Cela faisait un petit moment que je ne m'étais pas replongé dans la lecture d'un bon Grangé, depuis Kaiden . A l'époque, c'était sans doute mon auteur de policier préféré. J'adorais ce sens du suspense et de la démesure, ses intrigues qui démarraient à partir d'un meutre étrange pour mener ensuite son lecteur sur la piste parfois d'antagonistes anciens nazis et de société secrètes. Les personnages de Grangé sont haut en couleurs. Personnellement, j'ai adoré le duo de
Miserere entre le flic toxico et le solide vétéran arménien au passé trouble. de plus, l'écrivain possède un malin plaisir à dépeindre une ambiance sadique avec une véritable peinture du mal qui se reflète jusque dans la violence des scènes de crimes décrites avec soin...
Pourtant, avec
le Passager, c'est un retour mitigé tout en étant un constat un peu triste sur les faiblesses d'un écrivain de policier qui peine à se renouveler. Pour autant, on ne peut pas trop lui en vouloir. L'auteur doit se tenir à pondre un policier chaque année pour la rentrée du polar. Tous les titres de cet ancien journaliste, également scénariste, ne peuvent donc être qualitatifs mais avec
le Passager, l'écrivain nous entraine dans un délire de fuites pyschologique que mes lectures de Loubry et de
Franck Thilliez ont vite fait passés pour du réchauffé.
En effet,
le Passager est le neuvième roman de Grangé, un roman publié en 2010 et il s'est depuis écoulé bon nombres de lectures de polar qui exploitaient également la thématique de la pysché et du déboublement de personnalités.
De ce fait, je dois avouer que l'intrigue de ce thriller ne m'a pas surpris. Grangé nous plonge dans la psyché d'un fugitif qui souffre d'un sérieux problème psychologique entre amnésie et fugues psychologiques. La victime dont on ne sait si elle est aussi coupable est plongé dans une course-poursuite infernale aussi bien interne face à un tueur qui pourrait être lui et surtout externe. Face à la police representée ici par la belle Anais Chatelet, notre héros devra remonter aux
origines de ces vies passées pour arrêter le tueur en série.
Et comme souvent, avec
Jean-Christophe Grangé, nous avons droit à un final abusé tout en démesure apocalyptique avec un méchant bien méchant....dont l'apparition est malheuresement trop soudaine pour être impactante. L'écrivain nous avait habitué à mieux en terme de dramaturgie et cela se ressent dans la structure de ce Passager qui se lit comme une agréable course-poursuite dont le suspense ne parvient pas à éclipser la lourdeur et les raccourcis bienheureux.
Pourtant, on s'amusera des éclairs d'horreurs concoctés par l'écrivain, notamment avec certains passages embryonnaires , simplement terrifiants.
De plus, malgré sa lourdeur, le rythme est là et J.C Grangé nous entraine allégrement dans la petite Alger de Marseille-Centre, parmi les clodos, aux côtés d'artistes fous , dans les réseaux de rencontres... Bref, il y a tout de même une générosité du voyage et du mouvement autour de cette enquête à tiroir qui pousse à la lecture.
Dommage que l'écrivain succombe un peu trop à son sens de la démesure et de la caricature, à commencer par la figure des tueurs de l'ombre ou encore le nouveau portrait du père ancien tortionnaire ou ancien nazi.
La figure du père monstrueux est une thématique que nous retrouvons fréquemment dans les romans de Grangé. Personnellement, j'ai pensé à son premier titre :
le vol des cigognes par ce rapport conflictuel entre le père et le fils.
Petit bémol aussi pour le personnage d'Anais Chatelet. Habituellement, l'écrivain orchestre son intrigue à travers un duo de personnages sympathique qui se renvoit la balle. En tant que poursuivante, Anais Chatelet n'en reste pas moins un personnage en retrait qui perd peu à peu de son importance au fil de l'intrigue pour ne devenir que la belle à sauver. C'est un peu dommage et l'écrivain nous avait habitué à mieux quand à l'écriture de ces personnages....
Du réchauffé donc pour ce Passager qui frise la caricature et le grotesque dans un thriller efficace dans son rythme et son descriptif mais qui est loin d'égaliser le niveau de certains romans de ce maitre du polar horrifique francais.