Un auteur que je découvre avec ce roman. Une époque que je n'apprécie pas particulièrement, mai 1968. Un style froid qui ne m'attire pas, de même que l'ambiance du livre qui dépeint des gens semblant perdus en effectuant leur "révolution" bourgeoise à la suite de l'enterrement de leur aïeule. Les liens du sang n'en sortent pas grandis tant le lecteur est confronté à une bataille de charognards sans retenue ni scrupules. Je n'ai ressenti aucune empathie pour les personnages dont je trouve les agissement et comportements abusifs et choquants. Je n'ai apprécié que de très courts passages du livre, mais reste très en retrait face à une violence gratuite dépeinte par l'auteur.
Cette lecture ne restera pas un bon souvenir, sans doute même pas un souvenir.
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Et puis Maman est arrivée.
- Vous partiez sans me dire au revoir? Ne fais pas cette tête-là, ma chérie, tout va s'arranger, je suis sûre!
Avant la réunion, elle avait mitonné un partage à l'amiable avec ses belles-soeurs : "Tu prends ça? Alors, je prends ça! - Et moi? - Toi? Tu as déjà ça! - Mais pas du tout, c'est à moi, ça!" Elles avaient fait le tour des pièces sous couvert de pélerinage : "Tu te souviens? La chambre de Paul. Oh! mais je n'avais jamais remarqué combien ce lit était joli!..." Un inventaire de souvenirs, et puis un inventaire tout court.
... Devenir un arbre, la tête pleine de vent. A l'automne, les nuages levés sur la mer passeraient dans son feuillage avant de prendre de l'altitude. L'hiver, le printemps, les saisons s'enfuieraient. On ensevelirait un à un ses enfants à ses pieds. Elle nous rassemblerait tous et nous attendrions ensemble la résurrection générale, perchés chacun sur une branche. On devrait protéger davantage les arbres des cimetières. Ce sont tous des arbres généalogiques, en fin de compte.
Philippe est arrivé à la maison, vers neuf heures du matin. Quand je lui ai ouvert la porte, il est resté sur le seuil, sans me tendre la main. Il a dit :
- Grand-Maman est morte.
Ca n'allait pas du tout avec sa chemise rose, son complet mastic, sa cravate à fleurs. C'est sans doute pourquoi je n'ai pas compris tout de suite. Nous sommes restés quelques secondes sans bouger, l'un en face de l'autre. Elizabeth est sortie de la cuisine et Philippe a répété :
- Grand-Maman est morte. Papa vient de me téléphoner. Je suis venu vous prévenir tout de suite.
Alors j'ai senti qu'une falaise s'écroulait et, avec elle, une maison, un jardin et nous dans ce jardin.
Jean-Olivier Héron partie 5