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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Christophe Honoré, c'est le cinéaste de magnifiques films comme "Plaire, aimer et courir vite", : "les chansons d'amour", le sous estimé mais splendide "les Biens aimés" et celui à venir de Chambre 212, présenté lors du dernier festival de Cannes que j'ai eu la chance de voir en avant première avant sa sortie en octobre 2019 et qui confirme tout le bien qu'on pense de ce cinéaste aussi inventif que sensible et délicat.

Cette sensibilité, elle est à l'oeuvre largement dans Ton père, qui marquait à la rentrée 2017 son retour aux affaires littéraires, lui qui l'avait un peu délaissé pendant une dizaine d'années à cause de ses productions cinématographiques ou théâtrales particulièrement prolixe

S'ouvrant sur la découverte par sa fille un matin d'un mot malveillant l'accusant d'être un mauvais père, Ton père est un très beau texte ou se mêlent souvenirs, récit sous forme d'un petite enquête pour découvrir le calomniateur et autobiographie en pièces détachées d'une jeunesse bretonne où son homosexualité va se réveler peu à peu

Pour suivre l' .insidieux cheminement d'une calomnie et d'attaques homophobes qui, s'en prenant violemment à un père gay et à sa fille, l'autobiographie du cinéaste se fait à la fois porteuse de rage et de mélancolie qui oblige le père qui ne cesse de douter à revenir sur lui-même et à sa propre histoire.

Honoré écrit en mettant ses pas dans ceux des écrivains homosexuels qui se sont contraints à la sincérité inhérente aux récits autobiographiques, d'André Gide à Hervé Guibert .

S'inscrivant en porte à faux dans une situation politique et sociologique réactionnaire et violemment homophobe qui domine la France depuis la Manif pour tous "Ton père" s'affirme avant tout plus comme une brillante et poignante réflexion sur l'affirmation de soi que comme un pamphlet militant et contestataire, ce qui en fait tout son prix.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Christophe Honoré, écrivain, cinéaste, gay et père d'une petite fille ... Quelque chose vous dérange en lisant cette première phrase ? Ca tombe bien, c'est aussi la préoccupation de l'auteur qui, alors qu'il menait une vie ordinaire et tranquille, retrouve un dimanche matin, punaisé sur la porte d'entrée de son appartement, un bout de papier sur lequel on avait tracé ces mots : " Guerre et paix, contrepèterie douteuse ? " ( Père et gay, pour ceux qui ne fréquentent pas l'album de la comtesse du canard enchaîné ).
A partir de ces quelques mots ressentis comme une agression insidieuse dont la violence va s'insinuer peu à peu dans son esprit, va naître un questionnement, une mise à plat de sa vie, de son statut d'homme, du regard de la société face à la parentalité...surtout la sienne. Dans un texte où vont se mêler souvenirs, récit un peu fictionnel sous la forme d'un petite enquête pour découvrir l'auteur de ce mot, moments intimes ou présentés comme tels, photos, apparaissent surtout au fil des mots le désarroi, l'abattement, la colère de cet homme, parisien privilégié. Son quotidien, au final bien ordinaire, se trouve assailli par un sentiment de peur, peur des regards malveillants, résurgence d'une manif pour tous et de son cortège haineux qui continue à déverser ses pensées obtuses et violentes. Cette parentalité, voulue, souhaitée, vécue banalement, soudain lui saute au visage comme non conforme aux normes établies et finit par ressentir plus intensément ces regards fuyants ou ces dialogues détournés devant les grilles de l'école de sa fille, cette crainte de parents lorsqu'elle veut inviter une copine à la maison. le " Mais pourquoi ne viendrait-elle pas plutôt chez nous ? " s'enfonce comme un poignard dans l'esprit de ce père. Car voyez-vous, même à Paris ( et sans doute dans un quartier favorisé) , pour beaucoup gay signifie pédophile ! ( Faut dire que l'appellation courante " pédé " n'aide pas non plus à tuer les préjugés). Sans chercher, ni à se justifier, ni à plaider sa cause, Christophe Honoré nous ouvre la porte pour se présenter à nous, tel qu'il est dans sa vie de père gay parisien. Il évoque son enfance et son adolescence bretonne où sa découverte de la sexualité n'a jamais été envisagée sans la possibilité d'avoir des enfants, quitte à passer pour un traitre aux yeux d'une communauté gay (comme hétéro) aux diktats parfois binaires. Il raconte sans fard son projet de mettre un enfant au monde, naturellement, avec une amie proche et le quotidien qui suivit avec cette garde partagée, sans heurt, avec un amour et un respect évidents et réconfortants. ( vie que beaucoup d'enfants n'ont pas , même en rêve !).
La fin sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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Un plaidoyer pour le droit à être homosexuel et père de famille. Il y a quelques outrances ( de langage), mais c'est -hélas- un vilain signe de l'intolérance, intolérance que dénonce fort bien Christophe Honoré, en mélangeant équitablement mal-être et revendications.
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Voila un petit "roman" poignant comme la vie quand elle grippe, que le bonheur vous est refusé, et refusé simplement parce que c'est vous. Etre soi pour Christophe Honoré, c'est être gay : déjà qu'il revendique le droit à la différence, ne voila t'il pas qu'il revendique aussi le droit au bonheur, quel culot!

Christophe Honoré aime la drague et le sexe. Il n'a jamais pensé que cela interdisait d'avoir des enfants, c'est pourquoi il a fait une fille avec une amie hétérosexuelle, une petite fille délurée et tendre qui a 10 ans maintenant. Elle
partage son temps entre ses parents, et part en vacances avec eux deux. Ils ont une relation pleine de vivacité, de respect, un attachement qui vient des tripes, parce qu'un père aime son enfant, tout simplement, et que là ça a été un combat particulier, cette paternité, et ça ne peut que magnifier les émotions.

Seulement un jour, quelqu'un se mêle de lui faire savoir que ça le contrarie, cette paternité pour un homme gay, que ça outrepasse l'acceptable, que c'est un non-droit. Et ce quelqu'un le dit de façon anonyme, et odieuse, et le répète.

Christophe Honoré raconte la grande ambiguïté de sa réaction face à cette agression. Prendre à la légère, négliger, rigoler : se réfugier derrière l'habituel "Ce n'est rien", habitué qu'il est depuis toujours à affronter cette discrimination "ordinaire" ? Tout remettre en question comme si le droit était de l'autre côté, se laisser phagocyter par le point de vue haineux de l'autre? Ou au contraire laisser ressurgir cette peur tapie qui ne l'a jamais vraiment quitté (et qui inclut sa fille, cette fois), se laisser envahir, démolir, submerger par la tristesse et la colère (une colère rageuse parfois à la limite de l'infantile). Il va de l'un à l'autre, il erre, et finalement refuse de laisser cette manipulation malveillante souiller son heureuse intimité personnelle familiale.

C'est virulent, intime, débordant d'émotion, mêlant habilement la douceur et l'horreur. A travers ce réquisitoire révolté transparaît (rayonne, plutôt) l'histoire pleine de tendresse de cette filiation, qui ne devrait normalement qu'être ordinaire. C'est souvent maladroit et sincère, comme semble l'être Christophe Honoré dans la vie, et il en ressort un charme de résistance finalement joyeuse.
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Cette autofiction est magnifique. Dès les premières pages, ce livre m'a embarqué avec son ton humoristique : Christophe Honoré décrit avec beaucoup de second degré les hypothèses que son esprit confectionne concernant l'organisation de son « punaiseur ». Qu'est-il passé dans la tête de son harceleur pour décider un jour de se déplacer avec une punaise et une feuille de papier ?

Il présente ensuite avec subtilité ce que peuvent vivre au quotidien certains parents gay : les regards et remarques des autres mères, les supputations concernant les motivations d'un homme homosexuel à avoir des enfants… J'ai été très touché par la présentation des hypothèses de personnes fourbes et homophobes à propos de l'homoparentalité : un père gay, forcément pédophile, utiliserait son enfant comme appât pour attirer d'autres petits garçons chez lui, s'introduire dans les écoles et les fêtes d'anniversaire…

Au-delà de l'homoparentalité présentée du point de vue du père, et non de l'enfant, de ce qu'il peut subir au quotidien, j'ai été fasciné par les réflexions justes de Christophe Honoré sur sa propre sexualité. Est-il suffisamment gay ? Représente-t-il bien la communauté dans sa vie quotidienne ? Ne reproduit-il pas un modèle hétérosexuel à travers son besoin de paternité ? Est-il juste envers sa fille, voire lui-même, quand il écarte les oeuvres de réalisateurs gay qu'il souhaite que sa fille voie plus tard ?

Ce texte n'est pas un essai, mais bien un roman. Au-delà de ces interrogations fines, de ces drames quotidiens qui étreignent Christophe Honoré, le texte repose sur une vraie intrigue qui nous porte jusqu'à la dernière page.


Lien : https://lgbtheque.fr/livre/r..
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