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3,41

sur 186 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un livre court et étrange.
L'ambiance y est particulière.
Lente, pesante et légère à la fois.
Une femme (ainsi nommée tout au long du roman)
Son mari Bruno
Un enfant (ainsi nommé aussi)
Un éditeur et son chauffeur
Une institutrice amie de la femme
Il ne se passe pas grand-chose.
La femme renvoie son mari.
Elle commence des traductions.
Non, vraiment, il ne se passe pas grand-chose.
Tout est dans cette ambiance, détachée, ralentie, ouatée.
J'ai pensé à l'ambiance et à la femme de « Moderato cantabile »
C'est tout à fait le genre de livre qu'on aime ou qu'on déteste.
Quant à moi, j'ai beaucoup aimé.
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Ce court récit incarne bien le style énigmatique de Peter Handke. le comportement des personnages est étrange, leurs motivations obscures, même si elles se dévoilent quelque peu. Une certaine poésie se dégage pourtant de ce flou.
Pourtant le cadre n'est pas très enchanteur: un lotissement de banlieue dans les années 1970. La modernité technologique et commerciale a encore quelque chose de neuf et de rudimentaire: grands magasins, photomatons.
Au centre de la narration, la décision de la femme (Marianne) de demander à son compagnon de partir, une décision de vivre seule, qui suscite les réactions stéréotypées de son entourage, à l'exception du jeune fils, Stéphane.
C'est un texte sur la difficulté de vivre en conformité avec soi-même, d'affronter la solitude, peut-être sur l'impossibilité de vivre vraiment avec les autres. Ces autres ne sont pas souvent, ou pas du tout, appelés par leur nom, leur identité est surtout fonctionnelle.
On prend un certain plaisir à cette lecture, mais je n'ai pas retrouvé le charme de la Nuit morave. La saison hivernale et les années 70 y sont pour quelque chose sans doute.
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J’ai eu du mal à rentrer dans ce livre et pourtant une fois la lecture achevée, j’ai trouvé ce récit plein de subtilité. Certes il n’y a pas vraiment d’intrigue et l’histoire de la femme gauchère se résume finalement à peu de choses : lorsque son mari revient d’un long voyage d’affaires, sa femme Marianne lui annonce qu’elle souhaite vivre seule avec son fils. Elle apprend à vivre seule et reprend son activité de traductrice. Elle change la disposition des meubles dans son appartement, voit régulièrement son amie Franziska , reçoit la visite de son éditeur et un jour celle de son père , garde contact avec son ancien mari avec qui les relations sont soit tendues, soit cordiales. Elle rencontre un acteur qui tombe amoureux d’elle. Le livre se termine sur une citation des Affinités électives de Goethe et cette dernière phrase : ‘tout semble suivre son cours habituel comme dans des cas extrêmes où tout est remis en jeu : on continue à vivre encore comme si de rien n’était’.

A l’image de cette citation de Goethe venant donner un éclairage final au récit, des évènements ou des dialogues un peu plus profonds affleurent ici et là à la surface de ce cours d’eau que constitue le déroulement assez insignifiant de la vie de Marianne.

L’écriture de Handke délaisse l’analyse psychologique et le dévoilement d’un sens. Les sentiments s’expriment peu, malgré la tension née d’une situation de crise qu’est la séparation. Ils émergent en de rares occasions, denses. Les raisons qui poussent Marianne à se séparer de son mari ne sont pas explicitées clairement. Au détour d’une phrase, la pensée de Marianne livre un indice : elle se dit qu’elle ne connaîtra plus d’humiliations. Seul l’acteur qu’elle rencontre par hasard dit d’elle qu’elle est libre.

Le passage où apparaît le père est assez mystérieux. Il apparaît presque comme un bouffon venu perturber le quotidien. Il est écrivain. C’est peut-être un double de Handke et symbolise peut-être la liberté.

Handke se concentre sur une description des situations, des gestes et on a l’impression qu’il écrit comme s’il décrivait une image photographique.
Le récit s’achève sur un final qui n’en est pas un. Comme si Handke avait ôté la clôture d’un espace clos et ouvert son récit sur une quelque chose de nouveau et d’inexploré. Le récit est tiraillé entre deux faces d’une même pièce : du côté sombre, la fin d’un cycle et la solitude ; du côté lumineux, le désir de recommencer quelque chose de nouveau. La scène finale rassemble de manière quasi impromptue la plupart des personnages du livre : Marianne, son mari, l’acteur, l’éditeur et son chauffeur, une vendeuse de vêtements, l’amie Franziska. Ils se retrouvent chez Marianne et ils boivent, ils dansent. Cette scène gentiment dionysiaque montre une disponibilité généreuse à l’Autre et une issue possible à la solitude.
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Dans un univers bourgeois, au milieu des années 70, une femme demande tout à coup, a priori sans raison, à son mari de la laisser elle et leur fils. Cette rupture bouleverse son quotidien, ses relations aux autres et le regard qu'elle porte sur elle-même. Autrefois traductrice, elle reprend alors contact avec l'éditeur pour qui elle travaillait dix ans plus tôt et une idylle semble pouvoir se nouer entre eux… mais finalement non.

Voilà pour l'intrigue - très mince - du livre mais l'essentiel du roman est ailleurs : dans tous ces petits rien, ces scènes du quotidien d'une femme seule qui cherche à savoir qui elle est, qui elle veut devenir et qui accepte le prix élevé que lui coûte sa liberté.

La suite sur le blog :
Lien : http://lepandemoniumlitterai..
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Ce court roman suit le trajet d'une femme sur le chemin de son indépendance. La solitude la suit comme son ombre. Tous lui conseillent de renouer avec l'ordre établi, comme si elle était une enfant qui s'égare.
La solitude, c'est un bouton qui manque à la veste, c'est l'amour déserté, c'est la vieillesse qui vient, c'est l'angoisse de mourir dans une maison vide en laissant son cadavre pourrissant derrière soi.
La solitude c'est de regarder tomber la pluie, parler à des inconnus, renouer avec du temps à soi pour lire le journal ; c'est enfin poser son pas là où on ne l'avait jamais posé.
La solitude c'est courir le risque : celui du chagrin, du désert, de l'espoir de recommencer et d'échouer. La solitude c'est aussi ne plus rien attendre et rencontrer une porte ouverte.
Il y a mille solitudes.

L'écriture de ce petit roman est une écriture simple, blanche. L'héroïne n'a pas de nom, l'auteur la désigne comme étant "la femme". On a l'impression d'être dans le vrai monde, et en même temps un peu en décalage avec lui : c'est comme si les sons étaient amortis et le décor plat et légèrement surexposé. Il ne reste des personnages que l'essentiel.
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Pourquoi cette lecture: envie de découvrir un Nobel de littérature étrangère plus sélection du titre via Babelio.
Le mot étrange apparaissait plusieurs fois dans les critiques et cela m'a décidé.
Je confirme le caractère étrange, disons, irréel, servi par une écriture où les dialogues sont brefs, souvent résumés à des phrases banales, brusquement interrompues par une réflexion qui veut être (ou est) profonde, mais dont le sens peut rester mystérieux!
A défaut "d'intrigue", la trame (telle que je l'ai perçu du moins!) est une oscillation entre la solitude , la revendication d'autonomie de la rupture du début, et le retour du besoin d'amitié et/ou d'amour, que laisse supposer la fin du livre.
Cette oscillation semble perturbée ou amplifiée par les balades nocturnes dans la ville endormie, ou parmi les paysages de la balade avec "le fils".
La solitude est elle un prérequis pour l'abandon à la contemplation, contemplation qui se mue ensuite en besoin de l'autre ou des autres?
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💬 « Vous savez, je ne fais que parler comme ça, sans que ça signifie quelque chose ».

💬 Ah... Peter Handke ! Quelle virtuosité et quel génie ne faut-il pas pour refléter dans un roman la vacuité de notre langage et l'absurdité de notre époque ! Un homme, une femme, un enfant. Et le quotidien qui règle leur vie comme le mécanisme d'une horloge, tout est parfait pour que cela fonctionne comme il faut que cela fonctionne. Sauf qu'un jour, le mécanisme s'enraye, l'aiguille s'arrête : « Oui, c'est ça, Bruno, va t'en. Laisse-moi seule ». La femme parle, la sentence tombe. Il faut que cela cesse. Mais comment ? Comment gommer les habitudes, apprendre à vivre sans lui, réussir à vivre pour soi, comment ? Lasse, la femme, qui n'a d'ailleurs pas de nom, semble être elle une boule de flipper, qui se cogne à toutes les personnes qui l'entourent et qui attendent d'elle qu'elle soit à l'image qu'ils ont d'une femme. Ainsi, fils, mari délaissé, père, amie, éditeur, acteur et chauffeur entrent dans une valse entêtante et vaine. Mais pour qui le font-ils ?

💬 « Être seul produit la souffrance la plus glacée, la plus dégoûtant qui soit : on devient inconsistant. Alors on a besoin de gens qui vous apprennent qu'on n'est tout de même pas aussi détérioré que cela ». Et si les autres se servaient de notre peine, de notre déroute, comme prétexte à se complaire dans l'idée qu'ils ne sont pas si malheureux que ça ? le quotidien a cela de tragique qu'il est morne, morose, qu'on rêverait d'en arrêter le cours et pourtant, le moindre changement de direction suffit à dérouter tout un chacun. Dans « La femme gauchère », rien n'a vraiment de sens, les questions et les réponses se croisent sans permettre de réel dialogue, mais après tout, n'est-ce pas là l'image de notre société ? Nous nous croisons, tous les jours, sans se soucier les uns des autres, à « Comment vas-tu? », la seule réponse acceptable est « Bien, merci », pas même de « Et toi? », car après tout, à quoi bon ? Et si on répondait à côté ? Et si on changeait de route ? Et si on essayait, pour voir, d'arrêter, si on devenait l'aiguille dans la botte de foin, le grain de sable, le battement d'aile qui ouvre le champ dès possibles ...? Plutôt que de filer droit, prenez la tangente. Et au diable le qu'en-dira-t-on !

💬 « Toi et ta nouvelle vie ! Jamais encore je n'ai vu une femme qui ait durablement modifié sa vie. Rien que des bonds de côté -et puis après c'est la vieille rengaine qui recommence. »


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J’ai eu du mal à rentrer dans ce livre et pourtant une fois la lecture achevée, j’ai trouvé ce récit plein de subtilité. Certes il n’y a pas vraiment d’intrigue et l’histoire de la femme gauchère se résume finalement à peu de choses : lorsque son mari revient d’un long voyage d’affaires, sa femme Marianne lui annonce qu’elle souhaite vivre seule avec son fils. Elle apprend à vivre seule et reprend son activité de traductrice. Elle change la disposition des meubles dans son appartement, voit régulièrement son amie Franziska , reçoit la visite de son éditeur et un jour celle de son père , garde contact avec son ancien mari avec qui les relations sont soit tendues, soit cordiales. Elle rencontre un acteur qui tombe amoureux d’elle. Le livre se termine sur une citation des Affinités électives de Goethe et cette dernière phrase : ‘tout semble suivre son cours habituel comme dans des cas extrêmes où tout est remis en jeu : on continue à vivre encore comme si de rien n’était’.

A l’image de cette citation de Goethe venant donner un éclairage final au récit, des évènements ou des dialogues un peu plus profonds affleurent ici et là à la surface de ce cours d’eau que constitue le déroulement assez insignifiant de la vie de Marianne.

L’écriture de Handke délaisse l’analyse psychologique et le dévoilement d’un sens. Les sentiments s’expriment peu, malgré la tension née d’une situation de crise qu’est la séparation. Ils émergent en de rares occasions, denses. Les raisons qui poussent Marianne à se séparer de son mari ne sont pas explicitées clairement. Au détour d’une phrase, la pensée de Marianne livre un indice : elle se dit qu’elle ne connaîtra plus d’humiliations. Seul l’acteur qu’elle rencontre par hasard dit d’elle qu’elle est libre.

Le passage où apparaît le père est assez mystérieux. Il apparaît presque comme un bouffon venu perturber le quotidien. Il est écrivain. C’est peut-être un double de Handke et symbolise peut-être la liberté.

Handke se concentre sur une description des situations, des gestes et on a l’impression qu’il écrit comme s’il décrivait une image photographique.
Le récit s’achève sur un final qui n’en est pas un. Comme si Handke avait ôté la clôture d’un espace clos et ouvert son récit sur une quelque chose de nouveau et d’inexploré. Le récit est tiraillé entre deux faces d’une même pièce : du côté sombre, la fin d’un cycle et la solitude ; du côté lumineux, le désir de recommencer quelque chose de nouveau. La scène finale rassemble de manière quasi impromptue la plupart des personnages du livre : Marianne, son mari, l’acteur, l’éditeur et son chauffeur, une vendeuse de vêtement, l’amie Franziska. Ils se retrouvent chez Marianne et ils boivent, ils dansent. Cette scène gentiment dionysiaque montre une disponibilité généreuse à l’Autre et une issue possible à la solitude.
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Est-ce que le terme "gauchère" a le même sens en allemand qu'en français: maladroite, tordue, bancale? Peut-être que l'allemand recèle un autre sens que nous ne pouvons pas comprendre? Cette femme est-elle gauchère parce qu'elle souhaite vivre libre et seule? (Attention, seule ne signifie pas solitaire. Car contrairement à ce que disent de nombreux babelionautes, la femme, Marianne, quel drôle de nom pour une autrichienne, ne connaît pas la solitude. Elle n'a peut-être jamais été aussi entourée depuis qu'elle fit le choix de quitter son mari. Elle voit son enfant, l'ami de son enfant, son père, une amie institutrice, un éditeur, un acteur au chômage, une vendeuse). Seule et libre donc, c'est à dire sans un mari, comme le voudraient les conventions sociales de l'époque.
Et il y a cette chanson qu'elle écoute souvent, "toujours le même disque" page 90, The lefthanded Woman, racontant la vie d'une femme très entourée mais quand même seule. C'est peut-être cela la solitude, la gauchitude, en allemand ou en français, se sentir seul au milieu des autres.
Il y a enfin cette impression étrange dans ce roman qui débute selon le cours ordinaire des choses et où apparaît sans crier gare une attitude insolite ou inhabituelle: un pleur, un rire, une chute. Une gaucherie?
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Un court roman dont le thème principal est la solitude - souhaitée, conquise comme liberté par la femme gauchère qui demande à son mari de partir; solitude vécue comme un drame par la vendeuse enrhumée, l'acteur au chômage et surtout le père qui a peur de mourir seul.
Les personnages sont ainsi souvent désignés par leur fonction , laissant la possibilité au lecteur de généraliser le propos. Seuls le mari Bruno et Franciska la maîtresse ( au double sens du terme) sont identifiés par leur prénom.
Quand elle se retrouve seule avec son fils de huit ans, la femme reprend son travail de traductrice. On suit alors les détails de leur quotidien, leurs silences, leurs conversations. La vie quoi.
Est-ce cela le bonheur ?
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