Ce tome regroupe les 3 histoires relatives à
Mazeworld, écrites par Alan Grant, dessinées et encrées par Arthr Ranson, initialement prépubliée dans l'hebdomadaire anglais "2000 ad". Elles sont en couleurs et forment une histoire complète et indépendante de toute autre.
-
- The hanged man (1996, progs 1014 à 1023) - La dernière exécution capitale a eu lieu en 1965 au Royaume Uni. Pour une raison peu claire, l'état a décidé de faire une exception pour Adam Cadman, un meurtrier. Alors que la trappe s'ouvre et que la corde se tend, Cadman se retrouve devant une pyramide de type aztèque, dans une société moyenâgeuse, vénérant le labyrinthe, à la fois en tant que symbole et comme construction bien réelle. du fait du hasard, Cadman (individu violent et égocentrique) se retrouve à lutter du côté des rebelles contre l'autorité établie. Enfin... il lutte surtout pour sauver sa peau quitte à trahir ses alliés.
-
- The dark man (1998, 1101 à 1110) - Adam Cadman est de retour dans
Mazeworld. Les rebelles voient en lui le prophète annoncé par l'oracle. Pendant ce temps-là, sur Terre, 2 scientifiques effectuent des tests sur le corps de Cadman dont l'encéphalogramme présente des particularités inexplicables.
-
- The Hell Maze (1999, 1151 à 1160) - Pour son troisième séjour dans
Mazeworld, Adam Cadman doit s'enfoncer dans le labyrinthe pour trouver le démon qui menace de s'échapper. Sur Terre les expériences continuent sur le corps et le cerveau de Cadman.
Alan Grant et
Arthur Ranson avaient déjà collaboré pour des histoires très singulières situées dans l'univers de Judge Dredd, mettant en scène la juge Cassandra Anderson : voir Shamballa. Ranson a également illustré les aventures sèches, brutales et efficaces d'Harry Ex, Button Man de son état (c'est-à-dire porte-flingue) écrites par John Wagner. La couverture de ce recueil permet de se faire une idée de la nature des dessins.
Dans la courte introduction (1 page de Grant et 1 page de Ranson), Alan Grant explique qu'au départ il souhaitait écrire un projet de scénario de film, qu'il avait juste montré à Ranson. Dès les premiers paragraphes, ce dernier a imaginé le monde du labyrinthe en s'inspirant des architectures aztèque et égyptienne, pour créer un monde fantasmagorique. La minutie et le réalisme des dessins de Ranson donnent un aspect concret et palpable à chaque environnement, permettant au lecteur de s'y projeter aisément.
Les personnages présentent des morphologies réalistes, sans exagération de la masse musculaire. Ils portent des tenues variées, avec une cohérence dans le style pour les habitants de
Mazeworld. Les mouvements restent réalistes, même lors des scènes d'action. Ranson apporte un soin particulier à rendre les textures des bâtiments, en particulier celles de la pierre, et celles du bois. Lorsque le scénario le requiert, Ranson développe des paysages ou des environnements magnifiques, comme le jardin intérieur d'un palais, les catacombes, une plaine herbeuse au pied de falaises, la nef d'une église, etc.
Ces dessins étoffés et détaillés donnent vie à l'environnement particulier de
Mazeworld, et à l'étrange personnage principal dont la cagoule et le noeud coulant sont inamovibles. Alan Grant a écrit une histoire de rebelles se révoltant contre un pouvoir en place oppresseur, dans le contexte d'une religion basée sur la figure du labyrinthe. Il est inutile d'y chercher une signification philosophique. le labyrinthe reste à l'état de décor original, sans deuxième niveau de lecture, ni d'un point de vue politique, ni d'un point de vue métaphysique.
Ces 3 histoires de
Mazeworld sont avant tout un prétexte à des aventures à la tonalité plutôt adulte, dans un environnement particulièrement exotique et divertissant. Néanmoins, il ne s'agit pas d'aventures décérébrées à grand spectacle. Il y a effectivement des scènes spectaculaires, mais aussi un personnage principal peu commun. Adam Cadman a commis un meurtre de sang-froid qu'il regrette, mais qu'il estime impossible à éviter. Il n'a pas l'âme d'un héros et est surtout préoccupé par sa propre survie, prêt à retourner sa veste pour se ranger du côté du plus fort.
Alan Grant propose donc au lecteur de suivre cet individu peu recommandable et de découvrir son évolution. Il n'y a pas de bulles de pensée, ni de long discours explicatifs. La narration de Grant est en phase avec celle de Ranson, plutôt naturaliste et sans emphase. Ce parti pris renforce le caractère mature de la narration, et permet au lecteur de prendre parti pour une faction ou une autre, en s'émancipant pour partie du manichéisme bons / méchants. Néanmoins le récit souffre du manque d'un deuxième niveau de lecture, et de quelques facilités ou grosses ficelles comme ses expériences conduites sur le corps d'Adam Cadman pendant que son esprit est dans un autre monde.
Ces 3 histoires forment un tout avec un début et une fin claire qui invitent le lecteur à voyager dans un autre monde, bien tangible, propice à des aventures extraordinaires, à suivre des personnages crédibles et adultes, dans un environnement sortant de l'ordinaire de ce type de récit.