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3,63

sur 788 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Des mois que je courais après ce roman à la bibliothèque du quartier. Conquise par le confident, n'ayant lu que de bonnes critiques, j'avais hâte de me plonger dans un autre des bouquins d'Hélène Grémillon. Je n'ai pas été déçue, peut-être un peu désemparée dans les premières pages, avant que l'intrigue et les personnages se mettent en place. Puis, après, je n'ai plus lâché La garçonnière… L'histoire se déroule à la fin des années 80, en Argentine. le lieu et l'époque jouent un rôle important dans l'histoire. Eva Maria va mal, sa fille Stella a disparu depuis 5 ans, comme tant d'autres lorsque la junte était au pouvoir. Elle ne se remet pas de cette perte, sombre dans l'alcool et malgré la présence aimante, bienveillante de son fils Estéban, ne retrouve pas le goût de vivre. Les entretiens avec son psychanalyste Vittorio ne lui permettent pas vraiment de surmonter son chagrin mais occupent une place centrale dans son quotidien.
Tous ces éléments, nous les apprenons au fil des pages car le roman débute réellement avec la mort de Lisandra, l'épouse de Vittorio qui est aussitôt accusé de son meurtre. Eva Maria ne croit pas en sa culpabilité, c'est la seule personne qu'elle a un peu investie ces dernières années, celle à qui elle peut parler de sa fille absente. Elle lui rend visite en prison et débute une enquête qui va l'amener à découvrir une Lisandra bien différente de celle que croyait connaître Vittorio. Elle va croiser des gens qui la connaissaient mais aussi s'apercevoir que les autres patients du psychanalyste ont des choses à cacher.
De rebondissements en rebondissements, l'auteur nous tient en haleine comme dans un bon polar. Mais La garçonnière est aussi un roman sur la terreur, le violence instituée, sur une période de l'histoire argentine que je ne connaissais qu'à travers les Mères de le Place-de-Mai, manifestant inlassablement leur colère et douleur, sur le deuil impossible à faire lorsqu'on ne sait pas ce que sont devenus les personnes aimées, lorsqu'on ne peut enterrer les êtres chers. Eva Maria est un personnage plus que touchant, agaçant parfois tant sa souffrance l'empêche d'aimer son fils qui, jour après jour, veille sur elle, guette le moindre signe de mieux, espère de sa part un geste, une marque d'attention – si ce n'est d'affection – et, ce, en vain.
La construction du roman participe beaucoup de son intérêt également. Les retranscriptions des entretiens thérapeutiques de Vittorio alternent avec les rencontres qu'Eva Maria fait à l'occasion de son enquête ; les illustrations – une partition de tango, l'enseigne d'un magasin – amènent une respiration dans l'intrigue et donnent une véritable originalité à l'ensemble.
La fin, très inattendue, nous laisse pantois. le livre refermé, on ne peut que reconnaitre le talent d'Hélène Grémillon : une histoire incroyable (pourtant inspirée de faits réels) où passion, violence et souffrance se conjuguent, dans laquelle les personnages sont complexes, plein d'une humanité douloureuse.
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Hélène Grémillon a certainement une bonne connaissance de la psychanalyse. Son ouvrage part d'une histoire réelle survenue en Argentine, dans les années 80, et qui prend racine dans la période répressive de la Junte.
Un meurtre ( ou un suicide ? ) le lecteur a déjà son idée, en est le propos central : la victime est Lisandra, jolie femme d'un psychanalyste , Vittorio, qui se trouve très vite suspect n°1. Or, Eva Maria, une patiente du docteur Puig, le psychanalyste désormais veuf, va mener l'enquête; car elle-même est meurtrie par la disparition de sa fille, Stella, probablement victime d'une des multiples exactions de la Junte. Les suspects potentiels qu'elle découvre sont nombreux, parmi les patients du docteur Puig.
Dans cet ouvrage où la psychanalyse joue un rôle majeur, Hélène Grémillon nous fait partager les souffrances d'un peuple opprimé, qui s'est battu pour connaître le sort de ces disparus, victimes d'un régime dictatorial dont les exactions sont demeurées impunies;
L'écriture de l'auteur, qui adhère si bien au ressenti des personnages, est une des réussites de ce livre : une respiration tour à tour fluide, tendue, oppressée : une réussite qui nous captive jusqu'au bout, à la révélation finale . le talent !
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Second roman d'Hélène Grémillon, après le confident. A l'époque, j'avais été séduite par son écriture et par son récit, mais mon plaisir avait été gâché par la fin, que j'avais trouvée trop facile. Qu'en serait-il cette fois?

J'ai eu énormément de mal à entrer dans ce roman. J'ai été désarçonnée par les longs paragraphes, dépourvus de points, enchaînant les idées des personnages, leurs pensées, nous entraînant dans leurs méandres, mêlant parfois le présent et le passé, les faits et le ressenti, comme pour mieux nous faire entrer dans la tête de ce psychanalyste et de ses patients, à leurs côtés, écoutant leurs conversations en même temps qu'Eva Maria écoute les cassettes sur lesquelles elles sont enregistrées, espérant y découvrir une phrase par laquelle un patient se trahirait et annoncerait son crime. Bref, j'arrête là, vous avez compris le principe, parfaitement cohérent d'ailleurs avec le sujet abordé. J'ai eu, au début, le sentiment que jamais cela ne s'arrêterait, que jamais je ne pourrais reprendre ma respiration. J'ai heureusement pu dépasser cette première impression pour me plonger réellement dans le récit, qui m'a finalement ferrée par sa construction.

Quelque part entre le polar, le roman social et psychologique, Hélène Grémillon mêle habillement les époques, les personnages, L Histoire, nous emmenant toujours plus loin dans l'intimité de ce couple qui apparaît rapidement bien moins amoureux qu'on pourrait le croire. Mais les difficultés conjugales suffisent-elles à mener au meurtre? Et qui sait si l'un des patients du mari, qui les recevait à son domicile, ne s'avérerait pas plus torturé que les autres? Au point de s'en prendre à l'épouse? Eva Maria, persuadée de l'innocence de son psychanalyste, décidée à révéler l'identité du coupable, se confronte à leurs névroses, à leur passé, elle qui peine tellement à affronter sa propre vie. Nous sommes dans l'Argentine post-dictature, marquée par les tortures et les disparitions, hantée par les mères de la place de mai, et tout le récit en est imprégné, ce qui lui donne une atmosphère sombre voire pesante, plus que véritablement émouvante, en ce qui me concerne. Une ambiance pesante renforcée par les vérités concernant le couple Puig. Mon intérêt s'est pourtant maintenu jusqu'à la fin, sous l'effet de cette construction en spirale, qui apporte ses révélations par touches successives. Je me suis interrogée sur les motivations d'Eva Maria, je me suis demandé si je devais plaindre Lisandra et Vittorio, et ce faisant, j'ai continué à tourner les pages, jusqu'à la fin qui s'est avérée être une surprise totale -bien qu'un peu rapide- et qui explique, enfin, le titre de ce roman.

Le point fort de ce roman, ce n'est donc pas forcément son écriture (plutôt sensible et agréable, une fois habituée à cette façon d'écrire comme on parle, comme on se confie), ni ses personnages (qui m'ont, dans l'ensemble, déplu) ou son histoire (que j'ai trouvée vraiment pesante - et qui repose sur un élément qui me chiffonne : quid du secret professionnel?), mais sa construction vraiment efficace et son côté un peu "coup de poing", la tension allant crescendo jusqu'au surprenant final. Il a en outre le mérite d'aborder et donc d'intéresser le lecteur à un pan de l'histoire argentine qui, aujourd'hui encore, continue à faire mal.
Lien : http://margueritelit.canalbl..
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"La garçonnière" est un de ces romans mi-policier mi-psychologique que j'affectionne particulièrement dans ces moments où la paresse de tout me gagne, même celle d'ouvrir un livre.

L'histoire

L'histoire est inspirée d'un fait divers. Nous sommes en 1987, en Argentine. Un époux, découvre le corps de sa femme au pied de leur immeuble sur le bitume. Qui a défenestré l'envoûtante Lisandra?

L'Argentine

L'Argentine, c'est le pays du tango, cette danse à la fois sensuelle et triste. le tango, c'est avant tout "une pensée qui se danse" disait Ernesto Sabato car L'Histoire n'a pas été douce avec les argentins et cette danse est une façon d'exprimer toute la rancoeur qu'ils revendiquent légitimement, la tragédie de leur Histoire mais aussi, paradoxalement, la passion et l'amour. En cela, "La garçonnière" est comme un air de tango. On y trouve toutes ces composantes: l'amour, la danse, la rancoeur, la tristesse, la tragédie...

Le fait divers se passe en 1987, peu de temps après la fin de la dictature mise en place par quatre juntes militaires successives(1976-1983). Sous ce Régime, on dénombre des milliers de morts et prisonniers et des dizaines de milliers de "desaparecidos" (disparus) et de bébés enlevés.

Mais ces dizaines de milliers de familles argentines déchirées devront ravaler leur chagrin et leur colère car le nouveau gouvernement ne punira pas les responsables, préférant effacer cette ardoise sanglante. C'est ainsi que victimes et bourreaux cohabitent encore aujourd'hui. Toute la profondeur de la danse nationale prend alors sens.

C'est aussi de cette Histoire que l'on trouve dans "La garçonnière". Eva Maria tente de résoudre le crime comme pour réparer cette justice malade qui ne l'a pas aidée, elle,à résoudre l'énigme de sa fille disparue durant la dictature.
...
suite de l'article sur le blog: http://les-ebooks-de-marie.over-blog.com/2015/02/la-garconniere-d-helene-gremillon-l-histoire-d-un-fait-divershtml
Lien : http://les-ebooks-de-marie.o..
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Voilà un livre qui m'a (enfin) fait vibrer ! Après des mois et des mois de platitude littéraire, j'ai à nouveau ressenti le frisson de la lecture.

L'histoire se passe en Argentine et l'intrigue est construite autour de la mort de la femme du psychiatre Vitorrio Puig. C'est Eva Maria, l'une de ses patientes les plus dévouées (et accro à l'alcool la psychanalyse) qui va tenter de retrouver l'assassin, car elle est persuadée de l'innocence de Vittorio.

Elle découvrira surtout les secrets inavouables de la vie de Vittorio Puig sur un fond de dictature militaire et de tango (argentin, bien sûr). Ses recherches vont également la renvoyer vers ses démons intérieurs et l'obliger à faire face à sa propre histoire.

Les principaux thèmes abordés sont la jalousie et le rapport au passé. La jalousie évoquée par Hélène Grémillon est une jalousie destructrice car elle entraîne notre propre perte, et dévastatrice car elle entraine la mort du couple. Hélène Grémillon aborde également le lien indéfectible qui nous lie à notre passé et comment celui-ci conditionne notre présent ; le travail d'un psychiatre consistant d'ailleurs à révéler et analyser ce lien.

On rentre véritablement dans l'intimité, la psychanalyse des personnages. Les lieux où se dérouleront les scènes du roman renvoient également à l'intimité car ils sont propices aux confidences : un parloir, le cabinet de Vittorio, la chambre d'Eva Maria, une salle où on donne des cours de tango, etc. L'intime est mêlé à l'Histoire puisque la toile de fond du roman est l'Argentine post dictature militaire. Et d'ailleurs, le roman révèlera les secrets, l'intimité de l'Histoire elle-même.

Hélène Grémillon ballade son lecteur du début à la fin et fait danser ses personnages telles des marionnettes désenchantées dans le petit théâtre d'où elle tire les ficelles. L'intrigue, à la fois policière et psychologique, est complètement addictive. le style est fluide et agréable à lire. Bref, un vrai coup de coeur en ce qui me concerne.

J'ai tenté de pénétrer dans l'intimité de cette « Garçonnière » et j'en suis ressortie bouleversée par le final où la « Garçonnière » a enfin révélé ses secrets..

Lien : http://mademoiselle-christel..
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Dès le début du roman, on est plongé dans l'histoire qui démarre très fort, on assiste à un véritable coup de foudre de la part de Vittorio pour Lisandra. Les sentiments intenses qu'il ressent touchent tout un chacun, on espère que tout finisse bien. Mais nous savons que ce ne sera pas le cas.
On entre au coeur de deux histoires douloureuses entremêlées : celle de la mort de Lisandra, et celle de Eva-Maria, l'alliée de Vittorio...
Une chose qui m'a beaucoup plus dans ce roman c'est que la psychologie humaine est très présente forcément avec un psychologue..

" - Est ce que vous vous occupez de votre fils ?
- Mais bien sûr que je m'occupe de mon frère
- Votre frère ? "

Voici par exemple un lapsus très révélateur...

Les sentiments aussi sont très bien développés comme le sentiment de jalousie, le monologue à ce sujet reflète exactement ce que ressent une personne jalouse, la justesse des mots choisis m'a clouée. Très bien mené.

Certains témoignages sont aussi très difficiles à lire, j'ai littéralement eu le couple soufflé pendant toute la lecture de ces deux passages auxquels je pense particulièrement.

Dans ce livre, la justice n'en porte plus que le nom, toutes les certitudes tombent une à une, d'ailleurs ne vous y trompez-pas, la garçonnière est tout sauf ce que vous pensez.

Ce livre est tout simplement passionnant, on ne peut s'arrêter de lire, encore une fois j'ai lu au détriment de mon sommeil, mais je ne le regrette pas, j'ai beaucoup aimé ce livre.
Lien : http://lalecturedeslivres.bl..
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Hélène Grémillon nous emmène à Bueno Aires, sur le divan d'un psychiatre accusé du meurtre de sa femme. Vittorio autorise Eva Maria, l'une des patientes, à fouiller dans sa vie et dans celle des autres patients afin d'être innocenté au plus vite car la police est plus que convaincue de sa culpabilité. En toile de fond, le spectre de la dictature militaire qui pèse toujours sur ce peuple en cette année 1987.
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Roman coup de coeur!
intrigue, manipulation, finesse sont les maîtres mots de cet ouvrage.
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J'avais adoré le Confident, mais le thème de ce second livre d'Hélène Grémillon qui se déroule en Argentine me faisait un peu peur (peur justifiée d'ailleurs car la description des séances de torture infligées à Miguel par ses bourreaux est éprouvante).
De ce fait, j'ai eu un peu de mal à entrer dans le livre alors que j'avais lu le Confident d'une traite.
Néanmoins, le roman est bien construit (en alternant les scènes réelles assez courtes avec la retranscription de séances de psychanalyse) et l'intrigue se révèle de plus en plus passionnante au fur et à mesure des fausses pistes, jusqu'au dénouement qui est époustouflant avec l'explication du titre du livre.
Hélène Grémillon confirme donc dans un tout autre registre le talent révélé par le confident.
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Lisandra une belle femme, habillée élégamment, est retrouvée écrasée sur le sol après être tombée de la fenêtre de son appartement. Appartement qu'elle partageait avec Vittorio Puig, son homme qui, au tout début, raconte sa belle histoire d'amour avec cette danseuse enflammée.
Leur histoire d'amour ? On y croit, on s'apitoie sur le sort de ce mari qui va immédiatement être mis en garde à vue. Parce que c'est bien connu, les maris font de très bons meurtriers.

Oui mais voilà, il clame son innocence. Il était parti au cinéma après une dispute avec sa femme et affirme n'avoir rien à voir avec ce qui a bien l'apparence d'un meurtre.
Vittorio va alors demander l'aide de l'une de ses patientes, Eva Maria, une mère fragile qui a perdu sa fille lors de la dictature argentine.
Cette femme va tout tenter pour sauver son "sauveur", celui à qui elle a tout confié. Même le fait qu'elle aurait préféré que son fils soit porté disparu à la place de sa fille. Son fils Esteban qui essaie de prendre soin de sa mère même si celle-ci n'a plus que sa fille disparue en tête.

On va alors aller de rebondissements en rebondissements. On va suivre Eva Maria dans son enquête, ses interrogations surtout, et se poser avec elle les mêmes questions. Est-ce que Vittorio aurait pu tuer sa femme ? Pour quelle raison ? Et si un patient était venu attaquer la femme de Vittorio ? Pourquoi Lisandra était-elle bien habillée ce soir là ? Attendait-elle quelqu'un ? Avait-elle un amant ?

De nombreuses questions et un roman qui surprend toujours. Je ne me suis jamais attendu à la fin ni à n'importe quel rebondissement. L'écriture d'Hélène Grémillon est sublime, juste, frappante. C'était le premier le roman que je lisais d'elle et je n'ai absolument pas été déçue.
En plus de lire un roman qui mêle enquêtes, romances et histoire on apprend des choses sur la dictature en Argentine, on découvre tout un éventail de souffrances : la jalousie maladive, la tristesse d'une mère qui a perdu sa fille, les tortures infligées aux prisonniers argentins, l'infidélité...

Un roman qui se lit avec facilité et émotion, une petite perle.
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