C’était étrange de constater à quel point les liens que l’on créait avec les autres pouvaient se dissoudre facilement si l’on ne faisait pas l’effort de les maintenir. C’était pour cela qu’il ne fallait jamais cesser de tendre la main vers les choses importantes.
Une inconnue m’adressa la parole. Sa voix était aussi chaleureuse qu’un soleil de printemps et douce comme le vent qui secoue les fleurs.
Avant, tu ne m’aurais même pas remarquée, et encore moins adressé la parole. Je ne compte même plus le nombre de fois où tu m’as ignorée. Même quand on est tous ensemble, tu es toujours celui qui se met un peu à l’écart pour observer les autres. Tes sourires ont toujours l’air faux, et à chaque fois que tu prends la parole, c’est pour dire des choses sans importance. Mais là, tu es différent. Je le vois bien. Là, c’est ce que tu penses vraiment. C’est peut-être bien la première fois d’ailleurs. Mais ça me fait plaisir.
Le matin, en me réveillant, je sentis que j’étais en train d’oublier mon rêve. Ça m’arrivait de temps en temps. Je n’arrivais pas à m’en souvenir. C’était un peu comme si un flocon de neige que l’on attrape, qui fond, puis qui coule. Dans mon rêve, je tenais la main de quelqu’un. Je riais. Mais au réveil, je ne me souvenais plus de la personne avec qui j’étais. J’oubliais aussi tout ce que j’avais ressenti à ce moment-là. Puis je finissais même par oublier avoir rêvé.
Nous n’étions plus des enfants, mais nous n’étions pas encore des adultes. Nous étions légèrement au-dessus de cette ligne de distinction.