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sur 76 notes
L'essoufflement des colonies, comme une fin d'adolescence des démocraties, au sortir de la deuxième guerre mondiale, transpire de ce roman indispensable au devoir de mémoire. 


Laurent Guillaume partage avec passion les traces de l'Histoire d'une France qui a tellement intégré son  rôle de résistance en ce début des années 1940, qu'elle ne parvient plus à desserer les crocs. Il faut un ennemi à combattre et une bonne raison de tenir. Il faut nourrir un peu de haine pour garder la soif d'écourter le parcours des ennemis. Un veritable écheveau entremêlé, sur un territoire-proie splendide que tous s'arrachent. Des japonais, reflets des nazis vaincus récemment. Des Vietminhs, image du péril communiste et ses relents de maccarthysme. Des groupes locaux, des ethnies, des villageois en soif de revanche et des mercenaires maniant les arts martiaux. Des colons, français, se débattant sur un territoire abandonné, asphyxié de tout soutien financier et logistique. Des américains empêtrés dans une histoire qui n'était pas la leur, et qui leur prend pourtant la main au collet, pour une fin funeste que l'on connaît. 

Le champ de bataille est au final massacré comme un champ de course un jour de grand prix. Un champ de bataille sur lequel vivent des hommes, des femmes, des enfants, se débattant poir survivre.


De la guerre d'Indochine, je n'avais en tête que les lignes du livre d'histoire de mon enfance, les cours sur les colonies, et la nausée qu'elles peuvent faire naître. 

Je n'avais que ces quelques mots d'un oncle : "Moi j'y étais, en Indochine...", mots tombant dans des oreilles sourdes : il eût été aberrant de considérer un récit ubuesque reposant sur un pays qui n'existe pas sur les cartes.


Je n'avais que cette vision d'un voisin de mon village, marchant de guingois, si maigre, le regard perdu, et les mots connus de tous : "Il vit chez ses parents ; ils ont 80 ans. Il est comme ça depuis son retour de la guerre d'Indochine. Il a trop fumé d'opium."

Je n'avais rien, sur la guerre d'Indochine. Et Elizabeth Cole est arrivée, photo-reporter pour le magazine Life, débarquant à Saïgon en 1953 (date de naissance de ma mère). Elizabeth, femme forte, élément clé de son époque, courage presque aveugle aux dangers. Bref, Elizabeth, personnage fictif ouvrant la voie à tant de femmes de son époque, sur des terrains glissants, dangereux, politiquement visqueux. Une Dame de guerre, la première d'une série lancée par cet auteur hors pair, qui assure un carton plein, ce troisième roman s'inscrivant comme les deux précédents (Un Coin de ciel brûlait et Là où vivent les loups) dans mes lectures les plus marquantes de ces dernières années. 


"- Je ne vous ai pas tout raconté. J'ai passé la matinée à photographier des gens, du camelot au porteur d'eau, du moine bouddhiste à la cuisinière de rue. À midi, j'ai mangé dans une de ces échoppes sommaires. du riz avec du poulet frit, Délicieux. Puis je suis repartie. J'étais grisée par le dépaysement, les gens si gentils, souriants, les odeurs d'épices...et c'est là que j'ai entendu cette détonation. 

Fowler la dévisagea. Elizabeth s'alluma une Du Maurier et souffla nerveusement la fumée. 

- Au début, j'ai cru que cétait le raté d'un moteur, mais je me suis tout de même approchée pour vérifier. 

- Ce n'était pas le raté d'un moteur. 

- Non, dit Elizabeth. C'était une grenade, d'après les témoins, lancée sur la terrasse de la Pagode. Il s'agit d'un salon de thé situé dans la rue Catinat. 

- Je connais La Pagode, dit Fowler. Leur thé est juste convenable, mais leur chocolat chaud est divin. Ils font régulièrement l'objet d'attaques. Nul ne sait pourquoi.

- Il y avait des gens à terre, des dames distinguées, des messieurs annamites, des boys et des enfants. La plupart se relevaient, mais trois personnes sont restées au sol. L'une d'entre elles était morte. Une femme dans une jolie robe blanche toute maculée de sang. Et puis les secours sont arrivés, des ambulances, Ils ont emmené les blessés et la victime. Alors le patron, un jeune Français, et ses employés ont essuyé les flaques de sang, ramassé les débris et réinstallé les tables. Tout le monde s'est rassis comme si de rien n'était.

- Fowler regarda en contrebas les quais qui se noyaient d'ombre. 

- Vous avez pris des photos ? demanda-t-il. 

- Oui, toute une pellicule. Fowler leva son verre.

- Trinquons à vos premiers clichés de sang. Vous êtes officiellement une reporter de guerre. 

– Ce n'était pas la guerre, dit-elle, juste le meurtre aveugle d'une innocente. 

Fowler ricana. 

- Ma chère, c'est surtout ça la guerre. le massacre des Innocents. Vous vous attendiez sans doute à quelque chose de plus romantique ?"


Si vous aimez les romans actifs, les personnages trempés et vivants, empruntant le squelette d'êtres ayant traversé l'histoire ; si vous aimez avoir du relief dans vos lectures, et filez verifier les anecdotes historiques (la bibliographie fournie vous épatera sur le travail d'orfèvre de l'auteur) ; si vous aimez les metteurs en scène de papier, portant l'humilité en bandoulière, alors vous adorerez Les Dames de guerre ! Vous y trouverez mille échos, mille angles de lecture, et la postface vous donnera, à coup sûr, comme moi, envie de découvrir plus avant Un Americain bien tranquille, et l'oeuvre de Graham Greene !

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L'auteur propose un roman dense, très complet qui mêle avec brio historique, espionnage, géopolitique, aventure, action et émotions.

Une immersion dans les années 50 en partant de New-York avec pour destination le Vietnam.
Un contexte fort car nous sommes au plein coeur de la guerre et l'on va suivre Elizabeth, reporter américaine assez audacieuse, envoyée comme photographe de guerre.
Mais la jeune femme a un autre dessein en tête, comprendre ce qui est arrivé à Kovacs, son collègue décédé "accidentellement".

J'ai beaucoup apprécié ma lecture même si c'est un roman qui demande un minimum d'attention.
C'est en effet une mine d'informations grâce au travail de recherches impressionnant fourni par l'auteur.
Il y a des jeux de dupes, des enjeux, un certain nombre de protagonistes, il faut donc suivre.
Mais cela se fait bien dans l'ensemble car on est pris par la quête de la journaliste.

Très rapidement les tenants et aboutissants commencent à se révéler et l'envie de comprendre ce qui se trame, de savoir si son collègue est bien mort par un tragique accident, prend le pas sur le tout.

De plus les personnages sont intéressants, bien dessinés.
J'ai adoré Elizabeth et beaucoup aimé Fowler.

Ce roman est bien plus qu'un roman sur fond historique, le côté espionnage apporte des scènes d'action très visuelles, du suspense et l'auteur a su placer des rebondissements pertinents qui montrent à quel point les enjeux sont colossaux dans ce roman et que chaque détail compte.

Le livre est en plus porté par une plume directe, de bons dialogues.

J'ai donc très envie désormais de poursuivre l'aventure vietnamienne avec Elizabeth.
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Partons à Saïgon dans les années cinquante, prendre des photos… non, pas pour faire les touristes, mais pour percer les mystères de trafics en tout genre en temps de guerre !

Un photographe professionnel tué en pleine opération sur les terres en guerre de l'Indochine française, voilà ce qui amène Elizabeth Cole, reporter au célèbre Life Magazine new-yorkais, à se rebeller et à tenter le tout pour le tout pour partir enquêter en Asie. Elle va de surprise en surprise et ne s'attend pas à se retrouver mêlée à d'obscurs trafics !

Dans ce polar écrit par un ancien capitaine de police, nous suivons une héroïne forte, de celles qui font rêver, de celles qui font s'exalter et portent haut le drapeau des Femmes… surtout dans ces années cinquante où leurs places n'étaient qu'à servir leur mari. Une vision de la société très bien représentée entre ces pages où l'héroïne tente de s'affranchir et qui s'enrage de chaque attitude sexiste de ses semblables. Ce roman est le témoin d'une époque très bien mise en scène et vue par les yeux d'une rebelle, héroïne malgré elle. Je me suis facilement attachée à cette protagoniste qui dépasse ses propres limites.

Le suspens monte crescendo et explose au coeur d'un conflit que l'on ne soupçonnait pas. Je me suis laissée bien des fois surprendre par certains dénouements et j'ai apprécié le cadre de cette enquête qui mêle espionnage et conflits de guerre.

La plume de l'auteur est empreinte de suspens et retranscrit à merveille la beauté des paysages entre Cambodge et Viêt Nam. Les dialogues se joignent aux passages narratifs avec fluidité, tout en entretenant cette part de mystère, nécessaire à l'enquête, en entremêlant les points de vue.

Pour conclure, ce livre est une invitation au voyage dans le temps et dans l'espace. Il nous transporte dans une autre époque sur les terres asiatiques pour mener une enquête sur les pas d'une femme hors du commun. Une héroïne attachante, du mystère, de l'amour et de beaux paysages, que rêver de mieux pour s'évader par la lecture ? Une chose est sûre : je vous recommande vivement ce livre !

Il sort aujourd'hui aux éditions Robert Laffont, que je tiens à remercier pour leur envoi dans le cadre de la Masse Critique de Babelio.
Lien : https://www.wendybaqueauteur..
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Je voulais depuis longtemps découvrir Laurent Guillaume avec "un coin de ciel brûlait". le hasard a fait que je rentre dans son univers avec son dernier roman.

Robert Kovacs, journaliste à succès, a trouvé la mort dans le cadre d'un reportage qu il réalisait en Indochine en immersion avec l'armée française. Elizabeth Cole prenait son destin en main decide de prendre le relais. Elle va alors plonger dans un monde fair de violence, de secrets et de trahison, car l Indochine est un vrai nid d espions.

J ai adoré le contexte de ce roman qui m'a fasciné. Laurent Guillaume a ce talent de nous immerger complètement dans cette Indochine en quête d indépendance, confrontée a la France qui n est pas prête d abandonner cette position stratégique. On se retrouve au milieu d'une lutte d'influence entre les services secrets, qui cherchent à faire basculer le destin de cette région du monde.

Elizabeth est à la fois suffisamment déterminée à avancer mais également avec des fragilités qui la rendent relativement humaine. Quant à Bremond, je dois avouer lui trouver un certain charisme. le seul petit bémol que je trouve est que le roman manque un peu de personnages feminins d interet en dehors d Elizabeth. Mais je crois comprendre à la fin, qu il y aura une suite, avec l entrée en lice d'un personnage fascinant.

Laurent Guillaume mélange avec talent les styles et nous livre un roman à la fois historique, d espionnage, politique et bien évidemment polar qui nous prend dans ce contexte explosif.

Un polar réussi, dont j ai hâte de voir la suite
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J'avais déjà découvert l'atmosphère particulière de Saïgon à travers le Grand Monde de Pierre Lemaître et j'avoue que cela m'a donné envie d'y retourner…. En recevant cette proposition de la part de Babelio, j'ai hésité mais je ne regrette pas ma lecture. le roman d'espionnage de L. Guillaume est bien écrit et il rend agréablement compte de la complexité des relations diplomatiques à l'époque de la guerre du Vietnam, en 1953. le personnage d'Elisabeth Cole, envoyée comme journaliste reporter pour Life Magazine, joue parfaitement le rôle de « l'entêtée fouineuse » qui affole les services d'espionnage et menace les rouages d'une mécanique d'échanges bien huilée…
Après la disparition brutale de Robert Kovacs, son reporter de renom, le propriétaire du Life Magazine à New-York sollicite des volontaires pour partir en Indochine et informer par des images chocs qui parlent autant qu'un long article. Avide de sensations fortes, de renouveau dans sa carrière, peut-être même pour se prouver qu'elle peut aussi entrer dans la catégorie des femmes reporters de guerre, Elisabeth Cole répond présente à cet appel…Aussitôt, elle bascule de la rubrique événementielle à la dure réalité du terrain.
Envoyée spéciale à Saïgon, elle est accueillie et protégée par un vieil anglais qui connaît les secrets de Saïgon, c'est Graham Fowler. Elle ne tarde pas à découvrir un réseau de relations intimement liées : la bande des Corses qui tient bon nombre d'hôtels, les trafiquants d'opium, les soldats français dont l'énigmatique Brémond et l'attachant Ferrari qu'elle découvrira lors d'une mission à haut risque sur les hauts plateaux du Laos. Partout, elle se sent espionnée et elle a bien raison mais elle n'a pas l'intention de plier sous la pression. Pourquoi Kovacs est-il mort subitement ? Qu'avait-il découvert ? Il lui semble qu'elle est sur la bonne voie dans son enquête puisque tout le monde commence à réagir…
J'ai eu beaucoup de plaisir à lire ce roman d'espionnage assez complexe. le rythme est enlevé et l'intrigue fondée sur des faits historiques aux nombreux rebondissements. L. Guillaume nous éclaire habilement sur un conflit historique où de nombreux intérêts se mêlent. L'adaptation filmique de cet ouvrage serait très intéressante !
Merci à Babelio et aux Editions Robert Laffont qui m'ont permis une véritable immersion dans la complexité des relations diplomatiques et commerciales du Saïgon des années 50, à l'heure où la guerre s'enlise de toutes parts sous les yeux des journalistes reporters plus ou moins invités …
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● L'auteur, le livre (496 pages, 2024) :
On avait déjà croisé Laurent Guillaume avec deux polars, l'un très parisien (c'était Mako), l'autre très province (c'était Là où vivent les loups). Deux bouquins que l'on avait déjà bien appréciés.
Avec Les dames de guerre : Saïgon, nous partons cette fois à l'étranger, dans l'Indochine des années 50 avec un hommage au célèbre bouquin de Graham Green (Un américain bien tranquille) ou peut-être une sorte de clin d'oeil français et romancé à un autre bouquin, celui de William Boyd qui nous contait Les vies multiples d'Amory Clay, une autre photographe.
Ce sera notre second coup de coeur de l'année pour une histoire romancée captivante au coeur d'une grande Histoire passionnante.
Laurent Guillaume nous livre un sympathique roman d'aventures et un joli portrait de dame.
Espérons que cet épisode soit le début d'une belle série.
[...] C'est ce que j'ai essayé de faire dans Les Dames de guerre : Saïgon – raconter certes l'histoire de l'opération X, qui a réellement existé et qui était destinée à financer la contre-insurrection en Indochine, mais surtout une histoire romanesque de femmes et d'hommes pris dans les remous de la guerre froide et de la décolonisation.

● On aime vraiment beaucoup :
❤️ Tout au fond de la salle de rédaction du magazine Life, le lecteur ne peut que lever la main quand il s'agit d'accompagner Elisabeth Cole, une américaine bien tranquille, journaliste mondaine new-yorkaise pour Life, à qui l'on demande d'aller jouer au Tintin reporter dans l'Indochine des années 50.
Un lecteur qui ne regrettera pas son coup de tête quand la jolie journaliste monte dans l'avion des commandos français pour les montagnes à la frontière du Laos où se cultive l'opium qui finance la guerre coloniale de la France : la jeune femme frivole va sortir de sa chrysalide, troquer robe et escarpins pour rangers et treillis et va se montrer une redoutable enquêtrice pleine de charme.
❤️ On s'attache bien vite aux personnages choisis avec soin par l'auteur : des espions chinois redoutables, des commandos français borderline, des corses mafieux pas trop clean, des agents de la CIA au double jeu, ...
Chacun d'eux tente de s'accommoder de son mieux des contradictions d'un pays en guerre (une sale guerre) et d'enjeux géopolitiques qui les dépassent (nous ne sommes qu'à quelques semaines de Điện Biên Phủ et les américains piaffent d'impatience en attendant que les français leur laissent le terrain).
❤️ On apprécie que l'auteur ait pris soin de dessiner des personnages qui rappellent leurs modèles de la vraie vie : Graham Fowler est un "américain bien tranquille" (le Thomas Fowler de Graham Green), Robert Kovacs est un clone de Capa (qui travaillait effectivement pour Life et qui a effectivement sauté sur une mine dans cette région en 1954), etc. La postface de l'auteur est à ce titre très intéressante.
❤️ On s'intéresse beaucoup à cet épisode de la guerre française d'Indochine (l'opération X) où le trafic d'opium alimente la fameuse French connection et préfigure ce que seront désormais les dessous des conflits coloniaux (pavot afghan, narcos d'Amérique, ...).

● L'intrigue :
1953 Indochine. le photographe reporter de guerre de Life, Robert Kovacs, saute sur une mine. Il accompagnait une expédition secrète des commandos français dans les territoires du nord, quelque part entre Chine, Vietnam et Laos : les montagnes des tribus Hmong que les français (et plus tard les américains) armaient contre les Viet.
À New York, les candidats remplaçants ne se bousculent pas pour connaître le même sort et, contre toute attente, c'est une jeune femme Elisabeth Cole qui part en Asie pour le magazine.
Laurent Guillaume boucle ces préliminaires rapidement et il ne faut que quelques dizaines de pages à Elizabeth pour boucler ses valises, quitter les mondanités frivoles de New York et s'envoler pour Saïgon.
Mais que cherchait réellement Kovacs chez les commandos français ? Et pourquoi ces derniers ont-ils fait croire qu'il était mort loin des montagnes et de la frontière ?
VietMinhs, Méos, Qingbao chinois, CIA et SIS, SDECE, secte Caodaï, ... les services secrets et les mercenaires s'agitent en Indochine comme les crabes dans leur panier !
Des crabes inquiets de l'arrivée de cette "américaine bien tranquille" qui s'intéresse de beaucoup trop près à la mort de son collègue.
Pour celles et ceux qui aiment les espionnes et les photographes.
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Mon petit doigt me dit que le weekend prochain va être fort en rencontres, 20ème anniversaire du Quais du Polar…
Tout particulièrement celle avec Laurent Guillaume dont je viens de refermer à regret « Les dames de guerre, Saîgon ». Découvert il y a longtemps avec sa trilogie « Mako », « le roi des crânes » et « Delta Charlie Delta » j'ai suivi avec attention les publications de cet auteur que je n'ai jamais eu l'occasion de croiser en salon…heureusement le weekend prochain je compte bien pouvoir discuter avec lui de son dernier roman que j'ai littéralement dévoré, un énorme coup de coeur pour ce roman d'espionnage et historique intense, passionnant et haletant. Un retour dans le temps en 1953 sur un conflit dont tout le monde a entendu parlé la guerre d'Indochine. Préparez vos atlas car l'auteur nous promène de la Cochinchine à la frontière du Laos. Entre hôtels de luxe et fumeries d'opium j'ai accompagné Elisabeth Cole nouvelle correspondante de guerre, dans sa quête de vérité concernant la mort de son prédécesseur aussi bien que dans les rues de Saîgon que sur les routes montagneuses des hauts plateaux du Laos.
Que lui ont donc révélées les photos de celui-ci ? Dans ces contrées troublées par les attaques incessantes des Vietminh, les différentes agences en places redoublent de machiavélisme pour obtenir des renseignements sur les opérations militaires en court. Toutes les ruses sont bonnes et les espions de tout bord pullulent, Français, Anglais, Chinois, Américains, les enjeux en cours sont importants. Elizabeth est entrainée dans un maelstrom vertigineux d'où la vérité surgira peut-être.
De l'Indochine de 1953-1954 jusqu'à Diên Biên Phu l'auteur nous fait revivre des heures sombres du colonialisme français en évoquant l'opération X qui consistait en un trafic d'opium par certains services de l'armée française dans le but de financer certaines opérations et de déstabiliser le Viet Minh. Un excellent roman d'aventure extrêmement bien documenté, un seul regret d'être obligé d'attendre 2025 pour la suite….
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Tout débute en 1953 en Indochine française lorsque le célèbre photographe Robert Kovacs trouve la mort à cause d'une mine.

La rédaction de son magazine est sous le choc et cherche à le remplacer sur le terrain, mais voilà, il n'y a qu'un volontaire, photographe mondain et qui plus est, une femme. Mais qu'à cela ne tienne, le directeur accepte de l'envoyer, à croire qu'il a une idée derrière la tête.

Elizabeth Cole aussi, car elle veut enquêter sur la mort de Kovacs qu'elle ne croit pas accidentelle. Et elle ne sait pas dans quoi elle va mettre le nez et les aventures qui vont l'attendre sur le terrain.

Entourée de nombreux personnages masculins qui lui voudront plus ou moins du bien, elle va mettre son nez partout et devoir affronter de nombreux dangers afin de rester en vie et pouvoir faire ses photos et articles.

C'est dans un vrai récit d'aventures que nous emmène l'auteur entre le Vietnam, le Laos et la Birmanie de l'époque et nous croiserons au fil des pages des espions, des trafiquants en tout genre, des tueurs à gages, des fumeries d'opium, et même des Corses.

Le tout entremêlant des personnages fictifs, mais inspirés de personnages réels comme expliqué à la fin dans la postface, avec des personnages historiques. Je ne suis pas un passionné de l'histoire avec un grand H, de livre parlant de guerre ou avec beaucoup de personnages, mais je ne me suis jamais perdu une seule fois tant l'écriture est fluide et les chapitres clairs et bien alternés.

Et tout comme Elizabeth, vous n'êtes pas au bout de vos surprises jusqu'aux dernières pages de ce très bon roman d'espionnage.
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Ça c'est du roman ! Je termine "Les dames de guerre – Saïgon", le dernier roman de Laurent Guillaume que je ne connaissais pas et dont je découvre la plume à travers cet ouvrage. Pas de tergiversation : j'ai énormément aimé cet opus passionnant, foisonnant, addictif au possible et je dois avouer que j'ai du mal à atterrir.

Nous sommes en 1953 et Robert Kovaks, le grand reporter de guerre du magazine "Life" vient de perdre la vie en Indochine française. Il a sauté sur une mine. Il faut le remplacer au plus vite et pourtant ses collègues ne se bousculent pas pour reprendre le job. Sauf…sauf…une femme : Elisabeth Cole, elle aussi grande photographe mais… de la page mondaine. Elle est persuadée que cette disparition n'a rien d'accidentelle. Va alors commencer une enquête du plus grand intérêt, une enquête de tous les dangers.
Ce roman est foisonnant, je l'ai dit, de par la multitude des personnages dont certains sont même dotés d'une double, voire triple personnalité. Pas toujours facile de faire le distinguo entre espions, tueurs à gages, aventuriers et trafiquants de toute sorte. Il est foisonnant aussi par le nombre de pays visités, Vietnam, Laos, Birmanie. Foisonnant, toujours par les actions et exactions menées, les trafics en tous genres, les luttes intestines.

J'ai aimé l'écriture simple et fluide, j'ai aimé la part belle faite aux dialogues. Ils donnent au texte un rythme rapide qui le rend addictif. J'ai aimé les descriptions fines et minutieuses des protagonistes, des paysages traversés. J'ai aimé la construction, parfaite qui, au bon moment, rappelle un fait important, précise un détail et renvoie à une situation passée, éclaire le lecteur sur un passage qui aurait pu passer inaperçu. J'ai aussi aimé les quelques traits d'humour "Eh bien voici un récit incroyable qui mériterait d'être raconté dans un roman de gare…", et la recette du Vermouth/Cassis que j'ai bien l'intention de tester. Et j'ai aimé la fin qui, en quelques lignes et à la lumière d'un cliffhanger parfaitement choisi, nous fait passer de l'espoir d'un happy end à la crainte du pire.

Un roman noir historico/politique d'une grande qualité que j'ai beaucoup aimé.

Je remercie chaleureusement Babelio et les Editions Robert Laffont pour cette lecture en avant-première.
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D'entrée je dois avouer que si ce roman n'avait pas fait partie du Prix Bête Noire 2024, pour lequel j'ai eu le plaisir d'être sélectionnée pour recevoir les livres et assister à la remise du prix, je ne l'aurais jamais lu. Et je serais passée à côté d'un roman foisonnant, tout à la fois roman de guerre, d'aventure et d'espionnage.

L'histoire se déroule en 1953 en Indochine, Robert Kovacs, photographe et correspondant de guerre américain d'origine hongroise, suit un bataillon français dans une expédition non officielle, au cours de laquelle il met malencontreusement le pied sur une mine. La rédaction du magazine Life est en deuil et le rédacteur en chef lui cherche un remplaçant.

C'est Elizabeth Cole, une photographe mondaine, mariée à un avocat d'affaire, lasse de cette vie superficielle, qui va le remplacer. Après avoir réceptionné les affaires de Kovacs, elle y a découvert une pellicule adroitement dissimulée, qu'elle s'est empressée de développer. Les tirages lui semblent constituer une preuve que la vérité sur la mort de son collègue reste à découvrir.

Sur place à Saïgon, elle fait la connaissance de Graham Fowler, correspondant anglais et son contact. Peu à peu, elle découvre les principaux acteurs de cette guerre et se retrouve la cible de tueurs qui la soupçonnent d'être une espionne.

Si le sujet était loin de me passionner au départ, l'écriture alerte de Laurent Guillaume m'a happée dès les premières pages et j'ai dévoré rapidement les 470 pages. J'ai apprécié la bibliographie qui montre que l'auteur s'est beaucoup documenté avant d'écrire son roman. Enfin j'étais ravie qu'il soit le lauréat de cette septième édition du Prix Bête Noire, ce qui m'a permis de le rencontrer et de l'entendre parler des Dames de Guerre dont le deuxième tome devrait mettre en avant Olive Yang.

Un coup de coeur inattendu et un prix bien mérité, ce roman se démarquant vraiment des trois autres, tant par le style que la richesse du sujet.
Lien : http://dviolante5.canalblog...
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