilités de la classe dirigeante et réservent leur animosité à ceux dont le travail a une valeur sociale indéniable.
(...)
Cette longue démonstration copieusement illustrée de très nombreux témoignages (dont nous n'avons pas du tout rendu compte ici) permet une lecture particulièrement vivante et aisée. Moins dense que d'autres ouvrages de l'auteur, son propos n'en demeure pas moins extrêmement pertinent et un excellent complément de son titre précédent Bureaucratie. de nouveau, David Graeber, en décloisonnant les connaissances, invite à un point de vue radical et totalement original sur nos sociétés.

Article (très) complet sur le blog.
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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J'ai tagué ce livre « Coup de Coeur » sur mon blog. Il me faudrait créer une étiquette « Indispensables ».
Ce livre fait partie de ceux qui changent votre vision du monde ou qui corrigent ce que vous croyez savoir.
Le précédent livre m'ayant fait cet effet est « Tout sur l'économie (ou presque) »

Avant de lire cet essai :
* Je savais que des « jobs à la con » existaient, mais je pensais que c'était un peu anecdotique
* Je croyais les « bullshit jobs » beaucoup plus répandus dans la fonction publique et les grosses administrations.
* Je ne connaissais pas suffisamment les racines historiques, religieuses de la « valeur » ou des « valeurs » que l'on accorde au travail
* Je croyais à la fable de l'efficience du capitalisme

Et bien cet essai :
* S'appuie sur des témoignages pour illustrer son propos. Mais même une foule de témoignages n'est pas une preuve. Alors justement…
* Trouve des preuves de ce qu'il avance : oui les « bullshit jobs » existent et ne se cantonnent pas au « public » (au contraire !)
* Casse le mythe dans le privé il y en a peu
* Casse le mythe d'un capitalisme efficient
* Plonge aux racines de la place, de la valeur, des valeurs que l'on associe au travail
Depuis quand associe-t-on le travail à la pénibilité ?
Qu'est-ce qui se cache derrière le fait de « vendre son temps ? »
* Catégorise de façon pertinente les genres de « bullshit jobs »
* fait le pont avec les décisions politiques
* Quelles conséquences sur les individus coincés
* et bien plus !

Alors évidemment on ne peut pas mesurer précisément le nombre de bullshit jobs car comment savoir qu'un poste apporte quelque chose à l'humanité ?
Il ouvre d'énormes pistes de réflexion :
* Pourquoi travaillons-nous ?
* Pourquoi garder les gens occupés à des tâches inutiles voir néfastes ?

Un livre indispensable alors que la voie « travailler pour consommer » nous aliène et nous conduit dans le mur.
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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David Graeber explore en profondeur le phénomène contemporain des jobs à la con. La typologie qu'il propose, se reporter aux citations que j'ai publiées, leurs impacts et en premier lieu la souffrance de ceux qui en ont un sont décrits brillamment et sont abondamment illustrés.
Les raisons d'apparition de la nouvelle féodalité managériales et les conséquences sociétales et politiques sont analysées en profondeur.

Ce qui m'a particulièrement plu fait l'objet du chapitre intitulé : pourquoi notre société reste-t-elle sans réaction face à la généralisation des emplois inutiles ?
Le ton est plus polémique, David Graeber rappelle l'origine théologique du travail « devoir sacré », nous ébranle en s'appuyant sur de nombreux paradoxes, hélas fort pertinents tels que : plus mon travail bénéficie aux autres et moins je suis susceptible d être payé pour le faire; ou encore :
de nos jours la plupart des gens tirent leur dignité et leur amour-propre du fait de gagner leur vie grâce à leur travail et en même temps la plupart des gens détestent leur boulot.

Avec son sens de la formule, Graeber écrit : les travailleurs ( du XX eme siècle mais nous en avons gardé la mentalité) sont incités à concevoir leur labeur non pas comme un moyen de créer des richesses ou d'être utiles aux autres que comme un acte d'abnégation, une forme de cilice laïque, un renoncement à toute espèce de joie et de plaisir pour pouvoir devenir adulte et gagner le droit de posséder les gadgets de la société consumériste.

En conclusion, nous ne sommes pas en capacité de transformer notre puissance technologique en occasion d'épanouissement, de travailler beaucoup moins...
Pour terminer cette critique et vous donner l'occasion de vous pencher dans cet abime de perplexité sur les moyens de sortir de la crise contemporaine interminable et qui laisse une place de choix à la tristesse générale, je cite :
« On n'a jamais vu un européen ou un américain considérer que sa carrière professionnelle devait être un signe distinctif pour la postérité. Promenez- vous dans un cimetière : vous ne trouverez pas de pierres tombales marquées «  chauffagiste », «  vive- président exécutif », «  garde- forestier » ou « Employé « . Quand un être meurt, on estime que l'essence se son âme réside dans l'amour qu'il a porté à son conjoint et à ses enfants, dans celui qu'il a reçu d'eux. Pour ceux qui ont fait la guerre, on mentionne la division militaire dans laquelle ils ont servi. Dans toutes ces dimensions interviennent à la fois une intense implication émotionnelle et le fait de donner et reprendre la vie. Pourtant, il y a fort à parier que, de leur vivant, la première question que l'on posait à tous ces gens quand on faisait leur connaissance était : «  vous faites quoi dans la vie ? »
Paradoxe ?
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Ce livre m'a permis de mettre des mots sur des pensées, des ressentis.
J'ai pu lire et voir développés des raisonnements sur un monde du travail pas toujours très sain.
Un essai qui m'a personnellement fait beaucoup de bien, que je recommande à tous ceux qui se posent la question de l'utilité de leur travail, et de leur place dans la société.
La lecture est aisée, pas de grandes théories universitaires opaques, l'approche est pragmatique, et les faits sont souvent amenés de façon drôle.
Je vous le recommande vivement
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Avec son ouvrage-somme, La dette, David Braeber m'avait convaincu d'une chose: l'économie est trop précieuse pour être confiée aux seuls économistes (ou prétendus tels, puisqu'il n'existe pas de diplôme d'économie).

Ici il récidive en prenant pour sujet le travail. Oh non, il ne se moque pas de ceux qui ont des jobs à la con. Au contraire. En fait, les métiers les moins bien payés sont justement ceux qui sont le plus utiles à la société: il nous aura fallu une situation telle que le Covid pour s'en rendre compte. Les routiers, les infirmiers, les éboueurs se mettent-ils en grève? Très vite, c'est la cata! En revanche, si les banquiers se mettaient en grève (et de fait, ils ont essayé, une seule fois dans l'histoire) la vie continuerait comme avant.

Ce qui fait la force de David Graeber est de faire appel à d'autres disciplines, l'anthropologie, l'histoire, la sociologie, la philosophie, et de croiser les points de vue. Et quand il n'a pas d'explication, il n'hésite pas à le reconnaître. Ça nous change de tous ces experts pontifiants de plateau-télé, qui ont toujours réponse à tout.

Ce livre ne se contente pas de donner la parole à ceux qui ont le sentiment d'avoir un boulot inutile, voire nuisible. Il essaie de comprendre pourquoi nous en sommes arrivés là. A considérer que le travail est devenu une valeur, une fin, un but en soi. Alors que la productivité étant ce qu'elle est, on pourrait certainement de nos jours réaliser la prédiction de Keynes: ne travailler que 15 heures par semaine, et consacrer le reste à des activités gratifiantes.

Dans un style décontracté, voici une mine d'idées qui nous invite à réfléchir. Sur notre système pervers, qui veut que la plupart des gens tirent leur dignité du fait d'avoir un travail... alors que la plupart d'entre eux détestent ce même travail. Sur le rôle des religions dans cette sacralisation du travail. Sur la division du travail entre hommes et femmes, les premiers se réservant les tâches nobles de création, et laissant aux secondes l'entretien, le nettoyage. Sur la manière dont les gens les mieux payés se débrouillent pour que leurs professionnels soient bien considérés - et ne soient pas accessibles à n'importe qui. Et j'en passe... en résumé, si vous n'avez pas encore lu ce bouquin (qui existe aussi en poche), vous savez ce qu'il vous reste à faire.
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C'est un essai que l'on lit sans se lasser du début à la fin , il est clair et même drôle parfois. C'est une réflexion sur l'évolution du travail et un témoignage sur " les jobs à la con" vides de sens et sans aucune utilité .c'est très bien documenté et argumenté.
Pour sortir de ce système il propose le revenu de base universel. L'employé pouvant de cette façon faire le travail qui lui convient sans se préoccuper de l'argent.
David Gaeber dans son essai nous invite à réfléchir sur une société libre .et propose un mode social économique, politique et individuel innovant.
Un livre très plaisant, nous faisant découvrir les notions de " j" job à la con ".
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Un livre définitivement très interessant qui explique dans le détail le concept de bullshit jobs et interroge avec profondeur : pourquoi les bullshit jobs existent, comment ils sont crées, les conséquences des bullshit jobs, pourquoi ce phénomène est il accepté par la société ?
L'analyse de l'auteur est tellement pertinente que le lecteur non averti risque d'en tomber de sa chaise. Pour ma part, j'ai compris énormément de choses sur les rouages qui m'ont tellement fait souffrir dans le monde professionnel. C'était donc ça (en plus du TSA TDAH) !
J'ai particulièrement aimé l'analogie entre le travail et le système féodal, je trouve l'analogie vraiment pertinente et on devrait clairement remettre en question de fond en comble la question du travail et de la place du travail dans nos sociétés.
L'auteur aborde aussi la question de savoir pourquoi les gens au chômage ou qui ne travaillent pas sont stigmatisés par la société en parlant du concept de jalousie morale et de valeur travail qui gangrènent nos vies. Il explique aussi pourquoi ceux qui font les jobs les plus utiles sont finalement ceux qui sont les moins bien payées, tandis que ceux qui font des jobs inutiles sont les plus grassement payées alors qu'ils ne font rien. La souffrance immense générée par les jobs de merde est aussi expliquée, toute la mécanique est décortiquée.
Bref une lecture riche et difficile à digérer. Moi ça me déprime d'avoir toutes ces révélations car je me sens impuissante face à ces réalités. Je n'ai pas été convaincue par la solution de l'auteur qui me parait complètement utopiste, ça laisse un gout amer bien persistant.
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Drole et pertinent !
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