Le monde est mort, mais survit une riche famille sur son île qui a su s'échapper et s'isoler à temps. Voilà le pitch en une phrase. Sauf que c'est plus compliqué que ça... Premier livre sélectionné lu pour le Prix du roman des étudiants, et très bonne découverte qui a su complètement me happer et me questionner.
On rencontre tout d'abord la famille au grand complet. Sauf que dans cette famille, chacun possède sa face sombre et j'ai beaucoup apprécié le fait que l'auteur nous les fasse découvrir à sous leurs mauvais jours. le père Fred, l'autoritaire, le père de famille alpha avec ce fond de violence résidant en lui ; la déchéance de la mère, Hélène, qui se plonge dans les médicaments ; le fils Alexandre qui continue à vivre dans le passé à travers des baies et de l'alcool et enfin Jeanne qui a l'impression qu'on lui a volé sa jeunesse et se plonge dans les séries américaines pour la vivre en substitution. On découvre donc tout ces personnages, tous noirs, tous loin les uns des autres, tous égoïstes.
Et puis au fur et à mesure du roman, on découvre ce qui s'est passé avant. Que s'est-il passé avec Ida et Marco, leurs "employés" sur l'île ? Que s'est-il passé pour que le monde tombe en ruine ? Plein de questions se posent, et nous avons la constante envie de tourner les pages afin de comprendre ce qui s'est passé. Et nous ne sommes pas déçus ! Les réponses apportées permettent de révéler davantage les personnages et de se plonger plus profondément dans leurs psychologies.
L'auteur par ailleurs avait cette volonté de condamner la vie des riches, leurs manières de faire, de penser. C'est caractérisé notamment par le détail que l'auteur apporte dans l'explication des mesures de survie sur l'île : le nombre de plats, de divertissements, de technologies créent, achetés, téléchargés.
Gunzig nous présente un travail anatomique, particulièrement intéressant et précis. Mais surtout, cette critique est retranscrite à travers la personnalité et la psychologie matérialiste et autoritaire des personnages qui font d'eux des "élus", des figures de suprématie à leurs yeux, un sentiment de fierté devant le fait d'être les seuls à avoir survécu grâce à leurs richesses et de continuer à vivre dans le luxe malgré le monde décadent et ensanglanté (tout du moins au début ...).
J'ai beaucoup aimé la fin, que j'ai trouvé en accord avec le récit, j'ai trouvé que c'était une bonne morale et une belle continuité sur la condamnation de la sur-richesse apportés au sein du roman.