Rome a tout enseigné à Claude Lorrain. Ce petit paysan de la vallée de la Moselle, venu en Italie sans préparation, presque illettré, ne sachant rien de l'art de la peinture à laquelle il rêvait de se consacrer, a connu Rome encore adolescent et s'y est fixé, dans sa vingt-cinquième année, pour n'en plus jamais sortir et y passer toute sa carrière. L'apprentissage qu'il y trouva ne fut point celui que les artistes du monde entier y venaient chercher. On ne peut croire que son art personnel ait tiré grand profit de sa présence dans l'atelier d'Antonio Tassi, qui l'employait près de Viterbe, vers 1655, avec une équipe de décorateurs français, aux ouvrages de la villa Lante. Mais, tandis qu'il vivait de ces travaux presque manuels, le noble pays lui révélait peu à peu la vocation véritable de son génie. Les lignes harmonieuses des horizons, la majesté des monuments et surtout une lumière enchanteresse
pour des yeux du Nord, voilà les éléments essentiels de la peinture de Claude, ce qu'il a aimé d'un amour profond
et ce qu'il a, toute sa vie, essayé de rendre.