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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Les États-Unis, début des années 40 : la ségrégation, le racisme, la guerre, l'antisémitisme, la violence, l'injustice, tout y est. Tout pour préparer un bon cocktail bien explosif et c'est réussi.

C'est une histoire presque banale, celle d'un Noir, Robert Jones, chef d'équipe dans un chantier naval, qui vit dans un monde de Blancs, fait pour les Blancs, pensé pour les Blancs.
Le malaise de Bob, palpable à chaque page du roman, paraît au début presque démesuré. À l'instar de sa petite amie Alice, métisse à la peau très claire, on se dit qu'il devrait composer, faire avec, réussir à faire son chemin malgré tout ça, malgré les embûches semées volontairement ou pas un peu partout sur son chemin par tous les Blancs bien pensants et sûrs de leur bon droit. Et pourtant, comme on le comprend Bob, c'est incroyablement difficile ce qu'on lui demande, inhumain même. Pourquoi devrait-il composer après tout ? Pourquoi devrait-il se soumettre aux Blancs pour avoir le droit de vivre sa vie ? Pourquoi accepter de ne pas dîner dans un restaurant réservé aux Blancs ? Pourquoi accepter de ne pas pouvoir donner d'ordres à un subalterne blanc ? Pourquoi accepter d'être sans cesse rabroué, repoussé, évincé, surveillé, de devoir faire ses preuves, de montrer qu'on peut exister sans déranger, dans le respect des règles des Blancs et sans pouvoir attendre la moindre égalité de traitement ?

Alors quel choix Bob va-t-il faire ? Va-t-il ruer dans les brancards, tenter de renverser l'ordre établi, se rebeller ou va-t-il choisir d'écouter sa raisonnable et raisonnée petite amie pour rentrer dans le rang ? À vous de le découvrir mais avec Chester Himes on n'est pas dans un roman d'Enid Blyton, essayez seulement d'échapper cinq minutes à la réalité et vous verrez à quelle vitesse elle vous rattrape.
Un roman poignant à lire de toute urgence si ce n'est déjà fait ;-)

N.B. : Carton Rouge pour l'édition Folio que je détiens qui dévoile l'intégralité de l'histoire sur la quatrième de couverture.
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L'un des livres parmi les plus puissants sur la discrimination . Un ouvrage coup de poing , que ceux qui votent le pen devraient lire pour comprendre ce que l'exclusion d'autrui fait comme mal . Himes est un auteur trés important , qu'il fautdécouvrir dans son intégralité . Sa prose est sans pitié et prend aux tripes le lecteur pour ne plus le lacher durant toute cette histoire que l'on devine trés réaliste . Un chef d'oeuvre .
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C'est en lisant City of Quartz de Mike Davis, classique de la sociologie urbaine que j'ai eu envie de lire "S'il braille, lâche le". Dans une note en bas de page, il est dit du livre de Chester Himes qu'il est une oeuvre littéraire majeure sur la question du racisme aux Etats-Unis. Et ce n'est rien de le dire.

Racontant la vie d'un ouvrier noir américain en Californie pendant la ségrégation, "S'il braille lâche-le" est remarquable de justesse dans son analyse du racisme. L'intériorisation de la domination et la dénigrement de soi y sont rendu sensibles, perceptibles dans toute leur violence. Pour qu'une idée se réalise il faut qu'elle soit accompagnée d'affects : Chester Himes montre ici qu'il est capable de nous faire ressentir (et non pas seulement comprendre) ce qu'est le racisme.

Brillant.
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A l'époque où le livre est écrit (1943), le lynchage, sans être monnaie courante comme au début du siècle dans certains états, est encore pratiqué régulièrement et ne finira par devenir exceptionnel qu'après les lois votées dans les années 60 et notamment en 1968 après le meurtre de Martin Luther King. Comme le souligne Chester Himes ici, la Californie – ce roman se déroule à Los Angeles – a toujours été une exception sur ce point (2 noirs lynchés entre 1882 et 1968) mais la ségrégation, le manque d'égalité réelle dans les droits civiques pour les noirs restent la règle.

La façon dont l'engrenage est inévitable pour Bob, jeune contremaitre noir sur un chantier naval, qui oscille entre compromis - que lui conseille sa fiancée Alice, métisse de famille aisée - et révolte contre les humiliations quotidiennes, est très intelligemment mise en rapport avec les terreurs, complexes et haine du descendant d'esclaves. Cet équilibre peut rendre fou et les cauchemars de Bob, sa vie réelle et ses réveils angoissés finissent par s'entremêler inexorablement vers la chute finale – un peu maladroite à mon sens - raccrochant au récit l'exploitation des noirs comme chair à canon pour la guerre en Europe.

Chester Himes a mis beaucoup de lui-même ici, comme dans tous ses écrits : il a travaillé dans des chantiers de construction navale pendant la guerre et le personnage d'Alice est inspirée par Jean, sa femme à cette époque. de plus, même si Bob est objectivement libre de ses agissements, la menace omniprésente (« vous avez de la chance d'être en Californie, au Texas, on vous aurait lynché »), l'arbitraire de l'autorité blanche et la violence gratuite donnent au roman une atmosphère lourde, oppressante qui tend à l'univers carcéral – que Chester Himes a connu de 19 à 25 ans.

La lecture de l'excellente biographie de James Sallis parue en 2000 permet de mieux comprendre la thématique obsessionnelle des romans de Himes. Elle donne aussi des indications précieuses pour aborder l'oeuvre littéraire dans son ensemble qui promet d'être passionnante – sachant que c'est le premier roman que je lis de lui, en parallèle avec la biographie de Sallis.
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Boum! Attention livre percutant!
Chester Himes offre une immersion totale dans la tête d'un afro-américain des années 40.
Sans filtre, Bob, notre personnage, évoque ses pulsions meurtrières vis-à-vis des blancs.
Sans filtre, il nous livre ses désirs d'être enfin reconnu comme un homme à part entière, égal à tous ceux qu'il côtoie.
Pourtant il pourrait se contenter de ce qu'il a : une belle copine, un poste à responsabilité. Alors pourquoi désirer plus? Parce qu'il en a tout simplement marre d'être considéré comme inférieur.

C'est un cri du coeur, une nécessité pour s'empêcher de franchir la ligne: celle d'abattre de sang-froid un blanc ou commettre tout autre acte abominable.
C'est une oeuvre forte sans langue de bois, elle secoue, elle perturbe.
Une oeuvre puissante comme j'en ai rarement lue. Chester Himes n'attendrit pas son lecteur, il veut lui proposer sa vision du Noir américain. Il n'épargne pas le lecteur de la tension qui habite Bob.

(Malheureusement, la quatrième de couverture en dévoilant tout le récit m'a fortement perturbée. J'attendais avidement ce dont le résumé parlait sans le voir arriver. En effet, ce sont les dernières pages qui sont totalement racontées!)
Lien : https://pagesversicolores.wo..
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