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Je pensais ne pas l'avoir lu car je ne me souvenais pas du tout de ce que ce livre pouvait raconter, mais finalement, à la pensée de la lettre à Hélène, le flash est revenu instantanément. J'avais éprouvé exactement le même déchirement en imaginant une femme fracassée par la perte de son amour lire une telle lettre hors de propos au milieu du chaos. Cette lettre m'avait brisé le coeur à sa place. Et ce fut toujours le cas pour cette relecture. Spécialiste de la pensée fuyante qui part d'un point A pour atterrir en T deux minutes plus tard en étant passée par W, B, H, R, K et E parfois sans aucun rapport logique, je me suis totalement retrouvée dans la mécanique de pensée de cet homme sur le point de mourir, déjà détaché du monde des vivants mais encore assez là pour percevoir des mots, des sons, des odeurs avant de s'éteindre définitivement. Et puis, j'ai lu ce livre avec un autre regard qu'au lycée. Aujourd'hui mariée à un homme qui a perdu son papa dans un accident ressemblant à celui du livre (une camionnette qui grille un stop, des témoins qui racontent que c'est l'autre qui allait trop vite alors que c'est bien la victime qui était en règle...), je n'ai pas pu m'empêcher d'y penser, de me demander s'il avait lui aussi eu le temps de se rendre compte qu'il allait mourir sans revoir sa femme et ses enfants, même si on leur a dit qu'il était mort sur le coup et n'avait pas eu le temps de souffrir. J'ai eu l'impression de vivre les derniers instants d'un beau père que je n'ai jamais connu et qui fait parti de notre vie, de celle de mes enfants, uniquement en pensée, en souvenir et en photo. Ce petit livre court que je pensais anodin et vite avalé m'a finalement bien plus marqué que je ne l'avais prévu.
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Dix longues secondes...

Entre le début du virage du lieu-dit de la Providence et le champ où la vieille MG finit sa course, il ne s'est pas écoulé plus de dix secondes. Dix longues secondes de presque cent pages, pendant lesquelles Pierre a largement le temps de penser à ce qui lui arrive.

Le temps de se voir mourir...

"Lorsque j'ai vu la bétaillère arrêtée au milieu du virage, je n'ai pensé qu'au problème posé: soit un véhicule roulant à X km/h... à la rencontre d'un obstacle placé à X mètres. Calculez le temps T, etc. Je gaspillais ainsi les secondes pendant lesquelles je pouvais regarder les choses en sachant que c'était pour la dernière fois."

Le temps de penser à des choses futiles...

"Qui saura fermer la porte-fenêtre du jardin dont les paumelles insuffisantes font travailler les gonds à faux? Si l'on pousse sottement le panneau sans accompagner le mouvement d'une légère traction vers l'intérieur, les ferrures augmenteront leur jeu et l'ensemble se désarticulera en moins d'un mois."

Le temps des regrets...

"Si je m'étais tué, Hélène aurait trouvé dans ma poche cette lettre ridicule. C'est une sottise sans nom de ne pas l'avoir détruite puisqu'elle ne représente plus la réalité de mes sentiments présents, mais un mouvement sans profondeur, une humeur plutôt que j'exprimais de façon cruelle. On devrait brûler toutes les lettres de ce genre. Elles mentent toutes par anachronisme."

Le temps de penser à l'essentiel...

"A deux ou trois secondes près, je passais, je n'aurais même jamais imaginé que je frôlais une catastrophe. Je roulerais tranquillement vers Rennes. Mon costume et la MG seraient intacts. J'aurais mangé du faisan chez Mortreux. Ces trois secondes, je les ai perdues quelque part." "[...] une idée volette, bourdonne comme une mouche verte, se pose, je la chasse, elle revient, s'entête, hideuse, et je ne peux l'écraser. Une idée et une image: je suis dans ma voiture, quai Voltaire, je vais partir pour Rennes, le moteur tourne, je viens de passer ma première, je commence à manoeuvrer pour déboîter, Hélène est debout sur le trottoir, elle me dit quelque chose, je baisse ma glace pour entendre, elle dit:
- Sois prudent, ne roule pas trop vite...
Je souris, je démarre, je viens de perdre quelques secondes. A deux cent cinquante kilomètres de moi le marchand de cochons se tape un verre de calva. Je viens de perdre."

Un livre vraiment poignant, entre espoir et désespoir, futilité et priorités, fatalité et humour.

Bref, les choses de la vie...
Lien : http://www.critiqueslibres.c..
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Une histoite somme toute assez banale. Toutefois, la narration relayée entre un narrateur absent et celle du principal protagoniste donne une autre dimension à ce drame. À lire, surtout pour la forme.
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Ce court récit sur Les choses de la vie nous amène à réfléchir sur le sens de la vie dans les moments heureux comme dans les pires, parce qu'il suffit d'un bref instant pour que la vie bascule dans l'horreur. Et c'est justement ce qui arrive à Pierre, architecte d'une quarantaine d'années, roulant à vive allure sur une route de campagne en Bretagne. Au lieu dit " la providence "(quelle ironie) aux deux tiers du virage, une camionnette de type bétaillère immobilise son chargement de porcs. L'accident inévitable se produit. Éjecté de son véhicule, il voit sa vie défiler comme une rétrospective de son passé et les souvenirs lui parviennent par bribes. Sa femme Catherine dont il est séparé et sa relation difficile avec Hélène qu'il allait quitter dont une lettre de rupture se trouve dans la poche de son costume.
Les choses de la vie de Paul Guimard superbement décrite, nous plonge dans une histoire poignante sur les derniers instants d'un homme avant de passer de vie à trépas.
Une lecture tragique et terriblement poignante.
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▶️ Pierre Delhomeau, ténor du barreau de Paris, est en route pour rennes où il doit plaider : au volant de sa MG lancée à 140 à l'heure, il laisse son esprit vagabonder, pense à mille choses, à de vieux souvenirs d'enfance, à Hélène, sa maîtresse, et à la lettre de rupture écrite quelque mois plus tôt, qu'il ne lui a pas donné et qu'il a décidé de déchirer...
▶️ Engagé dans un virage, il ne voit qu'au dernier moment la bétaillère sur sa droite qui lui coupe la priorité, et le poids lourd qui arrive en face...
▶️ Dix secondes se sont écoulées entre le moment où la MG aborde le virage et celui où il a traversé le pare-brise pour atterrir, brisé, dans l'herbe...
▶️ A deux secondes près, tout aurait pu être évité...
▶️ Couché dans l'herbe, dans un long monologue intérieur "d'outre-vie" et alors qu'il entend tout ce qui se passe autour de lui sans pouvoir parler ni ouvrir les yeux, la police, l'ambulance puis l'arrivée à l'hôpital, il fait défiler sa vie, ses réussites et ses échecs, ce qui lui reste à accomplir, ce que l'on retiendra de lui - il pense à son fils et à Hélène...
▶️ La description de l'accident sur 15 pages est hallucinante de réalisme et de précision - le temps est à la fois diffracté par l'enchaînement des faits qui conduisent à l'accident et contenu tout entier dans ces dix petites secondes...
▶️ Un roman sur le temps qui passe, qui file, qui nous échappe ; La force du récit tient dans la distorsion entre le temps de l'accident, qui s'est joué à deux secondes : quand Pierre a-t-il perdu ses deux secondes..
▶️Un roman sur le temps mais aussi sur la mort, sur ce qu'on laisse derrière soi et que les autres retiendront, pas grand chose, sinon rien...
▶️ Et puis, l'écriture incroyable de Paul Guimard, maîtrisée, précise et profonde - on voudra savoir écrire comme ça - Très belle préface d'Erik Orsena
▶️Si vous avez aimé le film de Sautet avec Romy Schneider et Piccoli, lisez «les choses de la vie » - si vous n'avez pas vu le film, lisez le aussi! - un beau roman grave , d'une grande force - poignant!..
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Je viens de finir « Les choses de la vie » et j'en suis encore sous le choc. Très fort ce bouquin ! Une écriture élégante, toute en maîtrise et en retenue. Chaque phrase compte, vous remue. Magistral.

Du coup, un air plein de nostalgie m'emplit les poumons et j'ai envie de m'envoyer tous les Claude Sautet des années 70, revoir Piccoli et Romy Schneider griller des Gitanes dans des bagnoles mal finies en évoquant des amours compliquées, revoir ces quadras des Trente Glorieuses finissantes, bien installés dans la vie, tout à l'écoute de leur passion pour l'autre et de son degré d'intensité .

Un livre à la hauteur du film et vice-versa.
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Un livre qui m'a amené à une véritable réflexion sur l'approche positive de la vie et sur l'arrêt sec et brutal lorsque la mort passe par là...

Une philosophie de vie qui m'incite depuis à se dire qu'il vaut mieux profiter de la vie et que celle-ci est trop courte pour s'embêter...
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"Les choses de la vie" est un livre terriblement touchant, jusqu'à la dernière ligne.

Pierre, le narrateur, est un avocat qui se remémore le moments marquants de son passé alors qu'il se rend à un déjeuner en voiture. Et là, on a tous en tête le visage de Michel Piccoli dans le rôle de Pierre tant l'adaptation du livre par Claude Sautet a été célèbre au cinéma dans les années 70.

La plume de Paul Guimard est fluide et délicate pour évoquer les choses de la vie : le regard d'un homme sur sa vie, ses choix, les erreurs qu'il a faites, les regrets qui en découlent et qui le conduisent à vouloir changer les choses.
Pierre convoque ainsi ses moments heureux, ceux où il a pris conscience que sa vie était en train de basculer, et ceux qui l' ont marqués.
C'est plus largement une réflexion sur le temps qui passe, et ce qu'on laisse après nous, la prise de conscience que tout ce qui nous entoure va continuer d'exister sans nous.
D'ailleurs, à quoi mesure t on son juste poids sur terre? Au vide que laissera notre absence?

Un livre dramatique et puissant à découvrir pour entendre la voix de Paul Guimard souvent resté dans l'ombre du film.
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Un court récit en deux parties qui pourraient ressembler à deux longs monologues puisque le narrateur raconte ce qu'il vit et ressent, à l'approche de son accident de la route, pendant cet accident et dans les quelques heures qui suivent. J'ai particulièrement aimé l'écriture du point de vue de ce narrateur accidenté qui nous retranscrit tout ce qui se passe autour de lui alors qu'il est dans un état second. Il se crée ainsi un décalage entre son état et le monde qui l'entoure. On le voit prendre peu à peu conscience de la gravité de son état et le roman prend alors une autre tournure: il ne s'agit plus de raconter ce qui se passe dans les moindres détails mais de se laisser aller à des considérations plus profondes sur la vie et le passage vers la mort.
Ce roman recouvre à peine quelques heures de la fin de vie inattendue d'un homme qui sont retranscrites par une très belle plume.
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Un petit livre extraordinaire, humble et pourtant magnifique, que j'ai adoré. Je devrais le lire encore dix fois pour pouvoir l'apprécier vraiment sans le dévorer et pourtant je ne peux m'en empêcher. Il me bouleverse toujours alors que je connais la fin par coeur. Je ne peux que vous recommander cette très belle lecture, sensible, originale et remarquablement bien écrite.
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