Ce tome contient les épisodes 18 à 23, initialement parus en 2013/2014, tous écrits par
Jonathan Hickman, dessinés par
Leinil Francis Yu, encrés par
Gerry Alanguilan, sauf le 23 encré par Yu. Il faut impérativement avoir commencé la série par le premier tome , pour espérer comprendre plus de la moitié du récit.
À l'évidence, ce tome est forcément difficile à lire déconnecté d'Infinity, puisqu'il s'insère au deux tiers de ce récit. Il commence par une page de résumé en comics (7 cases) indiquant que la flotte spatiale des Builders est proche de la Terre. Il y a ensuite une page rappelant quels sont les différents protagonistes, chacun avec un dessin de leur tête et leur nom en dessous. Il y a les 6 Avengers dans le Quincruiser 1, les 4 Avengers plus Abyss, Starbrand et Nightmask dans le Quincruiser 2, les 4 Avengers en vol autonome dans l'espace, les 5 catégories d'extraterrestres associés aux Builders, le Concile Galactique, la Garde Impériale Shi'Ar, le Superskrull et Ronan (plus quelques autres qui apparaissent au fil des épisodes).
Le Concile Galactique accepte d'intégrer temporairement les Skrulls dans leurs rangs qui comprennent déjà les Brood et Annihilus. Les Avengers concentrent leur assaut sur un vaisseau amiral des Builders. Quelques uns sont capturés par un groupe de Jardiniers menés par Ex Nihila. L'un des membres du Concile négocie clandestinement un accord de reddition avec les Builders, sans en informer le reste du Concile. Défaits à plate couture, les Skrulls se rendent aux Builders.
Forcément, à ne lire que ces épisodes, le lecteur ressent une forme de frustration légitime. Les questions en suspense à la fin d'un épisode trouvent leurs réponses dans une autre série (New Avengers ou Infinity) et le début de l'épisode suivant démarre sur une nouvelle situation dont on ne sait pas comment elle est survenue. C'est la raison pour laquelle il est plutôt conseillé de lire ces épisodes dans l'omnibus Infinity (ISBN 2809450560) où ils sont remis dans l'ordre. Cela permet par exemple de comprendre d'où sort Black Dwarf (l'un des Cull Obsidian) qui sinon semble arriver de nulle part pour faire on ne sait quoi, ou pourquoi il est important de savoir ce se passe sur Saturne.
Certes ce tome présente quand même une forme d'unité dans la mesure où il s'attache plus particulièrement à l'aspect cosmique du conflit et aux affrontements contre le vaisseau amiral des Builders. Malgré ça, le lecteur sera frustré de voir Thor au dessus du cadavre d'un Builder, sans savoir comment s'est déroulé l'affrontement (très spectaculaire d'ailleurs). Comme pour les autres parties de cet "événement", le lecteur appréciera d'autant plus le récit qu'il dispose d'une bonne connaissance des personnages Marvel qui apparaissent, parfois juste le temps d'une poignée de cases (par exemple Rocket Raccoon, des Gardiens de la Galaxie).
Bien que ces épisodes soient parus à un rythme bimensuel, le responsable éditorial a réussi à les affecter à un seul dessinateur :
Leinil Francis Yu. Il n'a pas une mission très enviable puisqu'il doit représenter une bonne trentaine de personnages différents, sans erreur sur leurs costumes, ou leurs superpouvoirs. le lecteur est en droit de supposer que la coordination entre les 3 séries (2 paraissant à un rythme mensuel et la troisième 2 fois par mois) a dû être un beau défi logistique. Il a certainement fallu établir des diagrammes complexes de quel personnage se trouve où et quand, et des planches de référence de chaque costume des personnages. Pour cet aspect des dessins, Yu s'en tire à merveille, sans faute, en réussissant à faire ressortir chaque personnage et à la rendre immédiatement identifiable.
La deuxième difficulté à laquelle Yu a dû faire face est la nature même des événements. Dans une guerre de proportion spatiale, il y a des concertations entre les différentes factions des défenseurs de la Terre et de la galaxie libre (c'est-à-dire des scènes de dialogue difficiles à rendre visuellement intéressantes) et des affrontements dans l'espace de très grande ampleur, avec d'énormes vaisseaux et des personnages tout petits. En outre ces affrontements se déroulent dans les 3 dimensions de l'espace (certes sans arrière plan à détailler), avec une volumétrie difficile à rendre. Yu ne s'avère pas très habile, se contentant de réaliser des tableaux figés de vue instantanée, sans essayer de rendre le mouvement ou de concevoir une mise en scène vivante.
Leinil Francis Yu confère à chaque visage et chaque silhouette une forte présence, très sérieuse, grâce à un encrage appuyé un peu rugueux. Par le biais de ce choix graphique, il convainc le lecteur de la présence imposante de Captain America, chef naturel doté d'un charisme indiscutable, soldat expérimenté et aguerri par de nombreuses batailles. Par contre Yu conserve un tic de comics de superhéros qui consiste à lourdement insister sur les attributs des personnages féminins, fessiers en premier plan ou poitrine de taille disproportionnée (pourquoi Ex Nihila doit-elle être si généreusement pourvue ?) et de formes étranges (de vrais obus pour Black Widow) défiant les lois élémentaires de la gravité. Les couvertures des épisodes 18 à 22 (personnages sur fond noir) sont de toute beauté, transcrivant à merveille le poids qui pèse sur les épaules des superhéros et leur détermination à sortir de la noirceur des événements.
Difficile d'apprécier ce quatrième tome de la série Avengers pour lui-même, tant il est indissociable de l'événement Infinity.
Jonathan Hickman manipule avec aisance les conventions propres à ce genre de conflit galactique, tout en y apportant assez de variations, de justifications et de motivations personnelles pour le rendre unique.
Leinil Francis Yu s'acquitte de la difficile tâche de gérer une distribution pléthorique, sans faute de raccord d'une scène à l'autre, tout en rendant chaque personnage facile à distinguer. Pour autant la lecture de ce tome n'est pas facilement recommandable pour lui-même car il exige une solide connaissance des personnages y apparaissant, ainsi que des événements se déroulant dans les séries "New Avengers" et "Infinity".