Josh
Shors est animateur d'une émission de téléréalité aux Etats-Unis qui mêle décoration intérieure et psychologie familiale. Son père Carl, 85 ans, peintre qui vit retiré du monde à Saint-Paul-de-Vence, n'a que mépris pour le travail de son fils. Un jour, il découvre dans un article de presse l'existence de Cornelius Gurlitt, un collectionneur d'art chez qui on a retrouvé une grande partie des tableaux spoliés par les nazis. Il replonge alors dans son passé : son père, marchand d'art et propriétaire d'une galerie dont les oeuvres ont été prises par les Allemands, l'a confié à un couple américain afin de le protéger des menaces du IIIème Reich. Il va donc revendiquer son héritage, et découvre alors qu'il a une soeur qu'il n'a jamais connue, Magdalela… On suit donc, dans la première partie de ce roman, les vies de Carl et de Josh, lequel, aidé par sa femme, va poursuivre la quête de son père…
La deuxième partie nous plonge dans l'Allemagne du début du 20ème siècle. Theodor Grenzberg, marchand d'art, épouse Luise Borstelmann, qui lui donne une fille, Magdalena Thekla Fedora. Passionnée d'art et de dessin, celle-ci va entrer au Bauhaus à Dessau, sous le nom de Magda Grenz, rêvant de devenir architecte…
Deux romans en un seul, et deux parties passionnantes. Dans la première, on ne peut qu'être à la fois fasciné et terrifié par les coulisses de l'émission Oh my Josh, qui par une thérapie de choc vise à reconstruire les liens des familles candidates, tout en gardant l'oeil sur l'audimat… Dans la deuxième, on découvre la vie de Magda, qui place sa liberté et son indépendance au-dessus de tout, à une époque où les femmes sont encore sous le diktat des KKK (Kinder, Küche, Kirsche) et auxquelles, au Bauhaus, seule la filière de tissage est ouverte. Richement documenté, le roman emmène le lecteur dans la peinture avant-gardiste des Klee,
Kandinsky et autres peintres abstraits, dans les questions inhérentes à un art qui se renouvelle et dont la créativité foisonne ; enfin on découvre le travail de sape des nazis qui se constituent en cachette d'inestimables collections d'oeuvres dont ils exposent une partie sous l'intitulé d'"art dégénéré".
Le tout est dense et se lit sans effort, sous la plume habile de
Yannick Grannec, qui rend fort humains et émouvants des grandes figures de l'art comme
Paul Klee, parrain de Magda, qu'on voit travailler dans son atelier.
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