Les poussins vivent dans un immense pays, de l'autre côté des livres. Seul, Blaise a le pouvoir d'ouvrir des portes magiques et des passages secrets dans les livres pour les traverser. Dès qu'il y a un livre quelque part, dans une chambre, une bibliothèque, une forêt, une montagne, un berceau, une épicerie, dès qu'il y a un petit bout de page emporté par le vent dans les nuages, ou tombé derrière une armoire, il y a des poussins. Ils peuvent aller d'un livre à l'autre, en passant au travers de tous les livres de tous les pays du monde entier. Ils sont partout.
Les poussins ne mangent jamais deux jours de suite de la même façon. ...
Parfois ils mangent n'importe où, parfois n'importe quoi et parfois n'importe comment.
Il leur arrive de manger exactement comme à la cantine de l'école.
Et là, c'est la Gigantorigolade. Certains jours, ils dînent proprement, d'autres jours, ils bâffronnent avec les cochons. Et, de temps en temps, le dimanche soir, ils s'empigoinfrent comme des Romains.
Blaise et les poussins rient tellement que l'un d'eux devient le méga-Gigantopoussin-montagne, l'écrabouilleur des gens qui ne rient pas.
S'ils ne réussissent pas à tomber sur le tas de coussins, sur l'herbe, les trampolines, les boudins pneumatiques, ou dans l'eau, ils retombent dans n'importe quelle page.
Les poussins naissent dans des œufs à poussin, pondus par Olga Ponlemonde sur son arbre, Atanarulfe Dumondpondu.
À plus de soixante ans, Anna Boberg a exposé jusqu'en France et en Italie mais reste méconnue dans son pays. Depuis sa découverte des îles Lofoten, en 1901, elle y revient chaque hiver, seule, et y reste plusieurs semaines pour capter la beauté brute des paysages arctiques et leurs lumières éblouissantes. Sentant l'âge venir, elle entreprend cette année le voyage plus tôt que d'habitude, dans l'espoir de réaliser enfin le tableau exceptionnel qui lui vaudra la reconnaissance de ses pairs.
Au fil de cette saison de peinture, le roman se glisse dans l'intériorité d'Anna, au plus près de ses émotions, il sonde ses attentes et ses ambitions, il ravive des souvenirs. Bien qu'aventurière, Anna est loin d'être une marginale : elle a bien connu l'architecte Charles Garnier, elle a rencontré la comédienne Sarah Bernhardt, elle est une proche du prince héritier de Suède et l'épouse aimante d'un architecte réputé avec lequel elle travaille. Mais sa vocation artistique est tenace, et l'appel des aurores boréales, impérieux.
D'une écriture impressionniste, posée, délicate, attentive aux sensations, aux lumières, aux odeurs, aux températures, Sophie van der Linden évoque le geste créatif et la quête artistique d'une femme d'exception.
L'autrice
Née en 1973, Sophie van der Linden vit à Conflans- Sainte-Honorine. Elle a signé ou dirigé chez divers éditeurs des ouvrages dans le domaine de la critique en littérature pour la jeunesse, notamment " Claude Ponti "
(Être, 2000), " Lire l'album " (L'Atelier du poisson soluble,
2006), " Album[s] " (Actes Sud jeunesse, coll. « Encore une fois », 2013), Tout sur la littérature jeunesse (Gallimard Jeunesse, 2021).
Elle a également publié quatre romans : " La Fabrique du monde " (Buchet-Chastel, 2013 ; Folio, 2014 ; prix Palissy, prix du Livre pourpre, prix Jeune Mousquetaire, prix littéraire de la Passerelle, prix de la librairie L'Esprit large), " L'Incertitude de l'aube " (Buchet-Chastel, 2014), " de terre et de mer " (Buchet-Chastel, 2016 ; Folio, 2019) et " Après Constantinople " (Gallimard, coll. « Sygne », 2019).
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