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3,52

sur 68 notes
Avant-propos

En premier lieu, je remercie Gilles Dumay des Éditions Albin Michel Imaginaire pour l'envoi de ce service presse ! Il est vrai que j'avais envie depuis longtemps de lire ce roman, mais comme beaucoup, je suis submergée par ma wishlist ^^

D'abord pensé comme un one-shot, Rivages s'avère être le premier tome de la duologie de Gauthier Guillemin. À l'heure où je rédige cette chronique, je n'ai pas encore commencé à lire le suivant, La fin des étiages, pourtant, je suis bien contente que ce second opus existe car, pour moi, il demeure des éléments dans Rivages qui n'ont pas été développés.

Attention, cette chronique va vous donner envie de voyager !

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Inclassable

Dans un premier temps, Rivages, premier roman de Gauthier Guillemin, intrigue : à quel genre littéraire appartient-t-il ? Il présente des éléments de dystopie, de fantasy, peut-être de fantasy post-apocalyptique, une touche de writing nature, de réalisme magique, avec des aspects philosophiques et poétique. le début nous plonge dans une scène qui introduit à l'idée de ce que sera le point central du récit, le voyage. Pourtant le premier chapitre contrebalance en nous plongeant non plus dans la Forêt et les questionnements, mais dans la ville humaine, véritable enfer d'acier grignotant lentement la sylve.

Nous ne savons pas à quelle époque se situe le texte, aussi songeons-nous tantôt à une dystopie ou à une fantasy post-apocalyptique, bien que l'important ne soit pas à chercher une case. En effet, j'ai trouvé que cette incertitude participait aux réflexions qui vont nous traverser au fur et à mesure du récit. Alors, au final, que Rivages se passe dans un futur proche où lointain, les questionnements sont les mêmes. D'autant plus que le roman invite au voyage, physique comme intérieur. En ce sens, et compte tenu de l'ambiance, de la narration, de l'intrigue, cet ouvrage s'apparente pour moi à un conte, un conte sur la nature, l'impermanence et les correspondances.

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Point de départ

Ainsi donc le récit démarre réellement, car chronologiquement, dans la Cité, la ville humaine grise, polluée, qui a vampirisé ses habitants. Ces derniers n'ont plus de lien avec la Nature, des ouvriers/esclaves ont le plus dur du labeur, à savoir agrandir la Cité surpeuplée. Pour cela, ils doivent grignoter la Sylve, celle-ci a repris ses droits : elle est devenue hargneuse et mangeuse d'hommes. C'est dans ce décor que nous rencontrons le personnage principal du récit, qui se fera appeler le Voyageur. Poussé par une force intérieure, quasi mystique, il décide de quitter la Cité et de gagner la Forêt, territoire nommé le Domaîne.

Entre le prologue et le premier chapitre, l'auteur établit d'emblée un jeu de miroir, plus qu'une dualité. La nature, le détachement envers elle en est un premier exemple.

Ainsi, le point de départ est un départ, celui du Voyageur qui quitte la Cité pour gagner le Domaîne, voir le monde hors des remparts de l'enfer. Comme un ultime élan, une ultime liberté. Alors que son identité a été diluée, mâchée par la Cité, lui veut s'extraire de ce carcan néfaste, comme pour respirer pour la première fois. Les quelques pas que lui laissera faire le Domaîne avant de lui envoyer ses prédateurs (animaux ou végétaux), lui seront suffisants. Retour à la Nature/au berceau ou suicide ? Il n'y a pas de pensée macabre, juste cet élan pour respirer, pour voir le monde au moins une fois.

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Au coeur de la Forêt

Le Voyageur avance donc dans le Domaîne, cette immense forêt dite prédatrice. Il avance, contemplatif de cette végétation inconnue. Il avance et les heures passent, puis les jours, jusqu'à ce qu'il en perde le compte. Où sont les dangers de la Sylve ? Les animaux prédateurs ? J'ai pensé aux mensonges des hommes à propos du Domaîne ; en le diabolisant, ils en restent coupés, comme si l'ère de l'harmonie avec la Nature était révolue, tabou même. Pourtant, le Voyageur ressent autre chose : pour lui, la Forêt l'accueille, comme si de là venait l'élan qu'il a eu de quitter la Cité.

Il avance et il tâtonne, s'attachant en hauteur, sur une branche d'arbre, pour dormir, commençant à s'alimenter avec des racines et autres végétaux qu'il trouve. C'est une transition qui s'avère douloureuse, une adaptation qui occupe les pensées du Voyageur. En même temps, la magie commence à opérer : le protagoniste se découvre une capacité, un don, et il va commencer à croiser des êtres quasiment humains, mais différents, certains ayant par exemple des branchies dans le cou, parlent d'autres langues. Il va être considéré avec indifférence, parfois il paraît même invisible, mais d'autres fois, il parvient à échanger sommairement, interrogeant alors ses interlocuteurs sur la Forêt, les autres peuples qui la peuplent, la magie.

Un jour, le Voyageur arrive aux abords d'une ville et y reste, chez la belle Sylve qui l'a choisi pour compagnon.

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Réalisme magique : entre Nature et mythologies

Le Voyageur se retrouve ainsi dans la ville des Ondins, qui se réclament descendants de la déesse Dana. Enthousiasmé par l'imprégnation magique du quotidien et des mythes de ce peuple, il questionne sans cesse Sylve. Comme lui, nous apprenons des bribes de mythes plutôt que de l'Histoire. Car les Ondins sont en exil depuis très longtemps, chassés par les hommes, alors qu'ils avaient précédemment battus les Fomoires. Dans les grandes lignes, nous découvrons la succession de plusieurs peuples, civilisations. D'autres êtres, humanoïdes, sont évoqués ou entraperçus dans le récit.

Alors que le Voyageur émerveillé comme un enfant, toute cette magie et ces mythologies demeurent toutefois au stade du réalisme magique. Nous voyons surtout que les Ondins et autres habitants de la ville possèdent des connaissances en botanique et en alchimie, des savoirs ancestraux qu'ils ont enseignés aux hommes. Sylve est d'ailleurs reconnue pour ses préparations de plantes etc, et le don de son compagnon va se révéler utile pour la cueillette mais aussi pour la ville. En fait, la magie du récit ne fait qu'un avec la Nature, ses symboles et ses correspondances. Les runes ou encore les glyphes sont utilisés, l'on parle des arbres et de certains végétaux comme d'êtres sentients, les années sont comptées en fonction du cycle lunaire. Et bien sûr, le fait de se rattacher généalogiquement à une déesse appartient au registre mythologique.

Mais alors, que signifie appartenir à une lignée divine pour un peuple ? Les Ondins évoquent régulièrement la mer et les rivages. La mer car leurs ancêtres sont nés là ; rivages pour le berceau de leurs origines. Or, ils ont oublié où se trouvait la mer, d'ailleurs, ils ne savent même pas si elle existe toujours. Alors leurs origines, les bases de leur identité culturelle est réduite à peau de chagrin, de mythologique, elle passe aisément à chimérique. Est-ce donc plus une croyance qu'une réalité ?

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La quête en jeux de miroir

Dans Rivages, les voyages riment avec respiration, fantasmes, rêves éveillés, odyssées rêvées, cartes imaginaires, contemplation. le tout ne se montre pas moins généreusement saupoudré de réflexions, comme les étoiles parsèment les ciels nocturnes. le voyage est physique comme intérieur, il nous change, affûte notre observation, élargit nos limites comme les frontières. Voyager pour quel but ? se fixer et faire ses racines ? Rien ne sera sûr dans ce récit. Car si la quête solidifie l'identité, celle du Voyageur comme des Ondins est délétère. le Voyageur n'a pas de nom, d'ailleurs, à part la couleur de ses yeux, nous ne savons rien de son apparence. Quant aux Ondins : quelle est la place de l'identité culturelle alors que l'on a perdu le rivage de ses origines, les traces de son passé, et que l'on vit en exil ?

En parallèle, les fables des peuples s'étant succédé sur le territoire évoqué montre l'impermanence, cette impermanence marque l'évolution, tels les cycles de la Nature, encore une fois. Dans ce conte onirique, ce sont toutes ces correspondances et jeux de miroir qui s'opèrent à différentes échelles. Et ces jeux de miroir, le Voyageur les utilise grâce à son don, au point que ses pérégrinations semblent le mener depuis le départ à voir la mer, métaphoriquement par la Forêt de symboles, mais peut-être davantage.

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En bref : pour son premier roman, Gauthier Guillemin nous propose une oeuvre inclassable, un conte onirique, une respiration sur le voyage teinté de réalisme magique et de mythologies. Nous suivons le Voyageur, qui quitte la Cité, ville-vampire et polluée, pour le Domaîne, ce territoire-prédateur pour les êtres humains, la Nature ayant repris ses droits. Mais plutôt que se faire dévorer, le protagoniste va se découvrir un don et poser bagages dans la ville des Ondins. Ce peuple se prétend descendant de la déesse Dana. Mythologies et nature tissent un réalisme magique enveloppant, mais attisent sans cesse la curiosité du Voyageur qui s'intéresse particulièrement à la mer, berceau des origines des Ondins. Existe-t-elle toujours ?

Je suis contente que Rivages soit le premier opus d'une duologie : La fin des étiages m'attend !

Lien : http://maude-elyther.over-bl..
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Après avoir fini l'écoute du tome 5 de la Tour Sombre, il me fallait un nouvel audiobook aussi en ai-je profité pour sortir un diptyque de ma PAL personnelle : Rivages et La fin des étiages de Gauthier Guillemin chez Albin Michel Imaginaire (sorties de 2019 et 2020) que j'avais trouvés d'occasion.

Nous rencontrons le Voyageur qui a quitté une cité grise pour parcourir le Domaine, la forêt mystérieuse qui recouvre le territoire. Sous la canopée, il se découvre le pouvoir de se téléporter d'arbre en arbre. Au cours de son voyage, il atteint un village peuplé par les descendants de la déesse Dana, une communauté menacée par les Fomoires. Là, il rencontre Sylve, une étrange jeune femme dotée elle aussi de pouvoirs.

J'avoue malheureusement être passée à côté de cette lecture / écoute. Il s'agit pour moi d'un mélange de Science-Fiction et de Fantasy, très contemplative qui place la nature au centre du récit. Dans le 1er tome, il y a très peu d'action et j'ai été très vite embrouillée par les différentes tribus que nous rencontrons… les humains, les descendants de Dana, les Ondins, les Nains, les Fomoires et surtout les différents pouvoirs dont ils sont dotés.

De plus, ce qui m'a beaucoup perturbé c'est que je n'ai pas su situer ce récit géographiquement et temporellement. La plume est très poétique mais parfois un peu trop à mon goût. Les entêtes de chapitres ne m'ont pas séduite et ont également alourdi ma lecture / écoute.

Je ne me suis pas vraiment attachée aux personnages, notamment au Voyageur dont on ignore le nom ce qui m'a peut-être empêché de le personnifier…

En définitive, j'ai trouvé ce diptyque ambitieux mais surtout confus, manquant pour moi de repères me permettant de situer le récit. Je suis très certainement trop terre à terre pour ce genre de récit...

Je vous invite à vous faire votre propre avis et si vous les lisez ou les avez déjà lus, n'hésitez pas à venir m'en parler.
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C'est une magnifique découverte. Je trouve que c'est assez dure de définir l'univers que l'auteur à créer. Est-ce que vous avez lu ce premier tome ?

Nous allons suivre le Voyageur, sans vraiment connaître son prénom ni sa description. Il est un mystère découvrant d'autres mystères. J'ai la sensation que cela se rapproche d'un conte de fantasy onirique postapocalyptique.

Le voyageur a choisi de partir d'une cité cauchemardesque où le bruit et la pollution sont la base de tout. Plus les années passent, plus cette cité s'étend dans la forêt. L'humain ne peut pas s'épanouir dans cet amas chaotique. Il étouffe et aspire à autre chose. Quelque chose de plus grand, de différent.

Petit à petit, il découvre son pouvoir. Il peut se téléporter d'arbre en arbre. Ce qui va l'amener à fuir la cité sans jamais avoir le droit d'y revenir. Il va se retrouver par la suite au coeur d'un village peuplé d'Ondins. Les Fomoires, anciennement appelés “géants de la mer” les menacent.

Le voyageur va y rencontrer Sylve, une jeune femme masquée (pour contrer les effets de ses pouvoirs : changement en statut en un seul regard). Elle s'occupe de l'herboristerie du village et est pleine de vie.

Le voyageur va devoir gagner sa place pour pouvoir rester au village et découvrir la vie du Domaine. La magie prend de plus en plus place en même temps que le Voyageur se découvre lui-même et l'environnement.

Ce roman nous questionne quant à notre relation au vivant et aux croyances, mais aussi à cette envie d'aller toujours plus loin et de tout connaître au dépit du bon sens.

Par contre, je pense que le flou géographique et le manque d'action concrète peuvent gêner des gens.
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Dans RIVAGES de Gauthier Guillemin, nous suivons le parcours d'un homme appelé le Voyageur tout au long du livre.
Ce Voyageur qui ne semble avoir de nom vient de quitter la Cité, un monde moderne certes mais surpeuplé, et vagabonde depuis dans le Domaine, cette forêt qui ne connait pas de limite.
Durant ce voyage initiatique dans une nature sauvage qui lui est d'abord hostile dans un premier temps, il va faire l'expérience d'une purge de son ancienne existence de citadin accomplie et se découvrir un pouvoir qui lui est propre et qui le rapprochera de cette même nature: celui de voyager d'arbre en arbre.
 
Pour moi, le livre se divise en trois parties bien distinctes : la fuite de la Cité et la découverte du Dômaine, l'arrivée au village des Ondins et la quête de la mer.
Vous l'avez compris, on est loin des récits fantasy dont on a l'habitude de lire mais la quatrième de couverture m'a intrigué et je m'étais dit que ça me changerait de ce que je lis habituellement.

Nous suivons donc ce mystérieux Voyageur dans ce besoin de changer de vie après n'avoir connu que la ville.
La découverte de son pouvoir va aussi l'amener aux portes d'un village d'Ondins, où il devra faire ses preuves.
L'auteur passe plusieurs pages à parler des Fomoires, des créatures mystérieuses et dont on n'en saura pas plus en détail, ainsi que de la relation qui existent entre ces derniers et les Ondins.
Mais l'affrontement entre les deux peuples a été écourté et la bataille qu'on attendait n'a jamais eu lieu.
On ne saura jamais ce qui adviendra des Ondins après le départ de notre Voyageur.
Selon moi, les parties les plus intéressantes de cette histoire restent celles où notre Voyageur était sur la route, c'est-à-dire quand il essaie de survivre dans le Dômaine et quand il part en quête de la mer.
J'ai trouvé sa tranche de vie chez les Ondins un peu longue, enchainant ses tâches quotidiennes dans le village et la maitrise de son pouvoir.
Rivages pourrait être décrite comme une fable écolo qui dénonce les conséquences catastrophiques de la vie humaine sur la nature, dangereuse quand on cherche à la transformer mais qui se révèlera protectrice dès lors que l'homme a appris à vivre avec elle et non plus à travers son exploitation.
 
Je voulais remercier Albin Michel Imaginaire pour m'avoir envoyé ce livre en service presse.
Ce fut une lecture intéressante, qui sortait un peu de ma zone de confort mais que j'ai tout de même apprécié.
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Un personnage, appelé le voyageur, quitte un jour une cité de béton et de barbelés, sorte d'enfer sur Terre. Ses pérégrinations vont le mener à arpenter la forêt gigantesque du Dômaine. Dans cet univers, la Nature a repris ses droits sur la civilisation.
Le Voyageur découvre alors son don de téléportation, d'arbre en arbre. Ses pas le mènent dans un village peuplés d'ondins, descendants des Tuatha Dé Danann. Il y rencontre Sylve, qui va le guider afin de faire son trou parmi les villageois.


Rivages est un roman qui puise dans plusieurs sources d'imaginaire : post-apo, mythologie celtique, magie, créatures imaginaires. Un roman qui se place dans une sorte de continuité culturelle mais aussi littéraire, avec pas mal de références truffées dans le récit.

Mais l'auteur déconstruit habilement tous ces repères, tant dans le personnage principal que dans le cadre et l'intrigue.
Le rythme est lent, le personnage n'a ni nom, ni physique vraiment détaillé; cet univers ne porte pas d'autre nom que le Dômaine; on ne sait pas vraiment où, quand, tout cela se situe ni comment on en est arrivé là.
Alors l'intrigue s'apparente à des rêveries, d'un promeneur solitaire, en phase avec la nature environnante.

La plume est superbe… simple mais efficace : de la prose poétique. Et très imagée. La métaphore du rivage comme frontière, limite entre rêve et réalité, terre et mer… est filée sur l'ensemble du roman.
On retrouve également dans la mélodie des mots et le rythme des phrases la fluidité de l'eau, c'est très réussi.

Ce cheminement sert un propos philosophique qui réinterroge le motif de la quête. Celle-ci inquiète : chercher à atteindre les Rivages, ce rêve d'un peuple entier depuis des millénaires… est-ce vraiment une bonne idée ? Que se passerait-il s'ils n'existaient pas ? La quête, motif romanesque par excellence, but ultime d'une foule de personnages, moteur de pas mal de romans et liant les personnages autour d'elle, est ici teintée de mélancolie, d'inquiétude, et est sans cesse repoussée.
Cette réflexion sur la portée des rêves et l'importance d'un but collectif dans la survie d'un peuple est très juste et bouleversante.

Rivages est paru en 2019, et il y a une suite : La fin des étiages. Cependant, Rivages peut se lire en one shot.
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L'une de mes dernières lectures est « Rivages » de Gauthier Guillemin. Les livres de la collection Albin Michel Imaginaire que je rencontre sont, pour ceux que j'ai déjà lu, de francs succès. Celui-ci est un peu plus particulier : ce n'est pas un coup de coeur même s'il y a des éléments que j'ai bien appréciés. Décortiquons tout cela !
« Rivages » est un livre très poétique, avec beaucoup d'éléments magiques qui appartiennent au monde de la féérie. Ici, les personnages qu'on suit sont les ondins : des êtres qui vivent en symbiose avec la nature mais restent frustrés de leur ancien lieu de vie : les bords de mer. Se développe alors au fil du récit toute la mythologie liée à leur peuple sur la déesse Dana. Jusque-là tout va bien pour moi, d'autant que le récit commence par le départ du personnage principal de la cité, ville qui ressemble à nos paysages urbains, pour rejoindre la nature.
Néanmoins certaines parties prennent parfois un trait ésotérique qui m'a un peu perdu. L'effet de style recherché est de montrer que le personnage principal ne fait pas uniquement un voyage physique mais également un chemin psychologique. L'aspect « psychique » me plaît dans les récits mais j'ai plus de mal quand cela s'oriente vers l'ésotérisme. C'est ambivalent car ici ces moments sont souvent couplés à une description de la nature qui, elle, m'a plu !
La partie agréable de ma lecture est donc la magie liée à la nature qui s'est dégagée tout au long du livre. le mythe de la tribu de Dana ainsi que les artefacts sont présents tout au long de ce premier tome. A cela s'ajoutent d'autres peuples que les ondins : des créatures enchanteresses, des mythes variés…
Un autre aspect intéressant est le personnage du Voyageur qui est exclusivement appelé comme cela. Il symbolise avant tout les humains et le rejet de la société telle que nous la connaissons et qui s'appelle la Cité. Ce livre est donc aussi un appel écologique à renouer avec des racines plus simples, liées aux récits ancestraux et mythes oubliés. Ce personnage est une métaphore du mouvement et de la découverte dans le premier volet.
L'auteur met en avant les solutions écologiques qui ne sont que des pansements et montre qu'un changement de mentalité doit s'opérer. La nature est dépeinte comme forte et reprend ses droits sur la cité. Elle est le signe d'une vraie richesse que ne possèdent plus les cités urbaines quand elles n'ont pas disparu.
C'est donc une lecture dont j'ai aimé certains aspects plus que d'autres. La nature m'a conquise mais les inspirations mystiques m'ont un peu découragé par moment. C'est une fresque forestière assez contemplative qui rappelle la saveur des éléments du quotidien. Je lirai bien sûr la suite car je suis curieuse de voir l'évolution du Voyageur : je m'y attèle donc dès maintenant !
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Une lecture douce et très plaisante. Un monde qui se laisse apercevoir et donne envie d'en découvrir plus. Une histoire avec un rythme lent mais qui ne lasse pas.

Rivages, de Gauthier Guillermin est un livre que je n'ai pas dévoré mais plutôt savouré.

On y suit l'histoire du Voyageur, homme fuyant la vie confiné d'une ville s'étant coupé de son environnement. Il part en direction du domaine, nom donné par les hommes à la forêt, crainte et dangereuse. le Voyageur se rend vite compte qu'il possède le pouvoir de voyager d'arbre en arbre, ce qui lui permet de voyager toujours plus loin vers l'inconnu et de faire de nouvelles rencontres. Jusqu'à ce qu'il finisse par prendre le temps de se poser parmi les ondins.

Il n'est pas besoin d'en dire plus sur l'histoire, celles-ci est riche sans pour autant proposer une intrigue hyper complexe. Il n'y a pas de rebondissement à chaque page, mais au contraire, l'auteur prend le temps de nous offrir un aperçu travaillé du monde qu'il a imaginé. Je dois dire que pour avoir l'habitude de lire plus souvent de la fantasy épique, j'ai vraiment apprécié de pouvoir prendre le temps de découvrir ce monde sans que l'intrigue ne se précipite. Ça change, au moins pour moi.

Les personnages aussi sont intéressants, aussi bien les principaux que les secondaires. Les secondaires le sont car ils offrent un aperçu d'autre facette de cette univers que l'on n'explore pas ici, mais pourquoi pas une autre fois.

Un des aspects qui m'a également plu est la pléthore d'essence d'arbre cités, je n'ai pas pris le temps de vérifier leur existence, mais il est certain que cela donne envie de mieux connaître ceux qui nous entourent.

Bref, pour moi, Rivages est un vrai coup de coeur, et j'ai hâte de pouvoir lire la suite paru récemment.

Bonne lecture
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En entrant dans cet univers, je ne m'attendais pas du tout à lire ce que j'ai lu.
Je m'attendais à un récit plutôt classique d'une fantasy écolo avec quelques rebondissements, à une quête éperdue ponctuée de ci de là par quelques fracas de boucliers mythiques, mais que nenni ! Ça sera plutôt de la contemplation. Une grande et poétique réflexion sur le monde des Hommes qui se sont perdus dans leur propre arrogance.
J'avoue, j'ai été destabilisée.
J'ai eu du mal à accrocher aux personnages tout juste esquissés, qui ne sont là, semble-t-il que pour justifier les grandes idées (certes parfaitement justifiées) d'un monde perdu et oublié.

Pourtant, ce sont des thèmes qui me parlent d'habitude, et pas qu'un peu : les légendes qui ont fait le monde, aujourd'hui perdues, les peuples magiques, les enchantements, la cité moderne faite d'acier et de toxines, la nature rebelle...
Il y a tout ce qu'il faut pour être adoré ! Mais (il y a un mais), j'aurais peut-être davantage apprécié la balade si on avait laissé un temps les belles tournures de côté et les idées générales pour accentuer une action qui parfois, nous tombe dessus sans qu'on sache vraiment pourquoi, ou pour étoffer des personnages qu'on aurait aimé mieux connaitre.

En fait, je suis déçue d'avoir été déçue, et encore plus déçue du coup, parce que je ne saurais pas vraiment dire ce qui m'a chagriné tout au long de la lecture.

A relire peut-être, un peu plus tard, maintenant que je sais de quoi ce roman est fait.
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J'avais très envie d'aimer ce livre. La couverture est magnifique et invite au voyage, et je suis friande de SFFF adulte donc c'est toujours un plaisir de tomber sur une plume francophone.

Et il faut dire que ce roman a des qualités : l'écriture est sensible, tournée vers l'introspection tout en témoignant des beautés de la végétation et de l'environnement des personnages, agrémentée d'extraits de poèmes des plus grands. le tout est lyrique, contemplatif, ce qui nous plonge dans un état relaxant tout à fait agréable.

L'univers créé est chouette aussi, entre post-apo et fantasy, avec une pointe de magie et un message écolo. le peuple des Ondins m'a bien plu, l'auteur a le souci du détail et profite de son récit pour nous apprendre beaucoup de choses sur leurs coutumes, leur fonctionnement et leurs croyances.

Par contre, j'ai eu un peu de mal à m'attacher aux personnages, pour une raison qui m'échappe. le Voyageur m'est resté indifférent, ainsi que Sylve, je n'ai pas vraiment cru à leur histoire d'amour et je suis restée finalement très extérieure au récit.

Au final, j'avoue m'être un peu ennuyée à la longue. Mais je pense aussi que les circonstances n'étaient pas idéales, ma vie était probablement un peu trop dense et les sessions de lecture trop courtes et trop interrompues pour pouvoir totalement me plonger dans cette histoire. Quoiqu'il en soit, il a des arguments qui devraient plaire et je sais qu'il a trouvé son public !
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Il y a des livres comme ça où vous vous laissez tenter. Pas pare que ce sont des classiques ou qu'ils s'annoncent comme les prochains visionnaires, mais parce que vous pensez que vous pourrez reconnaître en eux quelque chose que vous cherchez personnellement. Dès la couverture, vous sentez qu'il se dégagera une certaine ambiance, quelque chose de pas forcément complexe ou épique comme vous en avez l'habitude, mais un désir plus difficile à définir, à combler aussi ; sans doute quelque chose de plus contemplatif. Alors vous décidez de vous l'acheter en format papier, vous attendez le meilleur moment de l'année pour le lire. Vous ne lisez pas les chroniques de vos camarades sur Internet, vous ne lisez même pas la quatrième de couverture car la phrase d'accroche a suffi à capter votre attention : « le Seigneur des Anneaux est assurément le livre préféré des Ents. Mais Rivages pourrait bien lui aussi les séduire… » Une formule de vente faussement modeste, pas très originale dans son comparatif, mais qui l'est bien plus dans l'élément qu'il prend de l'ouvrage de référence, renvoyant à l'univers forestier plutôt que celui pseudo-médiéval comme de coutume. Alors vous le gardez dans un coin de votre chambre. Vous marchez le plus loin possible dans la forêt avant de l'ouvrir. Vous décidez de lui donner une chance.
L'histoire se passe dans un futur lointain-mais-pas-trop-non-plus, où les derniers humains vivent reclus dans des villes hi-tech alors que la forêt les encercle, sauvage et inexplorée (vu qu'en ce moment, c'est plutôt la civilisation qui a le dessus sur la nature, on peut supposer que ces citadins sont les descendants des nantis rescapés suite à un effondrement). À vrai dire, l'existence d'une seule de celles-ci est attestée : c'est la Cité, où il ne fait pas franchement bon vivre, d'où le fait qu'un beau jour l'un de ses détenus est autorisé à aller mourir dans les bois. Bien entendu il survit, sans quoi le récit se serait arrêté au chapitre 1.
C'est ainsi que le Voyageur dont on ne saura jamais rien du passé va rencontrer les divers habitants des bois et leur proposer ses divers services comme arpenteur. Il y a des défauts sur lesquels on fait difficilement l'impasse, le clivage forêt idéale / ville dystopique-ou-quasi systématique en SFFF mainstream (quand l'underground du metal et du folk s'amusent de plus en plus à déconstruire cette image, on se demande d'ailleurs si les tendances ne pourraient pas s'inverser), une énième exploitation de la mythologie celtique (quand on sait que l'auteur a beaucoup voyagé, on s'attendrait à des influences moins connues), des longueurs et des dialogues parfois abscons, de légères incohérences (le regard d'une femme qui est censé ne jamais être vu sous ses lunettes de verre fumé se faisant soudainement courroucé)… Mais tout cela n'est pas le coeur du livre, car finalement, ce qui m'intéresse chez Rivages, c'est bien ce que j'étais venu trouver.
Ça n'aura échappé à personne, Rivages prend en effet à contre-courant la fantasy à grande échelle qu'on est habitués de voir depuis la popularisation du genre. À l'image de Pierre-de-Vie, de Chroniques des rivages de l'Ouest ou même du réalisme magique dans son ensemble, il ne s'agit plus ici de relater la destinée d'un royaume, d'un monde ou même d'un multivers, mais bien d'un seul individu ou d'un village dans un cadre rural et où les rares affrontements ne se feront pas en batailles rangées mais plutôt entre bagarreurs solitaires. Les légendes prennent une autre dimension, n'étant plus les gestes mythiques anciennes écrasant les mémoires ou que les héros forgeront eux-même, mais les contes de terroir qu'on se raconte dans les chaumières, une magie à petite échelle aidant dans les tâches du quotidien, ne permettant pas de sorts puissants capables de changer la face du monde ; une manière en quelque sorte de remédier à une magie quotidienne juste vaguement évoquée et ne prenant pas en compte son impact dans son univers comme ç'avait pu être le cas pour Les Seigneurs du Bohen. Mais là où les ouvrages précédemment cités pourraient être regroupés sous une appellation telle que rural fantasy, pastoral fantasy ou encore fantasy rurale, Rivages s'en dissocie, d'une part parce qu'il s'intéresse moins à la campagne qu'à la forêt et se concentre sur la promenade, l'errance, des quêtes et des expéditions sans importance et un personnage qui n'intégrera jamais pleinement une communauté, quelle qu'elle soit : l'oeuvre ne suit plus un personnage sédentaire et/ou appartenant à un groupe ethnique défini, mais un baroudeur, un vagabond… un Voyageur.
Et en l'occurrence, ce concept de personnage errant dans un univers fictif dont nous ne possédons qu'une partie des clés, de son histoire et de sa géographie, car nous nous concentrons sur son point de vue et non pas, par exemple, celui global de la fantasy politique, m'intéresse du fait non seulement de l'alternative aux enjeux cosmiques de la fantasy habituelle, mais aussi de par sa mobilité, permettant d'errer d'un micro-pan de l'univers à un autre plutôt que s'en remettre à un seul comme la fantasy campagnarde normale ; on rejoint ainsi le concept de wander fantasy que j'avais développé dans cet article.
L'idée va désormais être quelles sont les interactions entre les éléments surnaturels et le vagabond : comment s'en sert-il (ou les fuit-il) à son échelle, quels sortilèges lui seraient utiles, quelles créatures pourrait-il rencontrer dans les milieux où il est le seul à s'aventurer. S'il n'y a pas réellement de magicbuilding, on retrouve quelques ébauches d'idées excellentes, qu'il s'agisse d'arbres créant des raccourcis dans l'espace-temps, ou des types de bois qui selon leur espèce favoriserait ou non la conduction de certaines énergies. Et se centrer ainsi sur l'errance en forêt excuse aussi en partie le style au vocabulaire se complaisant parfois dans son érudition : le fait de s'intéresser avant tout à un milieu forestier implique un jargon exigeant afin d'en saisir les différentes nuances (qu'il s'agisse d'une trace d'animal, de l'épaisseur d'un sentier, d'une espèce végétale… bon, après, il faudra m'expliquer pourquoi « matutinal » à la place de « matinal ») ; le tout parvient à rester franchement accessible.
Rivages est donc un livre pourvu d'un certain charme, presque un poème plutôt qu'un roman, mais au-delà de ça peut-être aussi le pionnier d'un nouveau style de littérature. D'où l'intérêt de s'y pencher, pour son appel à la nature comme sa relative singularité, et du fait également que quand même c'est pour votre culture…
Lien : https://cestpourmaculture.wo..
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Thèmes : fantasy , sfff , heroic fantasyCréer un quiz sur ce livre

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