J'avais beaucoup aimé
le Club des Incorrigibles Optimistes il y a une dizaine d'années , allais-je retrouver le même plaisir avec cette suite ?
Cette fois nous retrouvons nos deux frères Marini, Michel et Franck, leurs parents, leurs petites amies , mais aussi Igor, Leonid, et quelques nouveaux personnages rencontrés au cours de leurs pérégrinations.
Et des pérégrinations il y en a ! Alger, Tel-Aviv, Moscou, Saint Petersbourg, Rome, Florence, Prague....Il faut dire que le roman couvre une quarantaine d'années , de 1964 au début des années 2000, et s'attache aux pas de Franck, Michel et Igor principalement, lesquels sont à la poursuite de leurs amours, leurs familles mais aussi leurs rêves et leurs idéaux.
Première « Terre promise » : Israël. Michel y va seulement pour retrouver sa Cecile et nous découvrons avec lui les kibboutz israéliens et faisons même un bout de route avec un certain Bernard Senders « mais tout le monde m'appelle Bernie » ! ( p 246) . Avec Igor et Leonid c'est la recherche de l'identité juive et le processus de l'Alyah (immigration vers Israël des Juifs de la Diaspora) qui est développé mais aussi les désillusions des deux hommes. La deuxième « Terre promise », c'est celle qu'a choisi Franck, l'Algérie indépendante d'après juillet 1962, celle où tout est à construire , pour une société plus juste, plus humaine et une vie plus digne pour le peuple algérien. C'est son Credo.... mais comme le dit un des personnages « nous étions préparés à la guerre, pas à la paix » et, incompétence économique, compromissions et corruption mettront à mal ses convictions généreuses. J'ai trouvé cette partie très intéressante. Beaucoup de livres et de romans ont été écrit sur la guerre d'Algérie, les pieds noirs, les harkis mais c'est la première fois que je lis un roman qui parle vraiment de la construction de l'Algérie post-coloniale et des énormes difficultés rencontrées après le départ forcé ou volontaire de tous les Français qui faisaient « marcher le pays » . L'histoire des ascenseurs en panne à l'hôpital que personne ne sait réparer , pour anecdotique qu'elle soit, est assez parlante !
Enfin, dernière « Terre promise » mais dont l'illusion est déjà dissipée à l'époque du roman, l'URSS , celle des refuzniks empêchés d'émigrer , celle d'Andropov puis de la pérestroïka et finalement de l'effondrement du bloc de l'Est . Apparaît alors une Russie où la ferveur religieuse a remplacé l'utopie politique et la fin du roman verse dans un mysticisme qui ne m'a pas vraiment convaincue....
Peu de choses sur la France de l'époque, sinon la montée du consumérisme avec l'apparition des grandes surfaces de meubles et équipements ménagers et l'apparition des revendications féministes ( pas ce qui est le mieux traité mais bon..)
Au final, une fresque très vivante, aux multiples rebondissements, sur les illusions perdues, la confrontation du rêve et des réalités, qui mélange fiction et réalité historique, qui se lit avec plaisir mais pour moi un peu en dessous du premier roman.
( je précise qu' on peut lire celui-ci sans avoir lu le premier..même si c'est dommage !)