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On est en 1943, en zone occupée, à Nantes.
Antoine Desvrières, résistant sait que s'il ne tue pas ce soir à 23h00 le lieutenant allemand Werner, son réseau sera démantelé avec toutes le conséquences que l'on peut imaginer. Antoine est donc embusqué sous une porte cochère, l'arme à la main, sur le trajet de Werner. Encore faut-il que tout se passe comme prévu. Tout dépend du Feldgendarme Eideman et du démarreur de sa traction avant…
Je suis entré dans l'univers de Paul Guimard avec ce petit livre après avoir vu le film d'Edouard Molinaro, en 1974.
Il s'agit bien là d'une pièce maîtresse de l'oeuvre. Paul Guimard continue en effet à creuser le sillon qui constituera son thème favori : un détail est changé et le cours des choses peut en être grandement modifié. A ceci près qu'ici, il ne fait pas le choix et nous propose différentes variantes selon que démarrera – ou pas – l'auto du Feldgendarme Eidemann ; à la manière d'un mathématicien qui étudie les différentes solutions d'une équation dont l'unique inconnue serait : démarrera, démarrera pas…
« L'ironie du sort » est quelque chose comme une U-chronie du présent, comme une illustration de l'expression populaire : petites causes, grands effets… Superbe
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J'avais lu ce livre adolescente et il m'avait laissé une marque profonde. C'est pourquoi, depuis plusieurs années déjà, je tenais absolument à le relire car je voulais comprendre pourquoi il avait eu tant d'impact sur moi. Voilà qui est chose faite et je ne suis pas déçue. le temps ayant fait son oeuvre, j'ai été moins impressionnée par les bouleversements de « la Providence » mais je reste admirative de la forme, de la clairvoyance de l'auteur (voisin ignoré de mon village de naissance...) et de la simplicité avec laquelle il nous laisse entrevoir que nous ne sommes maîtres de rien et que nos vies ne sont accrochées qu'aux battements d'ailes de papillons invisibles à nos yeux. Pour moi, après tant d'années, cela reste un roman formidable.
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J'ai trouvé ce livre par hasard, en fouillant dans la bibliothèque de la maison de famille par une après-midi normande pluvieuse. Autant dire que je n'avais aucun a priori, d'autant que je ne connaissais pas cet auteur.
J'ai adoré. Je me suis laissée prendre au jeu, rondement mené, de l'ironie du sort ; ou comment, un acte de résistance, réussi ou échoué, change la vie de toute une foule de personnage. Un roman très agréable à lire malgré la figure de style utilisée : réécrire l'histoire selon que l'officier allemand s'en sort mort, ou vif. A découvrir !
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Lu en seconde, je me demandais si mon souvenir d'un bon livre était justifié ou influencé par l'admiration que je vouais à ma prof de français cette année-là.

Tout d'abord, j'ai trouvé le style riche et très soigné, tout en restant agréable et fluide. Première bonne impression.

« La soeur d'Albert avait été sa « bonne amie » à l'époque où Antoine, apprenti de soi-même, découvrait les exigences du corps à travers des contacts furtifs et de maladroites manipulations. Plus âgée que lui, moins timide surtout, comme sont les campagnardes, Janine avait été sa complice dans cette exploration d'un pays plein de hontes et de bouleversements. Leurs deux ignorances conjuguées procédaient par étapes incertaines. Dans le foin sec des granges, dans les creux moussus des écarts, ils avaient appris ensemble les premiers gestes de ce qu'il faut bien appeler l'amour puisque le désir n'appartient pas au vocabulaire de l'adolescent. »


L'histoire est intéressante et habilement déroulée : une première partie nous expose l'intrigue « de base ». Dans les parties suivantes, à partir d'un détail qui change, disons au milieu de l'histoire, la suite est déroulée de manière différente et cela à plusieurs reprises, tout le début, qui est identique, n'étant pas repris.
Antoine commet un acte de résistance pendant la seconde guerre mondiale. du démarrage d'une voiture dépendra le bon déroulement de celui-ci. Et du déroulement de celui-ci dépendra le reste de la vie d'Antoine et, par ricochet, d'autres personnes.

Ce livre nous porte à réfléchir à la notion de hasard, en opposition à celle de destin. Il nous rappelle que les choix que nous faisons ne sont pas suffisants à déterminer nos vies.
De cela découle des remarques sur la personnalité, qui fluctue en fonction de l'entourage, des circonstances, tout en restant la même.

« On se fait mal à l'idée qu'un même individu soit différent selon les interlocuteurs sans cesser d'être fidèle à lui-même. Les relations humaines se trouveraient simplifiées si l'on tenait pour évident qu'un homme pût préférer les abricots chez son père, les fraises chez son camarades et les cerises chez sa femme sans être incohérent pour autant. Cette élémentaire vérité n'étant généralement pas admise, on trébuche sur les contradictions aussitôt qu'on aborde des domaines plus souterrains que celui des prédilections fruitières. »


Enchantée par cette relecture, elle confirme la chance que j'ai eu d'avoir cette prof-là (pour ceux qui me suivent, elle nous a fait lire aussi Gary et Ajar lors de cette année).





Finalement en contrepied de ce qui est développé dans le livre, mais pour rigoler un peu, le petit air, hein…
« Eh les keufs eh les meufs dans le RER
La banlieue c'est pas rose la banlieue c'est morose
Alors prends-toi en main c'est ton destin c'est ton destin
Prends, prends, prends toi en main c'est ton destin
[…] »

Extrait de « C'est ton destin », Les Inconnus :
https://www.youtube.com/watch?v=¤££¤24D Antoine 20¤££¤8

Lien : https://chargedame.wordpress..
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Ce livre est quantique! le monde quantique est un monde multiple fait de la superposition de réalités classiques différentes. Ces réalités évoluent quasiment indépendamment les unes des autres. Max Born suggérait que la nature faisait un choix aléatoire entre plusieurs possibilités.
Dans cet ouvrage, à partir d'un événement se déroulant à Nantes lors de la seconde guerre mondiale, Paul Guimard imagine les réalités qui pourraient en découler.
L'écriture de Paul Guimard est agréable, très belle, avec quelques traits d'humour et son livre date de 1961. Un bon moment de lecture.
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Mes premières notes de lecture décrivent des sujets ou des thèmes classiques sur le style employé, l'histoire racontée.... parce que j'étais persuadé d'entrer dans un processus narratif classique.
Au bout de cent pages, j'ai eu envie de toutes les jeter, car on n'est pas du tout dans le roman traditionnel.
L'auteur utilisant de nombreux retours en arrière (Oserais-je "Feed-back" ?) a travaillé le style, le support et le message qu'il veut transmettre.
Avec une certaine dose d'humour - jamais trop appuyé - on trouvera une réflexion sur les sentiments, l'amitié, la providence et l'idée du grain de sable qui change le cours de l'histoire, de la vie des personnes.
On remarquera également cette réflexion sur ce qui est sûr à un certain moment et qui prend nettement moins d'importance quelques années après, quand des milliers d'événements plus ou moins futiles ont modifié la vie de chacun.
Un livre qui sans l'annoncer, est bien plus philosophique qu'il n'y paraît.
J'ai vraiment beaucoup aimé.
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Ce bouquin m'attend depuis de nombreuses années sur mes rayons de bibliothèque. Comment y est t'il venu ? Je ne sais plus. Et pourtant il existe une raison à sa présence patiente et confiante, non ? Réponse: il attendait son bon moment, tout simplement. Mes lectures habituelles ne me portent pas vers ce genre de récit. Je ne connaissais ni l'auteur ni le titre. Personne ne me les avait conseillés. La quatrième de couverture ne m'a pas tentée, n'éveillant aucun intérêt à mes yeux. L'illustration de 1ère page m'était neutre, sans écho notable, elle ne m'a pas racolé.

Je n'aurais logiquement jamais du lire ce roman. Et pourtant, je viens d'en franchir le mot "fin" en y ayant récolté beaucoup de plaisir. Merci à l'auteur. Merci à l'idée simple qui l'a mis en marche.
Alors pourquoi en avoir commencé et fini la lecture ?

Il a suffi d'un hasard, d'une "ironie du sort" comme l'affiche le titre du roman.

Je cherchais un livre court dans l'attente postale, impatiente et espérée à court terme, d'un ouvrage plus conséquent. Un roman d'attente en somme, simplement là pour occuper le peu de temps nécessaire, meubler l'impatience. En ce sens, "L'ironie du sort", peu épais (156 pages seulement), devait naturellement attirer mon regard, faire l'affaire et m'imposer de le choisir.

Ainsi fut fait, ainsi fut lu.

Et le lecteur que je suis, tout surpris du hasard qui a mené l'affaire, débarque pile poil dans une thématique centrale qui ressemble tant aux circonstances énoncées plus haut. Son axe principal est un questionnement: "Et si dans la vie d'un homme un acte anodin accompli ou non déclenchait des avenirs possibles diamétralement opposés..?".

Ce qui est applicable aux êtres l'est aussi aux choses: des services postaux peu pressés, un dimanche sans facteur, ont conduit ce roman à accomplir son destin d'être enfin lu. Un de ses congénères attendu et enfin reçu samedi dernier en boite aux lettres, tout frais dans son habit neuf, aurait changé la donne pour un bouquin d'occasion jauni sur tranche qui serait resté abandonné.

1943. Nantes. 23 heures. Dans l'obscurité relative d'une porte cochère attend Antoine Desvrières. C'est un jeune maquisard déterminé. Il a une jeune maîtresse qu'il ignore enceinte de ses oeuvres, des amis résistants au courant de ses activités de l'ombre, une famille qui sera menacée si on l'arrête. Des espoirs d'avenir brillant l'animent, un futur en marche normalement l'attend, si ce n'est que la guerre est là et qu'il a choisi son camp. Son avenir est devenu incertain.

Colt en main et chargé, prêt au sacrifice patriotique, il attend sa cible.

Werner de Rompsay est un officier du contre-espionnage allemand. Il vient de mettre un terme à un rapport d'enquête concernant un réseau maquisard. de sa révélation aux autorités militaires va dépendre la vie de français ralliés à la Cause.

Dossier sous le bras, à pied, traversant une place, il ne sait pas qu'un colt l'attend sous une porte cochère.

Non loin, Helmut Eideman, un banal soldat allemand, chauffeur de traction avant d'un officier de la Wehrmacht, se heurte au problème récurrent de l'automobile qu'il conduit: le démarreur a des caprices.

Du simple fait que le contact électrique se fasse ou pas, que le véhicule démarre ou non, va dépendre l'issue du duel qui se prépare. Et au-delà de la survie et de la mort des uns et/ou des autres, du devenir du dossier accusateur, se jouent tous les futurs possibles de celles et ceux qui, de près ou de loin, ne savent pas et ne sauront jamais qu'une part d'eux-mêmes se joue dans l'instant.

A partir de ce postulat de départ Paul Guimard nous décrit successivement avec brio et maîtrise de la langue trois scénarios possibles. Ils démontrent qu'à partir d'un noeud de circonstances dénoué de telle ou telle manière, d'un événement somme toute anodin de WW2, peuvent découler des avenirs vraiment dissemblables. le propos de l'auteur n'est pas de montrer la Grande Histoire du Monde changée, mais la Petite métamorphosée dans un sens ou un autre, la Vie Simple changée de celles et ceux au contact proche du drame.

Alors, bien entendu, de ce qui précède, en gourmand SF que je suis, j'ai pensé tout de suite au triptyque des sous-genres: uchronie/temps malléable/univers parallèles. Il y a de çà d'évidence dans ces manipulations des possibles, dans ces extrapolations temporelles issues d'un tronc commun. On pourrait classer dans l'un d'entre eux ce bref roman/fix-up/recueil de nouvelles (?) si ce n'est qu'il apparaît vite que l'objectif de l'auteur était ailleurs en y incluant beaucoup de philosophie didactique, les situations humaines y étant disséquées dans un souci explicatif de l'homme, de sa nature, des causes et des conséquences de ses actes. Et en ce sens c'est une réussite.

Ce livre me rappelle "Mon oncle d'Amérique", un film d'Alain Reisnais, 1980, qui au sein d'un intrigue familiale classique fait intervenir un scientifique expliquant en voix off les comportements humains en action. Rayon cinéma il est à noter qu'une adaptation de "L'ironie du sort" vit le jour en 1974. Je ne l'ai jamais vu, mais suis curieux de la manière dont le réalisateur s'est sorti du piège des univers parallèles.

Maintenant, roman bouclé, chronique close, je me penche à nouveau sur le concours de circonstances, sur l'ironie du sort qui me l'a fait lire et critiquer et me dis que de cette chaîne d'événements improbables naîtront peut-être d'autres lecteurs qui tout comme moi y trouveront fruits du hasard, plaisir et didactisme.

Lien : https://laconvergenceparalle..
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Un roman intéressant, puisqu'il étudie le champs des possibles à partir d'un fait qui se produira ou ne se produira pas.
Une réflexion sur le hasard, l'impondérable toujours présent dans les actions les mieux préparées...et sur les changements énormes qui affectent l'avenir des personnages de la comédie.
Une vertigineuse exploration du "faillible" et du "jeux de dés" du destin.
Alain Resnais avait suivi quelque-peu la voie de l'Ironie du sort, avec son double film SMOKING/NO SMOKING.
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Nantes, 1943 : Antoine Desvrières, le doigt sur la gâchette, s'apprête à abattre le lieutenant Werber qui est sur la piste de son réseau de résistance. À l'heure où le lieutenant quitte à pied son bureau, le feldgendarme Eidemann se met au volant de sa traction avant pour la patrouille. La voiture démarrera-t-elle tout de suite ou pas ?
Balayant la notion de destin et suggérant que Dieu joue aux billes avec son petit monde, Paul Guimard explore deux trajectoires dépendant des caprices d'un démarreur. Un petit rien est modifié et tout change, par une cascade de conséquences : le prénom d'un enfant, un nom sur un monument aux morts, le sort d'une vieille femme traversant la rue dix-sept ans plus tard…
Je recommande vivement ce court roman aux résonances philosophiques, brillamment construit, au style élégant et précis, typiquement le genre d'ouvrage qui pose question et donne le vertige.
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Paul GUIMARD traite ici avec une certaine réussite l'enchaînement des évènements liés à l'incertitude d'une situation. Antoine DESVRIERES doit abattre un officier allemand pour sauver tout son réseau de résistants. Tout dépend de la précision de ce qui va se passer, de la ponctualité des uns et des autres, de la chance ou de la malchance du chauffeur de l'officier, et de tant d'autres aleas encore. Il explore les diverses possibilités dont le sort peut décider et montre à quel point la vie ne tient parfois qu'à un ou plusieurs fils.
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