“Al“ for you

En ce moment, je voyage beaucoup à travers les livres, et souvent vers des îles paradisiaques d'ailleurs (je vais finir par y voir un signe...) : les îles Galápagos grâce à Jodi Picoult, La Réunion grâce à Michel Bussi et Jacques Saussey, l'île de Ré aussi grâce à Gaël Séjourné, et maintenant l'Archipel de Santorin (une île grecque de la mer Égée) grâce à Lily Holl qui signe ici son premier roman. Ça sent bon l'été et les vacances tout ça !

Au moins pour Alice, modéliste à Boston, qui y est en vacances avec ses trois meilleures amies : piscine, farniente, visites de l'île, restos et soirées festives, et puis photographie pour Alice qui ne lâche pas son appareil-photos, toujours à la recherche de paysages, monuments, et tout autres objets ou personnes à immortaliser. C'est ainsi qu'un matin, partie à la fraîche, elle déambule dans les coins perdus de l'île et dérange Ray dans son jogging matinal. Un seul regard, pourtant glacial, va changer le cours de ses vacances et de son existence toute entière...

Paysages de rêve, climat idéal, ambiance typiquement grecque, toujours bien dépeints par ailleurs : voilà qui était bien parti ! Malheureusement, je n'ai pas plus accroché que ça avec le scénario.

Mais avant d'en parler, je tiens à préciser qu'on est dans une romance pure et dure, un genre que je ne lis plus que de temps en temps. Et si j'ai accepté de la lire, c'est que la quatrième de couverture était quand même très attirante, sa couverture sublime et l'autrice adorable. Je n'ai aucun regret malgré ma note : c'est joliment écrit, la plume simple et douce de l'autrice est très plaisante. Mais je reviendrai sur les points positifs après. Commençons par les négatifs.

Le scénario donc, il a pour moi trop d'incohérences, ou du moins n'est pas assez crédible. Je n'y ai pas cru tout simplement. Je peux difficilement argumenter sans prendre le risque de divulgâcher, je vais essayer de ne pas détailler. Les regards haineux tout d'abord, qui ne collent pas avec le coup de foudre. Des personnages qui se retrouvent souvent au même endroit au même moment : coïncidences ? Si oui, c'est trop gros (mais l'île est petite, alors pourquoi pas ?). Des revirements de situation trop radicaux, et plus particulièrement dans les changements de comportement de Ray (ils manquent en tout cas d'explications).

Deuxième point : les personnages, très beaux, bien foutus, trop parfaits. Aucun défaut physique, tout le monde se retourne d'ailleurs sur leur passage. On est dans le cliché, mais ce que je reproche le plus à l'autrice, c'est de trop s'appuyer sur les caractéristiques physiques de ses protagonistes, au détriment de leur personnalité propre. Un autre point les concernant qui m'a grandement gênée, c'est leur ressemblance avec un certain Christian Grey et une certaine Anastasia (dont j'ai oublié le nom de famille), non pas physiquement mais socialement et psychologiquement. On a d'un côté un homme riche, ténébreusement beau, torturé et plein de secrets, très solitaire, ayant des réactions pas toujours adéquates ou excessives que l'on peut expliquer par un passé familial douloureux ; et de l'autre une jeune femme faible, prête à s'excuser quand elle est malmenée, qui le suit sans rien savoir de lui. Sorte de remake des "Cinquante nuances de Grey", on y retrouve le même schéma, avec changement de décors, mais sans scènes érotiques ni sado-masochisme (un bon point pour ma part !), avec moins de perversion narcissique et de manipulation également.

Alors même si je n'ai pas aimé, cet ouvrage n'a pas que des défauts. Comme je le dis plus haut, et malgré les "coquilles" dont je ne tiens pas rigueur (le livre n'a été relu que deux fois avant parution en auto-édition), Lily Holl a une jolie plume qui sait mettre en valeur la beauté des lieux. L'ambiance estivale et typiquement grecque est justement retranscrite. Il y règne également une atmosphère à la fois très romantique et sous tension : la passion, les gestes d'amour et d'attention, les "papillons" dans le ventre, tout ça nous est bien retransmis. Et puis Lily Holl sait nous faire languir également (on finit d'ailleurs par attendre ce premier baiser avec autant d'impatience qu'Alice), tout comme elle sait maintenir le suspense autour du personnage de Ray en nous torturant à ne rien vouloir nous révéler de ses secrets (dans le tome 2 peut-être ?).

Il est clair que je ne suis pas le bon public pour cet ouvrage. Encore une fois, je me rends compte à quel point mes attentes (et mes exigences) ont changé. Il y a encore quelques années, j'aurais pourtant beaucoup aimé être à la place d'Alice !

Je remercie Lily Holl pour l'envoi de son manuscrit mais aussi pour sa gentillesse, et pour qui je suis sincèrement navrée de ne pas rendre un retour plus positif.