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Graham Greene publia « la puissance et la gloire » en 1940, époque où les chrétiens étaient martyrisés en Union Soviétique, en Espagne et au Mexique, dans ce que le Pape Pie XI appelait « le triangle terrible », époque où les juifs étaient eux martyrisés en Allemagne …

Au Mexique, la persécution, sous différentes formes, existait depuis le début du XIX siècle mais en 1917 la loi Calles imposa l'éradication de l'église catholique et dans la province de Tabasco « les chemises rouges » assassinèrent les uns après les autres les membres du clergé, comme ce fut le cas en Espagne dans les années 30 à l'époque du « front crapulaire ». Persécutions vécues à notre époque dans certaines provinces de l'Inde, du Vietnam ou en Chine et au Nigéria, par exemple.

C'est dire que ce roman est toujours bouleversant, et que ce pécheur, prêtre fort peu exemplaire, parce qu'il est fusillé en tant qu'ecclésiastique, devient martyr et que son témoignage conserve de nos jours une telle force et un telle actualité comme François Mauriac le soulignait : « grande leçon donnée à ces obsédés de la perfection, à ces scrupuleux qui coupent en quatre leurs misérables manquements et qui oublient qu'au dernier jour, selon le mot de Saint Jean de la Croix, c'est sur l'amour qu'ils seront jugés. »
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Le heros de la Malediction du gitan, ce sourd muet sans jambes qui se produisait en des acrobaties de cirque, lisait, le seul a lire parmi tous les freaks pratiquement illetres qui l'entouraient. Dans ses moments de desesperance il revenait, encore et encore, a La Puissance et la Gloire de Graham Greene. Voulant comprendre en quoi l'histoire d'un cure harcele pouvait le consoler je l'ai relu moi aussi. Il y a de ca une eternite je n'avais pas specialement apprecie ce que j'avais vu comme de la propagande religieuse. Entretemps le livre a beaucoup change, ou alors c'est moi.

La trame est simple: dans une region mexicaine ou les revolutionnaires au pouvoir veulent abolir toute religion, un cure traque tente de fuir, sans succes. C'est le dernier pretre, tous les autres ayant ete tues s'ils n'ont pas reussi a passer a temps la frontiere, ou ayant ete forces de se laiciser et se marier. Il sera finalement fusille, un metis mouchard l'ayant reconnu et livre a ses poursuivants.

La trame est simple mais le developpement qu'en fait Greene ne l'est pas. Il y mene une sorte d'etude, profonde et ardue, douloureuse et implacable, sur l'ancienne question du bien et du mal, sur ce qui les oppose et ce qui les relie. Une etude de terrain, qu'il place dans un terrain qu'il a connu, le Mexique, et dont il sonde le caractere profond de ses habitants, leur ame. Leur sens de l'obeissance a la tradition, du devoir et du destin, leur intime essence d'un catholicisme metisse, manifeste meme quand la revolution prohibait la religion. Greene avait passe quelques mois au Mexique en 1938, enquetant la persecution de la religion qu'avaient declanche les presidents Calles et Cardenas. Il en avait tire en 1939 un livre de voyages, The Lawless Roads, et, plus tard, ce roman.

Deux principaux acteurs dans ce drame, un cure et un lieutenant, bien qu'il n'y ait que le lieutenant qui agisse vraiment, le cure se laissant entrainer comme malgre lui par les circonstances. Tous deux sans nom propre, comme un troisieme acteur, le metis, celui qui tient le role de Judas, du mouchard qui vendra le cure pour une poignee de pesos. Il n'y a que les personnages tout a fait secondaires qui auront droit a des noms. Sans noms, ces acteurs peuvent prendre une dimension archetypique. Mais Greene les complique a souhait. Ni heros ni anti-heros clairs et nets, tous ont droit et a son blame et a sa compassion. Tous decrits implacablement humains. le cure est une creature maladive, egoiste et peureux, qui s'est eloigne de nombreuses fois de la foi qu'il preche. Seuls le courage et la capacite de sacrifice des villageois qu'il rencontre et qui le cachent pourront lui faire surmonter la peur, l'amertume, le fiel qui niche en son coeur. Ce n'est que grace a eux qu'il finira par gagner un certain apaisement de l'esprit, une certaine serenite devant son futur, serenite face aux hommes qui l'accusent et le jugent, serenite pour affronter Saint Pierre dans l'au-dela. Une redemption tardive, aux limites du courage, la decouverte d'une force d'ame qu'il n'avait jamais eu. Quant au lieutenant qui le poursuit, ce n'est pas un fou sanguinaire, il n'a pas de raisons personnelles, tout en lui est ideal, mais il incarne trop fanatiquement les ideaux laics de la revolution mexicaine de ces annees-la. Les cures ne sont pour lui que suppots d'un obscurantisme qui maintient le peuple dans l'ignorance et la misere. Ils doivent disparaitre pour que l'avenir puisse etre radieux. Et la fin justifie les moyens. Mais il saura aussi etre misericordieux envers sa proie, une fois qu'il l'aura attrapee.

Greene a ecrit une tragedie. La tragedie d'un homme faible devant son destin. Peut-etre aussi la tragedie de la force minee par le doute. le drame du vieil antagonisme de la spiritualite et du materialisme, personnifie en deux hommes, sans que nous soit montre trop clairement et trop facilement ou git le vice et ou siege la vertu. Un troisieme homme, le delateur, est manifestement l'outil du destin ou l'agent de la Providence. Ce n'est pas forcement un mauvais homme, sa mission est d'amener le cure a l'expiation, a sa purification, comme le Judas des ecritures face a Jesus. Ce Judas-ci tend a nous faire croire que Greene, catholique convaincu, veut que sa tragedie finisse en apotheose de la foi, en la victoire morale de la foi. Ce serait trop facile. Moi je vois, justement parce que Greene est croyant, dans cette opposition de differentes croyances, de differents ideaux, la tragedie du Dieu auquel il croit. Ce Dieu qui a fait l'homme a son image, qui est dans tous les hommes. Dieu qui est le juge et le pecheur, le vertueux et le criminel, ici le cure et le lieutenant, et aussi le Judas, bien sur. Dieu qui est celui qui a le pouvoir, et en use, et celui qui en est demuni. Dieu qui est l'homme glorieux mais aussi l'infame. Dans cette optique, la puissance et la gloire sont peut-etre incarnees par les deux principaux protagonistes, mais aussi par le destin qui les dirige et les mene, ou la fatalite, ou tout simplement Dieu. Ce Dieu a qui le roi David chantait: “A toi, Eternel, la grandeur, la force et la magnificence, l'eternite et la gloire, car tout ce qui est au ciel et sur la terre t'appartient; à toi, Eternel, le regne. […] C'est de toi que viennent la richesse et la gloire, c'est toi qui domines sur tout, c'est dans ta main que sont la force et la puissance” (Chroniques I, chap. 29, versets 11-12). Tellement de pouvoir... il ne peut qu'etre tragique, ce Dieu.

En fin de ce long billet je dois me confesser. Je ne suis pas religieux, je ne crois pas en un Dieu, je suis plutot un fieffe mecreant. Sans aucune excuse de cette sorte j'ai trouve ce roman tout simplement sublime. Puissant. Glorieux.
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«La puissance et la gloire» faisait partie des romans de Graham Greene désignés comme catholique par la critique de l'époque. L'auteur traversait alors une grave crise mystique qui l'amena à se replonger dans ses racines chrétiennes. Ce livre mettait en scène un pretre au prise avec la révolution anticléricale mexicaine des années 30. C'était beaucoup en réduire sa portée que de le circonscrire à la sphère purement religieuse, car même si son aventure s'apparentait à un chemin de croix, ce sont bien des sentiments humains qui bouleversait ce serviteur de dieu. Menacé de toute part, recherché, poursuivi, il refusait la fuite en avant cherchant la rédemption de ses péchés dans le martyr. Dans un moment de faiblesse quelques années plus tôt, il avait eu une petite fille avec une paysanne de sa paroisse. Alors qu' il le souhaitait ardemment il lui était impossible maintenant de se confesser, tous les prêtes mexicains étant en fuite et ceux qui restaient ne pratiquaient plus l'absolution par peur des représailles. Malgré la peur qui l'étreignait devant l'éternité la seule solution qui lui restait pour gagner le paradis était la mort dans l'exercice de ses fonctions sacerdotales. Ce livre était remarquable dans le traitement des personnages en ne cédant jamais à un manichéisme facile. Ainsi le militaire chargé d'arrêter le prêtre, malgré les tueries dont il se rendait coupable attirait presque la compassion du lecteur tant il souffait dans sa chair d'une enfance misérable vecue dans une une société dominé par un ordre social aisé maintenant le peuple dans un avilissement sans nom. L'écriture était aride presque désenchantée, elle rendait parfaitement compte du grand désert qui habitait le paysage et le coeur de ces hommes pris dans la tourmente. Ce livre poignant était au combien représentatif du talent de Graham Greene, grand écrivain britannique injustement oublié…
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Proche du western, une traque haletante, écrite comme un road-movie, l'histoire d'une vengeance, et celle d'une fuite. A travers la province de Tabasco, elle ne manquera pas de piquant et l'on s'imagine volontiers par endroits les paysages désertiques parsemés de cactus dans cette partie du Mexique, avant d'apercevoir une bananeraie et de s'enfoncer dans la forêt équatoriale, de plonger accroché à sa mule dans un fleuve, où se prélassent des crocodiles, pour échapper à un escadron de gendarmes et s'enfuir par la montagne toute proche, enfin se réfugier dans la province voisine plus tolérante vis-à-vis de l'Eglise catholique.

Car le fugitif, qui est aussi le narrateur, est un prêtre. Quant à moi, qui suis d'une ignorance crasse en ce qui concerne l'histoire de l'Amérique centrale et du sud, je le confesse volontiers, j'ignorais tout de cet épisode anticlérical dans les années trente ainsi que l'existence des chemises rouges à tendance Marxistes. Bon, celles et ceux intéressé(e)s trouveront tout cela sur wiki, et j'ai aussi déniché une carte des lieux où s'est rendu ce prêtre, là je vous donne le lien en commentaire (*).

Tout ce que j'ai mentionné est naturellement correct, mais ce récit est bien plus qu'un autre le Bon (le prêtre), La Brute (le lieutenant) et le Truand (le métis) . Certains prétendent que c'est un roman catholique, se basant vraisemblablement sur la conversion à 22 ans de Graham Greene. Probablement sont-ils influencés par l'introduction de François Mauriac que j'ai bien soigneusement éludée, désireux de lui conserver sa part d'absolu. J'ai des doutes et ce livre a d'ailleurs échappé de très peu à la mise à l'index.

Il arrive que d'aucun(e)s, trouvent mes chroniques obscures. Certes souvent, elles ne proposent qu'un éclairage rasant, diffus, propice à la mise en évidence d'un ou l'autre point d'intérêt, laissant intact le plaisir d'une possible découverte. Ce roman, lui, est assez limpide mais d'une noirceur comme rarement. de tous les personnages, je n'ai trouvé que trois âmes qui ne soient pas tourmentées : la jeune et rafraîchissante Carol Fellows, et les deux bons samaritains luthériens Mr Lehr et sa soeur.

J'ai beaucoup aimé le style très classique, sans effets ni comparaisons alambiquées, ainsi que l'introduction avec Mr Tench, cette figure mémorable de dentiste, venu chercher fortune, ou bien …, solitaire égaré, ruiné suite à la dévaluation du pesos. Et j'ai beaucoup aimé son apparition à la fin, quand il vient arracher le mal à la racine.

Le prêtre est alcoolique, je ne l'ai pas encore mentionné. Il n'est pas le seul à noyer ses doutes et sa solitude dans l'alcool : Mr Tench, le jefe, le métis, … La chaleur est accablante, la misère omniprésente, la faim lancinante, et l'absence d'amour, cruelle. Il n'y a pas que le prêtre, toutes et tous semblent vouloir se fuir, inexorablement. Un vide, un gouffre au fond d'eux-mêmes, étouffant. Dans ce désert d'amour, que de coeurs asséchés à l'abandon ! Aucun des torrents de pluies tropicales ne semblent pouvoir dérider toutes ces âmes racornies (hormis les trois citées plus haut) et moins encore celles de ce lieutenant revanchard et de ce prêtre fugitif.

Et si le prêtre est en état de péché mortel, ne cherchez pas dans la liste des péchés capitaux, c'est pourtant le plus grave de tous : la désespérance. Voilà le coeur de ce roman : la désespérance. Et la motivation pour arrêter la fuite ne m'apparaît pas tant l'orgueil comme donné en justification que l'ultime fuite de soi. Car seule la mort semble alors délivrance. Une mise en garde plus que jamais nécessaire.

Une énigmatique quatrième partie m'a cependant laissé perplexe tant elle me semble avoir été rapportée pour atténuer le propos.

Comment taire cette chanson de Brassens aux paroles de Francis Jammes qui sont venues peu à peu s'incruster en association ?
https://www.youtube.com/watch?v=1xTHNXIcOCw
Je ne peux m'empêcher non plus de mettre en contre-point la prière païenne de Jacques Brel.
https://www.youtube.com/results search_query=brel+pri%C3%A8re+paienne

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Roman qui raconte la traque du dernier prêtre qui officie encore clandestinement dans une région du Mexique, au début du 20 ème siècle, alors que les autres ont été contraints de se marier, se sont enfuis, ou considérés comme traîtres ont été jugés et fusillés.
Ce prêtre ci, et il en convient est un mauvais prêtre, qui a beaucoup pêché et n'hésite pas à enfreindre une loi interdisant la consommation d'alcool. Il se rappelle que, jeune religieux, il a vécu une vie facile et a été orgueilleux, mais que reste-t-il de tout cela, à l'approche de la vieillesse, il tente bien de fuir, sans vraiment s'y résoudre sérieusement et mène une vie de misérable sur les routes du Mexique, faisant des rencontres et se questionnant sur son utilité. Roman questionnant sur la valeur réelle d'un homme mais aussi sur la religion et de qu'on est en droit d'attendre de l'Eglise et d'un prêtre en particulier.
Un roman qui ne laisse pas indifférent.
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"Car c'est à toi qu'appartiennent le règne, la puissance et la gloire, pour les siècles des siècles"
Dans les années 1930,dans un état mexicain , il ne reste plus qu'un prêtre. le gouvernement révolutionnaire mexicain avait mené une vigoureuse campagne contre les représentants de l'Eglise catholique, la Christada. En les expulsant avant tout. En contraignant les réfractaires au départ à se marier, et donc à contrevenir aux dogmes de leur confession.
Pourquoi est-il resté, ce prêtre, il l'explique dans un des plus beaux passages de ce livre, un dialogue:
"- Mais pourquoi êtes-vous resté ?
- Je me le suis demandé, répondit le prêtre, une fois. La vérité, c'est qu'un homme ne se trouve pas placé brusquement devant deux partis à prendre , un bon et un mauvais. Il se trouve engagé peu à peu...ce n'était pas la première fois dans L Histoire, qu'on brûlait des églises. Vous n'ignorez pas que c'est arrivé souvent. Ca ne signifie pas grand chose. Je pensais que je resterais, disons, encore un mois, pour voir si les choses allaient s'améliorer. Et puis.. oh! vous ne pouvez pas savoir comme le temps passe vite!"
...je crois qu'il aurait mieux valu que je m'en aille , moi aussi. Car c'était l'orgueil qui me faisait agir. Ce n'était plus l'amour de Dieu... Je ne servais à rien, mais j'étais resté..C'est une erreur que l'on commet de penser que parce qu'une chose est difficile et dangereuse..
...- Et bien, vous allez devenir un martyr, vous aurez cette satisfaction.
-Oh, mais non! Les martyrs ne me ressemblent pas du tout. Ils ne réfléchissent pas tout le temps."

Donc, il est resté, célébrant une messe ici ou là , administrant des sacrements, et se rendant surtout au chevet de mourants pour leur accorder ce que son ministère lui permet, l'absolution de leurs péchés, tout cela en se cachant bien sûr, protégé dans la grande majorité des villages.
Seulement le voilà rattrapé par la réalité , et donc poursuivi.

Il y aura dans ce livre ce rapport entre ces deux hommes , cette traque en tous lieux , des observateurs, des populations qui subissent comme toujours. Et un Judas, bien sûr.
La grande force de ce magnifique roman est de ne faire d'aucun personnage un portrait tranché au couteau. le prêtre est.. alcoolique, plutôt lâche, il a eu un enfant avec une villageoise , et il n'a qu'une seule envie, parvenir à fuir , même si le lieutenant sacrifie des villageois pour faire peur aux autres et qu'ils le dénoncent. le lieutenant, lui, a eu à souffrir de l'attitude de l'Eglise dans sa jeunesse, il est déterminé mais l'auteur lui prête des qualités d'écoute et même de compassion..Le Judas, et bien il a besoin de manger, et donc de la rançon promise. Les observateurs ( extraordinaire personnage du dentiste ) ont de temps en temps des sursauts. Bien et mal se mélangent , il ne reste que toute cette ambiguïté des rapports de force..idéologiques? Qui s'opposent? Même pas..
Et ce qu'on appelle la foi du prêtre?
" Ecoutez-moi, dit le prêtre ardemment, en se penchant en avant dans le noir , pressant d'une main son pied tordu de crampes, je n'ai pas autant de duplicité que vous le croyez. Pourquoi, à vôtre sens, irais-je dire aux gens du haut de ma chaire, que si la mort les prend à l'improviste, ils sont en danger d'être damnés? Je ne leur raconte pas de conte de fées auxquels je ne crois pas moi-même. Je ne sais rien du tout de la miséricorde divine. Je ne sais pas dans quelle mesure le coeur humain apparaît à Dieu comme un objet d'horreur. Mais je sais ceci: que si jamais dans ce pays un seul homme fut damné, alors je ne puis manquer d'être damné aussi. Il ajouta lentement: " Je ne souhaiterais pas qu'il en fût autrement. Je ne demande que la justice, rien de plus."

Dans la préface, François Mauriac parle de martyre, d'identification au Christ, et ce roman a été qualifié de grand roman catholique. Pourquoi pas, à chacun son interprétation en fonction de ses croyances. Et effectivement , le parcours du prêtre finit par ressembler à un chemin de croix.Et ce qu'il finit par faire, il sait que cela va le perdre, mais il le fait quand même.
Parce que c'est..son devoir. Parce qu'il fait ce qu'il peut faire.
Cela en fait-il un saint, ce que Mauriac sous-entend? Ca, c'est une discussion qui me dépasse, je dois dire ,et encore une vision catholique, mais ce sont ses failles, ses doutes , mais aussi son humilité, ses capacités de voir clair en lui, et ses actes qui en font un si beau personnage.

C'est surtout, pour moi, un grand roman "humaniste", qui montre les hommes tels qu'ils sont capables d'être, dans le pire, le meilleur, et tous les aspects..moins contrastés . Avec un grand signe d'espoir à cette humanité à la toute fin, merveilleuse.


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Ce roman figurait depuis longtemps dans mes livres à découvrir, car j'en croisais très régulièrement le nom dans des listes de romans incontournables.
Incontournable, je ne sais pas, mais profond, très singulièrement ambiancé et de grande portée, certes. Est-ce vraiment ce même Graham Green qui a écrit le troisième homme, si différent, si pâle à côté?

Nous sommes dans un Mexique sanglant, rouge, qui a achevé l'éradication de l'église catholique pour faire disparaître avec elle la domination des nantis.
Il reste pourtant un prêtre, traqué, sale, veule, alcoolique, qui a commis le péché de chair et qui doute de sa foi. Peu glorieux aux yeux des hommes, et pourtant irrévocablement ramené à son sacerdoce, à son fatum qui lui fait tendre la main à son prochain. En face de lui, un bolchevique irréductible qui sera son bourreau mais qui contre toute attente reconnait en lui une beauté d'âme qu'il respecte.

Plus que l'hommage aux croyants traqués, nombreux en ce milieu de 20ème siècle, j'y ai vu et médité un questionnement sans concession sur le sens du destin humain et la désespérante résilience de la beauté "dans un monde mourant qui se refroidit".
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"La puissance et la gloire" est une pièce de théâtre transposée du roman de Graham Greene par Pierre Bost, Pierre Darbon et Pierre Quet.
Elle a été représentée, pour la première fois, en octobre 1952, au Théâtre Municipal de Mulhouse et reprise, en décembre de la même année, sur la scène du théâtre de l'Oeuvre à Paris.
C'est une pièce en deux actes et sept tableaux.
Le rideau se lève sur le cabinet du dentiste, Robert Tench.
Robert Tench est anglais.
Depuis quinze ans, pour faire fortune, il s'est exilé dans la capitale d'une province mexicaine.
Mais il s'y est trouvé ruiné par la révolution.
Depuis il souffre.
Il souffre de cette ville, de ce pays, il souffre de tout.
Éperdu de sueur et d'ennui, il s'est vu réduit, pour partir lui-même un jour, de faire partir les autres, de leur faire, pour quelque argent, passer la frontière.
Robert Tench soigne le chef de la police lorsque survient un homme derrière lequel se cache un prêtre ...
Je ne connais pas le célèbre roman de Graham Greene.
Je ne sais donc pas si sa transposition à la scène lui est fidèle.
Mais je pense que le trio de dramaturges a laissé durant la réécriture quelque-chose en route.
Un petit quelque-chose indispensable qui aurait fait la force du roman et qui manque à la pièce.
Car la lecture de celle-ci est longue et paraît quelque peu ennuyeuse.
L'errance de ce prêtre, sans rebondissement, sans interrogation profonde et sans "bouleversant bouleversement" s'avère être aussi sans rythme.
Elle n'est pimentée par aucune réplique.
Les dialogues, ternes et réguliers, n'ont aucune aspérité.
Seule, l'atmosphère étouffante est bien rendue.
"La puissance et la gloire" est un de ces livres qui, dès sa dernière page refermée, semble aussitôt se couvrir de poussière pour disparaître plus vite de la mémoire ...


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[La Puissance et la Gloire]

Je lis Greene pour la première fois et n'ai pas eu besoin d'en lire beaucoup pour aimer... Pas besoin de l'intrigue (mais il n'en existe pas vraiment), ni d'appréhender un peu mieux ce roman, sa composition "vivante" (l'alliage du réel et du rêve).
Dès l'incipit, c'est sans espoir et c'est très beau

[La Fin d'une liaison]

C'est le roman de Greene que je voulais lire mais j'aurais perdu beaucoup en découvrant l'auteur à sa seule lecture.
Le lisant après "La Puissance et la Gloire" et "Le Fond du problème", je suis déjà un peu familiarisée avec son univers mental si particulier.
Le roman peut être lu et apprécié pour lui-même, cela va de soi...
Mais c'est un peu la différence entre un séjour plus ou moins long dans un endroit inconnu et ne dérogeant pas tellement à la promesse du plaisir attendu et le voyage, qui rend plus incertain le début et la fin (se perdant un peu soi-même dans la rencontre du pays, de ses habitants...)
La différence entre une liaison et l'amour...
Greene ne parle que de cela, que d'amour ! de l'amour humain, de l'amour divin ; la passion n'est qu'un de ses innombrables visages, il n'est pas le seul.
Un certain paroxysme est atteint dans l'oeuvre quand l'amant se met finalement à jalouser Dieu lui-même, dans le coeur de celle qu'il aime.

[Le Facteur humain]

Un peu refroidie par "Un Américain bien tranquille" et "Notre Agent à la Havane", j'abordais "Le Facteur humain" sans grand enthousiasme.. (Néanmoins, il n'a pas été question d'abandonner la lecture des romans précités tant l'écriture est "charmeuse"..)
Il s'agit également d'espionnage (et de contre-espionnage) mais sous la plume de Greene, l'action importe moins que sa mise en place.. l'art du suspense agit sur le lecteur mais l'intrigue se poursuit à un autre niveau (plus implicite) ; il y a toujours un roman dans le roman qu'il faut deviner, ses personnages écrivent autant que lui, lisent tout autant.. (que nous, peut-être)

Je me demande si je ne termine pas le voyage par la meilleure excursion possible..
On se prend au jeu du roman d'espionnage "augmenté" ; ce qui est complexe à comprendre est également enchanteur et l'auteur sait aussi bien émouvoir son lecteur que le faire rire (ou sourire..)
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Lors d'un vide grenier organisé dans mon village, j'ai eu la surprise de trouver ce livre de Graham Green que j'avais découvert à l'adolescence et oublié depuis.
L'histoire se déroule vers 1930 au Mexique, les révolutionnaires communistes pourchassent et fusillent les prêtres qui refusent de renier leur foi. Un prêtre clandestin, le dernier en activité, est poursuivi par un lieutenant communiste convaincu. Ce prêtre pourchassé est un alcoolique, père d'une fillette qu'il a eu avec une de ses paroissiennes.
Sa tête est mise à prix et ses poursuivants menacent d'exécuter les villageois qui lui viendraient en aide.
Un texte fort, pas toujours facile à suivre mais une oeuvre majeure pour le grand écrivain catholique que fut Graham Green.
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