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sur 168 notes
« Il savait que si tout le monde faisait comme lui, le monde s'effondrerait encore plus rapidement, le changement climatique serait encore plus brutal... mais tout le monde ne faisait pas comme lui. Tout le monde n'était pas aussi riche qu'il l'était, alors il pouvait s'en foutre, l'argent lui donnait aussi ce droit-là, le plus merveilleux, le plus absolu de tous les droits : s'en foutre. »

Fred en a d'ailleurs tellement rien à foutre, qu'il a comme beaucoup de riches, prévus la roue de secours en cas d'effondrement. Cette roue de secours c'est Safety for life, une agence spécialisée pour créer des sanctuaires sécurisés en cas d'apocalypse.
***
Certains dans notre réalité, vise Mars ( mais je me souviendrais de L'Obscur de Philippe Testa où un champignon détruit les récoltes, incitant les riches à se bouffer les uns les autres car les ressources de base ne sont que sur une seule et unique planète : la nôtre), d'autres préparent des Bunkers (et là je me demande quel est l'intérêt de s'enterrer vivant ? Mais comme je ne suis pas riche, je ne peux pas comprendre le concept de s'enterrer dans un bunker alors qu'il suffirait de dépenser ses milliards à sauver la planète) et puis y a Fred, qui a choisit une île.
***
"Les riches qui règnent sur une société en voie d'effondrement s'achètent seulement le privilège d'être les derniers à mourir de faim." Jared Diamond
Mais Fred doit connaître cette citation de Jared Diamond, car il a très largement pensé à la nourriture. Sa roue de secours est en béton armé. Il ne peut pas manquer de nourritures. Il ne peut pas manquer d'énergie avec un système hydraulique, éolien, solaire et même un générateur. Il ne peut pas manquer de loisirs avec plus de 50 téraoctets de films, musique et ebook. Il ne peut pas manquer de médicaments. Il ne peut pas manquer de vêtements. Il a tout prévu… Il a même embauché deux domestiques ( et là je me marre car en tant que prolétaire de père en fille, je vois venir le truc…)
Mais enfin, pourquoi les domestiques s'évertueraient à donner du temps aux riches, si l'argent n'existe plus ?
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1/ Adieu classe social : Il n'y a pas de classe social pendant la fin du monde !! Les seuls dominants sont ceux qui savent manier les armes et se battre. Les seuls dominants sont ceux qui savent faire pousser des patates et traire une vache. Et comme l'évoquerait Murphy dans Znation : on n'a pas besoin de banquier, mais on a des chiottes, il faut quelqu'un pour récurer les chiottes. Et je me pose toujours cette question, lorsque les riches s'enfermeront dans leur tour, leur bunker ou leur île dorée pendant l'apocalypse, il n'y aura personne pour récurer leurs chiottes… Ils devront tout faire eux-mêmes. Au lieu d'investir pour sauver la planète, ils investissent pour se fabriquer une prison en cas de fin du monde. Je ne suis pas nantie, c'est un concept que je ne peux pas comprendre : mais que ce soit un vaisseau spatial, un bunker ou une île, c'est et ce ne sera finalement, qu'une prison. Une prison où ils boufferont des repas déshydratées et des barquettes surgelées pendant des décennies et qui leur feront regretter les Grands Chefs. Une prison qu'ils devront nettoyer. Et la rolex ne les sauvera pas, ni la belle chemise Gucci, ni le caviar ou la bouteille de vin ultra-chère. Ils seront dans une prison et c'est tout. L'apocalypse efface les employés et les employeurs, efface les comptes en banque, efface la hiérarchie, efface la rentabilité, le capital, la bourse, tout ça n'est plus rien que des mots du passé.
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2/ Adieu le faire-valoir : se lever le matin pour montrer sa réussite sociale, la qualité de ses crèmes anti-rides, ses beaux vêtements, ses beaux cheveux… « A quoi cela servait-il d'être beau et bien conservé quand personne n'était là pour le voir ? » Et tout ce qui était motivant pour se lever et donner un sens à l'existence de sa porche ou de sa rolex, devient ridicule. Cependant, Fred n'accepte pas cela. D'ailleurs, il pense encore que ses domestiques vont le voler, car il accorde trop d'importance au matériel. Il ne comprend pas que ce n'est plus important… Il est en colère que toute sa réussite sociale ne soit plus que poussière dans ce nouveau monde. Il ne réalise pas que ce sont les objets qui le possèdent et non l'inverse. Que sa belle prison de verre qu'il a pu s'offrir pour survivre à l'apocalypse n'est que l'illusion du monde d'avant.

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3/ Adieu oisiveté envié : Ce qui fait la beauté de l'existence, ce sont nos sens en éveille. Ce qui est plaisant à contempler, comme la nouveauté ( « si un Arc-en-ciel dure un quart-d 'heure, on ne le regarde plus », Goethe), la nature, les animaux, les arbres. Ce qui est beau à écouter comme le chant des oiseaux, le bruit des vagues, les grillons le soir… Les odeurs de lavande, de pluies, de nourritures… Etc… Est-ce que les riches, qui ont tellement l'habitude de voir de magnifiques paysages, font-ils encore attention ? Probablement non, sinon ils ne s'évertueraient pas à chasser les animaux pour le plaisir ou capitaliser sur les ressources… Est-ce que les riches observent le panorama avec des dollars dans les yeux ? Avec ses billets devant les yeux, ils ne peuvent plus bien le voir alors ils le détruisent ?…
Mais la beauté de l'existence, c'est également les rencontres, l'amour, l'amitié, la famille. Si vous fondez votre vie sur l'argent, l'apparence et vos possessions matérielles, que se passera-t-il lorsque vous serez sur une île déserte, avec pour compagnon votre épouse vénale et vos enfants qui n'ont jamais manqué de rien financièrement ? Vos enfants qui vont grandir sans ami, sans histoire romantique ?
L'ennui va les dévorer. Très vite, ils vont se liquéfier à travers le Xanax, l'alcool et les écrans numériques… Rien ne pourrait être pire que cet ennui ? C'est alors qu'une tempête solaire provoque une sorte de blackout numérique sur tout leur système (alors je n'y connais rien, mais en gros toutes les sauvegardes de films, musiques et ebook disparaissent), ne laissant qu'un seul film. le dernier film au monde que l'on peut encore regarder : Rocky de Sylvester Stallone. le seul et unique film pour le restant de leur existence.
«Il n'y aurait plus jamais d'albums en général. Plus personne ne ferait de musique. Ni de nouveaux films, ni de nouveaux romans, ni de nouvelles peintures. »
Alors la citation de Jared Diamond, nous allons la modifier un petit peu : les riches qui règnent sur une société en effondrement, ne s'offrent que le privilège d'être les derniers à regretter ce qu'ils n'ont pas voulu sauver lorsqu'ils le pouvaient…

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En réalité je m'égare avec mes points de vue sociaux. Car Fred, Helen, Alexandre et Jeanne se retrouvent sur cette île de fin du monde, à cause d'un virus. Ils ne sont pas responsables d'avoir détruit la planète. Et c'est peut-être cela qui les rend inaptes à se construire, car ils ne sont pas responsables. Ils subissent la perte de tout ce qui pour eux avait de la valeur. Au même niveau que le reste de l'humanité et ils n'ont que deux choix : continuer à vivre dans l'illusion du monde d'avant, ou réapprendre à vivre différemment. Ceci dit, je ne vois pas comment ils pourraient être heureux, surtout les enfants qui vont grandir sans personne d'autre qu'eux-mêmes. Riches ou pauvres, sur une île déserte, on est seul.

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Un très très grand merci à Babelio et les Editions Au Diable Vauvert de m'avoir sélectionnée pour cet excellent roman, lors de la masse critique Automne 2023.

Le plus jouissif dans cette lecture, c'est de les observer comprendre petit à petit ce que nous avons compris depuis longtemps. Très plaisant à lire toutes ses pages sarcastiques.
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Ils sont riches, ils sont privilégiés. Mais tout cela pourrait rapidement se conjuguer au passé, tant la catastrophe annoncée depuis des décennies est imminente. Alors ls s'organisent. Celui qui a fait fortune lorsque le feu couvait met sa famille à l'abri, à 600 km des côtes, il a même effacé toute trace de l'île sur Google.
Son épouse, ses deux adolescents et un couple d'employés se retrouvent en huis clos sur ce petit territoire où rien ne manque, aucun risque immédiat de disette ou d'ennui : les provisions abondent let les disques durs regorgent de tout ce ce que la culture effondrée a pu créer de divertissement.

Mais que deviennent les valeurs de l'humanité dans un tel isolement ? Quel est le sens de cette mise à l'abri ? Comment simuler une normalité que la catastrophe a balayée ? Que signifie tout simplement être riche dans un contexte où l'argent n'a plus court ?


Coup de coeur absolu pour ce roman post apocalyptique, qui m'a rappelé les huis clos qu'écrivit. Robert Merle dans les années 70. Huis clos qui finissaient toujours dans le sang.


Le pourquoi de l'effondrement est abordé dans un scénario crédible, mais là n'est pas le sujet. Il s'agit surtout d'interroger le sens de nos existences, en tant que prisonniers d'un système d'autodestruction, une obsolescence programmée. le paradigme est mort, il faut tout réinventer.


Véritable tourne-page, difficile à lâcher.

368 pages Au diable Vauvert 31 août 2023

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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* Retour aux sources *

Que voilà un sympathique roman post apocalyptique mâtiné d'île déserte.

Un immonde virus s'abat sur la terre. Un tiers variole, un tiers Ebola et un tiers de je ne sais plus quoi. La sale bestiole a une incubation longue et asymptomatique. Aucun remède ou vaccin pour aider les hommes, tous condamnés à y passer. (Là dessus on voit que la Covid et le confinement a donné des idées macabres à Thomas Gunzig).

Fred, c'est un super riche. Pas un ultrariche, non, mais dans la moyenne des super riches. Il s'est promis de protéger sa famille.

Dans les débuts de la pandémie, il s'achète une île privée pour y mettre sa famille. iI l'a choisit bien son île... pas trop chaude, pas trop froide, pas trop en vue des côtes. Bref, une île où personne ne va les déranger. Il engage un couple de domestiques pour s'occuper de la maison, faire le ménage, à manger.
Il a tout prévu : des quantités astronomiques de nourritures, une éolienne, un data center contenant des milliers de films, séries, musiques,... en attendant que sa passe.
Il mène une vie totalement oisive avec sa famille sur son île déserte.
Petit à petit les nouvelles du continent s'amenuisent, puis disparaissent. Ils sont seuls sur terre.

C'est un joli huis clos qui se met en place où l'humain s'accroche à ce qu'il connait, aux dernières bribes de la technologie, aux derniers cachets de médicaments.
L'argent n'a plus cours. La domination des riches sur les pauvres n'existe plus. Les gens de maison redeviennent égaux. Reste la loi du plus fort... ou du plus fourbe... ou du plus fou.
Ces humains riches apprennent à revenir à l'essentiel, mais pour ça, il aura fallu une bonne dose de folie qui se traduira chez chacun de façon différente... Et Rocky. (Adriennnnnnnnnnnnneeeeee --> oui celui-là en personne).

Je ne vous en dirai pas plus, si vous avez le temps, c'est du bon, et c'est du belge !
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Le monde a disparu.
Ils sont là tous les 4, mère, père, fille et fils sur cette île perdue mais disposant de tout ; le père a pris soin de mettre sa famille à l'abri.
Comment vivre dans ce huis clos, comment se supporter, comment accepter l'inacceptable, comment faire pour garder le goût de vivre ?
Les pages défilent, les chapitres s'enchainent avec, par roulement, les pensées de chaque membre de la famille.
Le propos est pessimiste mais tout le long de la lecture, on espère un petite lueur d'espoir.
L'écriture est limpide, efficace et on ne peut s'empêcher de penser : qu'est-ce-que j'aurais fait ?


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Etre riche à millions et se retrouver seul avec sa famille et un couple de domestiques sur une île éloignée, sans plus aucun contact avec le reste du monde, tout simplement parce qu'il n'y a plus de monde…Ce n'est pas à exactement parler le rêve !
D'autant plus que la famille de Fred se compose d'une femme complètement déprimée par la situation et deux adolescents complètement en désaccord avec les parents.

Alors on se raccroche à ce qu'on a été, on essaie de « faire comme », mais c'est compliqué, quand même, de se retrouver dans une situation post-apocalyptique !
Thomas Gunzig, en tout cas, s'en est donné à coeur joie, il pousse chaque personnage dans ses retranchements pour leur faire cracher le noyau qu'il y a à l'intérieur d'eux, le noyau vital.

Le roman commence « aujourd'hui », après moultes guerres et épidémies dues essentiellement au fonctionnement des humains, à leur pensée à court terme, et ce depuis toujours. le réchauffement climatique, énorme conséquence de cette idiotie de manière de vivre, engendre des catastrophes, à commencer par les virus.
Et puis le roman retourne 5 ans en arrière, au moment où la famille s'installe sur l'île.
Et puis revient aujourd'hui.
Nous avons donc la possibilité d'analyser la différence (ou l'évolution) des comportements et des visions de la vie à travers chacun des 4 personnages.

C'est noir, c'est désespérant, mais ça pourrait devenir réel ! Au secours ! Je ne veux pas me retrouver sur ce dernier rivage, en compagnie ou pas de Rocky !
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Un titre énigmatique pour un livre assez original !
Fred est un homme riche, très riche. Sa femme Hélène est une femme qui assure ! Super job et deux enfants...les enfants ont une nurse.
Ils sont heureux parce qu'ils ont tout ce que l'on peut posséder.
Mais il y a un hic....la planète ne va pas bien, mais alors pas bien du tout, du tout.
Fred , prévoyant a acheté une île où il pourrait se réfugier en cas de catastrophe avec sa petite famille.
La catastrophe arrive, ils atterrissent sur l'île bientôt rejoints par Ida et Carlo un couple à tout faire (ménage, entretien, cuisine...) disponible vingt quatre heures sur vingt-quatre.
La vie sur l'île peut durer des dizaines d'années en parfaite autonomie (nourriture, eau, électricité, séries télé en tous genres, médicaments, alcool etc...)
Au début tout est idyllique.
Fred fait du sport, Hélène se pomponne et se gave de séries et les enfants s'adaptent petit à petit.
Mais à part Fred, personne ne prend la mesure de l'étendue du chaos. Si au début les nouvelles ne sont pas bonnes, assez vite il n'y a plus de nouvelles. C'est le silence radio parce qu'il ne reste plus rien ni personne dans le monde.
Donc être riche ne sert plus à grand-chose, les Louboutin de madame n'ont plus de raison d'être, les selfies de la fille ne seront plus vus et le fils peut faire une croix sur son premier amour à peine commencé.
Alors à quoi sert de vivre avec tant de richesse quand on est seul ?
Que fait-on quand une vie entière est construite sur les apparences quand il ne reste plus personne devant qui paraitre ?
Que faire quand ce qui ressemble à une famille de rêve n'est en fait qu'un assemblage d'individus superficiels ?
Je ne vous en dit pas plus. Lisez ce bouquin très bien construit, parfois glaçant, parfois drôle, violent ou absurde !
De rebondissements en rebondissements l'auteur nous entraîne vers une fin ... logique !
Thomas Gunzig, Antoine Wauters, Adeline Dieudonné, Barbara Abel, Lize Spit, Alain Dautinne...les points communs de ces auteurs ? Ils sont tous belges, leurs romans sont originaux, toujours très différents, l'humour subtil, grinçant est toujours présent. Vous l'aurez compris, ce que je connais de la littérature belge me plaît.
Je vois un ami Babeliot belge, prénommé Patrice opiner du chef en souriant !

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Je m'installe confortablement, je suis un peu en avance. J'ai fixé rendez-vous à Thomas dans son café préféré, ici près du parvis de Saint-Gilles. Pourvu qu'il vienne. J'espérais assez naïvement l'y trouver déjà installé, car c'est ici qu'il écrit. C'est ici qu'il se nourrit du spectacle de ses contemporains pour écrire des histoires sombres, des histoires qu'on aimerait qu'elles ne sortent jamais des livres. Comme si de les avoir écrites agirait tel un sortilège et empêcherait qu'elles se réalisent. Mais pour le coup je dois bien avouer que j'ai du mal de voir dans ce Rocky, dernier rivage un futur possible mais évitable. Malheureusement.

Car oui des familles souriantes et unies sous le soleil des plages du Sud (ouais les selfies sur la plage d'Ostende sont beaucoup moins photogéniques) ou sur les pistes des stations huppées des Alpes françaises (je ne vous parlerai pas des pistes de ski belges. Mais oui ça existe. Allez vérifier si vous ne me croyez pas), on en connait toutes et tous des tonnes. Surtout sur les réseaux sociaux, d'ailleurs. Dans la vraie vie, de telles familles se font plus rares, vous avez remarqué ? Des familles qui amassent le fric et les joujous en tout genre. Des pères de famille prêts à tout (mais vraiment tout) pour « protéger les leurs », au prix de briser les rêves de leurs ados en devenir. Ah sacro-saint patriarcat. Et là on se dit qu'un bon coup de pied dans la fourmilière serait salutaire. Patience, ça viendra. Et alors tout recommencera. En mieux, voyez plutôt :

« Durant des années, l'île n'avait été qu'un support, un socle, un appui pour la maison et tout ce qu'elle contenait. À leurs yeux, elle n'avait été rien d'autre qu'un morceau de basalte auquel on ne prêtait pas attention.

À présent, à son tour elle était devenue maison, elle avait pris le relais de celle qui avait disparu dans les flammes.

Alors, ils apprirent à la regarder et à la connaître. Ils découvrirent ses reliefs, ses côtes, la nature de ses surfaces, les caractéristiques de ses parties.

Ils l'habitèrent, elles les protégea, ils firent partie d'elle, ils étaient comme les oiseaux qui la survolaient, comme les phoques qui venaient se reposer sur ses rochers.

Ils devinrent comme sa pierre, ses plantes, sa terre.

Ils étaient en vie. »

Oui en mieux. C'est pour ça que je veux rencontrer Thomas. Pour le remercier pour ce formidable espoir qu'il nous offre avec ce livre. Un livre foncièrement lumineux dans un avenir qui s'annonce de plus en plus sombre.

Bon l'heure tourne. Thomas n'est toujours pas là. le café se vide, on me dit qu'il va bientôt fermer. Je rassemble mes petits papiers. Tant pis pour moi. Faut dire avec ce vent et ces averses interminables, malgré les 10 degrés de cette fin décembre, il ne fait pas bon mettre un écrivain dehors…
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Un petit coup d'oeil sur le dernier roman de Thomas Gunzig dont on a souvent chanté les louanges dans ces colonnes.

Comme toujours avec lui, sous un dehors de scénario totalement barré et d'humour caustique, Thomas Gunzig tend à remettre à nu nos rapports humains et sociaux.Thomas Gunzig nous livre une satire survivaliste d'un humour féroce, impossible à lâcher.
Entre flash-backs de la vie avant la fin du monde et quotidien sur l'île déserte, mêlant slasher dans la veine de 10 000 litres d'horreur pure, satire sociale et familiale et roman survivaliste!!

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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De Thomas Gunzig, j'avais adoré Feel Good, puis un peu moins le sang des bêtes, sans doute trop décalé pour moi. Je ne pouvais pas en rester là, ni passer à côté d'un nouvel opus. Surtout que ce nouveau roman a été à la lecture un gros coup de coeur. C'est également un livre qui poursuit longuement, des jours et des jours après. Eco anxieux, attention ! Vous ne sortirez pas indemnes de ce roman… Fred avait tout prévu, en cas de catastrophe. le privilège d'être millionnaire. Et puis, depuis toujours, il a à coeur de répondre à cette injonction personnelle de mettre sa « famille à l'abri », en cas de problème. Et soudain, vient le temps de réagir, le monde va brutalement vers sa fin, il faut fuir. Ils partent donc tous les quatre, lui, sa femme et ses deux enfants, vers l'île où un abri a été construit à cet usage. Tout est prévu, luxueux, parfait. La villa est au départ un havre de paix où les bruits d'un monde qui s'éteint ne parviennent qu'à peine. D'autant plus qu'un couple de chiliens a été recruté pour les servir et prend tout en charge. Mais comment vivre sans le reste de l'humanité ? Comment s'inventer un quotidien quand l'espoir est perdu ? Sur l'île perdue au milieu de nulle part, le temps s'allonge, inexorablement… Avec un talent fou, Thomas Gunzig nous entraine dans un univers postapocalyptique mordant et sauvage, inattendu. Et j'ai vraiment adoré le roman noir qu'il a concocté là. L'histoire de cette famille donne véritablement froid dans le dos, tant elle paraît « à nos portes », ancrée dans notre époque, probable. Quand « mettre à l'abri sa famille » prend de telles proportions énormes et effrayantes, vaut-il mieux survivre ? le lecteur reste chaos, et un poil traumatisé, après cette lecture, mais j'aimerais dire que « c'est pour la bonne cause » et que « ça en vaut la peine » ! A vous de tenter l'aventure à présent.
Lien : https://leslecturesdantigone..
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Dans les années 80, les très riches étaient terrorisés à l'idée d'une catastrophe nucléaire et se sont affairés à prévoir des abris souterrains. Maintenant, nous sommes passés par Tchernobyl…
En écho à cette psychose, Thomas Gunzig imagine l'apocalypse.
Ni l'époque, ni l'origine de cette fin du monde ne sont précisées car ce n'est pas le sujet, Rocky, dernier rivage, est une réflexion désabusée sur la nature humaine, à travers l'analyse psychologique d'une famille soumise à un huis-clos forcé sur une ile déserte : Fred, le père, Hélène, la mère, Alexandre, le fils, et Jeanne, la fille.

« Peut-être que la civilisation n'est qu'un déguisement sous lequel vivent d'affreux animaux » (p. 21)

Chacun d'eux va prendre la parole à tour de rôle.

Fred commence. Il est fier de lui car il a réussi à devenir très riche, ce qui lui a permis de sauver sa famille. Il se réjouit d'avoir su anticiper et prévoir dans les moindres détails cette villégiature dorée, où le high-tech est à l'apogée et où un couple de chiliens, Ida et Marco, s'occupe de toute l'intendance et des tâches domestiques. Fred est très terre à terre. Il est très préoccupé parce que ses chaussures menacent de le lâcher ! Et, il doit faire face au départ des chiliens, cinq ans auparavant suite à un accident non précisé, qui va nous tenir en haleine une grande partie du récit.

Hélène, elle, se laisse aller à la dépression. Sa vie n'a plus de sens sans la reconnaissance sociale et professionnelle. Elle a des fantasmes sexuels.

Alexandre avait quatorze ans, l'âge des premiers émois, avant l'exil. Maintenant, il en a dix-neuf. Il s'isole sur une plage, avec une bouteille de vodka, pour ressasser le souvenir de Chloé.

Jeanne était une enfant, sur l'île elle est devenue femme. Elle sublime ce passage en vivant par procuration dans la série West Sacramento College. Elle est la seule qui se préoccupe des autres, elle les épie.

Les quatre évoquent le couple de chiliens, Ida et Marco. Je vais faire ma « sensitivity reader ». Pourquoi avoir choisi des chiliens comme esclaves domestiques ? Pour introduire une certaine humanité avec des personnages qui sont chaleureux et tactiles ? Pour ajouter une dose d'exotisme avec des mots en espagnol ?
Le premier repas sur l'île est un ceviche avec des patates douces. le ceviche est un plat péruvien populaire au Chili. le mélange des patates douces avec le poisson cuit au citron vert est très heureux, sauf qu'au Chili on ne mange pas communément des patates douces.

Nous allons assister à l'évolution des quatre personnages, de l'euphorie de départ, de l'ivresse du confort et la high tech, à l'accident pour culminer dans le bouquet final, assez surprenant.

Je verrais bien Rocky, dernier rivage en pièce de théâtre. Je vois une suite de sketchs teintés d'humour noir.

Pour moi c'est une parodie de la société de consommation avec des personnages caricaturaux. J'ai été agacée par les nombreuses énumérations de produits commerciaux (équipements high-tech, marques de vêtements, séries et films, musiques…). Comme je suis assez débranchée, je suis incapable de dire lesquels sont inventés et lesquels sont réels.

Rocky, dernier rivage n'est pas ma tasse de thé même si je trouve la réflexion intéressante et je lui concède quelques sketchs très réussis.

C'est une lecture imposée dans le cadre de mon groupe de travail.
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