La Femme gauchère

Comme toujours une très belle écriture et descriptions taillées au couteau, courtes, percutantes et justes.
Est ce que la liberté implique la solitude? Ne sommes nous pas tous assez seuls sans aller chercher plus d'isolement pour nous sentir "libres".
Qu'est ce que le bonheur? Certains disent le chercher mais sovons nous au moins ce qu'il représente.
Peter Handke ne pose pas de question il ne prononce même jamais le mot liberté dans ce court roman, mais c'est à nous lecteurs de nous poser les questions et aussi d'y trouver nos réponses parsque si vous attendez après Handke pour donner une réponse.... de toutes façons il n'a même pas posé de question, donc...
Plus je lis cet auteur et plus j'aime ses écrits et il m'en reste beaucoup encore à découvrir.

Peter Handke a reçu le prix Nobel de littérature en 2019. Il a écrit « La femme gauchère » en 1976 puis a réalisé le film éponyme.
Ce récit court se lit dans un temps suspendu, comme une parenthèse où on a le sentiment de découvrir un livre rare, intense, qui fait écho à notre monde intérieur. Dès le début, nous sommes pris par une atmosphère irréelle et froide dans une ville de moyenne montagne la nuit. La femme ( son prénom est peu utilisé) et son enfant vont chercher le mari à l'aéroport après trois semaines d'absence pour voyage d'affaires. le lendemain, la femme demande à son mari de partir. Aucun mot n'exprime la pensée de l'homme, il sourit juste. Les phrases sont courtes, précises : juste des faits et des dialogues concis.
La femme reprend sa vie seule avec son enfant. Elle se trouve confrontée aux questions des personnes qui la côtoient mais elle n'apporte pas de réponse. Elle reprend son quotidien. Après une dizaine d'années de vie en couple, pourquoi vouloir être seule ? Comment vivre sa liberté ? La solitude est-elle un fardeau, est-elle nécessaire à la liberté ? Perdons-nous notre individualité dans l'amour ? « Tâche de ne pas être trop seule », même parti, l'homme cherche à garder son emprise. Plusieurs scènes de mépris, il cherche à rabaisser sa femme, elle lui échappe. L'amour est-il toujours possession ?
Le texte fait écho aux questions de chacun sur la solitude, la liberté, l'autonomie, le temps qui passe, l'amour. J'ai retenu cette phrase très belle et si actuelle : « L'homme dont je rêve sera celui qui aime en moi la femme qui ne dépend plus de lui. »

Au matin d'une nuit dont on ne sait rien, une femme annonce à son mari qu'elle veut vivre seule et qu'il doit partir. Il répond que, du coup, il remonte boire un café. Puis il part habiter ailleurs. La femme se balade avec leur enfant, reprend un travail, fait des rencontres.
Première impression : une écriture très étrange, chirurgicale, dénuée d'affect.
Deuxième impression : l'écriture est ce qui fait la magie de ce très court roman. L'affect n'est pas dans l'écriture, mais dans ce qui n'est pas écrit, justement. Cela donne le sentiment de lire, non pas un roman, mais une pièce de théâtre dans laquelle les comédiens seraient libres de changer d'interprétation tous les soirs...
Étrange, dérangeant, inoubliable.
Sobre et efficace traduction de Georges-Arthur Goldschmidt.
Challenge Nobel
LC de septembre 2021: "Première rencontre"

C'est un roman que je n'oublierai pas, cependant je l'ai lu en quelques heures.Il est vrai que la plume de Handke est bien celle d'un grand maître de la littérature . C'est une histoire qui semble banale, tout au moins inscrite dans le quotidien, on a souvent le sentiment que les personnages s'ennuient, ils parlent peu, rient sans qu'on puisse comprendre, restent immobiles... et c'est bien là tout le génie de l'auteur, qui montre l'étrangeté et la banalité du comportement humain. J'aime ce roman car il jongle à la fois avec le réel et avec l'intouchable, l'onirisme presque; il y a des scènes où j'ai pensé que la jeune femme rêve. Handke met à jour de façon très subtile, très philosophique, la raison même de notre passage sur terre, le besoin de solitude, allié au besoin d'amitié, de reconnaissance. Rien n'est dit vraiment, c'est au lecteur d'y trouver une résonance; j'ai eu la chance de l'y trouver, moi qui n'avait jamais rien lu de Peter Handke,je me replongerai à coup sûr dans son oeuvre! A travers cette histoire banale, l'auteur aborde ces côtés si complexes de l'être humain, j'ai aimé son écriture concise, précise, qui va droit au but, sans fioritures, une écriture qui a l'air simple et froide a priori, mais tellement maîtrisée.

Après avoir lu L'angoisse du gardien de but au moment du penalty, j'ai eu envie d'enchaîner aussitôt avec un autre livre de l'auteur et mon expérience de lecture s'est avérée encore meilleure que la première fois. J'ai adoré La femme gauchère.

La protagoniste dont il est question est définie comme l'épouse d'un chef commercial et la mère d'un enfant de huit ans. La famille bourgeoise vit confortablement dans un lotissement de bungalows modernes en flanc de montagne. Rien pour se plaindre, mais du jour au lendemain la femme demande à son mari de partir. Elle désire retrouver son indépendance, décider pour et par elle-même. Son entourage croit à une passade.

L'aliénation domestique des femmes est un thème que j'aime beaucoup en littérature et Handke le traite admirablement bien. Contrairement à d'autres lecteurs, j'ai trouvé dans ce court roman une succession de passages plus savoureux les uns que les autres.

Dans la longue feuille de route de Handke, je note son travail de traducteur du français à l'allemand. Il a notamment traduit Marguerite Duras et je sens une certaine parenté entre leurs oeuvres. Une ambiance, très cinématographique sans être réaliste, et un envoûtement qui opère dès les premières pages

Magnifiqu livre, dont chaque phrase perce le coeur

Émotion contradictoire durant la lecture de ce texte court. Si la distance, le froid, les silences ne nous invitent pas à rentrer dans ces vies; de magnifiques passages nous obligent à réfléchir sur notre existence.