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Hubert Haddad a consacré par le passé un essai à Gabriel Garcia Marquez et cherche ici à conférer à son récit un style légendaire, tout en laissant s'en échapper un parfum rappelant Patrick Süskind. Si de belles images s'y reflètent, il prend parfois trop le vent et se laisse porter par des rafales un peu vaines. Si, devenu jardinier, Malgorne s'occupe du luxuriant labyrinthe que son protecteur a imaginé aux abords de l'institution psychiatrique, Hubert Haddad, à son tour, par son style oriental, en arabesques, à volutes, se perd parfois dans des images poétiques et belles, mais un peu vaines
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Fidèle à son écriture et ses histoires, Hubert Haddad nous livre encore une fois un récit entre conte et réalité. En ce moment, j'en lis beaucoup 😆. Et comme à chaque roman de l'auteur, je suis emportée par l'univers bien que souvent perdue dans tout cet onirisme.J'ai l'impression de vous écrire que ça en ce moment 😂 mais que voulez-vous je ne capte pas toujours toutes les métaphores 🙃. Certains ce sont les fins 🤪.
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Nous sommes à la pointe sud de la baie d'Umwelt, au sommet d'une falaise friable sur laquelle est dressée l'institution des Descendries. Cette « maison de repos » est gérée par le tout-puissant Dr Riwald, aliéniste, organiste à ses heures perdues et amateurs de jardins dédaliques ( poke @fabrice). Un matin d'automne Leeloo entre dans sa vie. Une jeune femme, amnésique en apparence, pour laquelle il développera une véritable obsession « cette femme était d'une beauté folle et il voulait la garder », elle qui avait « une présence charnelle insensée ». Quelque temps plus tard, né Malgorne, un enfant du silence, élevé au sein des Descendries. Malgorne aime se perdre dans le labyrinthe d'ifs et de cyprès du domaine, dont il deviendra bientôt le gardien.
Les intempéries, le ressac, le bruit des vagues et cette falaise qui petit à petit se délite. Ces éléments qui nous bercent, jusqu'à sentir les tempêtes déferler sur nos visages.
L'eau, vitale, essentielle et toujours présente avec Peidre, la gardienne de ce vieux sémaphore, hantée par cette voix qui la rassure. Peidre peut scruter jusqu'à « l'égarement ces espaces livrés aux éléments ». Et un jour, la rencontre Peidre et Malgorne, une créature marine échouée. Une envolée fantastique ou métaphorique. Quand reviendront-elles et qui sont ces fées des mers ? J'en aurai voulu plus d'ailleurs 🙃.
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Rêve, poésie, psyché, nature verte ou bleue. Un labyrinthe dans lequel j'ai aimé m'égarer. Nous y avons perdu @fabrice_del_dongo en espérant le retrouver rapidement tout de même 😂. Deviendra-t-il jardinier après ça ? le mystère reste entier 😆.

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Que disent les basaltes des vagues dressées? L'idée de la mort est traversée par des chemins nocturnes. La surdité est le destin du labyrinthe. Ce dernier roman d'Hubert Haddad palpite et miroite comme un cimetière marin frappé dans le métal du monde. C'est un roman d'initiation traversé par les grands mythes: Leelo est une Ariane emportée par dyonisos à l'instant de sa dépossession. Malgorne est cet Orphée qui sombre au soleil de ses épousailles avec la mer. Eurydice Peirdre est un mirage frappé d'illumination. La tombe bleue philosophique au détour de la sublime discordance devient accord sur l'abîme. le trésor amassé dans l'oreille devient impasse du labyrinthe rêvé par un docteur minotaure
En vérité nous ne sommes pas de ce monde. le langage et cette sirène fabuleuse qui se dérobe. Toutes les epiphanies de l'invisible se donnent rendez vous dans la seule perdurable présence qui est l'autre. Il y a le chant profond d'un écrivain qui apprivoise les oiseaux de mer et les puissances obscures de la fatalité a travers L'expression la plus parfaite de la liberté : le plus long coup d'archet du hasard peut frayer la route de l'imaginaire. C'est un livre irradiant au plus secret du vulnérable, le surgissement de la parole rend l'être diaphane sous le voile.
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Je me suis laissée tenter par « La Sirène d'Isé » et son écriture magnétique, surprenante et saisissante dès la première seconde. Captivée par cette histoire poétique, invraisemblable, empruntée aux contes, irréelle, aux protagonistes d'un autre monde.

Tout commence par un avertissement (cf photo sur mon blog). S'ensuit un prologue et 23 chapitres, qui s'achèvent sur un épilogue savoureux. Un goût de bout du monde « la baie d'Umwelt » et de mystère « un château, un jardin labyrinthique, des légendes « . Un ancien sanatorium reconverti en « maison de repos » juché sur une falaise, face aux vents et marées, qui se délite emportant avec elle ses secrets et menaçant l'existence des Descenderies.

PHOTO CF BLOG

« Les fables et les légendes s'estompent dans les villes, faute de silences et de présences muettes ; elles disparaissent ou dépérissent comme les passereaux et les ormes. Les crédulités insondables qui servent de terreau aux naïves allégories ne sont jamais mieux ancrées qu'à l‘écart des foules. »
PHOTO CF BLOG
Le lecteur plonge dans ce roman à corps perdu, bercé par le rythme poétique de Hubert Haddad, captivé par ses images entre réalisme et fantastique. Leeloo apparaît. Une femme, qui nous hypnotise, étrange et captivante à la fois, en marge de notre société. Elle fait partie des patients du docteur Riwald, l'aliéniste respecté des Descenderies. Cela commence fort. Elle met un bébé au monde et on ignore ce qu'il adviendra.

« Chacun configure sa propre ruine sur les vestiges qui l'entourent: ainsi tout est conforme. le malheur s'apparie et le temps prend des allures de forteresses face à la ligne d'horizon. «
P. 37

Le roman se poursuit. Malgorne, l'enfant, est pris en charge par l'établissement, sous la surveillance protectrice et bienveillante de Sigrid, une assistante de l'aliéniste, qui est attaché à la jeune femme.

« Il l'avait recueillie avec perplexité, curiosité, sidération enfin : la jeune femme absente aux autres, indifférente à toutes les tentatives d'apprivoisement, manifestait une présence charnelle insensée. »

Différent, il va s'attacher à ce domaine particulier et face à l'océan, malgré les drames qui s'y jouent et tout particulièrement au dédale du labyrinthe végétal d'ifs, de mélèzes et de cyprès imaginé par le Dr Riwald. Inspiré par le Petit Labyrinthe harmonique attribué à Jean-Sébastien Bach en référence à l'art des jardins d'égarement (cf. p75) et entretenu par Martellhus, l'homme-machine, toutes ces années.

« Il paraît que pour se rassurer, les gens ajoutent du bruit à tout ce qui bouge »

P.136

« Personne ne lui a expliqué la musique, mais il comprend: c'est un labyrinthe d'air et de feu où la petite soeur de l'âme s'égare à jamais. C'est le supplice enivrant d'une lame qui cherche le coeur dans l'éclaircie nocturne. La musique est si belle partout autour de lui. Comme mille chemins perdus qui donnent envie de pleurer. «
P.151

Un dédale, qui en rend fou plus d'un mais Malgorne s'y sent à son aise, lui qui n'entend ni l'orage déchirer le ciel, ni le ressac ni les vagues se fracassant sur les rochers, ni le cri des mouettes. Malgorne est né sourd et se nourrit de sensations, scrutant sans fin l'horizon. Rien ne semble l'effrayer.

Malgorne écoute sa respiration, il entend battre les tambours de sang. Si près de lui, une araignée répare sa toile déchirée par l'intrus. Elle sécrète la soie plus solide que l'acier et tisse un merveilleux piège à ivresse, ailes battantes du soir, rosée du matin. Un scarabée grince près du banc, ses pattes tricotent dans le gravillon, il agite ses élytres et retombe lourdement sans rien perdre de son énergie. Tout comme les miroitements du kaléidoscope accordés à l'infini, les gouttes d'eau tombées des résineux sonnent avec un doigté d'organiste contre les vitrages. Malgorne voudrait se relever. Il lui semble qu'une poix sanglante s'écoule de sa nuque. Tant d'images anciennes s'épanchent au moindre écho, mais les souvenirs ne sont que des oublis chiffrés.[…] Leeloo s'est penchée, un sourire de miel enduit ses lèvres. «
P.151

Insouciante et tourmentée à la fois, Peirdre sonde aussi l'océan de l'ancien sémaphore, qui domine la baie d'Umwelt. Jeune fille solitaire hantée par une amie disparue. Elle guette son amie Miranela. Sile veille dans l'ombre sur elle. Son père Owen parcourt les océans, capitaine de cargo au long cours et vit des aventures au loin. Fidèle à la légende, il fait parfois résonner pour elle les cornes de brume de son cargo de fret pour lui dire qu'il veille sur elle malgré son absence.

« Personne face à lui, nul n'existe, tout est embruns, danse de spectres, lambeaux de rêves. L'océan noie la mémoire et les siècles. Tout chancelle et se désagrège, les vivants ne sont qu'un peu d'écume en bout de grève.«
P.99

« La fin d'un amour est une fin du monde. On oublie tout au milieu des mers, la mort et la trahison. On s'oublie soi-même aux cimes de l'océan, seul endroit avec le ciel où l‘infini partout s'abîme en lui-même. «
P.127

Un matin sur la grève, Malgorne et Peirdre vont se croiser autour de la découverte d'une étonnante créature marine échouée. Cette découverte laisse-t-elle entrevoir le retour des sirènes?
PHOTO cf. BLOG

D'autres rencontres insolites ont lieu dans d'autres mers comme Thoé mais je vous les laisse découvrir par vous-même. Un voyage captivant, onirique et fabuleux au pays des mots dans un dédale végétal et salin entre terre et mer. Des personnages sensibles, émouvants et déroutants tout autant que captivants.

Citations en couleur et photos sur mon blog
Lien : https://blogapostrophe.wordp..
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Naître sourd à la vie, mais n'être sourd au monde. Tel est le destin de Malgorne, délesté de l'ouïe et de la parole, fils d'une femme fragile qui préfèrera se jeter dans la mer du Nord. L'enfant grandira d'ailleurs au sein de l'asile qui accueillait sa mère, dirigé par un médecin potentat, fasciné par la beauté autant que par la folie de la défunte. Et tandis que l'enfant s'élève au bord d'une falaise friable qui peu à peu s'écroule, le jeune homme qu'il devient aperçoit une sirène à vélo et, s'il n'entend rien, perçoit cependant les pulsions, les tremblements de son coeur. . . Récit d'une lumière méditerranéenne, même s'il se déroule au Nord, La Sirène d'Isé évoque le chant des sirènes de L'Odyssée, attirant cette fois les terriens au bord de l'abîme.
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