Sans argent et sans ressources, il se vit obligé de mettre à profit, pour sa subsistance journalière, les talents que jusqu'alors il avait cultivés dans le seul but de se perfectionner et de se faire un nom. Dans les villes qu'il traversa, il vendit de petits tableaux peints en détrempe, à un prix très modique ; il peignit aussi des cadres de panneaux et des ornements d'appartement, dans des maisons de particuliers ; mais son travail était si pénible, et ses gains si minimes, qu'à son arrivée à Paris il se vit atteint d'une grave maladie, suite des fatigues et de la mauvaise nourriture, et il fut obligé de retourner aux Andelys, où il passa près d'un an chez son père.
Pour un jeune artiste, la vie du Poussin est un fanal qui le dirige au milieu des écueils, un encouragement plus efficace que la plus éminente protection ; car cette vie prouve qu'en dépit des circonstances, le génie, aidé par un travail opiniâtre, n'a nul besoin de protecteur, et que la renommée, bien qu'elle se fasse quelquefois longtemps attendre, ne lui refuse jamais ses faveurs.