Lorsque le commandant Stéphane Corso est chargé d'enquêter sur le meurtre de strip-teaseuses, il ne se doute pas encore que cette traque laissera des séquelles indélébiles. Pour lui, il s'agit de serrer un fêlé qui ligote, torture et tue par des noeuds japonais et mortels de belles effeuilleuses du Sponk, la boîte BDSM à la mode de la capitale. Très vite, il va découvrir que ces meurtres sont inspirés par les "pinturas negras" de Goya et faire la connaissance d'un suspect idéal, Philippe Sobieski, ancien repris de justice et peintre hype du Tout Paris. Dans le même temps, il va devoir affronter son ex pour obtenir la garde de son gosse de 9 ans, Thadée. Son avocate lui fait comprendre qu'avec son pedigree de vieux flic borderline et peu sociable, il risque de ne pas l'obtenir sauf, s'il met à son crédit, l'arrestation du tueur des strip-teaseuses. Dès lors, le commandant Corso va se mettre en chasse sans se douter qu'il va affronter la noirceur des âmes et qu'un assassin peut en cacher un autre.
Mon avis :
Naufrage et opportunisme sont les mots qui me viennent à l'esprit en refermant ce livre.
Lire du Grange était autrefois un réel plaisir. Aujourd'hui, avec
la terre des morts, c'est un ennui voire un réel accablement.
Sur le papier, ce thriller du Maître Grangé a tout pour plaire :
Une enquête menée par un vieux flic, toujours prompt à dégainer ou foncer dans le tas,
Une intrigue qui part dans un sens, puis non, dans un autre, avec des rebondissements dégoupillés de manière quasi chirurgicale,
Des personnages forcément ambivalents et donc forcément intéressants dans un univers noir: SM, bondage, du porno à tous les étages.
Sauf que rien ne prend au moment de la lecture…
La terre des morts est un vrai naufrage polardeux. Je me suis ennuyée comme rarement. Dès les 100 premières pages, j'étais certes aguerrie en matière de shibari (noeuds japonais) et j'avais eu ma dose de porno gratuit et sans intérêt mais la magie de l'intrigue n'opérait toujours pas.
L'intrigue :
Grosso modo, si je devais imager ma lecture, je dirai que j'ai eu l'impression d'être montée dans une Ferrari FXX-K avec ces 860 chevaux sous le capot pour avancer... à 30 km/heures sur une autoroute ennuyeuse et faire un trajet sans frisson et sans surprise.
L'intrigue semblait pourtant assez prometteuse : des femmes retrouvées mortes, ligotées et fendues d'un sourire jusqu'aux oreilles avec un flic qui plonge dans un univers inconnu fait de porno et de BDSM. Simple et efficace comme intrigue! Patatras, les 100 premières pages sont soporifiques et s'appesantissent sur des techniques de noeuds SM et des scènes de porno sans intérêt pour l'intrigue. Par la suite, le même ennui m'a accablé lorsque j'ai fait la connaissance de Philippe Sobieski, peintre débauché et amateur de bonne chair façon gigot bien ficelé…
L'intrigue prend une direction ou plutôt une autoroute longue, plate, ennuyeuse où défilent des pages de platitude pour ensuite prendre une sortie de route (rebondissement !!!) qui m'a laissé dubitative. La surprise est certes bien là, mais je n'y croyais déjà plus depuis longtemps et l'auteur m'avait assommée par les 2/3 de roman déjà lu péniblement.
Les personnages :
Aucune surprise sur ces personnages. Dommage!!! le commandant Corso est le prototype du flic aguerri, borderline sur les procédures, prompt à dégainer, coincé affectivement et sexuellement. C'est monobloc, sans réelle introspection et cela manque cruellement de nuances. Ses déboires judiciaires pour obtenir la garde de son fils aurait pu le rendre attachant mais même pas, j'en garde une impression d'homme lourdaud et rustaud.
Quant aux autres personnages : ils m'ont glissé dessus tant je me suis ennuyée, les secondaires comme les méchants….
Le style et l'univers:
J'ai eu du mal à reconnaître le Grangé du début des années 2000 caractérisée par une plume fulgurante et directe. Là j'ai eu le sentiment que l'auteur voulait nous raconter des grosses horreurs (sexuelles ou sanglantes) mais qu'il en éprouvait une certaine gêne, voire un peu de honte. Je me suis dit après coup que c'était peut-être pour ne pas trop choquer le grand public et ratisser large dans le lectorat. L'écriture est aseptisée et sonne parfois faux, notamment quand il est question du commandant Corso et de ses relations avec les femmes quelles qu'elles soient dans le livre (collègue, épouse, effeuilleuses ou personnages secondaires…)
Quant à cet univers fait de déviances, de perversité et de plaisirs extrêmes, il aurait pu être savoureux et faire une toile de fond subversive impeccable… Mais non !!!
C'est souvent lourdingue et j'ai eu le sentiment que l'auteur voulait étaler sa science pour épicer son intrigue poussive et tenter de faire triper la ménagère de moins de 50 ans. C'est en cela que je qualifie ce thriller d'opportuniste.
Bref, dire que je n'ai pas aimé est un doux euphémisme…
Mon avis ne compte pas face aux très nombreuses critiques positives et je vous invite à vous faire votre avis personnel en le lisant.
Je ne suis sans doute pas faite pour lire CE Grangé là, tout simplement…