J'étais un peu fâchée avec Mister Grangé. «
Kaiken » et surtout «
le passager » (que je n'ai même pas terminé) m'avaient entraîné à demander le divorce d'avec cet auteur que pourtant j'adorais. Puis sont venus «
Lontano » et «
Congo Requiem » qui m'ont fait réviser mon jugement… Je retrouvais le Grangé que j'aimais.
Avec «
La Terre des Morts », j'abandonne toute idée de divorce !
Jean-Christophe Grangé est bien de retour, au sommet de son art.
«
La Terre des Morts » est noir, dérangeant, déstabilisant, violent…
Quand Corso, flic torturé, est chargé de reprendre une enquête en cours sur la mort d'une strip-teaseuse, il ne s'attend pas à engager le duel de sa vie…
Jean-Christophe Grangé nous emmène avec lui dans le monde de la pornographie, du bondage, du SM, de la perversité, de nos désirs et des déviances sexuelles, mais aussi celui de l'art, avec de nombreuses références à des peintres torturés tel que Goya, personnage omniprésent dans l'intrigue. Toutefois attention, si «
La Terre des Morts » reprend un sujet qui a fait palpiter les petites culottes d'un certain nombre de ménagères (vous voyez de quelle trilogie je parle), ici pas d'édulcorant, pas de fantasmes convenus. du sexe brut, violent… La découverte d'un monde connu des seuls initiés.
Pour autant, je ne réduirais pas ce thriller à une visite guidée des dessous du sexe.
Corso passera par de multiples phases durant son enquête, phases qui permettent à l'auteur de développer des sujets tels que l'obsession, la haine, le divorce, la confiance, les rapports hommes-femmes :
« Catherine Bompart, quand elle parlait d'amour – ce qui bizarrement lui arrivait très souvent – disait : »Les hommes n'aiment que l'extérieur, les femmes ne sont intéressées que par l'intérieur. Nous aimons le fruit et sa saveur. Ils se contentent des épluchures. »
Il traite également d'autres sujets que je ne peux malheureusement pas évoquer sans risquer de spoiler et de gâcher votre plaisir.
Côté intrigue, l'auteur joue avec nous tout au long des 553 pages… Si un suspect nous est assez rapidement donné en pâture, le doute persiste. Il s'immisce dans nos têtes tel un serpent, il est le coupable parfait. Pourtant… Mais ce ne peut qu'être lui… Les montagnes russes des soupçons, certitudes… Pour un final inattendu. Aucun ennui, aucune rupture dans le rythme de ce thriller brûlant.
Un bémol toutefois, lié à mon côté professionnel je pense, le côté flic qui s'affranchit de toutes les règles en 2017… Si c'était possible dans les années 70, aujourd'hui…
Pour autant ça n'a pas gâché mon plaisir à la lecture, et Corso ne serait pas Corso sans ce côté excessif.
«
La Terre des Morts » est un excellent thriller, qui pour moi, marque le retour de Grangé dans son style originel. Un thriller noir, violent, surprenant. Un roman qui nous tient tant en haleine qu'il est difficile de le lâcher avant le point final.