Belle et glaçante solitude! La nature observe longtemps l'intrus avec ses yeux d'insectes, de volatiles et de macaques. Elle écoute ses plaintes et les avale du fond de ses cavernes de branches et de nuages: rien n'est à redouter de l'aigle ou du lynx des songes. Une pluie de mésanges au cou bleu vient peupler l'arbre vénérable du seuil dont l'ombre tourne avec le soleil sur la clairière aux pervenches. Un étang derrière la baraque d'habitation s'éclaire de nénuphars blancs et de fleurs de lotus. Mille bras végétaux effleurent les errances inquiètes du nouveau venu tandis qu'autant de paupières clignotent dans les mouvantes frondaisons et les abrupts ruisselant de cryptogames.
La solitude est bien le seul privilège de l'homme libre, c'est ce que se disait Santoka, assez peu satisfait d'être encore en vie, mais point malheureux non plus.
...marcher, c'est mettre en avant tout ce qu'on ne peut emporter...
Même la solitude s'apprivoise.
La solitude est bien la seule conquête de l'homme libre.
L'intensité d'un rêve sonde le cœur et les viscères.
La pire cruauté se cache entre les brins d’herbe et dans le cœur des amants
L'ermitage de Saigy¨
doit ¨ºtre quelque part
dans ce jardin en fleurs
Chaque journée avait son haut lieu et demain appartenait plus que jamais à demain. Aussi alla-t-il se coucher à l'étage de sa cahute, comptant bien se mettre à l'oeuvre dès l'aube nouvelle. Mais le sommeil est comme le renard qui rôde, ses yeux de verre pétillant ça et là, entre deux guets-apens de poulailler.
Un miracle n'étant qu'un retournement du vide sur lui-même, on pouvait maintenant s'attendre à tout, une récidive, un renoncement, une régénération.