AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,28

sur 1141 notes
Un papa désespéré, en route vers les camps de la mort, va jeter, par les barreaux du train, un de ses jumeaux avec l'espoir insensé de le sauver. Cet enfant, ce petit rien, ce don du ciel va devenir la plus précieuse des marchandises pour une pauvre bûcheronne qui jusqu'à lors ne possédait que sa misère et son infortune.
A la manière d'un conte de Perrault, Jean-Claude Grumberg nous berce avec le merveilleux d'une histoire pour les enfants. Il emprunte ses personnages et la trame de son histoire aux contes. Mais à l'origine les contes n'étaient pas inventés pour les enfants…
Et les pas dans la neige, les maigres fagots de bois, le kasha comme seule nourriture et la chasse aux « sans coeurs » nous ramènent vers le destin des juifs et de ceux qui les protègent.
La plus précieuse des marchandises est une lecture unique car avec une économie de mots, l'auteur nous fait glisser sur la palette humaine qui va de la générosité gratuite à l'intolérance nauséeuse.
Commenter  J’apprécie          494
Comment dire l'indicible, comment raconter l'inhumanité, comment expliquer l'inexplicable? On sait qu'au retour des camps, nombre de victimes de la Shoah ont été confrontées à ce problème, préférant fort souvent le silence au témoignage leur faisant revivre le drame dont ils venaient d'être extirpés. Jean-Claude Grumberg a choisi la forme du conte pour nous rappeler au devoir de mémoire. Un conte très réussi, un conte qui devrait figurer au programme de tous les établissements scolaires.
Tout commence comme dans un grand bois où vivent une bûcheronne et son mari. Alors que lui est réquisitionné pour couper le bois, elle essaie de trouver de quoi manger. L'hiver est rude et il n'est pas rare que le faim s'invite à leur table tant son maigres les provisions qu'elle peut trouver. La grande saignée dans la forêt pour faire passer une voie ferrée apporte un peu de distraction, surtout pour la pauvre bûcheronne qui prend pour habitude de regarder passer le train. Son mari lui a expliqué qu'il s'agissait de convoi de marchandises, aussi espère-t-elle qu'un jour peut-être une partie du chargement tombera du convoi.
Pour l'heure, elle ne récolte que des petits bouts de papier sur lesquels on a griffonné un message qu'elle ne peut déchiffrer, ne sachant ni lire, ni écrire. Et puis un beau jour le miracle a lieu. Dans un tissu brodé d'or un petit paquet est jeté vers elle. Cette «marchandise» est un bébé!
Le lecteur aura compris qu'il s'agit d'un geste désespéré de prisonniers partant vers les camps de la mort et qui confient ainsi l'un de leurs enfants à une inconnue pour le sauver d'une issue mortelle plus que probable. Il va suivre en parallèle la famille arrivant dans ce sinistre endroit où les chambres à gaz fonctionnent déjà à plein régime et la famille de bûcherons essayant de sauver le bébé. Avec dans chaque couple ces mêmes questions et ce même sentiment de culpabilité. « le père des ex-jumeaux souhaitait mourir, mais tout au fond de lui poussait une petite graine insensée, sauvage, résistant à toutes les horreurs vues et subies, une petite graine qui poussait et qui poussait, lui ordonnant de vivre, ou tout au moins de survivre. Survivre. Cette petite graine d'espoir, indestructible, il s'en moquait, la méprisait, la noyait sous des flots d'amertume, et pourtant elle ne cessait de croître, malgré le présent, malgré le passé, malgré le souvenir de l'acte insensé qui lui avait valu que sa chère et tendre ne lui jette plus un regard, ne lui adresse plus une seule parole avant qu'il ne se quittent sur ce quai de gare sans gare à la descente de ce train des horreurs. » le bûcheron, après avoir résisté aux suppliques de son épouse, va laisser son épouse tenter de sauver cet enfant, de le nourrir, de le cacher aux yeux des occupants. Mais la nasse se referme sur eux avant qu'ils ne parviennent à fuir.
L'épilogue de ce conte aussi terrible que précieux va vous secouer.
Si, comme le rappelle Raphaëlle Leyris dans le Monde, Jean-Claude Grumberg est «est l'un des auteurs les plus étudiés dans les écoles, pour ses pièces et livres jeunesse», elle nous rappelle aussi «l'arrestation, sous ses yeux, de son père, Zacharie, emmené à Drancy puis déporté par le convoi 49, parti pour Auschwitz le 2 mars 1943». D'où sans doute la force de ce livre d'orphelin et la transcendance qui s'en dégage. Précipitez-vous toutes affaires cessantes chez votre libraire!
Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          461
Hivers 42, la pauvre bûcheronne regarde passer les trains de 'marchandises', espérant recevoir, pour apaiser le froid et la faim, autre chose que des bouts de papier griffonnés et dans le convoi vers Auschwitz, un père prêt à lui jeter le bébé qu'il espère ainsi sauver...et puis dans la forêt, une chèvre...

Face à la méchanceté humaine, ce joli petit conte est un touchant message d'espoir de la part de JC Grumberg dont la famille fut déportée.

Commenter  J’apprécie          440
C'est en lisant de nombreuses critiques élogieuses que j'ai eu envie de lire ce livre. C'est un conte d'une centaine de pages qui se lit très rapidement mais ne s'oublie pas facilement. Comme le dit l'auteur cela commence par un conte : "Il était une fois, dans un grand bois, une pauvre bucheronne et un pauvre bûcheron... " on pourrait penser que c'est un conte pour les petits mais pas du tout. Il s'adresserai plutôt aux ados et aux adultes.
L'histoire se passe en Europe dans les années 40, des trains de "marchandises" passent régulièrement près du bois où habitent la pauvre bucheronne et le pauvre bûcheron. Un jour un bébé tombe d'un train au pied de la pauvre bucheronne qui est en mal d'enfant. Ni une ni deux elle croit au miracle de la vie et l'emporte avec elle.
Magnifique récit sur la déportation, narré à la manière d'un conte. C'est vraiment très fort.
Ce qui m'a plu également c'est l'épilogue mais je ne vous en dirait pas plus.
La force des personnages est bien présente et aucuns d'eux n'a de prénom ni même de nom.
Un ouvrage fort que je conseille
Commenter  J’apprécie          446
Ce petit livre est un conte. Les contes sont souvent cruels et, s'ils font appel à l'imaginaire c'est fréquemment pour mettre en garde contre un danger. Si on désobéit, le danger approche et peut nous engloutir! Ce conte çi ne respecte pas tout à fait la trame. Oh ! la peur est bien là du début à la fin et elle nous prévient bien d'un terrible danger: celui de l'oubli qui pourrait alors redonner vie au monstre. ICe conte nous oblige à regarder le train passer et à ouvrir nos yeux sur la marchandise qu'il transporte. Mais dans ce conte çi,il est indispensable de désobéir lorsque l'Autorité asséne des idées et des ordres inentendables...La désobéissance devient alors la seule façon de sauver La plus précieuse des marchandises "l'Amour".
Ainsi, J.C Grumberg réussit en une centaine de pages et gràce à la pauvre bûcheronne et son mari à perpétrer le devoir de mémoire sous une forme originale et émouvante qui mèle lnnocence des sentiments et regard cru et intransigeant sur les abominations de la dernière guerre mondiale et la déportation.
Je remercie vivement Babelio et La librairie du XXIe siècle pour ce très beau livre offert dans le cadre de la dernière Masse critique. J'ajoute que le format de ce livre est très agréable et qu'il est vraiment à mettre entre toutes les mains dés l'adolescence.
Commenter  J’apprécie          362
« Récit de faits, d'aventures imaginaires, destiné à distraire. Histoire fausse et invraisemblable. » Si l'on se réfère à ces définitions, ce conte, malgré son invraisemblance sur certains points, est totalement réaliste et donne à réfléchir aux jeunes collégiens à qui est destiné ce petit livre (Je l'ai trouvé sur la table des ouvrages qui seront étudiés au cours de l'année scolaire 2022-2023)  C'est aussi un hommage vibrant rendus par Jean-Claude Grumberg à toutes les victimes des Nazis, et particulièrement à ceux de sa proche famille et aux Justes. Les adultes y trouveront, aussi, leur part de vérité , d'amour, de fraternité. Une lecture émouvante, captivante. Tout est dit en à peine cent pages.


Commenter  J’apprécie          350
Très bon petit livre , original. Jamais l'auteur ne mentionne les mots " juifs" ou " nazis" , sans violence inutile ni pathos , il traite de la déportation et d'amour. L'amour d'une enfant , cachée et sauvée . Poétique, moderne , une très bonne surprise
Commenter  J’apprécie          340
Jean Claude Grumberg utilise la forme du conte pour enfants, « le Petit Poucet » au départ de l'histoire pour évoquer un sujet qui n'a rien de naïf, la Déportation.
Deux personnages ; un pauvre bûcheron et sa femme, la pauvre bûcheronne, survivent tant bien que mal au milieu d'une forêt jouxtant une voie ferrée. Pendant que monsieur travaille pour apporter une bien maigre pitance au foyer, madame ramasse du bois pour en faire des fagots à revendre quelques sous ou à échanger contre des denrées comestibles.
La femme est des plus naïves. Chaque jour, un convoi passe, et celle-ci accoure vers lui, espérant un signe de la main, un petit mot même si elle ne sait pas lire, ou encore mieux, un cadeau peut être ? Où donc vont ces gens par milliers ? Elle n'en a aucune idée. Et un beau matin, son voeu le plus cher se réalise, une main passant par la lucarne d'un wagon va jeter au sol le cadeau que la pauvre bucheronne n'osait plus espérer de la vie : un bébé. Une petite fille. le père de celle-ci a espéré sauver son frère jumeau ; leur mère n'arrivant plus à les nourrir tous deux…
Comment faire quand la nourriture manque et quand ceux qui sont appelés « sans coeurs » sont chassés puis éliminés ? Nos pauvres bûcherons sont bien contrariés…

L'auteur brode une histoire onirique basée sur de bien tristes réalités historiques. Il maîtrise le sujet : son père et son grand père ne sont pas revenus des camps où ces wagons les ont amenés. L'arrivée dans le camp d'extermination est racontée avec ironie : « Après réception de la marchandise, il fut aussitôt procédé à son tri. Les experts trieurs, tous médecins diplômés, après examen, ne conservèrent que dix pour cent de la livraison. Une centaine de têtes sur mille. le reste, le rebut, vieillards, hommes, femmes, enfants, infirmes, s'évapora après traitement en fin d'après-midi dans la profondeur infinie du ciel inhospitalier de Pologne. »

Ce ton railleur est utilisé dans tout le récit, alternant avec des passages où la naïveté paraît régner. Parfois, cet aspect enfantin de l'écriture m'a un peu agacée, j'avoue. Mais c'est un petit livre qu'il faut lire et faire lire ; à ce sujet, aucun doute.
Commenter  J’apprécie          330
Un petit précis glacial, glaçant, saisissant.

Un conte philosophique assourdissant sur une page de l'Histoire effroyablement bien réelle que Jean-Claude Grumberg rappelle à notre mémoire en toute simplicité. La déshumanisation comme jamais je ne l'avais lue.
Et l'envie de ne pas vous en dire plus me prend, pour que cette histoire vous prenne comme elle m'a prise dans ses griffes acérées et aimantes à la fois.

« Voilà la seule chose qui mérite d'exister dans les histoires comme dans la vraie vie. L'amour, l'amour offert aux enfants, aux siens comme à ceux des autres. L'amour qui fait que, malgré tout ce qui existe, et tout ce qui n'existe pas, l'amour qui fait que la vie continue. »

Un livre dont j'ai repoussé la lecture comme je le fais avec quelques-uns dont je soupçonne la valeur inestimable. Ils exercent leur attraction sur moi, je me nourris de cette attente. Et puis la lecture s'invite et bien souvent, fort souvent, je ne regrette en rien d'avoir reculé ce plaisir de lecture.
Une lecture immense, nécessaire, d'une insolente et infinie profondeur de champ, pour que jamais l'on n'oublie le ravage de la folie, de la fureur des hommes sur l'humanité.

« Les chants, les drapeaux, les discours, les pétards même, toute cette folie, toute cette joie lui rappelaient qu'il était seul, qu'il serait seul à jamais, seul à respecter le deuil, à porter le deuil de l'humanité, le deuil de tous les massacrés, le deuil de son épouse, de ses enfants, de ses parents à lui, de ses parents à elle. Il traversait les villes et les villages, tel un spectre, témoin des libations, de la liesse, des saluts, des serments : plus jamais ça, plus jamais. »
Lien : https://seriallectrice.blogs..
Commenter  J’apprécie          314
Un exquis petit chef-d'oeuvre que cette "Plus précieuse des marchandises", et ni le terme "exquis" ni le terme "petit" ne sont restrictifs : Jean-Claude Grumberg a réussi là l'écriture d'un conte, qui pour être ancré dans l'histoire collective et individuelle de l'auteur lui-même et d'autres, hélas, n'en a pas moins une portée universelle. L'écriture est limpide, coulante, aisée, et transporte la lueur nécessaire à l'espoir : dans un monde semblable à un train lancé à toute allure et carburant à l'indifférence et à la haine, un simple petite branche parfois, se met doucement en travers, précieuse résistance au mal absolu. Et cette modeste brindille suffit à faire repartir le feu sacré de la vie après le désastre. Cette brindille se nomme Amour, non pas l'amour fou, passionnel, démonstratif, excessif des romantiques, car le conte de Grumberg n'est pas une bluette, mais l'amour humble et opiniâtre qui nous pousse à continuer à tracer notre sillon dans la terre envers et contre tout.
Commenter  J’apprécie          310




Lecteurs (2031) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3225 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}