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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Diadorim est le livre du sertão, region semi-aride du nordeste brésilien, contrée inhospitalière sinon proprement hostile à l'homme disgracié, fourvoyé en cette terre dépeuplée et quasiment inculte, trouvant sa subsistance dans l'élevage de larges troupeaux de bovidés. Le roman prend la forme unique d'une narration hallucinée d'un personnage, Riobaldo, ayant vécu la vie aventureuse des jagunços, hommes de main, guérilleros, au service de riches propriétaires terriens, les fazendeiros, ou à la solde d'hommes de guerre ou de politiciens, voire de francs hors-la-loi. le récit est d'une seule traite, monolithique, titanesque. La langue se fait tour à tour poétique, vulgaire, riche en néologisme; l'expression du narrateur est parfois difficultueuse presque incorrecte. L'action se déroule en marches et contremarches, cavalcades endiablées, coups de main meurtriers, pillages, crimes; parfois le temps est suspendu en de larges descriptions de la nature particulière du terrain traversé, de sa faune et de sa flore; et toujours rôde la présence inquiétante, pour ces croyants valeureux et superstitieux, du malin, du tentateur. Parallèlement à cette arrière fond d'action et d'exaction, se développe l'histoire de l'attraction ambiguë et énigmatique du narrateur pour son compagnon de route, Diadorim. Cet opus est considéré comme le chef-d'oeuvre incontesté des lettres brésiliennes du XXème siècle; le texte riche, foisonnant, parfois aride, souvent obscur, est de ceux qui ne livre pas toutes ses clés et son suc à la première lecture, même des plus attentives. Lu comme un simple roman d'aventure, il risque de lasser par son ampleur et la relative monotonie de l'action. L'emploi audacieux et novateur de la langue, l'interrogation existentielle de la destinée de l'homme, la dimension initiatique, philosophique, allégorique du texte, sont d'autres pistes à étudier pour comprendre et saisir la richesse d'un texte qui fit date. Un livre qui ne se laisse néanmoins et définitivement pas aisément lire.
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C'est en lisant la présentation ici-même de Diadorim que ma réflexion s'est approfondie en ce qui concerne ce que Babelio identifie comme la littérature SUD-américaine. Pour un européen, je suppose que la différence importe peu mais il y a trois amériques: amérique centrale, amérique du nord et amérique du sud. Des auteurs comme Alejo Carpentier ou Carlos Fuentes n'appartiennent ni à l'amérique du sud ni à l'amérique du nord. Peut-être faudrait-il modifier l'appellation: non pas littérature sud-américaine, ce qui exclut Fuentes et Carpentier, mais littérature latino-américaine.
Revenons à Diadorim et son résumé: «En Amérique du Sud, João Guimarães Rosa (1908-1967) est, avec Jorge Luis Borges, le géant continental du siècle.» Oui, en effet, si l'on exclut Fuentes et Carpentier, si Chamoiseau, Alexis, Depestre, ou le très grand, le titan Aimé Césaire sont exclus.
Avec Diadorim, Rosa est l'auteur d'un seul et unique roman, ce qui fait de lui un géant...
Et Borges, un faiseur de petites oeuvres, très conceptuelles et formalistes, cérébrales et apolitiques. En somme, de petits géants, ou des grands nains, ou des géants à genoux, ou...
(Quand on sait les dizaines de révolutions, les centaines de coups d'état, la multiplicité des dictatures et des régimes coloniaux (encore aujourd'hui, les dictatures molles d'Ivan Duque, les coups d'état parlementaires contre Pedro Castillo et Manuel Zelaya, le retour du refoulé avec Jeanine Áñez, entre fascisme et racisme exterminateur), il est très très très étrange de voir à l'oeuvre un écrivain reconnu comme Borges qui se tient à l'écart des tensions et des revers de son époque.)
Bref, c'est sans doute une image fantasmée pour lecteur blasé que celle de l'amérique du sud, une amérique de perroquets et d'exotisme, une amérique du baroque et de la surcharge, alors qu'il s'agit bien plutôt d'une terre d'injustice imbibée de sang, peuplée de millions de fantômes d'Indios et de millions d'africains, tous voués à un esclavage total.
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