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Auteur d'origine américaine, Julien Green ne pouvait pas ne pas nous servir un roman américain. C'est chose faite, avec « Mont-Cinère » : à la fin du 19ième siècle, aux Etats-Unis, une femme avare, Mrs Fletcher, et sa fille Emily s'affrontent à Mont-Cinère, c'est le nom de leur propriété commune, pour la possession de celle-ci ainsi que de l'héritage de feu Stephen Fletcher, le mari et père qui n'aura été ni aimé, ni pleuré…
Une atmosphère détestable règne dans cette maison, alors que s'invite une troisième femme, Mrs Elliot, la grand-mère, dans le besoin.

Rien ne sera épargné à cette maison où règnent bêtise et méchanceté élevées à un tel niveau. Entre la mère qui se dit pauvre et « gratte » sur tout, le bois, la nourriture… mais « gratte » surtout sur l'amour qu'elle aurait pu (dû) dispenser à sa propre fille. Sa propre fille qui s'imagine des droits sur la maison… Elles se détestent.

« Mont-Cinère » est un livre dur où l'avarice est la cause de l'incommunicabilité entre mère et fille ; un quasi huis clos ou l'auteur nous trace trois portraits de femme des plus détestables. Et tout cela dans son style si remarquable.

On connaît Julien Green surtout pour son journal. On aurait bien tord de ne pas aller voir du côté de ses romans…
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Mont-Cinère est l'histoire de trois femmes, la fille Emily, la mère Cathy et la grand-mère Mrs Eliot qui vivent et meurent peu à peu du fait d'une sorte d'épidémie de folie avaricieuse.
Sorte de variante féminine de l'Avare, transposé dans la société américaine de la fin du XIX ième siècle, Kathy Fletcher, mène d'une main tant autoritaire qu'austère, la vaste maison de Mont-Cinère. Veuve, Kathy élève sa fille Emily sans paraître pleurer l'absence de son défunt mari. Tout au contraire, elle se complaît dans ce rôle de maîtresse femme qui veille à dépenser le moins possible. Terrorisée à l'idée de la moindre dépense, elle économise sur tout.
Et lorsque la mère de Kathy, Mrs Eliot arrive et demande à sa fille de l'héberger, Mrs Fletcher croît défaillir. Sa mère va lui coûter beaucoup d'argent. Elle a déjà renvoyé presque tous les domestiques.
Kathy songe même à vendre des meubles et objets décoratifs de la maison.
La jeune Emily s'insurge. Elle sait que sa mère n'est pas pauvre et que son père leur a laissé une importante somme d'argent. Elle considère que Mont-Cinère, qui lui reviendra à la mort de sa mère, lui appartient déjà et refuse que tout soit vendu.
Lorsque la grand-mère Mrs Eliot meurt, Emily accuse sa mère de ne lui avoir pas prodigué tous les soins nécessaires, soit par le manque de chauffage, soit en imaginant même qu'elle a pu l'empoisonner.
Emily qui ne supporte plus l'idée d'être privée de son héritage, se rend chez le voisin, un jeune homme père d'un bébé et dont la femme est morte en couches. Elle lui propose de l'épouser afin de devenir maîtresse de Mont-Cinère et d'obtenir de l'autorité de son futur mari, un moyen de pression sur sa mère. le jeune homme, abasourdi, accepte cet étonnant marché. le mariage a lieu dès le lendemain.
Cathy, la mère, se sent vaincue et déprit lentement. Elle finira par quitter Mont-Cinère.
Mais si la mère est écartée et donc « neutralisée », son avarice semble s'être déposée, telle une épaisse couche de poussière sur les meubles et dans la vaste maison. Elle a été transmise à sa fille Emily qui démontre alors l'ampleur de son égoïsme. Elle ne pense qu'à son héritage et traite le jeune homme par le mépris. Celui-ci se rebelle et fait valoir son autorité d'époux, qui le rend maître de Mont-Cinère, car ils n'ont conclu aucun contrat de mariage. Emily se trouve prise au piège.
Dans un accès de rage et de folie elle tente d'étrangler le bébé du jeune homme …
Emily est devenue aussi folle que sa mère. Les biens transmis et qui sont l'objet de cette convoitise effrénée, le domaine de Mont-Cinère en l'espèce, transmettent avec eux la folie de leur propriétaires.
La douce et gentille Emily du début du roman devient, subrepticement et par la magie de la plume de Julien Green, la jeune femme avide de possession qui tentera d'assassiner un enfant et périra tragiquement, par sa seule faute, au milieu de ses biens… !
Au-delà d'une réflexion classique sur la filiation, la transmission et les rapports familiaux, ce roman apporte aussi un éclairage original sur l'égoïsme et l'avarice. Les objets sont vus par leurs propriétaires comme un prolongement de leur personne, et quiconque tente de s'approprier ces objets attente à leur intégrité personnelle. D'où la violence extrême de leur réaction.
Ce roman du début de la carrière littéraire de Julien Green conserve une fraîcheur et une actualité propres aux chefs-d'oeuvre de la littérature classique.
A lire, pour découvrir Julien Green, dont le style magnifique capte et captive le lecteur, comme s'il s'agissait d'un thriller psychologique.
A lire aussi pour approfondir la lecture de son oeuvre foisonnante et protéiforme. Car si ses romans sont magiques, son autobiographie et son journal sont tout aussi envoûtants.
Un grand auteur, trop souvent oublié, à lire, relire et faire lire !!
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Très bon roman sur les passions tristes.
Ici l'avarice qui étouffe, musèle, asphyxie jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Aussi beau qu'Eugénie Grandet, et bien plus tragique, avec une belle écriture classique et simple.
C'est un livre difficile à lâcher.

Je l'ai encore préféré à "Chaque homme dans sa nuit" qui pourtant m'avait enthousiasmée. Une unité encore plus resserrée sur des héroïnes qui se débattent dans leur nuit.
Avec Julien Green il est toujours question de ténèbres intimes et de destin.
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J'aime de plus en plus Julien Green que je chine en livre de poche dès que je le peux. J'ai déniché celui-ci récemment et sa lecture m'a enchanté. Quel style ! Quelle histoire ! Quelle atmosphère inimitable ! Roman de l'avarice et de la folie, pendant de "L'Avare" de Molière (en plus glaçant), il m'a fait penser aux "Hauts de Hurlevent" d'Emily Brontë pour son côté sombre et cette histoire de maison isolée où l'on s'attendrait à voir surgir des fantômes.
Remettons Julien Green à la mode. Son oeuvre le mérite.
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Lire un roman de Julien Green, c'est toujours un grand moment, et celui-là est certainement pour moi l'un des meilleurs.
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Ce roman n'est pas récent, mais il reste actuel. Il est d'abord fascinant et terrifiant de voir la «maladie» développée par Kate. Julien Green décrit cela de manière précise et réaliste. Cette pingrerie extrême devient même comique aux yeux du lecteur. En effet, si on se désole, si on compatit pour celles qui en font les frais, on ne peut s'empêcher de sourire devant l'étalage de tant d'avarice.

Outre cela, le romancier décrit très bien les relations qui s'installent inévitablement entre des femmes aigries qui s'agacent, se cherchent, dont les ressentiments croissent de jour en jour. Ces femmes qui ne s'aiment pas (il est peu probable que missis Elliott aime vraiment Emily), vivant seules dans cette grande maison froide... cette ambiance recèle un parfum de gothique.
[...]
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J'ai lu ce roman dans la foulée d'"Adrienne Mesurat" avec lequel il a beaucoup de similitudes : jeune fille qui a le sentiment de moisir dans une maison régentée par un parent étroit d'esprit, influencée par des conseillères malveillantes, avec des rêves d'évasion via un amour improbable ; il y a également une même fin abrupte, malheureusement de mon point de vue qui aurait préféré voir comment la situation allait dégénérer encore quelques années.
Avec sa très belle écriture, J.Green a réussi à rendre presque haletant un récit où il ne se passe presque rien en surface, mais où tout s'agite à quelques centimètres de profondeur.
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J'ai découvert un style puissant, poétique, pénétrant et glaçant. L'atmosphère de l'histoire et les pensées des personnages sont si bien retranscrites, que nous ressentons le froid, la jalousie et la mesquinerie nous gagner pour nous serrer le coeur à chaque page.
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