Beaucoup ont parlé des Carnets de l'apothicaire quand ils ont vu arriver ce titre et je peux comprendre car nous sommes à nouveau dans le cadre d'une Cour intérieur chinoise avec une servante confrontée à des meurtres ou du moins tentatives. Mais on ne joue pas sur le même registre, nous sommes ici dans une vraie comédie là où son aîné était plutôt un récit d'aventure. Voilà donc une nouvelle variation des plus sympathiques.
Aussi surprenant que ce soit, car nous l'avons à peu près tous oublié, nous avions déjà fait la rencontre de l'auteur en 2020 avec la trilogie Heroines Game chez Kana où on retrouvait un peu ce registre d'héroïne à l'allure mortelle et cette ambiance légèrement barrée où il reprenait une ambiance scénaristique bien connue pour la détourner à sa sauce : la battle royale, mais avec chaque participante incarnant une héroïne de conte…Il a gardé ici le même petit grain de folie.
Dans le Palais des assassins, c'est O'Karin qui incarne ce petit grain de folie. Fille d'un célèbre fonctionnaire corrompu craint de tous, elle a quitté le foyer familial pour vivre sa propre vie en tant qu'apprentie servante dans le Palais car elle en avait marre d'être crainte elle aussi. Son seul désir : se faire des amies ! Mais avec sa tête effrayante due à l'éducation qu'elle a reçu, ça n'a rien de simple.
J'ai beaucoup aimé le registre humoristique de l'oeuvre, qui semble s'amuser à reprendre pour mieux les tordre les codes habituels des récits dans les cours impériales, avec leurs mystères, leurs entourloupes et leurs mesquineries. Ici, sous le regard naïf mais très particulier de Karin, nous allons ainsi assister à nombre tentatives d'assassinats et empoisonnements pour mieux les déjouer grâce à son entraînement passé. L'occasion, non pas tant de plonger dans les mystères de la Cour, que de s'amuser du décalage occasionné par la demoiselle qui cherche à tout prix à se faire accepter et ne réussit qu'à effrayer les autres alors qu'elle les aide. J'ai trouvé cela divertissant et savoureux, sans prise de tête, car pas besoin de réellement chercher à percer les mystères du lieu, ce n'est pas le propos, tout nous est servi sur un plateau.
J'ai ainsi pu profiter pleinement du lieu et des personnages, ainsi que de leurs dynamiques et relations. J'aime beaucoup la représentation de Karin avec ses petites oreilles de chat à la Anya, ses cernes d'inquiétudes sous les yeux et cette caractérisation de personnage toujours inquiet qu'on connaît bien dans le manga. Les éditions Ki-Oon ont bien pensé leurs couvertures qui reprennent fort joliment son goût pour la broderie, sa façon de tenter de s'intégrer dans ce nouveau lieu. C'est touchant de la voir essayer maladroitement de se faire des amies parmi les servantes, se mêlant sans le vouloir de leurs histoires pour les aider mais sans jamais que ça réussisse à lui offrir l'amitié qu'elle souhaite. Celle-ci viendra, enfin si on peut dire, d'un lieu plus surprenant du palais suite à une rencontre inattendue, mais ce sera totalement à sens unique pour le moment, une fois de plus. Karin est donc le personnage looser par excellence qui nous amuse énormément dans ses déboires !
Pour autant, j'ai trouvé les affaires rondement menées et bien écrites, dans le sens où c'est dynamique à suivre et entraînant, même si avouons-le, ça ne vole pas haut et c'est très classique. Il y a l'assassin qui s'introduit dans le palais, les oiseaux venimeux pour une tentative d'assassinat depuis l'intérieur ou encore la cérémonie de thé piégée dans le même but, avec une multitude de potentielle commanditaire derrière. Et à chaque fois, on s'amuse de voir comment Karin résout cela en usant des techniques et artefacts provenant de l'éducation de son paternel. Cela a un charme certain.
Nouvelle petite aventure, cocasse et drôle cette fois, au sein d'une Cour impériale en proie aux multiples tentatives d'assassinat. L'angle comique rend la lecture très fraîche, tout comme l'héroïne looseuse qu'on s'amuse à voir rater sa cible : trouver des amies. C'est inattendu et décalé même si l'univers et les histoires sont assez classiques, mais c'est plutôt savoureux à suivre.
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