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Ce roman débute en1940: nous faisons connaissance d'Oxford, ses collèges, ses courses d'aviron ses réfectoires, fragile havre de paix dans l'Angleterre sous le blitz .

Ce soir - là se réunit le "Club" Et ses discussions mais pas que..... , dans les appartements privés de Freddie Greeen, autour de lui des amis trés chers : Peter Coyle doué pour la peinture, Charlie Framonger féru d'esthétique, et Evert Dax, fils de l'écrivain A,. Victor Dax connu pour d'amples romans symboliques aux atmosphères et couleurs étranges à la psychologie complexe. .....

Entre en scène un athlète et rameur acharné qui fera semblant d'ignorer la fascination qu'il exerce sur les autres.....un certain David Sparholt qui donne son titre au roman.

Sur fond d'affaire le concernant dont je ne révélerai pas la teneur ....

Entre ces jeunes hommes--- car les personnages sont essentiellement masculins ---se lieront un écheveau complexe d' attirances secrètes à la faveur de l'obscurité puis des liens solides sur fond de sentiments forts, ---- désir, séduction et rapports de force,-----sentiment de honte aussi .

A travers trois générations l'auteur dessine les variations dans le temps, la façon dont ils voyagent et avancent dans la vie , les métamorphoses d'une génération à l'autre , ce groupe d'amis liés par l'amour , la peinture, la littérature. ....

L'auteur disséque sur cinquante ans l'histoire des mentalités en Angleterre ---- notamment ---et précisément ----l'expérience gay----la psychologie de ses personnages, leurs désirs inavoués , leurs évolutions respectives sur fond de scandale sexuel, des bancs de l'université aux salons cossus, aux maisons de campagne ...
C'est un ouvrage complexe en cinq parties., lent, exigeant, subtil, difficile à lire et à commenter.
D'un bout à l'autre régne un sentiment d'inachevé , des liens tissés qui dissimulent un captivant et inaccessible secret: " Cette forme infinie du secret qui n'aurait même plus besoin de contenu et qui aurait conquis l'imperceptible , il y a en nous un quelque chose que nous n'entendons partager avec personne . "
C'est le deuxième livre de cet auteur que je tente .....aprés "L'enfant de l'étranger "que je n'avais pas aimé ......

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Magistral et exigeant.

Je découvre avec cette Affaire Sparsholt, grâce aux sélections de la Rentrée littéraire 2018, un auteur britannique dont je sais déjà que je vais m'empresser de dévorer les autres titres. 

Le roman débute dans les années 1940, aux premières heures de la seconde guerre et des mobilisations, sur le feutré campus d'Oxford. Les membres du très sélect club de lecture sont chahutés - intimement et dans la certitude de leurs relations amicales et sociales - par l'arrivée de l'intriguant David Sparsholt, étudiant réservé mais sûr de lui, d'une beauté à couper le souffle. de l'observation de ses entraînements physiques dans la cour du dortoir au partage des nuits de veille - où le feu inconnu qui l'anime est plus recherché que celui de l'attaque au loin - des étudiants érudits, souvent issus de familles d'artistes ou fortunées, vont tenter de percer à jour le mystère de celui qui ne restera que quelques semaines, avant de rejoindre le front. Peter Coyle, dessinateur invétéré, veut le croquer tant et plus ; Evert Dax, fils d'un éminent écrivain gardien d'une esthétique inaccessible, pressent le bouleversement que David peut provoquer.

Voici comment Alan Hollinghurst installe un récit qui aurait aussi bien pu être ainsi déroulé, sur quelques semaines dans cette université hors du monde. Mais le roman, découpé en cinq parties qui, chaque fois, nous font bondir d'une ou deux décennies en avant, brossera en réalité soixante années, jusqu'à nos jours.

Quelle construction efficace et déroutante ! L'auteur ne s'encombre pas tant du fil du récit entre les parties, que de celui tissé très serré au sein de chacune. Ainsi, à chaque rebond décennal, nous retrouvons des personnages - et toujours de nouveaux - à l'instant présent. Les ellipses temporelles sont également celles du récit : peu importe ce qui s'est passé dans ce silence, parce que l'événement fût certainement assourdissant. Ce n'est pas la péripétie qui compte mais la manière dont les personnages s'en relèvent - ou non - et font avec - ou plutôt sans, parfois. Comme cinq romans successifs en un seul. L'ensemble fait sens, évidemment, à travers sentiments et sensations ; grâce, avant tout, à la permanence de la question de l'héritage - des faits, des histoires et des hommes. 

C'est donc une impressionnante fresque qui est construite sur près de six cents pages, ciselée dans une langue d'une rare poésie, assumant une certaine esthétique sophistiquée mais jamais prétentieuse. le plaisir immense de s'interroger à chaque chapitre ou partie sur la réalité profonde de l'événement qui a tout renversé, sans que l'auteur n'accepte d'y attacher d'autre importance que celle des conséquences, est délicieusement frustrant. le roman nous contraint, lorsque l'auteur lance violemment une pierre au beau milieu d'un lac d'huile, de fermer les yeux sur le point d'impact pour n'observer que les ondes s'endormir lascivement sur les berges.

Alors on cherche à comprendre David ; on s'attendrit profondément pour son fils Johnny ; on sourit malicieusement à chaque retrouvaille avec Evert. Et tant d'autres portraits croustillants, touchants dans leur vanité, tendres dans leur solitude, mordants dans leur grandiloquence. C'est aussi une fresque de l'homosexualité en Angleterre, de l'Oxford compassée des années 1940 à l'ère de Grindr, encore une fois tout en délicatesse mais dépeinte avec une acuité redoutable.

Un roman magistral, certes exigeant dans sa construction et sa densité, mais d'une poésie incroyable, à lire absolument !
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Tout commence en 1940, où un bel homme au charme pénétrant trouble la toute relative tranquillité du club de lecture d'Oxford, alors à la recherche d'un écrivain célèbre pour sa prochaine soirée. David Sparsholt déclenche les passions des uns et des autres, mystérieux dieu grec, passé dans leur vie le temps d'un éclair. « L'affaire Sparsholt » commença bel et bien à Oxford, mais elle ne se terminera que plusieurs générations plus tard, avec le fils et la petite-fille de David Sparsholt…

Alan Hollinghurst nous offre ici un roman extrêmement ambitieux, riche de personnages et de non-dits, sur l'amour, le sexe, la famille, le devoir, et l'émancipation. Véritable témoignage d'une génération dépassée, celle qui a vécu sa jeunesse au temps de la Seconde Guerre mondiale et qui a fini sa vie à l'époque des iPad et de Grindr, L'affaire Sparsholt raconte l'histoire d'une bande d'amis, homosexuels pour la plupart, ayant choisi une vie au-delà des conventions de l'époque, une vie de jeux et de débauche, de littérature et d'art, une vie libre. En cette époque où l'homosexualité était encore loin d'être acceptée, cette petite communauté est parvenue à l'assumer pleinement, sans tabous, dans un Londres où la nuit permettait toutes les folies. Seul David Sparsholt, pourtant marié et père d'un jeune garçon, essuiera le scandale des ses amours illicites, une affaire qui ne cessera d'hanter sa descendance pour les années à venir.

Découpé en cinq parties, ce roman nous décrit longuement la vie de nombre de personnages, d'Evert Dax, fils de romancier célèbre, riche et gay, à Lucy Sparsholt, dernière descendante de la lignée, sans pour autant nous en donner les éléments clés. le récit fait des bons dans le temps, laissant au soin du lecteur d'imaginer quel revirement est responsable d'une telle situation. Les tableaux croisés au hasard de notre lecture nous donnent parfois quelques indications, mais de nombreuses explications restent tapies dans l'ombre, si familières aux personnages qu'ils n'en parlent jamais ouvertement. Curieux récit que celui-ci, si riche et si détaillé parfois, si vague et si sujet à interprétation le reste du temps. Un beau récit cependant, à l'écriture poétique et recherchée, représentatif d'un style anglo-saxon très littéraire, et très fuyant.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Venant après le magnifique et très littéraire « L'enfant de l'étranger », paru en 2013 chez Albin Michel, j'ai été légèrement déçu par cette « Affaire Sparsholt » aux qualités pourtant évidentes.
L'écriture de ce roman n'est pas vraiment en cause, malgré un recours abusif à la publicité dans sa cinquième et dernière partie, qui se déroule de nos jours. J'y suis allergique et j'avais apprécié de ne pas me heurter à la moindre mention de marques. Mais à la page 515 l'auteur place un iTruc, ce qui ouvre les vannes... Je ne sais pas pour vous, mais je trouve ces intrusions publicitaires vraiment irrespectueuses pour les lecteurs. Alan Hollinghurst n'est pas seul en cause, je pense aussi à deux autres auteurs britanniques que j'apprécie beaucoup, Zadie Smith et Jonathan Coe. On peut toujours dire que ces citations ajoutent un « effet de réel », je reste dubitatif et n'y vois que nuisances.
Cette parenthèse refermée, je dois dire que j'ai été passionné par ce récit diffracté de l'existence de David Sparsholt, un jeune homme athlétique, d'origine plus modeste et moins « artiste » que les étudiants d'Oxford qu'il va côtoyer pendant un trimestre de l'année 1940, mais qui les troublera tous. On le suivra, indirectement et parfois de très loin, jusqu'à sa mort, à près de 80 ans. Il est beaucoup question d'art, en particulier de portraits puisque le fils de David, Johnny, est portraitiste professionnel. En filigrane on devine l'évolution des mentalités au sujet de l'homosexualité ou de la bisexualité pendant ces soixante ans, de même que les changements sociétaux anglais.
En résumé, « L'affaire Sparsholt » est un excellent roman, certainement plus accessible que les précédents du même auteur. Mais vous l'aurez compris j'ai vraiment préféré « L'enfant de l'étranger » qui pour moi est digne de comparaison avec les plus grands auteurs anglais du vingtième siècle.
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J'avais lu il y a quelques temps et adoré L'enfant de l'étranger. Alors lorsque j'ai vu que sortait le nouveau roman d'Alan Hollinghurst, considéré comme meilleur que L'enfant de l'étranger, je n'ai pas hésité à me précipiter dessus, sûre de passer un très bon moment de lecture.
La construction de L'affaire Sparsholt est en effet semblable à celle de L'enfant de l'étranger : 5 parties, dont la première sert de mise en situation, qui à chaque fois nous feront faire un saut dans le temps, en gardant toujours comme fil rouge un des personnages, ici David Sparsholt.
J'ai vraiment aimé les deux premières parties, que j'ai trouvé prometteuses et qui ont attisées ma curiosité. Mais quelle déception à partir de la troisième... Beaucoup de longueurs, j'avais du mal à me plonger dans ma lecture et à y rester concentrée... On y suit le fils de David Sparsholt, Johnny, et à quel point son père (et les histoires qui y sont rattachées) a influencé, influé sur sa vie, le tout dans une analyse de la société londonienne des années 40 à nos jours.
Alors certes, il y a beaucoup d'aspects intéressants dans ce livre, mais j'ai été je l'avoue déçue de la façon dont cela a été traité et mis en comparaison avec L'enfant de l'étranger qui m'avait tellement plu, c'est une déception.
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A Oxford, dans les années 40, arrive le jeune et beau David Sparsholt. Un groupe d'amis férus de littérature et de peinture veulent percer les secrets de ce jeune homme mystérieux. .

En fait d'affaire, il n'y en a pas vraiment. Dans ce livre vous suivrez David, Lucy, sa petite-fille mais aussi et surtout Johnny , son fils. D'une "affaire" en elle même, vous ne saurez que peu de choses et ce n'est pas le sujet central du livre (je n'ai d'ailleurs pas compris le titre, bref!)).
Il y est plutôt question de l'homosexualité en Angleterre des années 40 à nos jours. La façon dont cette thématique centrale est exploitée est au final plutôt survolé.
Il y est aussi question de deuil, d'amitié, d'amour, de relations familiales mais aussi d'art et de "beau".
C'est un roman long, trop long. Je me suis ennuyée pendant ma lecture, des passages auraient pu être supprimés car ils n'apportent rien au récit, ils ne font que l'alourdir un peu plus .
La multiplicité des personnages continuent à nous perdre un peu, avec des prénoms se ressemblant.
Les personnages principaux ne sont pas fouillés, pas approfondis. J'ai terminé ce roman avec l'impression de ne pas les connaître vraiment alors que j'ai passé presque 600 pages avec eux 😨. Je m'attendais à autre chose. Je pensais lire sur l'affaire en elle-même, les actes et les conséquences que cela a eu sur eux. Tout ceci est éludé, survolé, trop de détails inutiles.
Bref, je n'ai pas aimé!
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A la lecture de la 4ème de couverture, ce livre me semblait très prometteur. Pour ceux qui ont lu "L'enfant de l'étranger" il est même mentionné que ce nouveau roman de Alan Hollinghurst le dépasse. La barre est donc très haute.

Nous voici donc plongés dans les années 40, au coeur de la Seconde Guerre Mondiale, à l'heure où chacun doit faire attention à ses arrières et surtout au couvre-feu. Aussi, lorsque nous pénétrons dans l'université où Peter, Evert, Charlie et Freddie vivent, l'obscurité prend le pas. Ces jeunes hommes vivent leurs années communes entre peinture, lecture, rencontres et questionnements sur l'avenir du monde et du leur également. L'auteur prend le temps de nous faire découvrir chacun. Parfois j'ai trouvé le temps un peu long mais l'arrivée d'un nouvel étudiant, David Sparsholt, va bousculer un peu le quotidien et donc ma lecture.

Ce nouveau personnage va à son insu faire changer un peu les codes de l'université, au moins le temps de son passage. Il amène ses acolytes à se redécouvrir en apportant un souffle de modernité dans l'université. Il sera également le fil rouge de cette oeuvre.

La première partie du livre semble déjà être à elle seule un roman, la richesse des mots, la densité des phrases et des descriptions font que l'univers est construit et je ne voyais pas ce que l'auteur pouvait apporter de plus.

Et puis se succèdent les autres parties, où en fait nous suivons les personnages du début du livre sur plusieurs générations ainsi que, notamment, le fils de David Sparsholt, Johnny. Il a une place prépondérante dans tout le reste de l'ouvrage et j'y ai donc trouvé un nouvel intérêt car son profil me plaisait beaucoup. La première partie m'avait semblée longue alors j'espérais que la suite allait me prouver que j'avais eu tort de m'inquiéter et que le passage à une autre génération allait m'apporter ce brin de nouveauté.

Dans les autres parties j'ai aimé suivre la vie de ces hommes, car dans le roman j'ai retenu assez peu de femmes finalement. Ils sont à la frontière entre deux générations et vont donc emmener avec eux la modernité, le changement des moeurs et autres affections pour l'art contemporain par exemple. Et puis ces autres parties sont l'atout majeur de ce livre car l'auteur nous glisse au passage des idées, ses idées et son analyse de la société à un temps donné.

L'ouvrage est dense, la crainte de ne pas réussir à lire et adhérer à l'ensemble était bien présente mais cette pseudo-inquiétude m'a aussi permis de réaliser que lire des romans de cette ampleur peut est source de plaisir. J'ai lu ce livre sur une semaine entière et je me suis donc habituée à la présence de Johnny, Freddie, Evert, Ivan.
Ce livre n'est pas un coup de coeur car il m'a manqué de rebondissements saisissants, je crois, pour maintenir mon attention tout au long des pages, mais il m'a permis de découvrir un univers méconnu de moi. Je ne serais sûrement pas allée vers ce livre toute seule, mais le lire dans le cadre des explorateurs a permis d'ouvrir ma zone de confort littéraire. le texte est fourni et le message est plutôt fort. Aborder les changements de moeurs notamment au niveau de la sexualité est un pari parfois osé, mais tel qu'il est amené j'ai trouvé ça très percutant. L'auteur approfondit la psychologie de ces personnages comme il faut ; ainsi nous abordons des aspects de ceux-ci plus intimes, et les questions plus sensibles sont retranscrites naturellement. Cette manière d'écrire m'a beaucoup plu.

L'ensemble de ma lecture donne donc un moment plutôt agréable bien que parfois compliqué en terme de concentration. Mais en suivant comme il se doit les personnages, j'ai réussi à garder ma place d'observatrice de cet univers anglais, et à comprendre facilement où l'auteur voulait nous emmener. Une lecture qui reste donc globalement intéressante.
Lien : https://leslecturesdelailai...
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En 1940, un jeune rameur, beau, musclé, (Davis Sparsholt) arrive à Oxford où il plait non seulement aux femmes, mais aussi aux hommes. 

Le petit groupe d'intellectuels réunis autour d'Evert Dax (un écrivain de grand renom) parie que David couchera avec Evert et d'autres, même s'il est fiancé à une jolie fille. Cette rumeur devient l'affaire Sparsholt - rumeur transmise jusqu'à nos jours...Tout au long de ces années à Oxford puis dans le dans Swinging London, avec des filles en jupes très courtes, les Beatles et la révolution sexuelle, quand la loi contre la sodomie était toujours en vigueur, cette loi qui avait emmené Oscar Wilde en prison. 

Je ne vais pas entrer dans l'intrigue, il n'y en a guère...
L'auteur – au demeurant il a une belle écriture – se complait trop dans des critiques (de Cecil Day-Lewis ou De W.H.Auden) que j'ai trouvées inutiles...règlement de comptes...pourquoi nous y mêler?
Tout cela dans un monde très étroit – les milieux intellos gays à Oxford et Londres...
L'auteur disais-je a une belle écriture, certes...hélas, ce qu'il dit n'est qu'une suite de synonymes pour vacuité...
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Véritable littérature anglosaxonne : un roman sans événements majeurs mais les sursauts et les émois des desirs. Des descriptions minutieuses d'appartements, d'intérieurs, d'objets, de tableaux..
Les relations familiales et amicales sur 70ans chez un groupe d'hommes qui se sont rencontrés à Oxford en 1940.Trois générations qui se croisent, bavardent...des intellectuels, romanciers, peintres, collectionneurs..
Le thème principal est l'homosexualité masculine, interdite, cachée, niée, honteuse en 1940, libre et exposée au
21eme.
Des relations familiales, amicales, le temps qui passent et affectent les corps...
Une sensation d'usure qui communique une forte nostalgie.

La lecture en est longue mais mérite qu'on s'y attardé !
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The Sparsholt Affair, évoque les relations intimes d'un groupe d'amis unis par l'art, la littérature et l'amour à travers trois générations. Il explore les révolutions sociales et sexuelles des années les plus cruciales du siècle dernier, dont les conséquences bouleversantes se déroulent encore à ce jour. L'histoire s'ouvre en 1940 au début de la Seconde Guerre mondiale et se termine en 2013. Alan Hollinghurst, l'un des romanciers les plus justement appréciés de Grande-Bretagne, lauréat du Man Booker Prize en 2004 avec "La ligne de beauté" - un roman d'amour gay se déroulant dans l'Angleterre de Margaret Thatcher retrac cette fois ci dans "The Sparsholt Affair" les complexités de la sexualité gay dans le contexte d'une Angleterre en mutation où l'homosexualité a été criminalisée jusqu'en 1960. Mais Hollinghurst n'est pas seulement un romancier qui explore le monde de la beauté masculine et de l'homosexualité comme aucun autre. Sa magie réside dans son talent de romancier social avec une compréhension magistrale des processus psychologiques de ses personnages qui le rapproche beaucoup du maître Henry James.
L'affaire Sparsholt prend pour point de départ l'arrivée à Oxford d'un mystérieux et beau jeune homme : David Sparsholt. On va suivre sa vie enchevêtrée celle de ses ses amis de jeunesse rencontrés juste avant la guerre et de sa famille pendant plus de soixante ans alors que ses personnages vivent selon les changements dans les goûts, la morale et la vie privée de Londres dans une séquence d'épisodes remarquables.
En ce qui concerne la première partie, on se demande si Alan Hollinghurst n'est pas le E. M. Forster que mérite la littérature britannique du XXIe siècle ! Ce n'est pas qu'il ait laissé derrière lui l'influence d'Henry James, mais, dans le premier chapitre, le seul écrit à la première personne, on ne peut s'empêcher de percevoir l'arôme clandestin de 'Maurice', dans un Oxford, en pleine Seconde Guerre mondiale, reconverti en une grande back room du désir refoulé ou livres aux tranches dorées, thé fumant et fauteuils en cuir bordeaux se côtoient dans une prose élaborée, débordante de doubles lectures, évoquant l'atmosphère de ces « drames patrimoniaux »si bien rendus dans les films de James Ivory qui firent des vagues à l'époque de Thatcher.
C'est dans cette première partie que l' image -celle de David Sparsholt, d'un séduisant jeune homme en chemise empire faisant de la gymnastique dans sa chambre, à peine aperçu par une fenêtre que le roman commence à déployer ses indéniables charmes. Une image, vue de loin, par un voyeur privilégié : un personnage-énigme dont on saura peu de choses, au-delà d'une attitude pragmatique qui cache des plaisirs cachés. Il sera l'objet de désir et de fascination pour un groupe d'amis, et aussi le protagoniste du "cas" du titre, qui représente symboliquement un avant et un après dans la manière dont la société britannique a appris à intégrer l'homosexualité dans son imaginaire rigide et moralisateur.
En ce sens, il est logique (et audacieux) que cette "affaire" apparaisse de manière oblique, à travers les commentaires collatéraux et les allusions voilées au véritable protagoniste du roman, qui n'est autre que Johnny Sparsholt, le fils unique de David. À ce moment-là, le point de vue narratif a changé et les ellipses séparant les cinq chapitres de l'histoire sont suffisamment abruptes pour que le lecteur doive repositionner l'histoire à chaque fois dans son nouveau contexte. Ce scandale hors de porté est comme un souvenir à demi effacé dans une identité en transit, et le fait que le lecteur le perçoive comme une rumeur, ou comme une certitude qui aspire à devenir incertitude, fait que ce « cas » parle finalement peu de ce père père mystérieux et beaucoup de son fils et de son adaptation à un monde en métamorphose.
C'est donc le fils, Johnny qui est le véritable « cas » du roman, car Hollinghurst nous parle aussi du transfert du désir, ou de sa survie dans ses gènes et dans la mémoire des autres. Johnny aura connu son premier amour, sous la forme d'un adolescent français arrogant, et sera prêt à devenir portraitiste et à entrer dans la scène gay londonienne puis plus tard à avoir une fille avec un couple de lesbiennes puis il arrivera à l'époque des« applications » pour flirter et contacter des sites Web pour tomber amoureux peut-être une dernière fois peu après son veuvage... La prose du roman se sera progressivement affranchie des obscurcissements et des secrets, et respirera aussi un air plus informel, plus direct, moins étouffant. Dans son rôle de chroniqueur "gay", Hollinghurst ne souligne jamais les changements historiques, il les fusionne habilement avec le portrait psychologique de Johnny dans un texte où les grands conflits ne sont pas ratés, qui coule avec la fluidité d'une vie pleine ou un fils apprend à aimer son père lorsqu'il comprend qu'il n'y a rien de plus prosaïque qu'une énigme qu'on ignore.
Du grand art.
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