C'est toujours un pur régal de continuer la saga de Robin Hobb. J'en suis au tome cinq et je me demande encore comment l'auteur arrive à autant me captiver. Son style est fluide et prenant, sans compter que l'histoire, jusqu'à présent, n'a pas fait preuve de fausses notes. C'est assez rare, surtout quand on commence à attaquer un cinquième tome. Pourtant avec ce dernier, il faut l'avouer, il ne se passe pas grand chose. La redondance de certains événements, de faits, et le voyage que Fitz commence et poursuit tout au long du tome, laissent planer une certaine longueur dans le récit. Disons-le clairement, cela manque cruellement d'action. Cependant, je ne me suis pas ennuyée. J'aurais aimé qu'il se passe plus de choses, j'entends bien, mais en même temps, le fait que l'auteur prenne son temps pour nous montrer tout le parcours de Fitz, donne encore un plus à l'histoire. Car grâce à cela, nous comprenons notre héros, bien plus encore que dans de nombreux romans. Il est presque naturel de se mettre dans l'état d'esprit de Fitz. Il est facile d'appréhender ses réflexions, ses actions, même celles qu'on ne juge pas très réfléchies. Et je trouve, encore une fois, cette facilité de compréhension assez unique.
Attention, je ne suis pas en adoration devant notre héros, loin de là. Certaines de ses actions et sa façon toujours assez puérile quelques fois de voir le monde, m'irritent un peu. Mais il est difficile de ne pas comprendre le pourquoi du comment. Si Robin Hobb aime son héros, elle est du genre à faire partie du club "qui aime bien, châtie bien". Fitz subit tellement d'épreuves et cela continuellement, qu'on se demande vraiment comment le jeune homme a pu survivre jusqu'ici. Mais il se relève toujours. La fin du tome quatre en est la preuve. Je le pensais perdu, même si l'on sait depuis le début qu'il est le narrateur de cette épopée et que donc, en toute logique, il a survécu... La souffrance fait donc partie intégrante du récit, autant physique que moral. La paranoïa est aussi très présente. Le clan de Galen, Royal, ceux qui veulent simplement le voir mort ou avoir une récompense pour sa capture... Comment faire confiance aux personnages qui apparaissent continuellement dans le roman ? Astérie, les contrebandiers, Caudron, même d'anciens amis peuvent se transformer en ennemi. On comprend pourquoi Fitz est las, et pourtant, il continue.
Fort heureusement, le tome cinq nous offre quelques répits. Déjà par le retour d'Oeil-de-Nuit. Ce cher loup est un vrai bonheur. Je craints constamment qu'il lui arrive quelque chose, cependant... Mais le revoir auprès de notre héros est un réel réconfort. Le retour d'Umbre, du Fou et de la reine Kettricken ne sont pas un réel réconfort... Umbre se montre toujours autant patient et aimant, mais son sens du devoir est toujours, pour moi, beaucoup trop invasif... Kettricken est méconnaissable et comme Astérie, la plupart du temps, elle m'a irrité. Le Fou, par contre, est un amour. J'aime ce personnage, sa façon de penser et d'agir, le lien qui l'unit à Fitz aussi, bien entendu. Et puis, il y a Caudron. Cette femme est un mystère. Plus on avance dans le tome, plus on sent qu'elle est plus que ce qu'il paraît, mais pas vraiment d'indice. J'ai pensé à un membre de la famille de Fitz, une ancienne pratiquante de l'Art (voire peut-être un maître), mais mystère... J'espère que le tome suivant nous en apprendra plus.
L'histoire, en elle-même, n'avance pas du tout. Le voyage dans les montagnes dure encore et encore. Et même s'il nous permet d'en apprendre beaucoup, j'ai hâte qu'il se termine. Il y a au bout de cette route tellement de personnes dont les vies sont en jeu que s'en est anxiogène. Encore une fois, je ne me suis pas ennuyée, mais la désolation du chemin parcouru a réussi à déteindre sur moi, et même si je doute qu'il y ait des moments de bonheur à venir, j'ai envie de passer à autre chose.
La fin du tome s'achève assez étrangement, et nous laisse perplexe. De quoi se jeter sur le tome six dans la foulée.
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