AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,03

sur 48 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Vous connaissez ce plaisir un peu honteux de savoir que, une fois tout le monde couché, on retrouvera notre petite affaire. On se surprend à penser aux personnages du roman alors que la marmaille affamée se jette sur la tartiflette. On écoute, distrait, les adultes raconter leurs exploits du jour, mais on pense à tous ceux du livre…
Un vrai bon roman d'aventure provoque ce genre de sensations que je n'avais pas éprouvées depuis bien longtemps. Je referme la dernière page, sniff, mais je vois au dos du quatrième de couverture qu'il y aura une suite. Quel pied, quelle joie de retrouver l'année prochaine la belle Elisabeth et le sombre Bremond !
« Les Dames de guerre » est un projet de trilogie avec possible adaptation cinématographique et « Saïgon » en est le premier tome .
Laurent Guillaume a eu une vie avant d'être écrivain. Capitaine de police, il a travaillé à la Crim puis aux Stup. Il est devenu consultant international en lutte contre le crime organisé. Il sait de quoi il parle…

Sans ménagement, le lecteur est littéralement scotché par une scène d'ouverture implacable, incroyable…mais vraie : en mars 1945 les militaires du Kempeitaï (la gestapo japonaise) attaquent par surprise les gradés français occupant le Tonkin, l'Annam et la Cochinchine : 3000 soldats (qui étaient vichyssois avant de devenir gaullistes) sont tués atrocement par les japonais, alliés jusqu'alors, en 48 h.
On verra que ce prologue aura de surprenantes conséquences car bien vite nous sommes projetés en 1953 au Laos, à Manhattan puis en Indochine où se déroule ce grand récit romanesque.
La mort suspect de Robert Kovacs, l'immense reporter de guerre travaillant pour Life magazine, victime d'une embuscade du Vietminh alors qu'il suivait un corps expéditionnaire français sur les hauts-plateaux, au nord du Laos, sa mort donc laisse un grand vide et suscite beaucoup de questions.
Elisabeth Cole, grande bourgeoise new-yorkaise et excellente photographe des pages mondaines de Life, va supplier son patron : elle sera correspondante de guerre.
Sitôt débarquée à Saïgon, les choses se compliquent très vite.
Laurent Guillaume réussit le tour de force de nous faire vivre de l'intérieur l'Indochine de 1953/1954 (jusqu'à Diên Biên Phu) en suivant pas à pas son héroïne . Et c'est absolument captivant. Il dévoile progressivement et sans détour la face cachée de cette guerre sale (mais toutes les guerres le sont) et la complexité des forces en présence.
On va donc marcher sur les cendres du désastre colonial français en évitant les chinois, les vietminh, les services secrets des uns et des autres, les surprenantes mafias locales, les sectes bizarroïdes, les corses et quelques autres.
L'ambiance est rendue palpable grâce à la plume très vivantes de l'auteur, parfois un peu bavard mais le plus souvent soucieux de nous faire voyager littéralement avec notre correspondante de guerre. Elle sera accompagnée par un viel anglais, le journaliste Graham Fowler (dont le personnage est inspiré, et oui, de Graham Greene), par un jeune fidèle du Cao Daï (secte adoratrice d'une trinité où figure Victor Hugo !) évidemment spécialiste en arts martiaux et par le beau corse Antoine Ferrari ( du contre-espionnage français) .
Dans cet équipage, nous allons voyager à pied, à cheval et en avion. Nous survivrons à un nombres vertigineux de complots et d'embuscades. Comme tout le monde, on tombera amoureux du ténébreux capitaine Bremond qui est l'autre héros de cette histoire formidablement endiablée.
Surtout on en apprendra des vertes et des pas mures sur les trafics des uns et des autres. L'auteur s'est longuement documenté et il connait son sujet par coeur : cette guerre est avant tout la guerre de l'opium. Une de plus me direz-vous ! Et vous aurez raison, il est bien rare que l'on fasse la guerre pour l'honneur et la patrie, surtout lorsqu'il s'agit de conserver ses colonies ( l'Ukraine, c'est une autre histoire).
Laurent Guillaume rend aussi hommage à Maître Lemaitre : on aura l'occasion de retrouver le Grand Monde et de se laver avec du véritable savon Pelletier.

J'ai donc beaucoup aimé ce roman édifiant, parfois drôle, un peu sanglant mais surtout captivant, un vrai roman qui n'est pas une énième pseudo-biographie, qui ne fait pas la leçon et qui éloigne fort opportunément les sujets du moment.
Je remercie pour leur confiance Babelio et la collection La Bête noire des éditions Robert Laffont.
Vivement la suite !!!
Commenter  J’apprécie          5528
En général, lors des masses critiques, que ce soient mes opérations mensuelles ou les masses critiques ciblées, j'évite de solliciter des livres dont je ne sais rien. Je préfère cibler des auteurs dont le nom ne m'est pas inconnu ou des titres dont j'ai entendu parler. Lorsque j'ai reçu une proposition de Babelio pour recevoir ce « Dames de guerre : Saïgon » j'ai d'abord pensé que je n'allais pas donner suite, le nom de l'auteur m'étant inconnu. Mais, le titre m'avait intriguée et j'ai donc lu le résumé qui a achevé de me convaincre de dépasser mes réticences. Et vraiment, j'ai bien fait. le roman de Laurent Guillaume est un très bon roman.

A la fois roman historique et roman d'espionnage, « les dames de guerre : Saïgon » a tout du page-turner. le récit est d'une efficacité redoutable, les pages tournent toutes seules. J'ai dévoré ce bouquin. Il faut dire que, pour qui s'intéresse à la Guerre d'Indochine, le sujet est passionnant. En effet, le roman évoque l'opération X qui consistait en un trafic d'opium par certains services de l'armée française dans le but de financer certaines opérations et de déstabiliser le Viet Minh. le bouquin de Guillaume est très documenté, il est évident que l'auteur a fait des recherches fouillées. Il se dégage du roman une grande crédibilité et une grande véracité, impression renforcée par le fait que l'auteur évite le simplisme et le manichéisme. Il aurait été facile de sombrer dans la caricature en donnant à voir d'un côté des gentils et de l'autre des méchants. Il n'en est rien. L'auteur ne prend pas vraiment parti, chaque personnage ayant des motivations crédibles, et fait le choix de montrer la complexité des enjeux et des forces en présence. le lecteur est plongé de façon immersive dans ce sac de noeuds qu'était alors l'Indochine, repère d'espions de tous bords, où on ne peut se fier à personne, ou tout le monde joue double jeu, où personne n'est ce qu'il semble être. L'intrigue est complexe, avec beaucoup de ramifications et beaucoup de personnages, à l'image de ce qu'était cet imbroglio. Pourtant, tout se suit très facilement grâce au talent narratif de Guillaume qui construit et mène son récit de façon très habile. On retrouve cette lisibilité dans les scènes de combats qui sont d'une clarté absolue. Petit bémol, j'ai trouvé l'auteur moins convaincant dans les scènes du quotidien mais elles sont finalement peu nombreuses. Je regrette également de ne pas m'être attachée davantage au personnage principal que je n'ai pas trouvée très intéressante dans sa caractérisation. Mais ça n'a pas gâché mon plaisir de lecture. J'ai suivi Elisabeth sans vraiment m'intéresser à elle d'un point de vue personnel mais je me suis passionnée pour son enquête.

Je remercie vivement Babelio et les éditions Robert Laffont pour ce très bon moment de lecture. Je ne m'attendais pas à ressortir si enthousiaste de cette lecture. Il ne fait nul doute que je lirai le prochain volet de cette saga qui s'intéressera à Olive Yang, un personnage très intrigant croisé dans ce 1er tome. Je me dis même que ça va être long d'attendre 2025.

Commenter  J’apprécie          332
Merci à BABELIO et aux éditions Robert Laffont pour l'envoi de ce livre qui m'a procuré un très vif plaisir de lecture. Une intrigue captivante, ni trop complexe ni trop simple, des personnages très bien dessinés, un scénario implacable (il parait que l'on va en faire une série, j'ai hâte de voir cela)…On est en pleine guerre d'Indochine et l'on va croiser officiers taiseux, journaliste américaine sur les traces de Robert Capa dont l'ombre plane sur le livre, membres des services secrets chinois, américains, vietnamiens, français etc...Je suis bluffé par la qualité de la documentation de l'auteur (qui n'a rien à envier à Pierre Lemaitre, dont on a pu lire un super roman également sur ce sujet) et pourtant cela n'est pas du tout didactique (comme parfois -souvent- dans les romans dits " historiques"), on est dans un roman très maitrisé, efficace et pourtant qui distille le charme lié sans doute aux influences propres à l'auteur. On imagine Graham Greene ou Kessel par exemple.
L'écriture est alerte et très au-dessus des standards de la littérature de best-seller : s'il n'y a pas d'effets de style, chaque phrase est là pour préciser un détail, contribuer au climat, faire avancer l'intrigue. Je ne me suis pas un seul instant dit en lisant une page, tiens voici une page faible. Même les scènes d'action, si souvent médiocres, sont ici captivantes, efficaces et courtes.
Enfin ce que le livre a à nous dire sur cette guerre, cette période m'est apparu vraiment intéressant.
Je recommande très chaudement pour un vrai bonheur de lecture, un plaisir de qualité.
Commenter  J’apprécie          240
En septembre 1953, alors qu'il effectue une mission, en Indochine, le reporter Robert Kovacs perd la vie. Il avait couvert de nombreux conflits : de la guerre d'Espagne à celle d'Indochine. Lors du débarquement à Omaha Beach, il était au plus près de l'action. « Robert avait coutume de dire que si vos photos ne sont pas assez bonnes, c'est que vous n'êtes pas assez près. » (p. 46) Hélas, il était trop près d'une mine. Lorsque le rédacteur en chef de Life magazine, basé à New York, réunit les journalistes pour trouver lui un successeur, personne ne se propose. Tous ont en tête le corps mutilé de leur collègue. Soudain, une main se lève : c'est celle d'Elizabeth Cole. Elle écrit la chronique mondaine. Les rires masculins fusent. Finalement, faute de candidats, la jeune femme est désignée.

Persuadée que la mort De Robert n'est pas accidentelle, elle est déterminée à faire émerger la vérité et à lui rendre justice. En effet, dans les affaires du défunt, elle a trouvé une pellicule, cachée dans un col. Un des clichés ne valide pas la version officielle des autorités françaises.

A son arrivée à Saïgon, elle est accueillie par Graham Fowler, un journaliste anglais. Chargé de sa protection et de l'introduire auprès des différentes instances en place, il doit composer avec la fougue et l'imprudence de la reporter débutante. La curiosité d'Elizabeth alerte et inquiète les services secrets de plusieurs pays et les forces en puissance dans le conflit (CIA, SDECE, Vietminhs, Méos, Corses, sectes guerrières, contrebandiers, etc). Elle s'intéresse un peu trop, à leur goût, à leurs activités ; par exemple le trafic d'opium, dans lequel les occidentaux tiennent un rôle inavouable, décrit sous le nom d'opération X (ces faits se sont réellement produits).

J'avais peu de connaissances sur la décolonisation de l'Indochine, même si des scènes marquantes de A Dieu vat et de le grand monde (un petit clin d'oeil m'a fait sourire) se sont imprégnées dans ma mémoire. Aussi, j'avais tout à découvrir. J'ai été captivée par les découvertes d‘Elizabeth et, comme elle, j'ai été scandalisée par certains évènements. J'ai craint pour sa vie, car elle est déterminée à mener son enquête jusqu'au bout et à prendre tous les risques, pour révéler ce que les États camouflent soigneusement. Je me méfiais de tous, faisant confiance à ceux qui ne le méritaient pas, dirigeant mon courroux, parfois, vers les mauvaises personnes. L'inexpérience d'Elizabeth m'a touchée, car j'ai senti que j'aurais pu faire les mêmes erreurs qu'elle, manquer de recul et agir, imprudemment, au nom de la justice. J'ai admiré son esprit de déduction, alors qu'elle ne possède pas certains éléments et j'ai été époustouflée par sa témérité. Enfin, j'ai été captivée par le déroulement du conflit et l'approche documentée proposée par l'auteur. J'ai très envie de découvrir la suite de cette série : j'ai adoré ce premier tome.

Je remercie sincèrement Babelio et les Éditions Robert Laffont pour cette masse critique privilégiée.

Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
Commenter  J’apprécie          150
Service de presse.

Il fait partie des 137 autrices et auteurs que vous allez pouvoir côtoyer si vous vous rendez au festival Quais du Polar à Lyon qui célèbre ses 20 ans d'existence. Il faut dire que Laurent Guillaume est l'une des belles figures de la littérature noire que l'on prend plaisir à écouter lorsqu'il nous livre ses anecdotes sur les années qu'il a passées au sein de la Police nationale en tant qu'officier pour diriger des unités spécialisées que ce soit en lien avec l'anti criminalité ou la lutte contre les stupéfiants. Il émane d'ailleurs du personnage un certain charisme se conjuguant avec une soif d'aventure qui le conduit à se rendre notamment au Mali dans le cadre d'une coopération policière qu'il poursuit après avoir quitté l'institution en exerçant désormais une activité de consultant international en lutte contre le crime organisé et en s'intéressant plus particulièrement aux région de l'Afrique de l'ouest. On retrouve un peu de tout cela dans l'ensemble de son oeuvre que ce soit avec la trilogie Mako du nom de cet officier travaillant à la BAC dans la région parisienne, ou avec Là Où Vivent Les Loups (Denoël 2018)nous permettant de croiser Priam Monet, ce flic de l'IGPN en mission dans les confins des Alpes française tandis qu'avec Un Coin de Ciel Brûlait (Michel Lafon 2021) on se retrouvait en Sierra Leone durant la tragique guerre civile qui a dévasté le pays. Il ne s'agit là que d'un échantillon de la dizaine de romans qu'il a écrit tout en travaillant également comme scénariste en collaborant notamment avec Olivier Marchal que l'on ne présente plus. A la conjonction de ces deux activités de scénariste et de romancier, on retrouve donc Laurent Guillaume à l'occasion de la sortie de son dernier roman Les Dames de Guerre/Saïgon s'inscrivant dans une trilogie à venir qui devrait être prochainement adaptée par Alex Berger, producteur de la fameuse série Le Bureau Des Légendes.

En septembre 1953, à la frontière du Laos et de la Birmanie, le reporter Robert Kovacs trouve la mort alors qu'il accompagnait un commando dans le cadre d'un reportage sur la guerre d'Indochine. A New-York, l'ensemble de la rédaction du magazine LIFE est consternée à l'annonce de ce décès tragique. Mais en récupérant dans les affaires personnelles de Kovacs un rouleau de pellicule qu'il a dissimulé dans la doublure de sa veste, Elizabeth Cole, photographe mondaine de la page culturelle du magazine, prend conscience que sa mort n'a rien d'accidentelle. C'est l'occasion pour cette jeune femme intrépide de réaliser son grand rêve en devenant correspondante de guerre pour couvrir les événements de cette guerre oubliée tout en cherchant à comprendre ce qu'il est vraiment arrivé à son collègue. Mais en débarquant à Saïgon, Elizabeth se retrouve au coeur d'un enchevêtrement d'intérêts complexes où s'affrontent espions de tout bord, tueurs à gages déterminés, aventuriers et trafiquants d'armes sans scrupule et militaires désabusés qui savent déjà que cette guerre est perdue. Cela ne l'empêchera pas de se rendre à Hanoï et de parcourir les hauts plateaux du Laos tout en faisant face à ceux qui ne souhaitent pas que la lumière soit faite sur les circonstances de la mort de Robert Kovacs.

Pour situer le contexte historique de la première partie de cette saga, il faut mentionner quelques références comme La 317e Section du réalisateur français Pierre Schoendoerffer ou Un Américain Bien Tranquille du romancier britannique Graham Greene auquel Laurent Guillaume rend d'ailleurs un hommage appuyé qu'il évoque dans la postface de son roman. C'est donc à la lisière de ces deux oeuvres emblématiques abordant le thème de la guerre plutôt méconnue d'Indochine que se situe Les Dames de Guerre/Saïgon en se concentrant plus particulièrement sur l'aspect historique de l'Opération X désignant un trafic d'opium mis en place par l'armée française afin de financer ses opérations spéciales visant à lutter contre les combattants Việt Minh. Sur cette trame historique, à la lisière du roman policier et d'espionnage tout en empruntant quelques caractéristiques propre au récit d'aventure, Laurent Guillaume met en place une redoutable intrigue s'articulant autour de la perception d'Elizabeth Cole, cette jeune reporter de guerre audacieuse au caractère bien affirmé qui va donc nous entraîner dans la nébuleuse diaspora d'espions sévissant notamment dans ce Saïgon d'autrefois au charme suranné que l'auteur restitue avec une impressionnante précision au gré d'une atmosphère exotique et envoûtante. On ne manquera pas d'être impressionné par cette habilité consistant à mélanger toute une galerie de personnages tant fictifs qu'historiques que l'on croise bien évidemment à Saïgon maïs également sur les hauts plateaux du Laos, dans la région du fameux Triangle d'Or où Elizabeth Cole évolue en compagnie de membres d'un commando français et des combattants Meos qu'ils encadrent en nous donnant l'occasion d'assister à quelques scènes de combat épiques et percutantes. Alors que la reporter côtoie le capitaine Bremond, officier aussi désabusé que chevaleresque, on devine l'inévitable glissement vers un registre romanesque qui reste, fort heureusement, extrêmement sobre pour ce concentrer sur les rapports de force idéologiques qui prennent tous leurs sens dans une série de rebondissements contenant quelques longueurs explicatives qui demeurent néanmoins nécessaires pour la bonne compréhension de l'ensemble du texte. Ainsi, en arrière-plan brièvement évoqué, se dessine la défaite de Diên Biên Phu ainsi que les prémisses de l'emprise américaine et de la guerre du Vietnam qui va bientôt débuter. Au final, Les Dames de Guerre/Saïgon se révèle être un superbe roman ponctué d'hommages à cette époque extraordinaire de la décolonisation de l'Indochine particulièrement bien restituée que l'on découvre au travers du regard de cette reporter de guerre que l'on se réjouit de retrouver très prochainement ainsi que son entourage à l'instar du personnage de Graham Fowler dont la personnalité est particulièrement réussie.



Laurent Guillaume : Les Dames de Guerre/Saïgon. Editions Robert Laffont/Collection La Bête Noire 2023.

A lire en écoutant : Heaven and Earth de Kitaro. Album : Heaven & Earth (Motion Picture Soudtrack). 1993 Universal Music Classical.
Lien : http://www.monromannoiretbie..
Commenter  J’apprécie          130
PASSIONNANT
Elizabeth Cole , photographe mondaine pour Life Magazine, saisit sa chance en osant se proposer pour prendre la suite de Robert Kovacs, célèbre reporter de guerre mort en Indochine.

Elle débarque à Saïgon, déterminée et intrépide, et marche dans les pas de son illustre prédécesseur, dont elle souhaite par ailleurs éclaircir les circonstances du décès; la version officielle la laissant circonspecte.

Bousculant allègrement les conventions, la journaliste s'épanouit dans l'adversité et ne s'en laisse pas conter dans ce marigot où nagent agents doubles, soldats idéalistes ou corrompus, malfrats et trafiquants.

L'aventure passionnante d'une dame de guerre !
Commenter  J’apprécie          90
L'essoufflement des colonies, comme une fin d'adolescence des démocraties, au sortir de la deuxième guerre mondiale, transpire de ce roman indispensable au devoir de mémoire. 


Laurent Guillaume partage avec passion les traces de l'Histoire d'une France qui a tellement intégré son  rôle de résistance en ce début des années 1940, qu'elle ne parvient plus à desserer les crocs. Il faut un ennemi à combattre et une bonne raison de tenir. Il faut nourrir un peu de haine pour garder la soif d'écourter le parcours des ennemis. Un veritable écheveau entremêlé, sur un territoire-proie splendide que tous s'arrachent. Des japonais, reflets des nazis vaincus récemment. Des Vietminhs, image du péril communiste et ses relents de maccarthysme. Des groupes locaux, des ethnies, des villageois en soif de revanche et des mercenaires maniant les arts martiaux. Des colons, français, se débattant sur un territoire abandonné, asphyxié de tout soutien financier et logistique. Des américains empêtrés dans une histoire qui n'était pas la leur, et qui leur prend pourtant la main au collet, pour une fin funeste que l'on connaît. 

Le champ de bataille est au final massacré comme un champ de course un jour de grand prix. Un champ de bataille sur lequel vivent des hommes, des femmes, des enfants, se débattant poir survivre.


De la guerre d'Indochine, je n'avais en tête que les lignes du livre d'histoire de mon enfance, les cours sur les colonies, et la nausée qu'elles peuvent faire naître. 

Je n'avais que ces quelques mots d'un oncle : "Moi j'y étais, en Indochine...", mots tombant dans des oreilles sourdes : il eût été aberrant de considérer un récit ubuesque reposant sur un pays qui n'existe pas sur les cartes.


Je n'avais que cette vision d'un voisin de mon village, marchant de guingois, si maigre, le regard perdu, et les mots connus de tous : "Il vit chez ses parents ; ils ont 80 ans. Il est comme ça depuis son retour de la guerre d'Indochine. Il a trop fumé d'opium."

Je n'avais rien, sur la guerre d'Indochine. Et Elizabeth Cole est arrivée, photo-reporter pour le magazine Life, débarquant à Saïgon en 1953 (date de naissance de ma mère). Elizabeth, femme forte, élément clé de son époque, courage presque aveugle aux dangers. Bref, Elizabeth, personnage fictif ouvrant la voie à tant de femmes de son époque, sur des terrains glissants, dangereux, politiquement visqueux. Une Dame de guerre, la première d'une série lancée par cet auteur hors pair, qui assure un carton plein, ce troisième roman s'inscrivant comme les deux précédents (Un Coin de ciel brûlait et Là où vivent les loups) dans mes lectures les plus marquantes de ces dernières années. 


"- Je ne vous ai pas tout raconté. J'ai passé la matinée à photographier des gens, du camelot au porteur d'eau, du moine bouddhiste à la cuisinière de rue. À midi, j'ai mangé dans une de ces échoppes sommaires. du riz avec du poulet frit, Délicieux. Puis je suis repartie. J'étais grisée par le dépaysement, les gens si gentils, souriants, les odeurs d'épices...et c'est là que j'ai entendu cette détonation. 

Fowler la dévisagea. Elizabeth s'alluma une Du Maurier et souffla nerveusement la fumée. 

- Au début, j'ai cru que cétait le raté d'un moteur, mais je me suis tout de même approchée pour vérifier. 

- Ce n'était pas le raté d'un moteur. 

- Non, dit Elizabeth. C'était une grenade, d'après les témoins, lancée sur la terrasse de la Pagode. Il s'agit d'un salon de thé situé dans la rue Catinat. 

- Je connais La Pagode, dit Fowler. Leur thé est juste convenable, mais leur chocolat chaud est divin. Ils font régulièrement l'objet d'attaques. Nul ne sait pourquoi.

- Il y avait des gens à terre, des dames distinguées, des messieurs annamites, des boys et des enfants. La plupart se relevaient, mais trois personnes sont restées au sol. L'une d'entre elles était morte. Une femme dans une jolie robe blanche toute maculée de sang. Et puis les secours sont arrivés, des ambulances, Ils ont emmené les blessés et la victime. Alors le patron, un jeune Français, et ses employés ont essuyé les flaques de sang, ramassé les débris et réinstallé les tables. Tout le monde s'est rassis comme si de rien n'était.

- Fowler regarda en contrebas les quais qui se noyaient d'ombre. 

- Vous avez pris des photos ? demanda-t-il. 

- Oui, toute une pellicule. Fowler leva son verre.

- Trinquons à vos premiers clichés de sang. Vous êtes officiellement une reporter de guerre. 

– Ce n'était pas la guerre, dit-elle, juste le meurtre aveugle d'une innocente. 

Fowler ricana. 

- Ma chère, c'est surtout ça la guerre. le massacre des Innocents. Vous vous attendiez sans doute à quelque chose de plus romantique ?"


Si vous aimez les romans actifs, les personnages trempés et vivants, empruntant le squelette d'êtres ayant traversé l'histoire ; si vous aimez avoir du relief dans vos lectures, et filez verifier les anecdotes historiques (la bibliographie fournie vous épatera sur le travail d'orfèvre de l'auteur) ; si vous aimez les metteurs en scène de papier, portant l'humilité en bandoulière, alors vous adorerez Les Dames de guerre ! Vous y trouverez mille échos, mille angles de lecture, et la postface vous donnera, à coup sûr, comme moi, envie de découvrir plus avant Un Americain bien tranquille, et l'oeuvre de Graham Greene !

Commenter  J’apprécie          72
Mon petit doigt me dit que le weekend prochain va être fort en rencontres, 20ème anniversaire du Quais du Polar…
Tout particulièrement celle avec Laurent Guillaume dont je viens de refermer à regret « Les dames de guerre, Saîgon ». Découvert il y a longtemps avec sa trilogie « Mako », « le roi des crânes » et « Delta Charlie Delta » j'ai suivi avec attention les publications de cet auteur que je n'ai jamais eu l'occasion de croiser en salon…heureusement le weekend prochain je compte bien pouvoir discuter avec lui de son dernier roman que j'ai littéralement dévoré, un énorme coup de coeur pour ce roman d'espionnage et historique intense, passionnant et haletant. Un retour dans le temps en 1953 sur un conflit dont tout le monde a entendu parlé la guerre d'Indochine. Préparez vos atlas car l'auteur nous promène de la Cochinchine à la frontière du Laos. Entre hôtels de luxe et fumeries d'opium j'ai accompagné Elisabeth Cole nouvelle correspondante de guerre, dans sa quête de vérité concernant la mort de son prédécesseur aussi bien que dans les rues de Saîgon que sur les routes montagneuses des hauts plateaux du Laos.
Que lui ont donc révélées les photos de celui-ci ? Dans ces contrées troublées par les attaques incessantes des Vietminh, les différentes agences en places redoublent de machiavélisme pour obtenir des renseignements sur les opérations militaires en court. Toutes les ruses sont bonnes et les espions de tout bord pullulent, Français, Anglais, Chinois, Américains, les enjeux en cours sont importants. Elizabeth est entrainée dans un maelstrom vertigineux d'où la vérité surgira peut-être.
De l'Indochine de 1953-1954 jusqu'à Diên Biên Phu l'auteur nous fait revivre des heures sombres du colonialisme français en évoquant l'opération X qui consistait en un trafic d'opium par certains services de l'armée française dans le but de financer certaines opérations et de déstabiliser le Viet Minh. Un excellent roman d'aventure extrêmement bien documenté, un seul regret d'être obligé d'attendre 2025 pour la suite….
Commenter  J’apprécie          60
Tout débute en 1953 en Indochine française lorsque le célèbre photographe Robert Kovacs trouve la mort à cause d'une mine.

La rédaction de son magazine est sous le choc et cherche à le remplacer sur le terrain, mais voilà, il n'y a qu'un volontaire, photographe mondain et qui plus est, une femme. Mais qu'à cela ne tienne, le directeur accepte de l'envoyer, à croire qu'il a une idée derrière la tête.

Elizabeth Cole aussi, car elle veut enquêter sur la mort de Kovacs qu'elle ne croit pas accidentelle. Et elle ne sait pas dans quoi elle va mettre le nez et les aventures qui vont l'attendre sur le terrain.

Entourée de nombreux personnages masculins qui lui voudront plus ou moins du bien, elle va mettre son nez partout et devoir affronter de nombreux dangers afin de rester en vie et pouvoir faire ses photos et articles.

C'est dans un vrai récit d'aventures que nous emmène l'auteur entre le Vietnam, le Laos et la Birmanie de l'époque et nous croiserons au fil des pages des espions, des trafiquants en tout genre, des tueurs à gages, des fumeries d'opium, et même des Corses.

Le tout entremêlant des personnages fictifs, mais inspirés de personnages réels comme expliqué à la fin dans la postface, avec des personnages historiques. Je ne suis pas un passionné de l'histoire avec un grand H, de livre parlant de guerre ou avec beaucoup de personnages, mais je ne me suis jamais perdu une seule fois tant l'écriture est fluide et les chapitres clairs et bien alternés.

Et tout comme Elizabeth, vous n'êtes pas au bout de vos surprises jusqu'aux dernières pages de ce très bon roman d'espionnage.
Commenter  J’apprécie          60
● L'auteur, le livre (496 pages, 2024) :
On avait déjà croisé Laurent Guillaume avec deux polars, l'un très parisien (c'était Mako), l'autre très province (c'était Là où vivent les loups). Deux bouquins que l'on avait déjà bien appréciés.
Avec Les dames de guerre : Saïgon, nous partons cette fois à l'étranger, dans l'Indochine des années 50 avec un hommage au célèbre bouquin de Graham Green (Un américain bien tranquille) ou peut-être une sorte de clin d'oeil français et romancé à un autre bouquin, celui de William Boyd qui nous contait Les vies multiples d'Amory Clay, une autre photographe.
Ce sera notre second coup de coeur de l'année pour une histoire romancée captivante au coeur d'une grande Histoire passionnante.
Laurent Guillaume nous livre un sympathique roman d'aventures et un joli portrait de dame.
Espérons que cet épisode soit le début d'une belle série.
[...] C'est ce que j'ai essayé de faire dans Les Dames de guerre : Saïgon – raconter certes l'histoire de l'opération X, qui a réellement existé et qui était destinée à financer la contre-insurrection en Indochine, mais surtout une histoire romanesque de femmes et d'hommes pris dans les remous de la guerre froide et de la décolonisation.

● On aime vraiment beaucoup :
❤️ Tout au fond de la salle de rédaction du magazine Life, le lecteur ne peut que lever la main quand il s'agit d'accompagner Elisabeth Cole, une américaine bien tranquille, journaliste mondaine new-yorkaise pour Life, à qui l'on demande d'aller jouer au Tintin reporter dans l'Indochine des années 50.
Un lecteur qui ne regrettera pas son coup de tête quand la jolie journaliste monte dans l'avion des commandos français pour les montagnes à la frontière du Laos où se cultive l'opium qui finance la guerre coloniale de la France : la jeune femme frivole va sortir de sa chrysalide, troquer robe et escarpins pour rangers et treillis et va se montrer une redoutable enquêtrice pleine de charme.
❤️ On s'attache bien vite aux personnages choisis avec soin par l'auteur : des espions chinois redoutables, des commandos français borderline, des corses mafieux pas trop clean, des agents de la CIA au double jeu, ...
Chacun d'eux tente de s'accommoder de son mieux des contradictions d'un pays en guerre (une sale guerre) et d'enjeux géopolitiques qui les dépassent (nous ne sommes qu'à quelques semaines de Điện Biên Phủ et les américains piaffent d'impatience en attendant que les français leur laissent le terrain).
❤️ On apprécie que l'auteur ait pris soin de dessiner des personnages qui rappellent leurs modèles de la vraie vie : Graham Fowler est un "américain bien tranquille" (le Thomas Fowler de Graham Green), Robert Kovacs est un clone de Capa (qui travaillait effectivement pour Life et qui a effectivement sauté sur une mine dans cette région en 1954), etc. La postface de l'auteur est à ce titre très intéressante.
❤️ On s'intéresse beaucoup à cet épisode de la guerre française d'Indochine (l'opération X) où le trafic d'opium alimente la fameuse French connection et préfigure ce que seront désormais les dessous des conflits coloniaux (pavot afghan, narcos d'Amérique, ...).

● L'intrigue :
1953 Indochine. le photographe reporter de guerre de Life, Robert Kovacs, saute sur une mine. Il accompagnait une expédition secrète des commandos français dans les territoires du nord, quelque part entre Chine, Vietnam et Laos : les montagnes des tribus Hmong que les français (et plus tard les américains) armaient contre les Viet.
À New York, les candidats remplaçants ne se bousculent pas pour connaître le même sort et, contre toute attente, c'est une jeune femme Elisabeth Cole qui part en Asie pour le magazine.
Laurent Guillaume boucle ces préliminaires rapidement et il ne faut que quelques dizaines de pages à Elizabeth pour boucler ses valises, quitter les mondanités frivoles de New York et s'envoler pour Saïgon.
Mais que cherchait réellement Kovacs chez les commandos français ? Et pourquoi ces derniers ont-ils fait croire qu'il était mort loin des montagnes et de la frontière ?
VietMinhs, Méos, Qingbao chinois, CIA et SIS, SDECE, secte Caodaï, ... les services secrets et les mercenaires s'agitent en Indochine comme les crabes dans leur panier !
Des crabes inquiets de l'arrivée de cette "américaine bien tranquille" qui s'intéresse de beaucoup trop près à la mort de son collègue.
Pour celles et ceux qui aiment les espionnes et les photographes.
Commenter  J’apprécie          61





Lecteurs (282) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2877 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}