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sur 36 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"L'économie est un jeu d'enfant" de Tim HARFORD part d'un beau parti-pris: nous faire comprendre, à nous néophytes, les processus économiques. Sur le papier, c'est parfait. Dans ce grand pavé, deux livres sont rassemblés: "L'économie est un jeu d'enfant" et "L'économie est vraiment un jeu d'enfant, ou Comment gérer ou ruiner une économie". Pour être honnête je n'ai lu que le premier (la première partie du présent ouvrage). le livre est une vulgarisation économique mais demande tout de même de la patience à la lecture.

La première partie décrit de la micro-économie. le prix d'un loyer, d'un café, de produits au supermarché, de l'essence, des banques. A chaque fois, l'auteur explique comment le prix est posé et nous dévoile la force de la rareté, l'élément marginale, la situation efficace et celle la meilleure en terme économique (soit une situation où une amélioration pour au moins une personne sans nuire à personne peut être envisagée). Il nous décrit aussi les bénéfices, l'arnaque possible du client et d'autres choix possibles comme la taxe d'externalité pour les automobilistes. D'autres éléments prennent là une valeur économique: l'environnement, l'assurance maladie. Puis la Chine ou le Cameroun montrent par l'exemple les choix économiques tenus sur un pays, le second avec la théorie de l'effort maximum et l'idée d'un "intérêt" pour le banditisme fixe géographiquement.
Les théories économiques expliquent les marchés, la logique pas forcément équitable, les choix effectués et aussi une certaine forme de jeu.
La seconde partie appréhende la macro-économie. Avec un dialogue entre un lecteur lambda et l'auteur, conseiller, semble reprendre des notions élémentaires comme le PNB, le chômage, l'inflation. Malheureusement je n'en suis pas encore là.

Le livre est didactique. Pas à pas avec énormément d'exemples, en partant de notre quotidien à tous, l'auteur décrypte les faits économiques avec de nombreuses références, théories des économistes et essais. Cet ouvrage mérite d'être lu (et relu) ne serait-ce que pour l'apport de questions de bases et d'une histoire économique du 20ième et 21ième siècles.
Lien : http://1pageluechaquesoir.bl..
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Ce livre est présenté comme un ouvrage de vulgarisation sur l'économie.
De fait, il ne m'a pas paru nécessaire d'avoir suivi des études d'économie pour le lire et en comprendre les principaux développements : l'auteur explique les concepts et les théories qu'il présente de manière très didactique, souvent au moyen d'exemples simples.

L'ouvrage est construit en deux parties : la première est plutôt consacrée à la microéconomie, et la seconde à la macroéconomie, même si de fait ces disciplines s'interpénètrent en partie dans l'ouvrage.
L'auteur résume les apports théoriques de quelques économistes "classiques" fondateurs de la pensée libérale, notamment David Ricardo (1772-1823), dont la théorie des avantages comparatifs est expliquée par des exemples.
J'ai été beaucoup plus intéressé par le résumé de travaux d'économistes plus récents que je ne connaissais pas, ou peu, car négligés dans la plupart des cursus universitaires d'économie dans les années 1990. Les travaux de Georges Akerlof (né en 1940, et Nobel d'économie en 2001) sur les marchés en situation d'asymétrie d'informations expliquent de manière intéressante les difficultés de mise en place d'un système viable d'assurance santé aux Etats-Unis.
J'ai aussi découvert avec intérêt quelques applications de la théorie des jeux de von Neumann (1903-1957, qui donna son nom à un cratère de la lune et à l'astéroïde 22824), notamment sur les stratégies de vente de spectres d'ondes radio par des Etats.
La description des dysfonctionnements de l'économie Camerounaise (pour illustrer des facteurs explicatifs de l'absence de développement économique dans certains pays) m'a "amusé", même si le terme est peu approprié au conséquences dramatiques du « banditisme gouvernemental » qui maintient la population dans la misère.
L'histoire originale de l'économiste néo-zélandais William Phillips (1914-1975) ma particulièrement plu.
L'auteur présente le libre échange comme une panacée, ce qu'il n'est pas, considérant à tort - comme la plupart des économistes - que les comportements humains seraient parfaitement rationnels (et motivés principalement par la recherche de la richesse) mais cela ne m'a pas vraiment gêné car les explications sont claires et les raisonnements cohérents.

Un ouvrage agréable à lire et instructif. Ma principale réserve réside surtout dans le manque de concision de certains propos.

• merci à Babelio et aux Presses Universitaires de France
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C'est avec beaucoup de curiosité que j'ai ouvert le livre de Tim Harford. Je me sentais souvent très ignorant sur les questions d'économie dans les débats politiques ou dans les discussions entre amis et j'avais envie de comprendre un peu plus de quoi il est question.
Au fil des pages, j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir les concepts de base de l'économie. le livre est conçu comme une leçon et comme un parcours ludique. Les exemples et illustrations très riches rendent le livre très abordable et compréhensible. C'est un vrai régal de goûter également l'humour qui est toujours présent même si le thème est ardu.
L'auteur arrive à créer une véritable connivence et on se sent accueilli comme avec un camarade qui en sait un peu plus que nous. Les concepts sont amenés de façon simple, par exemple, « Tout le monde agit selon son propre intérêt », c'est presque un lieu commun, mais cette phrase prend tout son sens quand elle est analysée d'un point de vue économique.
Les concepts ainsi exposés et détaillés font que d'un seul coup, la vision de monde devient plus claire. J'ai réellement commencé à regarder autrement les informations, les interventions de mes dirigeants au travail et l'ensemble du monde.
J'ai également pris conscience de la difficulté de prévoir et de corriger les dérives ou les crises. Je crois que je ne crierais plus à l'incompétence de nos dirigeants et serait à l'avenir plus mesuré dans mes prises de position. Et aussi , peut-être, que je suis un peu plus désespéré car si personne ne peut vraiment prévoir ce qui va se passer ou ce que telle action peut produire comme effet, cela laisse augurer encore pas mal de difficultés dans un monde qui se complexifie tous les jours un peu plus. Heureusement, le livre termine sur une note d'espoir.
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Je voudrais commencer par remercier les éditions Puf (merci Marine pour la petite carte) et la masse critique de Babelio.
Avant de commencer votre lecture je vous recommande de vous préparer une bonne tasse de café, vous allez en avoir besoin non pas que le livre soit soporifique mais vous allez en entendre parler du café, en fait vous allez chercher a comprendre pourquoi nous payons si cher notre café alors qu'il coûte si peu. Ce n'est pas la partie la plus passionnante mais elle reste tout de même intéressante. J'ai bien aimé le voyage fait avec ce livre on parle de l'économie de plusieurs pays et on confronte les différents procédés. Cependant c'est loin d'être un jeu d'enfant, même si Tim Harford explique les notions avec beaucoup de pédagogie on retrouve le jargon économique (on parle d'éco donc normal que le jargon soit présent). J'ai aimé avoir toutes les sources de l'auteur, on ressent un long, très long travail de recherche et de documentation, les citations dans la seconde partie sont excellentes (notamment la plaisanterie p.439, la citation d'Henri Ford et l'extrait du discours de Kennedy sur le PNB). Les deux livres (ce sont deux anciens livres remis à jour et mis à la suite) se suivent bien, on ne ressent pas un gros décalage entre les deux ce qui aurait surement fait « mauvais effet » sur la lecture. Malgré que le titre soit trompeur on apprend énormément de choses à la lecture de ce livre, les anecdotes sont super intéressantes et bien placées.
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L'économie est un jeu d'enfant. Ah bon ? Mais pourquoi la crise des subprimes, alors ? Pourquoi la récession ? Est-ce parce que nos dirigeants s'orientent plus volontiers vers des études de droit que d'économie ? Voire de chimie (Ach ! Ich bin demaskieren) ?

Petite précision sur le titre qui est incomplet : "l'Economie de marché est un jeu d'enfant". Car Tim Harford ne cesse de le répéter ! En théorie, les marchés sont parfaits ! Farpaitement parfaits. Ce sont les vilaines entreprises qui ne jouent pas le jeux usant et abusant de monopoles artificiels, d'informations d'initiés...Que le pouvoir de la rareté soit avec toi, mon fils, ton banquier sera content.

Tiens, parlons-en des banques. Lisez juste pour rire, le chapitre sur le pourquoi du comment de la crise de 2007, ça rassure. Je n'ai peut-être pas fait Yale ou la London School of Economics mais je le vis bien, maintenant que je vois ou peut mener l'intelligence...

Blague à part, ce livre (qui, en fait en regroupe deux), à travers des exemples simples et un style très pédagogique, pourra vous apprendre pas mal de choses sur (dans la première partie consacrée à la microéconomie) les trucs et astuces des entreprises pour vous faire cracher plus...Attention, pas votre plombier, qui a recours a des méthodes traditionnelles d'enfumage, mais les grand groupes, ceux qui ont scientifisé la chose...

La deuxième partie, axée sur la macroéconomie, vous expliquera pourquoi ceux qui vous vendent qu'un pays ça se gère avec le bon sens d'un chef de famille sont, au mieux, des incompétents, au pire des escrocs. Et pourquoi, entre autres joyeusetés, l'économiste bute sur un truc con. Sa science ne peut expliquer qu'un infime partie du comportement humain...D'où, c'est une évidence, l'invention de l'économie comportementale...

Je vais vous laisser là parce que mes heures sup' ne sont pas payées...Money, money, money Must be funny In the rich man's world



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Quand j'offrirai ce livre à mes amis, je leur conseillerai de commencer par les quelques derniers chapitres de la seconde partie consacrée à la macroéconomie ; en commençant ainsi la lecture, c'est une immersion dans tout ce qui nous préoccupe actuellement : pourquoi « le culte du PNB » , « la croissance peut-elle durer toujours » et « les inégalités ». Tim Harford situe bien la problématique et restitue aussi simplement que possible toutes les composantes de cette économie qui n'a rien d'un jeu d'enfant. Ensuite, restera à plonger parmi toutes les questions/réponses du quotidien : économie et embouteillages, définitions des marchés parfaits et autres réjouissances .

La lecture de ce livre m'a fait passer par des moments d'agacement , pour ne pas dire d'exaspération, et d'autres riches, apportant des ouvertures de réflexion, des interrogations.
Tim Harford ratisse large et ne se laisse pas enfermer uniquement dans le cénacle des économistes. Il élargit ses sources, références à tous les champs d'investigation de nos sociétés.

Bien sûr sa vision du monde est anglo-saxonne, mais justement, cela fait du bien d'avoir avec lui une vue extérieure à nos « marasmes » économiques.
Il est agaçant quand il s'étend sur des évidences, exaspérant d'annotations « hipster » comme lorsqu'il trouve que les magasins low-cost devraient avoir des emballages plus attrayants... et la majorité du temps passionnant, drôle et iconoclaste comme S.T. Lewitt et S.J. Dubner dans « Freakonomics ». Comme eux il sait nous montrer comment mieux comprendre des statistiques, leurs significations plus ou moins évidentes et la motivation qui est à l'origine de leurs élaborations.

Ce livre est une véritable bible de tous les grands économistes, mathématiciens, et penseurs du 20ème siècle, articles de journaux toujours scrupuleusement référencés. Il a ses préférés Monsieur Harford comme Bill Phillips et son MONIAC.

J'ai beaucoup rouspété, j'ai beaucoup noté d'idées, de citations, de références, je vais me précipiter sur les podcasts qu'il indique à la fin de son livre. Un beau remue-méninge qu'il nous propose.

Un double merci à Babelio et à la masse critique qui m'a donné l'opportunité d'aller un peu plus loin, même si à petits pas dans la tentative de comprendre un peu mieux ce monde foisonnant de l'économie et de la politique.
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Je me demandais si, avec un tel titre, ce livre pouvait être recommandé à des enfants. Une fois en main, mes doutes se sont vites envolés. Un joli pavé de près de 600 pages, de rares courbes en guise d'illustrations, non, assurément, à part le cochon-tirelire rose de la couverture, aucun enfant n'oserait y toucher. À moins qu'il s'agisse d'une référence aux grands enfants que seraient les économistes ? Et qui joueraient avec la société humaine comme ils joueraient au Monopoly ?
En tout cas, loin d'être spécialiste en économie, et même si je ne retiendrai pas tout, je ne suis pas peu satisfait d'avoir atteint la fin du livre sans m'être ennuyé une seconde. L'auteur promène le lecteur à travers les principales notions de micro et macro-économie en utilisant des exemples simples et accessibles, des anecdotes parlantes, des références connues et familières.
Dans la première partie du livre, principalement orientée micro-économie, on touche en vrac à toute sorte de sujets : le principe de rareté et les prix du café de Starbucks, les prix ciblés des supermarchés, la pollution des automobilistes, le poker et le principe des enchères, les gouvernements bandits, la mondialisation, l'évolution de la Chine, etc. Très intéressant tout ça, et éclairant, mais… car il y a un mais. C'est bien beau de vouloir une croissance continue, de vouloir tirer la richesse des populations vers le haut, mais l'épuisement des ressources de la Terre dans tout ça, hein ? Et l'accroissement des inégalités du partage des richesses ? Les économistes seraient-ils des enfants insouciants et insensibles qui joueraient avec les chiffres sans voir les vies humaines et les conséquences environnementales qui sont derrière ?
J'aborde donc la seconde partie, sur la macro-économie, toujours avec autant de curiosité mais avec un fort scepticisme. Là, on nous parle de baby-sitting et camp de prisonniers pour expliquer inflation, déflation, croissance, récession et chômage, tout en nous expliquant les difficultés de modéliser un monde complexe et imprévisible. Bien, mais mon scepticisme persiste. Il faudra attendre les derniers chapitres pour l'émousser, notamment avec l'économie du bonheur. Tiens, l'économiste serait-il donc plus humain qu'il n'y parait ? Et puis, comme par hasard, l'auteur pose enfin les questions essentielles sur les limites de la croissance et sur les inégalités, balayant au passage mes dernières résistances. On n'est pas obligé de tout gober à la lettre, certes, mais l'optimisme final de l'auteur est presque convaincant et rassurant. Presque... Car on est encore dans des solutions bien capitalistes. Pas vraiment d'innovation, pas vraiment une révolution. Il faudra pourtant bien changer de paradigmes pour sauver le monde !
Ce que je retiendrai de ce pavé, c'est que la science économique est très théorique et qu'elle doit être maniée avec humilité et prudence pour ne pas engendrer de plus gros problèmes que ceux qu'elle est censée résoudre. L'économie est peut-être un jeu pour les économistes, elle se révèle être à mes yeux un sacré bricolage !
Bref, un livre complet, très documenté, et techniquement abordable même pour non initié, qui permet de mieux comprendre les tenants et aboutissants des politiques actuelles.
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Oh là là, plus que 6 jours pour poster ma critique sur ce bouquin de 585 pages bien touffu, même pas quelques images par ci par là, et j'en suis qu'à la moitié.....Saisie par des bouffées d'angoisse à l'idée de devoir sacrifier tous mes loisirs pour le finir à temps, car, n'est-ce pas, le devoir avant tout, je préfère vous donner mon avis tout de suite.
D'abord le titre, qui est un mensonge éhonté. L'auteur voudrait laisser croire que les arcanes de l'économie mondiale ne sont pas aussi opaques que les textes de la Kabbale. Que la crise des subprimes est limpide comme un quiz (fastoche) de luc_mul, et il nous explique ça avec des paniers d'oeufs, dont certains sont pourris et d'autres extra-frais. Et qu'un seul oeuf pourri va gâter une belle omelette de quelques milliards d'oeufs...
Je vous le dis tout net: vous allez ramer. Si comme moi, vous n'avez que de vagues notions sur le sujet, ne croyez pas qu'après ces 585 pages, vous serez aussi calé qu'un diplômé d'HEC.
Certes, le style de Mr Harford est celui d'un journaliste de l'Equipe, bien qu'il travaille au Financial Times. Il a tendance à bousculer certaines idées reçues, et il surfe assez bien sur l'actualité internationale. Il aborde des notions qui reviennent régulièrement dans nos journaux d'information: les effets de la mondialisation, l'impact sur l'environnement, l'écart qui se creuse entre riches et pauvres, les erreurs colossales commises par les banques et le rôles des Etats pour sauver la situation, etc...
Le livre comporte deux parties: "L'économie est un jeu d'enfant" et "Comment gérer ou ruiner une économie?". Nos gouvernants seraient-ils parfois des sales gosses qui s'amusent à casser leurs jouets? Hum, ça s'est déjà vu.
C'est ce que vous saurez en lisant ce livre, qui nous apprend pourquoi les Chinois deviennent très riches tandis que le Cameroun s'enfonce dans la misère.
Pour conclure, je dirai que 27 euros ce n'est pas excessif par rapport à tout ce que livre nous apprend, mais que, mon sens de l'économie s'étant développé, vous pouvez aussi l'emprunter à la bibliothèque. C'est Mme Picsou qui vous le dit!
Quant à moi, je remercie les éditions PUF, car je l'ai eu gratos :-)))
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Journaliste économique au Financial Times, Tim Harford se donne pour objectif de vulgariser l'économie pour que chacun puisse comprendre le monde qui nous entoure.

Le résultat est toutefois mitigé. D'un côté, l'auteur parvient à rendre l'économie intéressante, à nous expliquer des dizaines voire des centaines de choses (Les immigrés nous volent-ils nos emplois ? Quel est le rapport entre sciences du comportement et économie ? Peut-on vraiment mesurer le bonheur d'un pays comme on mesure le PIB ? etc.), mais de l'autre, le principal manque du livre est un lexique.

En effet, le jargon utilisé est parfois sibyllin pour le profane. Il n'est pas certain que tout le monde sache ce qu'est un "créancier", un "prêt hypothéqué" ou encore les "subprimes". Le chapitre VI qui essaye d'expliquer la crise économique de 2008 s'avère ainsi laborieux à lire.

Mais de par la densité de son écrit, Tim Harford parvient tout de même à susciter une réelle curiosité sinon un intérêt, pour l'économie. Certaines explications, à l'instar de celle sur le monde économique du café ou du PIB, sont d'ailleurs très bien menées. Lorsque l'économiste explique, au chapitre IX (p.278), qu'acheter des produits fabriqués dans des usines insalubres de pays pauvres, c'est un moindre mal, et que cela prépare l'essor économique du pays, on est même quelque peu fasciné par ce point de vue iconoclaste.

Par ailleurs, la deuxième partie est bien pensée puisqu'elle est organisée comme un dialogue entre un lecteur fictif et l'économiste. Cela se lit d'autant plus facilement.

En résumé, L'économie est un jeu d'enfant peut se lire facilement, à condition d'avoir un petit dictionnaire ou une connexion internet à portée de main en cas de non compréhension de certains termes situés à mi-chemin entre le jargon et le langage courant. Notons enfin que l'ouvrage est à prendre comme un texte propédeutique, et non comme une défense de théories économiques particulières. Il faudrait compléter cette lecture par d'autres avant de se positionner en faveur de tel ou tel parti-pris économique. Mais une chose est sûre, Tim Harford rend bien compte de la richesse de cette science qu'est l'économie !
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Comment rendre la science économique accessible au plus grand nombre ? Comment vulgariser des théories qui sortent soit des textes ampoulés d’auteurs des siècles passés, soit des modèles mathématiques abscons des économistes modernes ? C’est la gageure à laquelle s’attelle Tim Harford, professeur à Oxford et chroniqueur au Financial Times.

Réunion de deux ouvrages publiés en 2006 et 2013, "L’économie est un jeu d’enfant" est un gros et lourd manuel qui explique les fonctionnements économiques à l’aide d’exemples purement imaginaires et choisis pour être amusants ou alors, c’est le plus intéressant, tirés de cas réels que tout lecteur connait peu ou prou. Micro d’abord, macro ensuite, Harford balaye une bonne partie de la science économique et montre à ses lecteurs comment elle permet de comprendre quantité de phénomènes qui seraient sinon largement incompréhensibles, comment elle permet aussi d’avoir les outils de la décision lorsqu’il s’agit d’agir et de choisir entre deux politiques sans le faire au doigt mouillé.

Micro d’abord. Harford commence par le prix des cafés chez Starbucks. De cet exemple trivial et accessible, il tire des fils qui lui permettront d’expliquer la théorie de la rente différentielle de Ricardo et, partant, les mécanismes de rente. De là, il passe aux systèmes de sélection des clients par la discrimination tarifaire, toujours à partir de Starbucks ainsi que des étalages de supermarché. Puis ce sont les embouteillages et leur coût social qui permettent d’aborder les questions de coût moyen, de coût marginal, de décisions liées aux coûts, etc. Il montre comment, sur des marchés parfaits, les prix véhiculent toute l’information dont le marché à besoin pour utiliser au mieux des ressources productives désespérément rares, comment donc un système de production aux décisions décentralisées assure la meilleure allocation des ressources possibles, hors défaillances. Harford explique donc ensuite quelles sont les défaillances du marché et comment puissance publique ou acteurs privés peuvent les adresser. Il n’oublie jamais que le seul critère c’est l’efficacité, c’est à dire le rendement productif des facteurs utilisés, et que L’EFFICACITE NE S’OPPOSE PAS A LA JUSTICE. C’est toute choses égales par ailleurs, à un niveau de justice choisi et voulu par le consensus social, qu’on doit choisir la méthode la plus efficace parmi celles qui sont disponibles. Il propose d’ailleurs l’exemple d’un très intéressant système de santé, qu’il qualifie de mini-invasif, et qui satisfait à ces deux critères.

Harford explique ensuite, toujours de manière simple et imagée, ce qu’est la théorie des jeux et ce qu’elle permet de comprendre dans le monde réel, par exemple comment vendre aux enchères des ressources rares au bénéfice de la société. Il montre que les pays pauvres souffrent plus que tout d’institutions défaillantes qui ruinent leurs chances de croissance, expose les bienfaits d’un commerce international bien organisé (Ricardo encore), explique que le protectionnisme est un jeu à gain concentré et bénéfices diffus, démonte au passage l’idée un peu simple selon laquelle le commerce est toujours anti écologique, et décrit le processus de développement chinois en insistant sur ses aspect contingents et sans nier les bouleversements sociaux qu’une grande croissance engendre. Et, toujours, Harford est optimiste sur la capacité des sociétés à progresser vers plus de justice et une distribution plus équitable des revenus et des possibilités, notamment par le biais de l’éducation. C’est peut-être là qu’il est un peu trop euphorique, même s’il défend habilement son point de vue, d’un point de vue historique notamment. On peut penser aussi qu’il oublie trop souvent les conséquences du Théorème d’impossibilité d'Arrow, toutes ces fois où il explique que l’Etat pourrait faire ceci ou cela en s'extrayant de la pression des lobbies. Il décrit ce qui pourrait être si la rationalité dominait. Hélas c’est rarement le cas.

Macro ensuite. A partir de l’exemple historique d’une récession dans le petit monde du baby-sitting, Harford tisse un long fil qui va l’amener à aborder le pouvoir (ou pas) de la monnaie sur la croissance, les affres de la politique monétaire entre inflation et déflation, les nécessités (ou pas) et les conditions de possibilité d’une relance keynésienne, les effets différenciés des mêmes efforts de relance suivant les canaux empruntés. Il balaye aussi les controverses récentes sur le niveau du multiplicateur (il faudra lire pour savoir ce que c’est) dans les économies modernes ou les relations ambigües entre endettement et croissance. Il développe l’exemple connu du camp de prisonnier et des chocs exogènes qui modifient le niveau de son activité, s’interroge sur les causes structurelles et/ou conjoncturelles du chômage, la dualité du marché du travail ainsi que les diverses politiques d’emploi existantes, puis, c’est lié, sur les difficultés qu’il y a à calculer un PIB potentiel. Il termine sur le rôle de la gestion, la question des inégalités, à fortiori dans leur rapport anxiogène avec le progrès technique, et confronte (question post-matérialiste) culte du PIB et économie du bonheur. Il n’oublie pas, pour conclure, d’aborder les perspectives de la science économique, notamment à la lumière des promesses de la jeune économie comportementale ou de la théorie de la complexité.

Tout au long de cette partie, Harford ne cesse jamais de montrer que la problème n’est pas de faire ou de ne pas faire mais de quoi faire car les ressources mobilisées pour une chose ne sont plus disponibles pour une autre. L’économie est la science des choix. Elle tente de les éclairer pour qu’ils soient faits en connaissance de cause. Harford ne cesse jamais de montrer qu’il y a des choix possibles et des décisions à prendre. C’est vrai dans la micro pour les consommateurs ou les producteurs qui réagissent à des incitations sur la base d’informations apportées par les prix, c’est vrai aussi en macro où il ne faut jamais oublier que toute action de grande ampleur en rend d’autres impossibles et engendre des effets ondulatoires, parfois contradictoires, qui se diffusent dans tout le système.
Un seul chapitre est difficile à comprendre pour le non initié, ça n’étonnera sans doute pas, c’est celui sur la crise financière des subprimes et les mécanismes de titrisation en général.

"L’économie est un jeu d’enfant" est un très bon livre de vulgarisation économique qui montre tout du long, contre le néfaste sens commun, que tout choix économique est complexe. Un livre éclairant donc.

Lien : http://www.quoideneufsurmapi..
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