Nathalie Guibert est journaliste du Monde (correspondante défense) et a passé plus d'un mois dans un sous marin nucléaire, la Perle. Première femme autorisée à vivre à bord de ce genre de bâtiment (il semble que depuis ça va s'ouvrir), elle nous dit tout ... ce qu'elle a été autorisée à dire. C'est-à-dire bien suffisamment pour comprendre comment c'est agencé là-dedans, qui fait quoi, l'ambiance, la vie particulière des ces hommes dont elle était l'aînée, leur âge variant de 20 à 40 ans en gros, bref j'ai eu la réponse aux questions que je me posais.
"Soixante-quinze mètres carrés habitables. Autour de la chaufferie nucléaire, les ingénieurs ont tracé les lignes de la survie: de l'air, de l'eau, des circuits innombrables. Puis ils ont calé des armes, missiles, torpilles, périscopes, sonars. Il restait à dessiner la 'cuisine', les 'chambres', les 'douches', mais c'était après, et c'était trop tard. L'affaire était entendue. Il restait pour la vie un mètre carré par personne."
Dans son bagage très léger, de la musique, un livre, un ordinateur, un carnet pour prendre les notes, et des antibiotiques adaptés aux infections féminines, vraisemblablement non compris dans la pharmacie du bord, un antidépresseur (on ne sait jamais). Autre précaution : signer une décharge en cas de grossesse.
"La règle impose cent kilos au plus pour chaque homme à bord, poids et bagages additionnés."
Les escales sont l'occasion de reprendre contact avec les proches, avec les nouvelles, et encore ce n'est pas forcément la meilleure chose à faire, puisqu'il sera impossible de les retrouver en cas de mauvaise nouvelle ou problème. Certains se sont confiés un peu, de la difficulté de quitter les proches, de maintenir les liens, de risquer de les 'perdre en route'; après quinze ans maximum, ces hommes quittent ces postes là.
"Avant le départ, chacun adopte des petits stratagèmes pour prévenir le manque. R., un des experts du bord, m'explique qu'il ne lave plus ses tee-shirts dans les quinze jours précédant son départ, les tissus imprégnés de l'odeur du père serviront de doudou à son enfant durant la mission. L., le Chef, lit autant d'histoires que de jours de mer et les enregistre sur une video, pour que les petits aient leur compte chaque soir." Émouvant.
J'ai aussi appris que pour distinguer jour et nuit, on a recours à des éclairages différents, jaune, ou rouge. Ambiance, ambiance...
Reportage en profondeur (dixit l'auteur), oui, en dépit des contraintes, et pour continuer sur cette image, j'ajouterai : reportage en immersion, à découvrir!
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