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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Exceptionnel....
Pour celles ou ceux qui ne connaissent pas l'auteur, Jean Hatzfeld a écrit plusieurs livres sur le Rwanda. Sur les rescapés, les tueurs, la politique de réconciliation (les assassins vivant désormais à proximité de leurs victimes). 20 ans après il va rencontrer les enfants des rescapés et des assassins.
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Dans ce livre "Là où tout se tait" l'auteur va s'intéresser aux "Justes", ces Hutus qui ont sauvé des Tutsis. Pour certains ils en auront payé le prix ultime et ont été massacrés. Certains ont survécu.
Ma surprise c'est que ces "Justes" sont mal vus.
Mal vus des Hutus : ils sont la preuve qu'on pouvait s'opposer aux ordres, ils deviennent une accusation muette, voire ils sont vus comme des traîtres.
Mais mal vus aussi des Tutsis : il est plus facile d'englober la haine contre une ethnie complète sans nuance.
Oubliés. Pour celles et ceux qui en sont morts, ils ne sont pas inscrits sur les monuments des victimes du génocide (ils n'ont pas été tués à cause de leur ethnie, mais du fait de leur humanité).
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Un livre utile, nécessaire.... Avec toujours cette merveille de français qui n'est pas le nôtre. Un français savoureux. J'adore les mots utilisés, les expressions, les tournures différentes, un français qui a évolué différemment d'ici.
C'est difficile de savourer autant le style alors que ce qui est raconté est si horrible ! Et pourtant....

J'ai envie de remercier l'auteur pour ces récits si difficiles qui m'ont fait découvrir le "dernier génocide du 20e siècle". Ces témoignages uniques, difficiles, nécessaires pour ne pas oublier. Ne pas oublier non plus ces hommes et ces femmes qui ont refusé et sauvé des Tutsis au nom de l'humanité, de l'évidence, de la gentillesse (comme ils disent là-bas).
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Il est des livres que l'on se doit de lire, il est des massacres et des génocides dont on se doit de perpétuer le souvenir. Avec un seul objectif : plus jamais ça, même si…. Là où tout se tait fait partie de ces livres.

Le génocide des Tutsis au Rwanda s'est déroulé du 7 avril 1994 au 17 juillet 1994 et a fait 800 000 victimes en seulement 3 mois. L'ampleur du massacre (nombre de morts par jour) est sans précédent.

Jean Hatzfeld rend parfaitement compte de cet effroyable service public opéré par les Hutus : se lever le matin, partir dans les marais, tuer les Tutsis, tous les Tutsis, peu importe qui ils sont, même des voisins, même des amis, et rentrer chez soi en fin d'après-midi, satisfait de sa journée.

L'auteur n'a pu faire l'économie de scènes d'une violence extrême (pas besoin que l'auteur s'appesantisse, la réalité est terrifiante).

Il est parti à la recherche des Justes, les Hutus qui ont eu le courage de s'opposer au massacre des Tutsis, souvent au prix de leur vie. La sentence était sans appel : les Hutus qui soutenaient les Tutsis devaient mourir.

Ibuka, l'association pour la mémoire du génocide tutsi s'est inspirée de Yad Vashem, l'institut international pour la mémoire de la Shoah, pour honorer les Hutus qui ont défendu des Tutsis. Elle les appelle parfois des Justes. Les critères d'Ibuka sont néanmoins différents de ceux de Yad Vashem.

Jean Hatzfeld a écrit plusieurs livres sur le génocide tutsi. Ce ne sont évidemment pas des livres-plaisir, plutôt des livres qu'on lit pour se prémunir du Mal qui pourrait arriver.

Lien : https://dequoilire.com/la-ou..
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IBUKA, souvient toi en Kinyarwanda.
Se rappelle à moi, chaque année, à cette période, le devoir de mémoire sur le dernier génocide du
XXe siècle.
Pour avoir déjà lu plusieurs ouvrages de Jean Hatzfeld sur ces événements tragiques, atroces, difficilement compréhensibles, je ne m'explique toujours pas cet intérêt pour ces récits de l'horreur. Mais j'y retourne sur ces milles collines, tel un besoin d'expiation, une nécessité de faire vivre ces centaines de milliers d'innocents que mon pays a abandonné par faute d'arrogance et volonté de préserver une aura désuète d'une diplomatie hors d'âge.
Jean Hatzfeld met en avant les histoires des « justes », reconnus ou non par les institutions rwandaises depuis le début du travail de réconciliation opéré dans les années 2000.
Ils ne sont pas pléthore, ceux comme Eustache ou Silas, ces Hutues qui ont défié la mort, la peur, le risque immense de préserver l'humain. D'autant qu'il ne reste plus beaucoup d'avoisinants pour innocenter ou nuancer la culpabilité.
Encore aujourd'hui, la méfiance et la médisance restent tapies et on ne fait pas étalage de son bon comportement pendant le génocide.
Le pardon est impossible. Les doutes sur la vérité prédominent.
Il y a toujours la pudeur des mots, la simplicité à raconter le déferlement de violence, l'avant, les « événements » et l'après.
Depuis 2006, les tueurs sont revenus sur les collines, ont participer à la récupération des restes de leurs anciens voisins enterrés dans les fosses communes les jours d'Umuganda, dernier samedi du mois ou traditionnellement, on offre son service à la communauté.
Jean Hatzfeld est un exceptionnel passeur de mémoire. Il touche au coeur et fait en sorte que la vie jaillisse malgré l'effroi.
Merci à lui et à ces quelques Abarinzi w'igihango pour leurs mots.
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30 ans après le génocide , une lecture fondamentale.
Hatzfeld qui a écrit plusieurs livres sur le sujet, recueille ici plusieurs témoignages de "justes" (hutus qui ont sauvé des tutsis) ou de rescapés tutsis sauvés par ces mêmes justes.
Des témoignages bouleversants qui rendent hommage le plus souvent à ces justes souvent de simples agriculteurs, commerçants ou fonctionnaires qui pour la plupart d'entre eux n'ont eu aucune reconnaissance de la part des autorités.
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Comme le rappelle Jean Hatzfeld, le génocide des Tutsis au Rwanda est l'un des plus meurtriers de l'histoire par rapport à sa durée : 800.000 morts pour 100 jours ! du 7 avril au 17 juillet 1994 et qui faisait suite à la Guerre civile rwandaise entre le FPR (fondé par les exilés Tutsis dont Fred Rwigema, puis Paul Kagame) et les FAR (l'armée du Rwanda composée de Hutus et soutenus par la France).

Dans cette inhumanité totale, des hommes et des femmes ont tenté l'impossible : sauver une vie. A l'instar de ce qui s'est passé durant la Shoah, des êtres humains ont fait preuve de courage pour cacher, faciliter la fuite de ceux qui étaient condamnés à l'exécution barbare de l'intolérance. En 1994 ce sont des Hutus qui ont tendus leur coeur vers des Tutsis. Un fait méconnu et même s'il existe dorénavant une reconnaissance officielle beaucoup sont totalement ignorés. Parce qu'il est toujours difficile de parler, parce qu'un Hutu qui a sauvé peut encore passer pour un traître, parce qu'un hutu aux yeux des Tutsis est peut-être encore un ennemi. On n'efface pas en un jour le sang qui a giclé sur tous les chemins du Rwanda qui s'est coagulé dans les immondes trous reconvertis en charniers de l'horreur.

Jean Hatzfeld, que l'on ne présente plus tant ses écrits sur le Rwanda ou les Balkans font date, a rassemblé à Nyamata les témoignages de ces hommes et femmes qui auraient pu tout perdre en sauvant leur prochain. le risque était immense car tout Hutu qui sauvait un Tustsi était condamné à « être coupé ». Des histoires rassemblées comme des nouvelles en transcrivant sans artifice le récit, ce qui donne une immense émotion à lire ces mots sortant du ventre, une langue étrange où pleuvent les métaphores. Ils ont survécu au génocide et c'est déjà extraordinaire ; mais en bravant le danger, ils ont donné espoir en l'humain, un humain capable du pire côtoie l'humain capable du meilleur.

Ce livre est précieux car ces « Justes » sont rares. Rares parque ‘ils se taisent ou parce qu'ils sont morts. Les raconter, c'est faire honneur à la bravoure de l'âme, c'est les faire revivre. C'est aussi un hymne à l'amour car les couples mixtes étaient chassés, persécutés ; on demandait à un mari de tuer sa femme Tutsi, s'il ne le faisait pas, les deux étaient assassinés. Les enfants avec. Ou alors, les enfants devenaient à leur tour des tueurs.

Des mots qui sont une signature éternelle pour Isidore Mahandago, Eustache Niyongira et Edith Mukayiranga (la gentillesse invincible), Marcel Sengati, François Karinganire, Jean-Marie Vianney Setakwe et Espérance Uwizeye, Silas Ntamfurayishyari…
Lien : https://squirelito.blogspot...
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Dans ce 6ème opus sur le Rwanda, après s'être intéressé aux survivants, aux bourreaux et aux enfants des victimes, Jean Hatzfeld donne la parole aux quelques Justes Hutus qui ont risqué leur vie pour sauver, soit une épouse, soit un proche ou même des inconnus. Ils sont peu nombreux et leur silence pendant toutes ces années traduit leur malaise et leur défiance. Défiance vis-à-vis des Hutus qui les considèrent comme des traîtres, défiance vis-à-vis des Tutsis qui ont longtemps regardé chaque Hutu comme un meurtrier en puissance. Face au journaliste, sa discrétion et sa fidélité, la parole se libère et le courage de ces hommes et de ces femmes menacés par leur propre communauté se dévoile, mot à mot, avec pudeur. Ces témoignages, parfois insoutenables, nous rappellent qu'au milieu du déchaînement de la violence et de la cruauté la plus indicible, des gestes d'humanité persistent.

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« Petit pays » a écrit Gaël Faye. Nyamata dans ce petit pays est un village, perché au milieu d'un paysage de collines où les champs ocres, les eucalyptus verts, les bananeraies font de belles couleurs. Nous sommes en 2018, Jean Hatzfeld revient dans ce coin du Rwanda qu'il a sillonné pendant plus de vingt ans, après que, 34 jours durant, entre le 11 avril et le 14 mai 1994, 51000 Tutsis y ont été massacrés, sur une population qui en comptait 59 000.
Enfants, hommes, femmes, vieux et vieilles, « coupés » comme on coupe les bananiers, taillés comme on taille le Sorgho, plus rarement abattus par armes à feu, entassés dans des trous, morts ou à demi-morts, un chaos de corps et de cris.
Aujourd'hui, le temps fait sa place au silence. Pour l'auteur il s'agit d'en faire émerger les mots, avec ceux qui n'ont pas péri sous la machette et qui disent ce qui reste gravé dans les mémoires et dans les corps. Il ne s'agit pas seulement d'entendre les victimes, le récit s'applique à tenter de comprendre ce qui a placé certains Hutus hors de la folie meurtrière collective, les amenant dans l'instant de la meute assassine, à cacher, guider, sauver des Tutsis condamnés à une mort immédiate. le livre est structuré autour des témoignages, ceux qui ont sauvé, ceux qui ont été sauvés, ceux qui ont été témoins. Face à ces résistants au crime, Hatzfeld utilise le nom de Justes, en posant la question de la pertinence du terme. Avec ce récit, le lecteur est placé devant une réflexion philosophique sur les mécanismes de la haine communautaire, leur aspect instinctif et bestial. Il est placé de la même manière devant les réflexes instinctifs eux aussi de la résistance à la haine. Pourquoi la balance penche-t-elle de l'un ou de l'autre côté ? Comment aujourd'hui est -il possible de vivre ensemble, tueurs et victimes, sans se parler, dans le silence, sans se poser les questions qui se rapportent au sens de ce qui fut ?
J'avoue n'avoir jamais pu ouvrir les livres de Jean Hatzfeld, notamment son texte fondateur « Une saison de machettes » après la lecture de ce livre je vais corriger ce manque et tenter de comprendre mieux les mécanismes de ce génocide.
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On ne peut pas commenter ce livre sans rendre hommage à Jean Hatzfeld qui à travers l'ensemble de son oeuvre à couvert le génocide des Tutsis . Tout comme Claude Lanzmann avec Shoah, Jean Hatzfeld a trouvé les bons angles d'attaque pour nous permettre de mesurer l'ampleur de cette sauvagerie génocidaire et les drames impensables vécus par ces familles. En un seul instant une femme pouvait voir son mari et ses enfants y compris les plus jeunes être exécutés d'une manière barbare et inhumaine et devoir fuir sans se retourner pour pouvoir essayer de survivre. Au delà du drame humain l'auteur a su préserver la langue si particulière des témoignages. Une richesse de la langue française qui nous laisse sidéré . Quand on entend parler « d'avoisinants» nous sommes tout de suite projetés au côté de ces hommes et de ces femmes. Jean Hatzfeld a dit lors d'une interview « La guerre, c'est toujours terrible, d'une grande tristesse, mais c'est néanmoins encore la vie. le génocide ce n'est pas une forme exacerbée de la guerre, ce n'est pas la guerre et ça n'a plus rien à voir avec la vie ». le livre se termine sur une phrase bien sombre « De toute façon, aucun pardon n'est possible ».
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Le journaliste Jean Hatzfeld poursuit son approfondissement de la connaissance du génocide rwandais. Avec « Là où tout se tait », il signe ainsi le sixième livre consacré à la tuerie des Tutsis perpétrée par les Hutus au printemps 1994.
Il s'intéresse ici aux « abarinzi w'igihango » appelés aussi les « gardiens du pacte de sang » ou encore les « Justes », mot plus explicite pour nos oreilles occidentales.
De retour à Nyamata, il part à la rencontre de ceux qui se sont opposés à la barbarie. Certains sont des fantômes parce qu'ils ont payé de leur vie leur courage. Les Tutsis rescapés vont témoigner à leur place. D'autres, toujours vivants, attestent avec humilité de leurs actes charitables. L'ensemble mêle humanité et atrocités.
Pourtant, cette poignée d'hommes et de femmes n'a pas eu la reconnaissance que Israël a accordée à ceux qui, en résistant à la folie antisémite, sont devenus des « Justes parmi les Nations ». Pour les Hutus ils symbolisent la trahison. Quant à la majorité des Tutsis, elle est soupçonneuse à l'encontre de ces sauveurs. Même les cérémonies officielles semblent les avoir oubliés.
En donnant la parole aux protagonistes d'un moment tragique de l'histoire du pays aux mille collines qui a vu la mort de plus de 800 000 Tutsis en moins de cent jours et qui pèse toujours sur les relations entre les deux ethnies, l'auteur à rendu un hommage à ces héros ordinaires qui éclaire d'une manière plus altruiste le récit national du Rwanda marqué par l'horreur.

EXTRAITS
- Les Hutus ont tué à s'en casser les bras sans penser le jour d'après.
- Il faut du courage pour risquer la mort, autant pour défier le déshonneur aux yeux de ses collègues.
- Si on s'attarde trop sur la peur du génocide, on perd l'espoir. On perd ce qu'on a réussi à sauver de la vie...
- Si le bien peut paraître simple, il n'est jamais banal.
- Ils sont repartis en sautillant en tueries.
- de toute façon, aucun pardon n'est possible.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Après avoir donné la parole aux victimes tutsies, aux bourreaux, à ceux qui revenaient d'incarcération, après avoir mis en lumière Englebert, après avoir rencontré et laissé s'exprimer les descendants des protagonistes (des deux camps) de ce qu'il est convenu d'appeler de nos jours le génocide rwandais, Jean Hatzfeld s'attarde désormais à celles et ceux qui ont résisté à la folie meurtrière. A l'instar des justes reconnus pour avoir sauvé, protégé, ou aidé des juifs durant la seconde guerre mondiale, des hommes et femmes hutus ont eux aussi ‶refusé″ de se laisser entrainer, de tuer, ou tout simplement ont à mesure de leurs moyen protégé les tutsies.
A l'épreuve du temps beaucoup ont disparu. Jean Hatzfeld s'est appliqué à parler de ces héros du quotidien, de ces sauveteurs improbables, ces aidants invisibles, en donnant la parole aux tutsies survivant encore en possibilité de témoigner, et surtout de rendre justice à celles et ceux longtemps considérés comme des traitres, et qui pour beaucoup ont payé de leur vie.
Nous ferons donc connaissance avec Isidore, Eustache, Marcienne, Marcel, Espérance et Setatakwe, que racontent celles et ceux qui les ont connus, qu'ils ont aidés, sauvés, cachés...
Jean Hatzfeld laisse à chacun son degré de langage, son phrasé le plus souvent particulier et surprenant de prime abord. L'entrée en matière ne m'a pas forcément parue aisée ; tout comme la structure du récit qui peut perdre, parfois, mais qui de toute évidence prend aux tripes.
Si les Justes des Collines s'effacent peu à peu, Jean Hatzfeld s'emploie grâce à ce récit poignant, à leur rendre l'hommage et la visibilité qu'ils méritent !

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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