Eté 1995. Heather passe quelques jours de vacances avec son amie Kelly dans les Cornouailles. Les 2 adolescentes partent se baigner malgré le temps incertain. Une brume épaisse enveloppe soudainement les falaises, Heather et Kelly sont introuvables. La première sera retrouvée morte, sur une corniche, la seconde aura plus de chance. Ruth et Simon, les parents d'Heather, restent inconsolables. Cette perte signera la fin du couple. Ruth se remarie et donne naissance à une petite fille, Beatrice. 14 ans plus tard, le scénario apocalyptique se rejoue : Beatrice disparaît… Les fêlures d'un premier deuil impossible viennent anéantir la raison déjà vacillante de Ruth.
«
le deuil et l'oubli » est d'abord un roman noir avant d'être un policier. L'atmosphère y est lourde, oppressante, à l'image de la région des Cornouailles telle que la dépeint
John Harvey, et qui voit l'émergence du drame princeps : sa beauté n'a d'égale que sa sauvagerie et ses dangers latents ; la vie est toujours suspendue au temps météorologique au caractère menaçant car toujours incertain.
John Harvey prend le temps de camper ses personnages : le couple Ruth et Simon au départ, puis Ruth et Andrew quelques années plus tard, les policiers, Will, la tête brûlée et Helen, avide d'aventures. le roman semble parfois s'étirer en longueur, ce qui a pour effet de diluer l'action et le suspens. C'est peut-être aussi une manière de figurer ce temps du deuil et de l'oubli, qui restent pour autant impossibles car Ruth ne peut oublier sa petite Heather qui vient lui rendre visite assez régulièrement et de manière inopinée. Et puis, comment oublier ce drame quand le deuxième enfant vient lui aussi à disparaître, venant réactiver les fêlures ?
En terres de Cornouailles, la vérité pourra-t-elle ressurgir 14 années plus tard, venant donner sens, aussi à la seconde disparition ? Un final, assez trépidant, donne la réponse. Comme l'indique la critique de Livres Hebdo présente sur la quatrième de couverture : « un livre qu'on ne peut quitter et que l'on met longtemps à oublier ».
Un grand merci à Babelio, et son opération "Masse Critique", ainsi qu'aux éditions Payot & Rivages pour cette belle découverte !