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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La Rome antique est une période de l'histoire qui m'a toujours passionnée, alors autant dire que ce livre m'a plu dès les premières pages! le lecteur parcoure les rues de Rome et de la Grèce antique main dans la main avec la jeune Agrippine. Transporté dans une autre époque par la plume de l'auteur, on a l'impression d'entendre le vent souffler doucement dans les feuilles des cyprès et des pins, et de sentir le soleil romain lentement réchauffer notre peau. Ca, c'est pour le côté idyllique des choses.

Car tout n'est pas rose dans ce récit. Agrippine nous fait aussi partager les intrigues dont elle fut le témoin privilégié ou auxquelles elle a participé, directement ou indirectement. Les crimes et les incestes, les soupçons que tous ces personnages historiques nourrissent les uns envers les autres, rien ne nous est épargné. Loin d'être désagréable, ces détails permettent une véritable immersion dans la vie de l'époque.

Agrippine avoue elle-même être consumée par l'ambition. Dès son plus jeune âge, se sachant descendante de Marc Antoine et d'Auguste (tous deux élevés au rang de dieux), elle est convaincue des la nature divine de ses origines. Sa famille ayant été écartée du pouvoir par Tibère, Agrippine fera tout ce qu'elle peut pour récupérer ce rang qu'elle considère comme lui appartenant de droit.

Calculatrice et manipulatrice, Agrippine est dépeinte aussi comme une femme mélancolique malgré sa force mentale. Grâce à Pierre Grimal, elle apparaît plus humaine et plus sympathique que dans les livres d'histoire.

Elle semble également être une fine politicienne, réfléchiee et mesurée, sauf peut-être dans ses rancunes. Si les femmes avaient pu régner à Rome, peut-être le destin de ce grand Empire aurait-il été différent...

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Cet excellent livre offre une plaisante somme de savoirs sur la vie d'Agrippine la Jeune, et donc sur l'histoire de Rome à l'époque. Sa mère, Agrippine l'Ainée, a eu une existence tout aussi riche, mais hélas, la littérature continue de la bouder...
J'écris littérature à dessein, car Pierre Grimal expose sa grande érudition avec un remarquable talent de conteur. Certes, en termes de "Mémoires de", j'estime que rien ne pourra jamais rivaliser avec le sublime "Mémoires d'Hadrien" de la grande Marguerite Yourcenar, mais on tient ici le récit instructif et haletant d'un enchaînement d'événements qui montre combien le système politique mis en place par le divin Auguste condamne le dépositaire de la fonction suprême à la paranoïa et ses proches à l'angoisse permanente d'être suspectés de complots en tout genre.
Tout cela est donc par construction présenté ici par Agrippine, mère de Néron. On ne doit donc pas s'étonner de ne jamais penser à la mante religieuse ni à la veuve noire, même si on ne peut que constater la propension des époux successifs de la fille de Germanicus à vite poser les deux pieds sur la barque de Charon.
Le plus souvent ,Pierre Grimal narre les faits avec équilibre et objectivité. Je lui sais gré d'appeler toujours le successeur de Tibère Gaius, sans jamais lui infliger le sobriquet du temps de l'enfance que l'intéressé n'aurait pu tolérer d'être prononcé en sa présence une fois devenu Imperator! Pierre Grimal prend grand soin de se tenir à l'écart des excès et des élucubrations d'un Suétone, par exemple, et tout l'ensemble atteint ainsi un haut de gré de crédibilité. Néanmoins, j'ai du mal à le suivre lorsqu'il semble souscrire à la thèse selon laquelle Messaline aurait réussi à convaincre les matrones des familles les plus en vue à Rome de se prostituer au Palatin. La charge est exagérée, caricaturale. Certes,, Messaline avait certainement une libido débridée - affirmation toutefois gratuite de notre part, nous n'étions pas sur place pour tenir la lampe à huile que je sache - et elle n'était après tout qu'une gamine lorsqu'elle a épousé le vieux Claude. de là à en faire la mère maquerelle d'un lupanar impérial au coeur même du Palatin... Permettez-moi de rester sceptique.
Autre réserve: malgré son éblouissant talent, l'auteur ne rend pas l'arbre généalogique des Julio Claudiens accessible au néophyte. Arbre très touffu tant il y a de mariages et de remariages sur les cinq générations, du dieu Auguste à Néron, et le fait que les enfants portent très souvent le même nom que leurs parents accentue le fouillis. Mieux vaut s'aider d'un diagramme pour s'y retrouver et penser à numéroter les Drusus!
Enfin pour ce qui est de Néron, je ne peux m'empêcher de rappeler, en citant Margaret George qui a commis un excellent roman en deux tomes sur le dernier Julio Claudien qu'"il n'était pas un empereur qui se faisait artiste, mais un artiste que la volonté de sa mère avait fait empereur". "Qualis artifex pereo!"
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Arrière-petite-fille d'Octave-Auguste, fille de Germanicus, nièce de Claude, soeur de Gaius (qui deviendra Caligula), mère de Nero, Agrippine – dite « la Jeune » par opposition à sa mère – est l'un de ces personnages que l'Histoire a diabolisés à plaisir. Au-delà d'une prose fluide mais sévère, les « Mémoires » que lui prête Pierre Grimal ont le mérite de nous restituer de cette femme énigmatique, complexe et contradictoire une image qui tient compte à la fois de son "roman familial" - qui se confond avec la dynastie julio-claudienne - et du contexte où elle vécut.

Agrippine naît en Germanie, où l'empereur Tibère a envoyé son père, Germanicus, qu'il avait choisi officiellement pour successeur. Elle grandit aux côtés de sa mère, à qui elle doit son prénom et dont elle sera presque jusqu'au bout l'ultime soutien. En effet, après l'assassinat de Germanicus – assassinat perpétré sur l'ordre vraisemblable de Tibère – la méfiance de l'Empereur se retourne contre celle qui lui a survécu. Il la fait exiler sur une île où, quelque temps plus tard, elle périra dans des conditions demeurées suspectes.

Agrippine verra aussi ses deux frères aînés, Drusus et Nero, emprisonnés puis assassinés, toujours sur ordre de l'imperator. C'est encore Tibère qui s'opposera à ce que son frère, Gaïus, revête à l'âge requis la toge prétexte qui symbolise son accession à la majorité. Et c'est toujours Tibère qui interdira au premier époux d'Agrippine, Domitius Ahenobarbus – qui, lui, descendait de Marc-Antoine – de lui faire des enfants.

Ce n'est donc qu'à la mort du tyran et alors que son frère Gaïus lui succède qu'Agrippine peut mettre au monde le petit garçon qui, dans ses veines, mêle les sangs ennemis d'Octave et d'Antoine : Lucius Claudius Domitius Nero.

De cet enfant qui devient à partir de ce jour sa seule raison d'exister, elle est pourtant obligée de se séparer lorsqu'elle-même se voit exilée par Caligula qui, à cette époque, commence à montrer de plus en plus nettement les signes de folie qui le conduiront à sa perte.

Quand son oncle Claude, appelé au pouvoir par les prétoriens après l'assassinat de Caligula, la fait revenir à Rome, Agrippine revoit enfin Nero mais doit se résigner à le renvoyer une fois de plus chez sa tante Lepida. Claude vient en effet d'épouser la toute jeune Messalina (15 ans et demie), dont il aura Octavie et Britannicus. Et la nouvelle impératrice n'entend pas partager avec qui que ce soit l'influence qu'elle possède sur son mari. Dans la crainte d'un complot qui priverait son fils de la vie, Agrippine se soumet et ronge son frein.

Elle se remarie avec le riche Crispus mais ce n'est que huit longues années plus tard, lorsque Messalina est exécutée par les affranchis de Claude, qu'elle parvient à récupérer définitivement son fils.

Faisant fi de l'inceste, Agrippine épouse alors son oncle et devient « Augusta. » Il lui faut peu de temps pour convaincre Claude d'adopter Nero, puis de le désigner comme successeur, au mépris des droits de Britannicus. Au décès de Claude d'ailleurs – empoisonné sur l'ordre d'Agrippine – c'est Nero que Sénèque et Burrus, ses précepteurs, présentent aux Prétoriens. le choix de l'armée est ratifié par le Sénat : Nero devient officiellement empereur.

Cependant, poussé par son ancien précepteur, Sénèque, le nouveau monarque n'entend pas que celle qui lui a offert le trône des César lui dicte sa conduite politique : après tout, Agrippine n'est qu'une femme. Puis survient Poppée, pour laquelle il répudiera Octavie, sa première épouse. Or, Poppée, prototype de la femme-fatale antique bien plus que ne le fut Messalina, réclame la tête d'Agrippine. Sans doute a-t-elle flairé que, pour recouvrer son emprise sur Nero, l'Augusta est prête à commettre un nouvel inceste - envers lequel Nero n'est pas sans ressentir une espèce de fascination qui définit à merveille les rapports on ne peut plus freudiens qu'il entretenait avec sa mère ...

Mais Agrippine, femme impérieuse et colérique, a commis l'imprudence de laisser entendre que, si son fils ne changeait pas d'attitude envers elle, elle pouvait très bien se tourner vers Britannicus et le faire porter au pouvoir. du coup, Nero est acculé. Il fait empoisonner son frère et monte toute une comédie pour convaincre sa mère de le rejoindre à Baules, sur une galère, pour un luxueux banquet « de réconciliation. »

Agrippine est heureuse mais soudain, de grands craquements, des cris … la galère coule. Bonne nageuse, l'ancienne « Augusta » - elle a été destituée entre temps - n'a aucun mal à regagner la côte. Mais elle a eu le temps de se retourner et de voir les membres de sa suite, maintenus sous l'eau jusqu'à l'asphyxie par les hommes de Néro. Désormais, elle sait et, retirée dans la maison familiale, elle attend les assassins que ne tarde pas à lui envoyer son fils.

Lança-t-elle réellement à Anicetus la phrase fameuse : « Frappe au ventre ! » On ne le sait pas avec exactitude mais une chose est certaine : cette réplique féroce et digne résume à merveille le personnage que fut cette femme étrange, qui se croyait investie par les dieux de la mission de dominer Rome et l'univers et qui sacrifia tout à ses certitudes.

Déjà, lorsque l'astrologue Balbillus avait dressé l'horoscope du bébé qu'était alors le futur Nero, il avait été dit à Agrippine : « Cet enfant règnera mais il tuera sa mère. » Ce à quoi la fille de Germanicus avait répondu – et ces paroles-là semblent, elles, authentiques : « Qu'il me tue pourvu qu'il règne ! »

Un roman au style serré et austère qui nous force avec habileté à nous pencher un peu plus sur cette femme que l'analyse des méfaits du pouvoir qu'elle constate chez son frère, puis chez son oncle, n'empêche pas de tomber par la suite dans les mêmes ornières. Peu à peu en effet, Agrippine, hypnotisée par la soif de Puissance qui la tenaille, laisse sa part d'ombre l'emporter. Mais lorsqu'elle en prend conscience, elle réalise que c'est cette même soif qui contraint le fils tant aimé à la faire assassiner. Alors - alors seulement - avec ce stoïcisme propre aux Anciens, elle capitule. ;o)
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Mémoires fictives, mais néanmoins réelles d'un point de vue historique, Pierre Grimal nous fait entrer dans l'intimité de la mère de Néron, petite fille de César Auguste. Agrippine y ouvre son coeur: celui d'une mère mais aussi et surtout celui d'une femme ambitieuse prête à tout pourvu que son fils règne. La fin alors justifie, -ô combien!- les moyens: inceste, meurtre, empoisonnement…
La plume de l'auteur est agréable et se lit avec aisance.
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