Pendant le confinement, j'ai énormément craqué pour des achats livresques. « #bleue » en fait partie, et je l'ai surtout acheté pour sa couverture.
Tout commence avec l'accident d'Astrid, sous les yeux de Silas. Elle se fait renverser par un camion, un garçon a essayé de la sauver et se retrouve dans le coma, et un gamin meurt durant l'accident. Astrid subira le même sort que ce dernier.
Directement après l'accident, Silas se retrouve à l'hôpital. Au début, il ne comprend pas très bien pourquoi, puis le sou tombe : on doit l'oblitérer, c'est-à-dire qu'on va lui administrer un « produit » pour qu'il ne ressente plus de douleur émotionnelle due à la mort d'Astrid. Pourquoi ? Parce que désormais, la société refuse de laisser les jeunes souffrir. Ces derniers n'ont pas le choix de passer par-là, parce qu'à leur âge, ils ne savent pas ce qu'ils veulent.
En vérité, Silas n'a pas trop d'opinion concernant l'oblitération, mais quand il apprend qu'il va devoir y passer, il ne veut pas. Il a trop peur d'oublier Astrid, mais les médecins le rassurent : il n'oubliera rien. Maintenant que j'y pense, les jeunes sont obligés de passer sur le billard, mais je trouve qu'ils dépendent encore de leurs parents et qu'on devrait demander à ces derniers si c'est ok pour eux que leur enfant y passe. Or, dans le roman, les parents sont là juste pour visiter Silas, lui dire que tout ira bien, et ils n'ont pas leur mot à dire. C'est seulement en vous écrivant cette critique que je percute que ça me dérange un peu. Bref.
Suite à cela, on découvre les effets de l'oblitération sur Silas. Et en fait, comme il n'éprouve plus aucune douleur émotionnelle, il oublie très vite Astrid. Ses parents lui disent de rendre visite à la famille de son ex copine et d'assister à l'enterrement, mais il ne comprend pas pourquoi il devrait y aller. Elle est morte, c'est bon, faut passer à autre chose maintenant.
Mais son amour pour Astrid étant plus fort que tout, l'oblitération va atténuer ses effets sur Silas. Il va reprendre conscience et découvrir des choses qu'il ne savait pas sur sa petite amie…
Je ne vous en dis pas plus pour ne pas tout vous raconter 😉 J'ai beaucoup aimé cette sorte de dystopie parce qu'elle sort du lot. Les jeunes sont obligés d'être oblitérés, mais si un adulte veut y passer, lui, il a le choix. Et personne ne forcera un adulte à y passer ou non, on ne vous met pas un fusil dans le dos pour vous obliger à vous y soumettre. Par contre, si quelqu'un vous soupçonne d'être malheureux, il peut faire appel au CEDE (c'est l'organisation qui gère l'oblitération) pour leur en faire part, et que vous soyez limite forcés à être oblitérés.
On fait croire aux gens qu'ils vivent en démocratie, mais les sujets qui dérangent ne sont pas repris au journal télévisé. Chacun doit faire part de ses états d'âme sur le Réseau, sous peine « d'inquiéter vos amis » si vous restez trop longtemps inactifs. J'aime beaucoup cette dénonciation de l'auteure par rapport au temps que l'on peut consacrer aux réseaux sociaux.
Cette question d'oblitération m'a aussi fait réfléchir. J'ai trouvé le concept vraiment intéressant. Si mon conjoint venait à mourir, je pense que je mourrais intérieurement, et ça ne me serait pas supportable de vivre sans lui. Être opérée pour atténuer la douleur, ça me plairait bien.
Mais l'auteure va plus loin que ça : si on vous enlève une douleur, on vous retire tout un tas d'autres choses en même temps : vos souvenirs, votre humanité. Et ça, ça ne me plairait pas. de plus, souffrir fait partie du processus humain, ça nous aide à évoluer. Et voir comment les personnages prennent tout à la légère après avoir été oblitéré, ça m'a pas mal choquée parce que tout sentiment est parti. Il n'y a plus aucune compassion. On devient des robots, en quelque sorte…
Enfin voilà, j'ai trouvé ce roman vraiment intéressant, avec des sujets qui font réfléchir. On ne s'ennuie pas, même s'il n'y a pas vraiment d'action haletante en soi.
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